Colombie

Escobar de León de Aranda

Pablo Escobar fut le plus puissant narcotrafiquant de la planète dans les années Reagan. Riche à milliards, il a réussi à fédérer en cartel les narcos de Medellin et de Cali, exportant en commun la drogue par avion aux Etats-Unis. Machiste et orgueilleux, son hubris n’a plus connu aucune limite. Il a fait descendre ses concurrents, descendre les politiciens qui voulaient voter un accord d’extradition avec les Etats-Unis, descendre les flics, descendre les juges, descendre les journalistes. En bref tous ceux qui se dressaient sur son chemin. Pourquoi ? Pour obtenir « du respect ».

L’argent ne suffit pas, contrairement à ce que croient les gens de gauche sur « le capitalisme » : il faut encore être reconnu. Par sa femme à qui il colle deux gosses ; par ses hommes auprès de qui il faut paraître sans cesse déterminé ; auprès de ses concurrents, à qui il ne faut pas lâcher de terrain et se montrer le plus fort ; par le pays, les pauvres à qui il construit à ses frais plusieurs quartiers, les riches auprès de qui il entre au Parlement. Mais le plafond de verre est bien présent, comme dans toute société. Son argent pue et il l’étale trop pour se faire des amis des politiciens ; sa grande gueule l’empêche de nouer des alliances sociales profitables. Il est donc méprisé, humilié publiquement dans l’enceinte de la Chambre, ses méfaits rappelés dans les journaux.

Il n’agit qu’en solitaire, ce qui le perd. Il a trop assimilé la loi des pionniers yankees qui fait de la force le seul droit. Sauf qu’il a oublié la Bible dans l’autre main, cette justification sociale hypocrite mais indispensable pour régner au nom de Dieu ou de son élection. C’est un bouffon avant d’être un tueur. Pablo Escobar est joué par un Javier Bardem encore plus gros et plus laid qu’à l’habitude – imposant de présence. Aucun autre ne lui arrive à la cheville parmi les acteurs, surtout pas le pâle et impuissant agent de la DEA américaine (Peter Sarsgaard) venu « aider » le gouvernement colombien à terrasser le dragon.

Seule la journaliste Virginia, présentatrice télé colombienne, paraît à la hauteur malgré ses poussées épisodiques de terreur. Car il la respecte. Elle est une icône, même si elle avoue que les gens la regardent plus à la télé pour savoir ce qu’elle porte plutôt que pour ce qu’elle dit. Escobar veut s’éterniser en héros, sa part bénéfique devant racheter à terme sa part maléfique. Le bâtisseur sur les ordures. Il engage Virginia comme biographe et elle est amenée à le suivre dans tous ses déplacements « même les plus intimes » – il va d’ailleurs la baiser, même si ce n’est pas montré (le viol tarifé des « nymphettes » livrées par leurs parents émerveillés est en revanche plus que suggéré). La journaliste colombienne Virginia Vallejo existe réellement, elle a incontestablement été baisée par Escobar entre 1983 à 1987 et elle a vraiment écrit en 2007 l’autobiographie du trafiquant : Amando a Pablo, odiando a Escobar, titre cité d’ailleurs durant le film : « Aimer Pablo, haïr Escobar ». Le livre a été (mal) traduit en français par le racoleur « Pablo, je t’aime, Escobar, je te hais ».  Penelope Cruz, dans le rôle de mijaurée esclave du chic et constamment en représentation, est le pendant du monstre. Féminine à souhait, féministe au travail, elle suit, elle regarde, elle raconte.

Car c’est le génie du film de nous montrer le personnage et ses horreurs par la voix off de la journaliste qui conte a posteriori la geste du narcotrafiquant descendu à la fin par la police. Ou du moins par un commando spécial, non corrompu, des forces armées colombiennes, aidé par la technique de repérage téléphonique d’un Escobar trop « famille » par la CIA.

