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Croisière sur l’Aranui : Tubuai et Raivavae

Tubuai, à 352 milles nautiques de Papeete et à 185 de Rimatara, 23° de latitude sud, juste au-dessous du tropique du Capricorne, est la capitale des Australes. Rappel aux lecteurs : 1777, le capitaine James Cook découvre ce chapelet d’îles qui deviendra les Australes ; 1789, le 20 mai, la Bounty entre dans le lagon de Tubuai pour s’y ancrer. Nous y arrivons avec l’Aranui III après 26 heures de navigation mouvementée. Il est 10 heures.

lagon de TUBUAI - motu oné

Tubuai est une île agricole, 700 tonnes de patates et 250 tonnes de carottes y sont expédiées chaque année sur Tahiti. Les prix sont garantis par le Pays. La production de fraises a été arrêtée par les prédateurs, rats et oiseaux notamment. Des cultures de fleurs sont effectuées, du lis pour la Toussaint, des amaryllis qui poussent partout en pleine terre. Les femmes travaillent le pandanus et les fibres de niau. Le niau est la fibre de palme qui sert à réaliser les toits des fare (maisons traditionnelle) ou, plus travaillée (niau blanc), sert au tissage. Les femmes en confectionnent des chapeaux, sacs, ceintures. Les plages sont magnifiques – enfin, nous les avons imaginées telles, la pluie les brouillait… Bon accueil : chants, danses, fleurs, bises, mais en plus modeste qu’à Rurutu qui reste au top pour le moment. Nous découvrons l’île des temps anciens, visitons les marae (enclos rectangulaires découverts où se tenaient des activités communautaires), des lieux de tatouage.

La cérémonie du kava est empreinte de recueillement (le kava est une boisson obtenue de la racine fermentée de l’arbre Piper Methysticum). Il est de coutume, sur le marae Vaitauarii (le marae est un lieu sacré de l’ancien temps), que les groupes visitant les lieux offrent une plaque commémorative qui sera fixée sur l’arbre. L’Aranui, en la personne de son armateur, a offert un gilet de sauvetage, aussitôt suspendu aux branches.

raivava

Nous quittons Tubuai pour Raivavae à 107 milles nautiques, juste en-dessous du tropique du Capricorne, 23°5 de latitude sud. Les tikis de l’île (les statues de dieux) ont été transportés à Tahiti, au musée Gauguin (aujourd’hui fermé on ne sait pourquoi). L’interdit de transport, jeté alors par les anciens, s’est trouvé bien sûr confirmé ”en raison” de quelques manifestations, immédiatement détachées du hasard : morts inexpliquées, maladies… Nous voyons le tiki femelle qui sourit, le rocher de l’homme, le rocher de la femme, marae. Les tikis des Australes sont de même facture que ceux des Marquises et de Rapa Nui (l’île de Pâques). Raivavae est entourée de 28 motus (îles basses, coralliennes).

raivavae-tiki

Les femmes tamisent le sable pour y trouver les tout petits coquillages dont elles feront des colliers. Les Raivavae ont longtemps refusé l’aérodrome, il est enfin là, sur le platier. Après la visite de l’île en ‘truck’, nous visitons les stands des femmes dans l’entrée de l’aérodrome. Un bruit de moteur sur la piste : un avion à cocarde tricolore s’immobilise. En descend le Haut-Commissaire en chapeau, puis l’Administrateur des Australes en casquette blanche, épaulettes dorées. Voilà l’Etat ! Et c’est parti : musique, tamoure (nom polynésien des danses), invitation au tamoure pour Anne Boquet, Haut-Commissaire. Elle danse bien, notre préfète, toujours souriante, les Raivavae apprécient sa simplicité.

anne-boquet-haussaire-2007

Nous regagnons nos barges, laissant l’Etat parler au Tavana (maire). La mer est houleuse, cela ne présage encore rien de bon. Nous sommes d’ailleurs bien secoués avant de mettre le pied sur l’Aranui. Nous attendons la dernière barge avant de lever l’ancre pour Rapa. Oh, la la ! Ils sont dedans, les représentants de la République, encore plus blancs que leur uniforme ! Les marins les ont sanglés dans des cirés, recouverts de grands ponchos. Arrive leur tour d’accéder à l’échelle de coupée. L’Administrateur s’est chaussé de sandales ne craignant pas l’eau salée du Pacifique. ” Un… deux… aita ! (non), saute pas, attends, attends toujours… va-y ! ” Ouf, l’Administrateur est sur l’échelle de coupée ! Au tour de la super-préfète, les bras confiés aux deux matelots. Elle est couleur de son uniforme. Les gros bras la maintiennent solidement dans la barge, attendant le moment propice pour la ”lancer” dans les bras de Tonio, le matelot récupérateur de la plate-forme. ”Allez, go !” Ça y est, l’Etat est à bord. Félicitations aux marins, applaudissement à nos gros bras ! Tout le monde est embarqué sain et sauf, hourrah ! Commandant, en avant, à Rapa.

Dans 22 heures environ, nous serons à Rapa, le but ultime de notre croisière, l’île tant attendue. La Haussaire (abréviation locale pour Haut-Commissaire) avait tenté par deux fois de joindre Rapa à bord d’un navire militaire. A chaque fois, le navire avait dû faire demi-tour tant la mer était déchaînée. Ne dit-on pas ”jamais deux sans trois ?” – mais cette troisième aura été la bonne, grâce à l’Aranui ! Rapa, 27° de latitude sud, à 675 milles nautiques de Papeete, à 600 km du tropique du Capricorne, la terre promise !

Hiata de Tahiti

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