La littérature des nuls

Les gens ne lisent plus et encore moins les jeunes. Lorsque le collège, le lycée ou même l’université leur demande de se procurer tel ou tel ouvrage littéraire, c’est la panique. Les libraires s’en souviennent et en rient. Ils en font des recueils.

A se rouler par terre.

A condition de ne pas être soi-même un « nul ».

J’envisage que mes lecteurs ne le soient pas, aussi veux-je les faire rire…

De Balzac, on demande Ça glisse dans la vallée. Qui n’empêche pas de chercher où trouver Gay de Maupassant, Les précieuses de l’édicule de Molière ou Portrait du jouisseur de Philippe Scolaire, manuel de manipulation destiné au lycée. Les nymphomanes ou les cougars chercheront de Baudelaire Les fleurs du mâle et Mâle ville de Robert Merle. À côté de ces titres, très sexuels, mais probablement pour ados, vous trouvez encore Humiliés et défoncés de Dostoïevski, Les Lésions dangereuses de Choderlos de Laclos, Le jeu de l’amour et du bazar de Marivaux ou encore Les désarrois de l’élève topless de Robert Musil. Tout cela est La faute de L’abbé Bourré, de Zola ou une facétie des Marrants terribles de Cocteau. On comprend que Marcel Proust ait écrit A l’ombre des jeunes filles en pleurs et que Simone de Beauvoir ait commis Les mémoires d’une jeune fille dérangée.

Plus dans l’actualité, les banlieues rechercheront Les frères Kalachnikov du terroriste russe Dostoïevski, condamné au goulag (ou Tolstoïevski à demi-chrétien, on ne sait pas), et peut-être L’étranglé de Camus, un frère Algérien. Voltaire ayant écrit une pièce sur Mahomet,on cherchera de lui Sadique, tandis que de Molière on demandera Les fourberies de Scarface.

Les colonisés de l’anglais exigeront de Molière Le bourgeois gentleman et de Lawrence L’amant de lady Chatterton pour bondage tandis qu’ils liront Le Kid de Corneille et Britannic Circus de Racine. Et peut-être, s’ils sont lettrés, Monsieur pique-nique de Dickens.

Parmi les grandes œuvres françaises, se trouvent dans les rayons Tristan et Hideux ou la laideur au moyen-âge, La princesse de Kiev de Madame aux galeries La Fayette, Les femmes s’en vantent de Molière, Le mariage du Figaro par Georges Marchais réédité avec une préface de Philippe Martinez. Victor Hugo écrivait bien des publicités pour les pauvres misérables. Les mots d’un camé de Théophile Gautier seront bien utiles pour expliquer l’addiction, tandis que Les 500 mignons de l’abbé Gomme par Jules Verne éviteront de déraper dans le sexe illégal. George Sand, on le sait, était une homosexuelle qui aimait les hommes ; bien qu’elle ait eu plusieurs enfants avec plusieurs, on sait que le taux de fécondation chez les PD (pays développés) tend vers zéro.

Il faut lire parce que c’est au programme les Fables de multiplication de La Fontaine ou les maths qui coule de source, Lucien la veine de Stendhal sur l’anatomie de l’amour, Thérèse ramequin de Zola qui aimait bien les restes, La veste de Camus (qui s’en est pris une en Facel Vega) et Le légume du jour de Boris Vian, un chef cuisinier connu il y a quelque temps. Tandis que L’antidote de la nouille ne sert qu’aux gens de théâtre qui vont se faire voir chez les Grecs.

Les germaniques ont peu d’intérêt puisque Spinoza a écrit Les Tics et Goethe Les souffrances dues aux vertèbres.

On laissera aussi de côté les langues mortes puisque ce sont des langues qui ne sont parlées que par les morts. Inutile aussi d’apprendre la grammaire, elle ne sert à rien puisqu’elle est trop compliquée à comprendre. D’ailleurs, une bibliothèque c’est comme un cimetière pour les vieux livres et la lecture n’est faite que pour ceux qui n’aiment pas écrire.

Qui a dit : « le futur du verbe ‘je baille’ est ‘je dors’ » ? On comprend que pour certains, l’Hippopotamus soit le siège du système neurovégétatif.


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