La terreur est donc enrobée de conte, juxtaposant Pablo entouré de gamins fouillant les tas d’ordures de Medellin, tous nommés Pablito en son honneur, et le massacre à la tronçonneuse des alliés infidèles ; ou l’atterrissage sur une autoroute américaine d’un avion du cartel rempli de sacs de cocaïne à l’aide d’un Mack truck en travers bloquant les deux voies, et l’exécution par un chien loup attaché sur le dos d’un exécutant qui a mal exécuté les ordres ; ou encore le discours en réponse au ministre de la Justice d’Escobar qui dénonce le financement occulte de sa campagne avec preuves, et le dressage des sicarios, ces adolescents de 14 à 16 ans entraînés à tuer d’une rafale d’Uzi à l’arrière d’une moto les cibles désignées par le patron.

De même la parade bouffonne de « la prison » qu’il s’est fait construire lui-même, et la fuite à poil dans la jungle lorsque les hélicoptères de combat ont repéré sa planque ; les robes chics qu’il paye à Virginia pour le représenter, et les description qu’il lui fait du viol collectif « par vingt soldats » qui l’attend si elle l’abandonne, « il te déchireront tes vêtements, là, ta robe… – Thierry Mugler. – C’est çà, puis ils t’attacheront et te passeront dessus l’un après l’autre, puis, lorsqu’ils auront fini, ils te pénétreront avec un mixeur ou un sèche-cheveux, te réveillant avec un seau d’eau si tu t’évanouis, puis ils recommenceront à te violer, enfin, lorsque tu seras au bout, ils te laisseront saigner de l’intérieur jusqu’à ce que tu en crèves… ». Une belle déclaration d’amour.

Le plus atroce comique est cette scène surréaliste où Pablo Escobar avec son jeune fils de 9 ans Juan Pablo, lors d’une discussion entre hommes, lui décrit « le pain » de résidus de cocaïne qui doit être dilué dans l’eau avant de « fusiller le cerveau » – c’est pour les pauvres – et la poudre de cocaïne pure, blanche comme de la farine, qui doit être coupée avant de fusiller aussi le cerveau mais plus proprement – c’est pour les riches. Le gamin écoute, comprend, approuve. Pablo : « On produit, on vend, mais on n’y touche pas, tu as compris ? Il faut écouter Nancy (la femme de Reagan), elle a raison ». Juan Pablo : « Oui ».

Le spectateur ne s’ennuie pas, le monstre sacré glace comme il faut, la pute de luxe séduit comme il se doit avec son air effarouché sur ses hauts talons, la famille Escobar qui se voudrait normale, entraînée dans le maelström, touche à l’envi. Mais la série Narcos a sans doute nui à l’impact de ce film, trop fade face au souffle criminel du genre. Manque surtout le pourquoi de la cocaïne, qui n’est jamais abordé, au profit de la geste commerciale possessive et maniaque du truand. Comme si la drogue était une marchandise comme une autre et Escobar un capitaliste ordinaire. Sauf une fois : lorsque Virginia apprend à Miami que l’aspirine est considérée comme une drogue aux Etats-Unis !

Y aurait-il de quoi dédouaner le narcotrafic en l’abaissant au rang de la pharmacie et les narcotrafiquants au rang d’entrepreneurs aventureux ? C’est, au fond, un peu ce qui me gêne dans ce film par ailleurs fort bien mené.

DVD Escobar (Loving Pablo), León de Aranda, 2017, avec Javier Bardem, Penelope Cruz, Peter Sarsgaard, + 30 mn d’interviews avec Bardem et Cruz, M6 Video 2018, 1h58, standard €8.99 blu-ray €11.99  

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Bogota, capitale de Colombie

Nous quittons très tôt une Lima obscure et déserte. Le départ est à 4h30 pour le vol de 7 h. Adieu à Choisik devant les barrières des passeports. Nous devons faire escale à Quito, Cali, et Bogota en Colombie.

