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La montagne d’Islande en couleurs

Les aventuriers en groupe dans le camp de Landmannalaugar sont parfois des familles avec adolescents, comme ces Anglais et ces Hollandais dont les éphèbes se déclinent par trois à leur ressemblance. Comme eux, ce matin, nous démontons nos tentes.

Nous partons en longeant le parc aux chevaux, qui servent à des randonnées. Courts sur pattes et à longue crinière, ils ont une tête bien sympathique de nounours. Nous suivons la vallée pour une boucle balisée à la journée autour du camp. La grimpée est obligatoire sur une falaise de lave. La sente qui monte est longue, caillouteuse et raide. En plein soleil.

Un autre groupe de l’organisation Nomades nous rejoignent à une pause. Nous les quittons pour un autre sommet que celui qu’ils visent, avec un panoramique à 360° sur le paysage magnifique. Nous montons le Skatle, à 923 m.

C’est en effet une symphonie de couleurs qu’on ne s’attendrait pas à voir en plein cœur de l’Islande. Le bleu du ciel est profond, plus lumineux que celui des lacs. Les pierres et la végétation passent par toute la gamme des bruns au jaune. Un lagopède a fui sous nos pas, un pluvier doré nous fera son rituel d’éloignement du nid, mais la végétation ne verdit qu’à proximité des points d’eau… froide. Ils ne sont pas si nombreux dans cet univers minéral.

Nous sommes fatigués d’hier, donc faisons la sieste alignés au soleil sur nos sacs, près de la pente, après avoir dévoré nos sandwiches. Nous avons vue sur le lointain Eyjafjajökull qui fume encore vaguement. Il a bien bouleversé les petites habitudes de bougeotte aérienne au printemps, cet animal là ! De quoi nous interroger sur ces mouvements incessants des voyageurs aériens dont beaucoup sont inutiles, dus au caprice plus qu’à la nécessité.

La suite consiste à revenir au camp par une autre piste, toujours balisée sur la carte. Un passage aéré entre deux pentes à 60° impressionne, surtout que la sente à moutons est un tantinet gravillonneuse et glisse sous les chaussures. Mais tout le monde passe cette variante du circuit bleu originel. De quoi rejoindre le solfatare d’hier.

Mais là, nous prenons un autre chemin dans la coulée d’obsidienne pour parvenir à la rivière qui mène au camping. Rége y voit des trolls à sac à dos… Débute alors un cours de hobbitologie entre Rége, qui aime faire la conversation, et Flore qui a vu tous les films du ‘Seigneur des anneaux’. Le pré aux linaigrettes forme le virage vers l’accès numéro deux au camp. Le sentier est moins tourmenté qu’hier, mais tout aussi long.

Nous arrivons directement sur les bains, à l’effondrement de la caldeira. Tout un banc d’Espagnols s’y ébat déjà avec délice et force appels entre eux. Nous nous y coulons bientôt pour nous laver de la poussière et de la fatigue des quelques 500 m de dénivelé cumulé d’aujourd’hui. Au pied de la falaise sourd un filet très chaud qui alimente la rivière. Elle sinue très lentement à température déclinante sur une centaine de mètres, là où tous les baigneurs se concentrent. Un petit blond de sept ans joue, tandis qu’un Miguel de 12 ans et son copain de 13 ans se lancent des vannes ou des pierres ramassées au fond. Tout cela en espagnol. Carline suit le petit des yeux, il lui rappelle l’un des siens. Le kid, au rhabillage par sa maman, demande à son papa de traverser sans bottes. C’est mignon, je souris, je dis au père qui me regarde que je comprends un peu et j’échange quelques mots.

Gourde pleine, un litre d’eau à boire avant le soir, nous prenons le bus. Il est prêt depuis ce matin, tentes démontées par nous avant de partir et les affaires chargées. Nous avons pour une heure et quarante minutes de trajet au son de Susan Vega, que lance Robert en boucle. Les cahots font parfois sauter le CD, ce qui donne un parcours haché au rythme de la chanteuse. Nous traversons avec notre camion haut sur pattes plusieurs gués, dont certains sont profonds. Une Honda 4×4 break, conduite par un jeune homme à cheveux longs hésite. Prudent, il quitte souvent le volant pour aller voir si ça passe et se laisse doubler pour regarder où va le camion dans le lit de la rivière avant de faire pareil, puis de nous redoubler sur la piste. Il tourne un moment mais parvient au final au même refuge que nous pour loger. Nous croisons aussi un quatuor de vieilles voitures françaises en raid sponsorisé. Il y a une Renault 18, une Citroën Ami 8, une 2 CV et une 4L.

De l’autre côté du massif, nous entrons dans un nuage et le pays devient vert. Il ressemble à nouveau à l’Irlande. Nous sommes dans la région d’Eldgja, la faille de feu, à qui la rivière a donné son nom.

