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Le Geyser d’Islande

A quelques kilomètres surgit une autre attraction à touristes, le geyser. Le lieu-dit s’appelle Geysir et se prononce ‘guésir’ ; il signifie ‘fureur’ en Islandais. Ce nom propre est devenu nom commun depuis le 13e siècle où le volcanisme a commencé à produire ce curieux phénomène de source bouillonnante.

L’eau à plus de 100° s’échappe, toutes les 5 à 8 mn, en un puissant jet de 60 à 80 m de hauteur. Le geyser touristique a pour nom Strokkur. Des panneaux conseillent bien de faire attention au vent et de ne pas s’approcher trop près pour ne pas être arrosé, mais ils sont en islandais et en anglais.

Nombre de touristes et la quasi totalité des gamins ne comprennent pas et se font copieusement doucher lorsque le vent est assez fort, comme aujourd’hui. Ils crient de surprise et de saisissement, mais le jeu est la surprise et ils reviennent, ravis de cette éjaculation volcanique.

L’attraction des adultes est surtout de photographier le geyser juste avant que ne monte la bulle, ou de saisir en vidéo l’intégralité de la séquence. Il faut être très patient et ne pas hésiter à filmer longuement avant d’arrêter, puis de reprendre et d’effacer le plan où il ne se passe rien pour ne pas encombrer la mémoire. Fébriles s’abstenir, il s’écoule de nombreuses minutes parfois entre deux jets, tandis que d’autres se suivent à intervalles rapprochés.

Ma vidéo du geyser de Geyser sur Dailymotion.

Le vrai geyser est éteint, l’actuel est boosté par une canalisation souterraine et l’ajout de sel pour activer la réaction. Nous sommes donc presque chez Disney où la nature est domestiquée pour servir à l’économie. Mais les alentours du geyser sont aussi intéressants, notamment une vasque immobile qui sent le soufre où l’eau est d’un turquoise très vif.

Après ces attractions foraines, nous empruntons la route du sud qui s’ouvre en delta vers la côte. Arrêt au supermarché de Fluthir, à l’origine du bassin versant. En quelques kilomètres, nous sommes passé de l’aride au vivant. L’endroit est très vert, cultivé de légumes et de foin en train d’être moissonné. Des moutons en nombre et des chevaux y paissent. Le lieu est riant comme en Irlande et nous change des tristesses de l’intérieur. Les gens y sont aussi moins rudes, mieux nourris et plus souriants. Les caissières sont ici des adolescents, un jeune homme et une jeune fille. Ils s’entraident pour la monnaie manquante dans une atmosphère très détendue.

Sans aller jusqu’à la côte, nous remontons la vallée de la Thjorsa, vers l’est. Nous allons jusqu’aux lacs artificiels, réservoirs pour la centrale électrique au pied du volcan Hekla. Il est toujours en activité, entrant en éruption environ tous les dix ans. Dans les temps anciens, on disait qu’il était la porte ouverte vers les enfers. Nous sommes au pays de la pierre ponce. Elle est exploitée et exportée pour vieillir les jeans ! Le gîte, isolé dans une campagne à nouveau lunaire, est confortable mais de style collectif. Un grand dortoir aux lits superposés est mis à notre disposition avec deux WC et une cuisine, une pièce séparée pour les moniteurs. L’endroit doit servir aux classes de neige, clubs de montagne ou aux colonies de vacances. Mais il n’existe qu’une douche pour tout le monde, située à l’extérieur, dans un appentis rajouté sur le flanc du baraquement. L’hygiène ne semblait pas la préoccupation première des Islandais jusqu’à ce que le tourisme fasse entendre ses exigences. Ou bien  se baignait-on tout nu dans le même baquet, à la scandinave ?

Le guide nous prépare ce soir du petit salé aux légumes, longuement mijoté. Personne ne s’aperçoit que le petit salé n’est pas du porc, mais du mouton. La préparation le rend rose comme un cochon et le goût est à s’y méprendre. Mais l’Islande produit bien plus de moutons, plus faciles à nourrir, que de porcs.

A la veillée, Robert le chauffeur se déride et nous chante en islandais des compositions à lui, en s’accompagnant de la guitare. Il en a apporté une dans son camion. Les Islandais taciturnes savent être poètes et ses chants sont nostalgiques. Le premier porte sur un miroir cassé au bord d’un lac ; le second sur sa fille, née fripée, qui deviendra une belle plante. Le lyrisme rentré s’extériorise en petit comité, avec des gens qu’on a pris le temps d’apprivoiser. Hier les skaldes scandaient la langue en vers, avec des acrobaties dignes d’admiration. Aujourd’hui, la guitare guide les paroles, dans un style plus international.

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