A Bogota, nous devons attendre cinq heures. Comme les voyageurs semblent entrer et sortir comme dans un moulin de cet aéroport « international », nous sommes neuf à laisser nos précieux bagages à main en consigne et à prendre un taxi jusqu’au centre-ville. La consigne est tenue par un étudiant aimable et nonchalant qui entasse nos sacs dans des casiers métalliques, les ferme au cadenas, et nous confie les clés, le tout pour 3 $ (US). Le taxi, un gros minibus américain climatisé à transmission automatique dans lequel nous tenons à l’aise à dix, nous revient chacun à 4 $ aller et retour.

Bogota s’étend au pied d’une gigantesque saillie de granit. Au sommet, un Christ veille. Pour la modernité, un téléphérique y mène depuis le bas. Nous n’avons pas le temps d’aller contempler la cité de si haut, aussi nous optons pour que le taxi nous dépose devant le Parlement, dans la ville basse. Il est convenu qu’il vienne nous reprendre au même endroit deux heures plus tard. Nous visitons les alentours. L’impression est que ce pays ouvert sur l’Atlantique diffère profondément des pays andins. La population y est moins indienne, l’économie semble plus développée, la ville est plus industrielle. On rencontre plus de clochards dans les rues et nombre de gamins dépenaillés lavent les vitres es voitures aux feux rouges, ou vendent des oranges et des bonbons. Il fait assez frais, surtout humide, de gros nuages planent haut dans le ciel. Les gens sont habillés en bourgeois ternes, comme dans l’Espagne des années 60, les élèves sont en uniformes. Seuls les étudiants bénéficient d’une liberté d’expression vestimentaire tolérée dont ils profitent largement pour se mettre à la mode américaine.

Nous arpentons à pied le quartier de la Canderaria. Les rues qui montent au-delà du palais Présidentiel vers l’église penchée de Monserate ont le charme désuet de l’époque coloniale. Les murs sont chaulés de blanc, volets, portes et balcons peints de couleurs vives comme dans les îles Caraïbes. Certains toits ou certains murs accueillent des statues de plâtre ou de résine, couleur bronze, qui semblent réfléchir ou grimper. C’est un peu surréaliste, chaud à l’œil. Au sud du palais s’ouvrent les rues commerçantes qui rassemblent les compétences dans un même périmètre : la rue aux chapeaux, celle aux chaussures, aux costumes, le marché aux meubles. Nombreuses boutiques de bondieuseries. Elles présentent des statues sulpiciennes en plâtre peint en brillant comme du sucre. Gisbert : « on en mangerait volontiers ! » L’emprise de la religion catholique paraît ici nettement plus forte qu’au Pérou. J’ai vu un gamin laveur de vitres se signer rapidement trois fois après avoir reçu une pièce. Plusieurs écoles portent des noms comme « Notre-Dame du Rosaire » ou « Saint-quelque chose ».

Nous avions des préjugés dus aux films et à la presse – mais nous n’avons pas vus les fameux « gamins de Bogota ». L’armée est omniprésente au centre-ville, en armes dans les rues. Le Palais de justice a été refait depuis qu’à la fin des années quatre-vingt la guérilla l’avait infiltré et retenu les magistrats en otage. L’armée avait dû reprendre d’assaut le bâtiment en le pilonnant au canon, ce qui avait causé une centaine de morts. Devant le Palais, sous les arcades qui bordent la place, sont gravés dans le marbre des textes remémorant les principaux événements de l’histoire du pays, dont cet épisode terroriste. C’est une façon imagée et efficace de célébrer les étapes d’une libération aboutissant en démocratie. Nous sommes les seuls touristes à déambuler sur les trottoirs ; aucun Américain ne l’oserait de peur de se faire agresser ou enlever, paraît-il. Mais comment reconnaît-on un Français d’un Américain lorsqu’il ne dit rien ? Le palais de Justice tristement célèbre, où la guérilla a pris des otages en 1985, obligeant l’armée à intervenir au canon et causant une centaine de morts, est aujourd’hui bien gardé. Dans les rues, les gens du pays nous regardent un peu, mais nul ne nous adresse la parole. On entend bien, cependant, que nous ne parlons pas avec l’accent typique des Américains.

