Migrations à Tahiti

EDT (l’EDF polynésien) se préoccuperait-elle des anguilles enfin ce serait plutôt Marama Nui qui gère les barrages. Au fait, on trouve quoi dans les rivières de Tahiti ? Des espèces amphihalines qui migrent à des moments déterminés de leur cycle de l’eau salée à l’eau douce et vice et versa : les catadromes (anguilles) et les amphidromes (chevrette, gobie). Les chercheurs ont dénombré 14 espèces amphihalines réparties dans 5 familles :

  • 3 chez les anguilles : puhi pa’a (Anguilla marmorata) puhi tari’a (anguille à oreilles = Anguillamegastoma) et puhi vari (Anguilla obscura).
  • 1 chez les éléotridés : o’opu (Eleotris fusca).
  • 5 chez les gobidés : apiri (Sicyopterus lagocephalus), apiri (Sicyopterus pugnans), moomoo (Awaous ocellaris), kokopu (Stenogobus genivittatus), tuivi (Stiphodon elegans).
  • 4 chez les chevrettes : oura pape (chevrette= Macrobrachium lar), oura ‘onana (Macrobranchium aemulum, Macrobranchium latimanus), oura ‘itara (Macrobranchium australe).
  • 1 chez les poissons : nato (perche = Kuhlia marginata).

course de vaa tahiti

Ces recherches scientifiques cassent un mythe sur l’anguille sacrée du fenua qui n’aurait pas d’oreilles !

Mais selon les scientifiques, c’est le signal qu’elles sont prêtes à partir en mer pour aller se reproduire. Elles développent des nageoires pectorales. Puhi tari’a ou L’anguille à oreilles (sacrée dans la mythologie polynésienne) n’est en réalité qu’un stade de développement…

Comme les autres anguilles de par le monde elles se reproduisent en mer. Les anguilles pondraient du côté de Fidji et du Vanuatu d’après les données scientifiques. Mais on ne sait pas encore pourquoi les civelles s’éparpillent dans le Pacifique pour trouver une rivière qu’elles remonteront, y grandiront et partiront à leur tour. L’anguille, c’est le prédateur des rivières, omnivore opportuniste, mange volontiers des chevrettes : c’est le régulateur pour certaines autres espèces de la rivière.

Une thésarde a été recrutée par Marama Nui pour trois ans. Elle va étudier la rivière et ses habitants de manière scientifique puisqu’il y aura soutenance de thèse à Paris Sorbonne. Et elle permettra également à Marama Nui d’améliorer l’exploitation de la rivière et… son image de marque. Gagnant-gagnant, dit-on.

carte migrations polynesiennes

Les anguilles ne sont pas les seules à migrer. Selon des chercheurs australiens, les Polynésiens – des Samoa, des Iles de la Société, des Tuamotu, des Marquises, des Gambier, des Australes et des Iles Cook du Sud – ont essaimé vers la Nouvelle-Zélande et Rapa Nui entre 1140 et 1260. Pourquoi cette période de migrations fut-elle si courte ? Des chercheurs australiens ont conclu que pendant ces 120 années, les vents étaient favorables ! Ce sont deux spécialistes du climat et un archéo-anthropologue qui ont publié les résultats de leurs recherches dans la revue américaine PNAS.

Entre 1140 et 1260, les alizés ont faibli d’est en ouest, mais vers le Sud ont soufflé plus fort, facilitant la navigation pour les Polynésiens du centre-est vers la Nouvelle-Zélande. « Sous ce vent, les navigateurs polynésiens pouvaient faire le voyage jusqu’à Aotearoa en 10 ou 14 jours ». Après 1300, les vents se seraient inversés et la navigation vers la Nouvelle-Zélande serait devenue plus ardue. Cette même étude montre qu’à la même époque, les vents pourraient avoir été favorables aux Polynésiens et aux Amérindiens vers Rapa Nui. Bref, une histoire de souffle !

Hiata de Tahiti


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