Mary Stuart enfant est emmenée en France pour y servir d’épouse au fils du roi Henri II. A 17 ans, la femme (Camille Rutherford) ne réussit pas à intéresser au sexe son mari François II de 15 ans (Sylvain Levitte). Il est plus attiré par la chasse et couche plutôt avec le pistolet sophistiqué qu’avec la fille que la famille et l’église lui ont collé pour reine. Il meurt à 16 ans après avoir régné moins d’un an et demi et Mary ne veut pas rester en France. Elle gagne l’Ecosse, dont elle est reine.
Mais elle emporte avec elle deux travers : la légèreté française de cour et la guerre des religions.
Dans une première partie dans les rudes châteaux écossais, Mary se montre plutôt (dans le film) la reine des gosses que la reine d’Ecosse. Son bouffon troubadour, le séduisant Rizzio (Mehdi Dehbi), amuse ses suivantes et elle-même, engendrant la réprobation des austères lords emportés par son frère James, comte de Moray (Edward Hogg) qui fait tuer Rizzio sous ses yeux. Ses flirts ne tardent pas à susciter la jalousie de celui qu’elle a épousé par plaisir, son cousin Henry Stuart, lord Darnton duc d’Albany (Aneurin Barnard). Mary veut inverser les rôles, forte de sa légitimité de reine. Elle qui n’était que de celles qu’on sort en France veut régner par elle-même en Ecosse ; elle prend mal les initiatives de son roi rapporté.
D’autant plus qu’il est fana catho et d’une maladresse d’autant plus grande qu’il n’a aucune autorité. Comme en France avec les Guise, le parti catholique en Ecosse exacerbe les tensions. Mary, témoin de la menace lorsqu’elle était sur le continent, exige la tolérance. Mais pour tolérer, il faut être deux. Nul lord ne veut la suivre sur ce terrain, ni John Scott (Tony Curran), chef du parti protestant, tout aussi borné qu’un islamiste de nos jours. Il est toujours vêtu de noir austère et exhibe sa famille aux nombreux enfants, sa femme soumise sous voile de bonne sœur derrière lui. Il est le noir mâle de la rouge Mary dont les robes aiment la couleur, le plaisir et le bonheur ici-bas.
De complots en cruautés, Mary se voit dépossédée. Sa cousine la reine d’Angleterre, Élisabeth 1ère ne tient pas à ce que Mary règne car elle est plus légitime dans l’hérédité qu’elle-même pour le trône d’Angleterre et, de plus, restée catholique dans une île devenue majoritairement protestante. Lorsque Darnton lui fait un petit James en 1566, le gamin est amené à devenir Jacques VI d’Ecosse et Jacques 1er d’Angleterre. Il succédera à Elisabeth 1ère et subira la conspiration des poudres à Londres en 1605. Mais il devient roi d’Ecosse à l’âge de 1 an lorsque Mary, soupçonnée d’avoir fait sauter son mari malade de la varicelle qu’elle avait pris en aversion, est forcée par les lords à abdiquer.
Car Mary s’est remariée trop vite avec le protestant fidèle James Hepburn (Sean Biggerstaff), comte de Bothwell, qui est aux yeux de tous le principal suspect du meurtre. Le peuple gronde aux portes duc château et les lords, peu enclins à tolérer l’hérésie, se liguent contre elle et son nouveau mari. Elle doit s’évader sur une barque de pêche pour gagner l’Angleterre, au sud. Mais la protection qu’elle demande à Elisabeth lui est refusée, elle est emprisonnée et exécutée à la hache vingt ans plus tard pour complot contre la couronne.
Le film reste allusif sur les événements historiques, se concentrant sur la personnalité de Mary. Avec ce but féministe dans l’air du temps de montrer l’avers de la domination du mâle : l’égalité de légitimité entre descendants royaux mâles et femelles, le goût du plaisir, la propension à la paix, l’aspiration à la tolérance. Ce qui donne un beau portrait de femme, l’actrice Camille Rutherford étant particulièrement jolie et vive en garçon manqué qui chevauche comme un homme.
Ne pas confondre avec le film du même titre, portant sur le même sujet, réalisé par Josie Rourke et sorti en 2018, semble-t-il beaucoup plus ridicule par son obsession des thèmes à la mode au XXIe siècle.
Mais le parti-pris de subjectivité de Thomas Imbach se traduit par une caméra qui a souvent le mal de mer comme si la reine Mary était plus ivre que raisonnable, et des horizons toujours penchés comme si l’Ecosse était un pays toujours bancal.
DVD Mary reine d’Ecosse (Mary Queen of Scots), Thomas Imbach, 2014, avec Camille Rutherford, Aneurin Barnard, Sean Biggerstaff, Edward Hogg, Mehdi Dehbi, Tony Curran, Clive Russell, Ian Hanmore, Condor entertainment 2016, 1h59, €5.30 blu-ray €13.01
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