Le Boeing 767 d’Avianca vers Paris est bondé. Il est rempli de tous les touristes qui, comme nous, rentrent des pays andins. Je suis assis non loin d’un petit mulâtre de 4 ans, joli et vif. Il a une peau lumineuse caramel au lait, les yeux noirs, un sourire éclatant. Je lui souris, il lève le pouce ; je lui tends la main, il me la serre. Son père, attendri, échange avec moi un regard complice.

F I N du voyage au Pérou

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Croisière en Colombie

Pendant qu’une bonne partie des touristes étaient sur les ponts pour vivre de visu la traversée du canal de Panama, certains avaient envahi la piste d’hélicoptère ouverte pour l’occasion, d’autres avaient très tôt le matin monté « leurs tentes en serviettes de bain» afin de privatiser les lieux, d’autres n’hésitaient pas à grimper sur les fauteuils en rotin, enfin chacun faisait à sa guise et comme à la maison ! On pouvait aussi aller se restaurer (payant) au Qsine dont quelques bribes du menu tentaient d’allécher le chaland : « sucettes sushi, crevettes disco, escargots saveur homard, crabe lave et pop-corn Fish’n’Chips » n’aurait été qu’une petite sélection. J’en frissonne encore !

INDIENS DU PANAMA

Colon, Panama, arrivée à 6h00. Tous à bord 15h45, départ à 16h pour Carthagène en Colombie à 270 milles nautiques. Colon, c’est le port de mer sur la côte des Caraïbes du Panama. La ville est fondée par les Américains en 1850, terminus du chemin de fer alors que le canal n’existe pas encore. Un petit groupe d’indiens jouent de la musique tandis que leurs femmes s’empressent auprès des touristes pour vendre des objets, de vannerie surtout.

colon maisons

Sur le bateau, on parle encore et surtout carte de crédit car la croisière se termine bientôt. On peut vérifier la douloureuse sur la télévision de la chambre. Classe de tango. Un comédien en spectacle dans le théâtre. Toujours le casino, encore une dégustation de porto à 22 h. Et une exposition de « perles de la Mer du Sud ». Alors nous les Polynésiennes nous rendons à cette exposition en curieuses. Ce ne sont pas des perles noires de Polynésie mais un petit bracelet de perles blanches et un pendentif avec une seule perle de couleur. M. ayant apporté son collier de perles noires de Tahiti est priée de suspendre à son cou l’orgueil de Tahiti. La présentatrice remarque vite le collier de M. mais n’en souffle mot. Elle avait la chance de pouvoir montrer aux dames intéressées la perle noire, elle n’en a pas profité !

colombie glaces

Carthagène des Indes, Colombie. Arrivée 9h, tous à bord 15h45 départ 16h. Ville portuaire au bord de la mer des Caraïbes, a été fondée le 1er juin 1533 par le conquistador Pedro de Heredia. Pendant 3 siècles elle fut un bastion du royaume d’Espagne en Amérique du Sud. La ville possède d’importantes fortifications militaires. Elle fut également un important centre de traite des esclaves et de transit de l’or issu des pillages des empires aztèque et inca, destiné au royaume d’Espagne.

carthagene des indes colombie

Et, pour la petite histoire, en 1697 une attaque de Carthagène par la marine française commandée par le chef d’escadre Jean-Bernard de Pointis est un succès. Le port caribéen est pris, pillé pour un butin estimé entre 10 et 20 millions de livres. Cette expédition était ordonnée par le roi de France Louis XIV qui recherchait un succès sur les mers afin de pouvoir signer le traité de Rijswick qui mettra fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, en position de force. Il obtint ainsi de l’Espagne la partie ouest de l’île de Saint-Domingue qui devint colonie française.

