Réformer le climat

Le GIEC ne doute de rien : demain la catastrophe, ou bien… La maîtrise du climat, vous y croyez vraiment ? Tout changer du mode de vie ancré depuis deux siècles en une seule décennie, est-ce bien raisonnable ?

Les Cassandre qui n’ont cessé de prophétiser l’Apocalypse ont sans doute fait le lit des incroyants : tout ce qui est excessif est insignifiant et ce n’est pas en criant fort que l’on se fait entendre. Au contraire, les éducateurs ne cessent de le dire. Les politicards qui ont réduit l’écologie à un « parti » ont englué leur cause dans le gauchisme urbain et le tiers-mondisme passé de mode : le retour de bâton sur la « libération » 68 et la licence qui a suivi les a pris à contrepied. L’activisme terroriste des végans est encore pire : il pousse le citoyen à rejeter leur cause en même temps que leur violence ; il faut manger de la viande pour garder la liberté de le faire.

Le climat se réchauffe, dans un grand cycle de retour progressif d’une glaciation. Mais l’idée générale du réchauffement, même scientifiquement avérée, reste sans effet sur les comportements concrets. Car le citoyen veut des solutions pratiques, pas des incantations abstraites. Il est de bonne conscience de prôner « les transports en commun » depuis son bureau du centre de Paris quand on n’a que quelques centaines de mètres à faire depuis son lieu d’habitation – mais parlez-en donc avec les banlieusards d’Île-de-France qui empruntent matin et soir les RER et les métros bondés, et subissent les grèves à répétition des personnels à statut protégé ! Je n’ai JAMAIS entendu un seul écolo, politique ou sincère, qui ait commenté le surcroît de pollution engendré par les jours de grève du RER. Feu sur la bagnole ! Certes, mais pour aller travailler, on fait comment ? Quand la conviction envers la planète s’arrête aux limites de l’idéologie de gauche, l’écologie est mort-née.

Lorsque les gens de bonne volonté se voient proposer des solutions à leur portée, ils les adoptent volontiers : trier les emballages, récupérer les bouchons des bouteilles et le métal comme le verre, acheter local, adopter en auto une conduite douce. Mais quand le diesel est fiscalement encouragé durant des décennies, on ne change pas de voiture avant de l’avoir usée. Quand les organismes de tri acceptent de recycler les pots de yaourt, et puis non, les habitudes se perdent de trier trop précisément : quand on ne sait plus, on jette à la poubelle pour l’incinérateur. Quand les administrations vous envoient des enveloppes à fenêtre, non recyclables, vous jetez toute l’enveloppe et pas seulement la fenêtre en papier cristal. Quand les ONG et autres organismes qui sollicitent vos dons vous font parvenir des cartes en plastique, des stylos ou des porte-clés dans la même enveloppe, vous mettez le tout au panier sans trier le bon papier de l’ivraie marketing. Quand le monopole d’EDF vous oblige à lui vendre votre électricité, à quoi bon installer un panneau solaire sur le toit ou une éolienne individuelle ? Vous achetez l’électricité nucléaire. Quand les ordinateurs ou les machines à laver coûtent plus cher à réparer à cause du prix de la main d’œuvre et des taxes, vous les jeter pour en acheter d’autres. Tout cela est du concret : alors, le baratin des écolos passe par-dessus la tête.

Le climat se réchauffe ? Qu’y puis-je, personnellement ? Pas grand-chose, même en étant l’enfant sage de la nouvelle société durable qui consomme le moins possible, cultive son balcon, mange bio et moins de viande et trie comme un maniaque, ne se déplaçant la plupart du temps qu’à pied.

Quand la politique économique sera moins incohérente, le tri moins inconséquent, les transports libérés du monopole et des statuts, l’électricité libre, alors – peut-être – l’écologie sera arrachée aux partisans pour devenir un bien commun. Et ce ne seront ni les colloques d’intellos, ni les rapports des scientifiques, ni les interventions catastrophistes à la télé qui feront avancer les choses.

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9 réflexions sur “Réformer le climat

  1. Je ne suis pas le seul à avoir une lecture sélective. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Mais, je coupe ici une querelle stérile et vaine. Je te souhaite une belle vie avec tes certitudes bien ancrées à propos desquelles je continue à me questionner : pourquoi tant d’agacement, tant de condescendance… Toi seule a la réponse.

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  2. Quelle « outrance » ? Où sont les outres gonflées de vent sinon dans les « grrrrââândes » idées hors de tout détail concret comme les grèves à répétition des transports collectifs, la dénonciation inepte du nucléaire hors de tout bon sens de transition, les décisions erratiques des politiques concrètes sur le tri – en bref tous ces sujets que tu évites soigneusement d’évoquer et semble-t-il d’écouter. Est-il « outré » tout ce que tu n’as pas envie d’entendre ?

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  3. L’outrance des commentaires me sidère. Il ne s’agit pas d’écologie politique mais d’écologie tout court, indispensable à la survie de la planète et à la dépollution des esprits.

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  4. C’est un concept nécessaire et en même temps mal parti en raison de « la politique ». Qui est partisan se coupe du reste de la population qui se méfie de son idéologie. Oui, l’écologie « politique » en France est une impasse : cela fait des décennies que ça dure. Ce n’est pas le cas en Allemagne où l’écologie est avant tout concrète, au ras des gens.

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  5. Kris

    Ou comment prouver que l’écologie est un concept mort-né puisque c’est un passe temps de riche en mal de narcissisme. Les pauvres ne roulent pas en hybride, ils roulent avec ce qui n’est pas cher d’occasion. Ils ne mangent pas bio, ils se soucient de pouvoir manger. Ils ne cultivent pas en biodynamie, ils sont locataires dans un clapier.
    L’écologie, c’est ce culte millénariste par lequel les riches prétendent refuser aux pauvres le droit de se sortir de la misère.

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  6. Je note le soigneux évitement des thèmes concrets abordés dans la note : les grèves des transports en commun, la politique du diesel, les tris erratiques et ainsi de suite. Rester dans les généralités généreuses permet de se donner la conscience du boy-scout scrupuleusement à jour de ses BA mais ne fait pas baisser d’un seul degré la réalité du climat.

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  7. « Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » Gandhi

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  8. « Dès qu’une philosophie commence à se prendre au sérieux, elle crée toujours le monde à son image, elle ne saurait faire autrement ; la philosophie n’est autre que cet instinct tyrannique, la volonté de puissance sous sa forme la plus intellectuelle, la volonté de ‘créer le monde’ » Nietzsche, Par-delà le bien et le mal

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  9. Fatalisme plus résignation, une addition mortifère. Une piste parmi de nombreuses autres contre l’obsolescense programmée : les Resssourceries qui retapent des appareils ménagers récupérés et les revendent à petits prix aux plus démunis; les repair cafés où l’on échange des trucs de bricolage. Sur un plan plus large, halte à la croissance pour reprendre le cri célèbre lancé par le MIT en 1972. Le GIEC joue son rôle, rapport signé à l’unanimité, States inclus. Certes les gouvernements freinent des quatre fers et flatte l’électeur dans le sens de l’insouciance. Celui-ci en profite pour ne rien changer à ses habitudes énergivores. Pour ma part, je délaise les vacances lointaines, installation de panneaux solaires en 2010, voiture hybride depuis 2009, déplacements urbains à vélo (2000 km), grand potager en biodynamie, chauffage au bois (bilan carbone neutre), isolation par l’extérieur (26 cm). Oui, j’ai les moyens. Qui aime cette terre me suive.Je refuse de gâcher la vie des générations futures.

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