Comprendre l’emboîtement des choses, dit Alain

Il fait chaud, il fait froid, la nature nous semble hostile alors qu’elle n’est qu’indifférente. Le soleil donne, les orages grondent, l’air froid descend malgré le ciel pur, le rhume vient : les choses s’emboîtent et s’ajustent naturellement, sans aucune intention. Toutes les saisons, toutes leurs causes et conséquences sont « justes et raisonnables », dit Alain. Ou plus exactement « toutes ces forces sont d’aveugles brutes ».

Mais c’est penser en être humain. La nature ne pense pas, elle se déploie. Et il n’y a point de dieux – ou alors qui laissent se dérouler les choses, en suprême indifférence.

Fort heureusement, songe le philosophe. « Si je constatais quelque caprice des dieux, comment pourrais-je vivre après cela ? Ce qui me rassure, c’est cet ajustage parfait, cet emboîtement de toutes choses, ces chaînes entrelacées des biens et des maux ». La liberté s’établit sur la machine ; les choses sont, poursuivent aveuglément leur mécanisme comme la montre tictaque et donne toujours l’heure, et nous les humains comptons là-dessus pour nous y acclimater. Rien de pire que le caprice : on ne peut plus rien prévoir, se protéger, s’adapter – et alors vient la crainte, le repli sur soi.

Les tyrans – et Trompe aujourd’hui – jouent de cet effet psychologique pour imposer leur bon vouloir, leurs caprices de satrapes. Alain ne parle pas de politique dans ce Propos, mais la nature y mène, puisque la nature humaine en fait partie.

Alain, Propos tome 1, Gallimard Pléiade 1956, 1370 pages, €70,50

(mon commentaire est libre, seuls les liens sont sponsorisés par amazon.fr)

Alain le philosophe, déjà chroniqué sur ce blog


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