carthagene des indes

Direction la vieille ville où la statue de la India Catalina trône. La forteresse San Felipe de Barajas et ses douze kilomètres de remparts protégeaient la ville des pirates mais rappelle aussi que l’or et les émeraudes raflés par les conquistadors transitaient par Carthagène des Indes. En arrivant sur la Plaza Santa Teresa nous changeons de monture avec une calèche tirée par un cheval pour visiter les rues étroites bordées de magnifiques balcons. Le quartier du centre San Pedro abrite la cathédrale et de nombreux palais, la tour de l’Horloge, le théâtre Heredia.

carthagene des indes rue

Au retour sur le bateau : fitness, casino, vente de tanzanite, la deuxième pierre précieuse la plus rare du monde, danse, guitare, tango ; au théâtre, un chanteur-musicien. Direction Fort Lauderdale pour 1 149 milles nautiques !

Hiata de Tahiti

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Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude

gabriel garcia marquez cent ans de solitude
L’auteur, colombien qui vient de disparaître, nous livre l’âme de l’Amérique latine dans ce livre qui tient du bouillon de culture, de la soupe de sorcière et de l’élixir de longue vie : irracontable, la genèse de ce petit village de Macondo ; truculente, violente, passionnée – et dérisoire – la vie ardente de la dynastie Buendia (bonjour).

Un fondateur de village, mystique, alchimiste et rêveur, un colonel de guerre civile plusieurs fois condamné, un pape manqué, une amoureuse consumée, une musicienne viveuse et d’autres encore, mâles et femelles, qui naissent comme des portées de chats et poussent comme du chiendent. La grande maison grouille d’enfants nés de passions robustes et éduqués fort librement. Les générations s’entremêlent et l’on confond les prénoms et les caractères, buissonnants et semblables. La maison est un vivier d’amour et d’extravagance, un refuge et un socle d’où essaimer et bâtir. Mais que reste-t-il, enfin, de l’énergie dissipée, de la semence prodiguée, de l’amour donné ? – Rien.

La dynastie s’éteint, le village vivote et la révolution est toujours à refaire. Il ne reste rien mais ce « rien » est la clé de ces pages qui vont comme un torrent intarissable – et qui soudain se dessèchent au seuil du désert.

Cruelle vanité des hommes. Esprit bâtisseur, patriotisme, goût de la justice, joie de connaître, soif d’apprendre, rigorisme moral, débauche effrénée, inculture féroce : que vaut donc tout cela, puisque le temps passe et efface ? Les arbres les plus grands s’effeuillent à l’automne. Le monde est un théâtre de fous ; les êtres sont des marionnettes actionnées par des mythes en grosse ficelle. Les fils ressemblent aux pères ou aux oncles, les filles aux mères ou aux tantes. Rien ne s’apprend ni ne se retient. Les enfants répètent les erreurs des aïeuls, revivent leur folie, gaspillent de la même façon leur énergie. Aucun progrès sous le soleil, comme si le destin était, indéfiniment, de revivre ce qui fut. Symboles, les prénoms se transmettent à l’identique, d’une génération à l’autre. Le temps roule comme une balle et la mémoire embrumée de l’ancêtre ne sait plus ce qui est présent ou passé, de qui tiennent les enfants. Le souvenir se perd à mesure que la vie se déroule, sans cesse autre et toujours même.

Cent ans d’isolement font un village sans histoire, fermé, inespéré et sans espoir. Le microcosme de ces pays d’Amérique latine qui s’agitent et fermentent sans jamais éclater, et dont le devenir est si lent qu’ils restent en sempiternel sous-développement.

Mais, après tout, le changement n’est-il pas vain ? L’humeur espagnole et le fatalisme indien se heurtent en violents contrastes que le temps équilibre. Chaque fils est un nouveau conquérant, mais tout reste toujours à conquérir.

Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude, 1967, Points Seuil 1995, 460 pages, €7.60

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Bogota en Colombie

La fin du séjour équatorien est proche, les valises prêtes, nous partons pour l’aéroport, direction Bogota en Colombie. Un guide est prévu pour nous faire visiter la ville et le musée de l’or. Ce monsieur ne cessera de nous vanter le calme de la Colombie. « En Europe, vous dites beaucoup de mal de ce pays et vous nous faites du tort, le touriste ne vient plus. » C’est peut-être vrai ?

Ce fut une merveilleuse escale en Colombie, courte mais intense. En direction d’Aruba avant l’Europe, Bogota apparaissait à 2680 m d’altitude au milieu d’un plateau immense et fertile, entouré de hautes montagnes le Montserrate (3200 m) et le Guadalupe (3320 m). Elle est peuplée de 7 millions d’habitants. Le centre-ville et la Candelaria disposent d’attraits touristiques.

La Candelaria est le quartier historique situé en plein centre et préservé de la destruction. Ce sont de belles maisons à balcons, rénovées par des artistes et des monuments coloniaux historiques convertis en musées. Sur les flancs du Monserrate, le quartier est, grâce à ses rues étroites, un oasis de tranquillité.

La Plazza Bolivar est connue de tous. C’est depuis les premiers temps de la conquête la place où l’on célébrait des messes, où l’on organisait de somptueuses fêtes, des corridas, des marchés, où l’on tenait procès, où l’on fouettait et pendait les criminels. L’avenidad Jiménez est le lieu de marchandage des émeraudes. Tout est légal, surveillé par la police, les uns viennent proposer des pierres brutes (d’un vert…) et les autres viennent acheter. Tout ce commerce se fait en pleine rue.

Ah ! oui, il existe une cinquantaine de musées dans la ville, dont le Museo del Oro ! Un musée « coffre-fort » qui regroupe plus de 36 000 vestiges, des milliers d’objets en or. On y voit briller des bijoux, des masques, des statuettes, de la vaisselle, des poteries, des textiles présentés et classés suivant les différentes cultures indigènes. Fabuleux !

Le guide de cette journée colombienne n’avait de cesse de vanter la Colombie paisible, pas de voyous, pas de tueurs, que des gens calmes et souriants. Chacun peut avoir son idée. Il déplorait quand même la mauvaise réputation faite à la Colombie qui nuisait au tourisme. « Voyez-vous-même, il n’y a aucun danger. » Honni soit qui mal y pense, disent bien en français les Anglais.

Le voyage avait été agréable. B. et moi étions ravies de notre découverte. En nous repassons les images, nous rions encore des petites mésaventures équatoriennes. Nous étions six francophones dans un groupe de Vlams (Flamands). Tout de suite, ils nous ont mis à l’index. Nous ne parlions pas flamand et eux pas le français (c’est ce qu’ils ont prétendu au guide). Qu’à cela ne tienne, nous en avions vu d’autres. Toujours la vieille histoire entre Wallons et Flamands qui ressort, même à l’autre bout du monde et envers des gens qui ne sont même pas Belges !

Le soir de notre arrivée à Quito, soirée musique. L’altitude, la fatigue du voyage nous mènent rapidement au  lit. Le lendemain, personne au petit déjeuner. B. se demande s’ils ne sont pas partis sans nous ? Moi : « nous verrons bien. » Le guide (Belge habitant l’Équateur) arrive. Ses traits sont tirés ! Les autres – les Flamands – sont encore au lit. Nous commencerons la visite sans eux et reviendrons plus tard les prendre à l’hôtel. A l’heure dite, ils sont là. On dirait des zombies. Ils ont du drôlement picoler hier soir. Sur le trajet en bus, il faut sans cesse s’arrêter pour qu’ils vomissent dans le fossé. C’est la course dans le bus ! Pas de tir groupé mais une débandade. Le soir, à l’hôtel, personne que les six francophones au repas. Pour les autres ? Alka-Selzer…

En résumé, un voyage de découvertes, très enrichissant, des paysages à couper le souffle, quelques petits problèmes d’altitude en Équateur, mais c’était si dépaysant et si merveilleux !

Hiata de Tahiti

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