Le refuge Holaskjöl a été fondé en 1971. A été installée – cette année – une douche par chalet ! Excitation en cuisine pour faire la soupe à l’oignon, qui sera suivie de la viande de mouton aux légumes. Les croûtons de la soupe, mal surveillés, noircissent et déclenchent même les détecteurs de fumée du chalet. Il faut en démonter les piles pour qu’ils se taisent et ouvrir les fenêtres pour évacuer la fumée. Le procédé n’est pas très sûr ! La soupe est épaisse et goûteuse, l’agneau fumé original avec sa fricassée de carottes, pommes de terre et… poire ! Le mouton a le goût de palette de porc fumée. Un autre groupe est logé à l’étage du gîte et, en marchant sur les talons, ils font sauter un abat-jour de notre lampe cuisine. Le tout fait un peu bricolage ici, l’éclairage est très parcimonieusement réparti et aucune prise électrique n’est installée.

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Trek de Laugavegurinn

Nous entreprenons une grosse randonnée aujourd’hui, les paysages commandent. Il faut approcher, monter, admirer, redescendre longuement et parcourir encore à l’horizontale heurtée d’une coulée d’obsidienne deux bons kilomètres, pour enfin atteindre le camp.

Heureusement il fait beau, le, soleil n’est que parfois voilé. Évidemment, nous commençons toujours par monter, donc avec pique-nique, thermos et gourdes pleines. Ce n’est qu’au sommet – on ne mange jamais avant – que les sacs s’allègent.

Mais le paysage vaut l’effort dans cette réserve naturelle de Fjallabak. Il est de toutes couleurs dans les jaunes, les verts et les bleus. Les rhyolites ocres ou vertes se combinent avec l’obsidienne en coulées noires et à la pierre ponce, grise ou brune, trouée, légère.

Nous avons vue sur les trois glaciers de l’endroit, le Tinfjallajökull au sud-ouest, que surmonte l’Eyjfallajökull au loin, le massif Myrdalsjökull plein sud et le Torfajökull à l’ouest, bien devant l’énorme Vatnajökull qui occupe tout le centre de l’Islande. Nous apercevons aussi le volcan Hekla, dans l’ouest, qui est toujours actif même si ne montent de lui que de rares fumeroles.

La montée est pénible, la descente aussi, pour les genoux, mais nous avons déjà quelque entraînement. Dès le sommet du Haalda, nous commençons à croiser des touristes, venus du camping par la voie normale. Il y a des Français, des Anglais, des Allemands, des Italiens, la voie est très courue.

Nous allons voir, après la longue descente, de petits geysers qui bouillonnent et se déversent par épisodes, rendant chaude l’eau du ruisseau à leur pied, et même de la rivière ! Nous traversons un champ de solfatares, mais le camp est encore loin. Bien après la coulée de lave où domine l’obsidienne, ce qui rend le sentier tortueux et montueux, tant la pierre cristallisée se prête peu à l’érosion et aux aménagements. Nous suivons sur le dernier kilomètre un couple qui revient de promenade avec une petite fille en chaise sur le dos, des Français.

Nous aurons marché huit heures, de 10 h à 18 h, et monté en cumulé environ 1000 m de dénivelé pour revenir à 530 m d’altitude au camp. Autrement dit, nous sommes fatigués. Robert, désœuvré toute la journée, a eu la gentillesse de monter nos tentes, aidé peut-être par ses copains chauffeurs, eux aussi réunis au camp pour mener leurs groupes. Il sait que nous sommes fatigués, qu’il faut occuper la place avant que d’autres s’y mettent, et nous sommes touchés par cette attention. Seule la tente mess reste à monter, ce qui est fait avec célérité, nous avons désormais l’habitude.

Les douches collectives du camping de Landmannalaugar sont très encombrées, il n’y a que six boxes à pièces pour tout le camp, 400 KR à enfiler dans la fente pour avoir 5 mn d’eau chaude. C’est l’explication que me donne, avec réticence, une Française, comme si l’information était classée confidentielle. Avec un air vaguement méprisant sur toutes choses, son regard d’ennui pour tout ce qui se passe et qui évite soigneusement de croiser ceux des autres, son quant à soi un tantinet arrogant, voici une petite-bourgeoise de France dans toute sa splendeur que les étrangers reconnaissent entre mille. Dans la conversation qu’elle tenait avec une autre, j’ai compris qu’elle était prof en collège.

Mais la rivière est libre avec ses bassins chauds. On ne peut cependant s’y savonner. Selon le degré de température supportée, les gens se mettent plus ou moins près de la source, qui commence vers 40° avant de se diluer jusque vers 20°. Il y a beaucoup d’enfants de toutes nationalités qui trouvent ce jeu bien meilleur que marcher dans la caillasse.

Nous dînons de papillotes de filets de truite surgelée, assaisonnée d’oignon, de tomate et de citron en tranche, avec quelques épices, et roulée dans du papier alu. J’ai eu l’heur de mettre sous papier les filets et leur assaisonnement. Les filles ont préparé la salade verte avec tomates et fromage émincé. Tout le monde est couché à 22h30, malgré le bruit ambiant d’un camp bien rempli.

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