
Léon Crevette, commandant de gendarmerie, placé entre son Momo de commissaire et son BB de brigadier (chef) s’ennuie ; pas de croustillante affaire à suivre, comme celle du serial carnivore, le Préleveur qui bouffait des morceaux de ses victimes. « Mais le plus grave ce sont les cons. Si encore c’étaient des cons drôles, ceux d’Audiard, de Coluche ou Desproges, mais ce sont des sales cons, de tristes sires toujours à la remorque de celui qui aboie le plus. Pas étonnant que les dictateurs prospèrent aussi vite ! » p.7. C’est alors que surgissent opportunément six trucidés, tous des hommes, tous des notables du coin, avec le même mode opératoire : tous drogués par la bouffe (« pâtes fraîches au foie gras, au magret et aux truffes » p.19), puis asphyxiés au sac poubelle et immergés dans la baignoire pour bien finir de les noyer. Le même mode opératoire que l’exercice au commissariat effectué dix jours plus tôt.
Les morts le font revivre, Crevette. Même s’il ne trouve pas de cadavres dans les placards à ces occis-là. Et voilà qu’un jeune architecte est retrouvé pendu, et une épouse féminicidée. Décidément, l’été abat en province. L’archi avait des affaires en commun avec le promoteur et un découvert abyssal à la banque du banquier, deux des occis du dîner. Est-ce lié ?
Ce sera pire : une vieille histoire sur laquelle la prescription a passé, mais pas la vengeance. Et une curieuse lumière dans la Marne, le soir, avec des bras fantômes qui se tendent comme s’ils attendaient… Invraisemblable, mais vrai. Crevette commandant son burger dans un resto gastro avec son copain conseiller conjugal Baccardi échangent des idées. Dont une lumineuse – qui fera aboutir l’enquête. Pendant ce temps, les femmes s’amusent : la légiste russe comme dans la série policière de Nouvelle-Zélande, l’épouse médecin, la compagne amoureuse de la nouvelle capitaine mais aussi de son Eddy.
Toujours caustique, le style est adepte de raccourcis bien lancés, tellement qu’on se demande si, lors d’un déjeuner, « entre le bourguignon et la vieille prune », l’expression ne désigne pas deux convives… La suite semble prouver que non.
A noter pour une réédition que « tache » ne prend pas d’accent circonflexe quand il s’agit d’une vilaine chose sur un vêtement ; sinon, elle est un labeur à effectuer. Et que « sabbat » ne s’écrit pas à majuscule comme l’autrice de BD ni comme la reine du même nom quand il désigne un vacarme, un ramdam, en bref un repos juif assimilé à une réunion de sorcières par les vilains cathos médiévaux. Mais ce ne sont que vétilles de la maléducation nationale qui font tiques chez les puristes.
Maurice Daccord, La petite fille de la Marne, 2025, MVO éditions, 196 pages, €20,00
(mon commentaire est libre, seuls les liens sont sponsorisés par amazon.fr)
Les romans policiers de Maurice Daccord déjà chroniqués sur ce blog :
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