Articles tagués : tahiti

Robert-Louis Stevenson, Le creux de la vague

Trois épaves échouées à Tahiti font « une telle bande de porcs » selon leur père lui-même, l’écrivain Robert-Louis. Mais ils sont le début d’une histoire. John Davis est un capitaine déchu pour avoir fracassé son bateau parce qu’il était bourré ; Huish est le hideux Hyde dont le nom se prononce suiffeux, toujours prêt à trahir père et mère pour contenter son égoïsme mesquin ; Robert Herrick, fils de bonne famille inapte à tout travail constant, est l’éternel perdant des situations par sa faute. Par contraste William Attwater est, comme lui, issu de bonne famille mais est devenu riche seigneur d’une île à perles où il fait travailler l’indigène ; père et juge à la fois, un brin homosexuel comme il était de bon ton à Eton, il est l’anti-Herrick.

Les trois premiers ont échoué sur la plage de Papeete ; ils vivent de mendicité et s’abritent dans une prison désaffectée. Ils n’ont plus un rond et sont près d’être expulsés. La « chance » leur est offerte sous l’apparence d’une goélette frappée de quarantaine qui vient de s’ancrer au large du port. L’équipage ne comprend plus que des Canaques car le capitaine et le second sont morts de variole. Le capitaine du port propose donc à Davis de prendre en main le bateau, après que tous les autres capitaines se soient récusés, et de le conduire à sa destination, l’Australie. Il convoie un chargement de champagne californien.

Le trio de perdants accepte cette main tendue par la Providence. Mais les démons de chacun reprennent le dessus très vite. John Davis, poussé par le vil Huish, se saoule au champagne toute la journée ; Herrick le second n’y connait rien en navigation et se repose sur l’équipage pour les manœuvres et tient le point à l’estime. Il est le seul sobre et un peu sérieux des trois, sauf qu’il se méprise et n’attend qu’une occasion pour se supprimer. La rédemption commune aurait été possible si le mal incarné n’était dans le trio : Huish est ce qu’il y a de plus vil dans l’humanité, un véritable échet nuisible. Et Davis se laisse entraîner selon sa pente alors qu’il aurait pu se sauver avec Herrick qui, dès lors, suit la sienne qui est l’apathie. Chacun, ayant le bien et le mal en lui, a le choix de sa destinée selon la doctrine presbytérienne de Stevenson.

La saoulerie a ceci de bon qu’elle permet bientôt de s’apercevoir que la cargaison est truquée : après une rangée accessible de vrai champagne, le reste des bouteilles ne contient que de l’eau. La goélette, usée, était certainement destinée à disparaître corps et biens afin que ses armateurs touchent l’assurance. Davis est atterré : lui pensait détourner la cargaison à leur profit en la vendant au Pérou ! Puis c’est au tour de Herrick d’être atterré : le capitaine Davis n’a fait embarquer de vivres que juste ce qu’il fallait, par souci d’économie ! Le bateau est trop loin pour l’Australie, trop loin pour le Pérou, et interdit à Tahiti. Restent les îles pour refaire des vivres et de l’eau.

Justement, les instructions nautiques signalent une île inexplorée dans le coin. C’est l’île aux perles de William Attwater. Davis et son âme damnée Huish ne pensent alors qu’à dérober les perles pour se refaire encore une fois, puis gagner les côtes américaines. Cela signifie tuer Attwater et tous ses indigènes, les quelques qui lui restent après l’épidémie. Herrick, s’il est lâche et peu fiable, n’est pas un meurtrier ; Davis non plus lorsqu’il est à jeun et qu’il pense à ses petits : « Y a que les gosses qui comptent. Les moutards ont quelque chose… Je ne peux pas en parler » partie 1 chapitre 3. Seul Huish est conformé pour le mal, difforme de corps, chétif d’âme et le cœur de pierre. Il va tenter d’aveugler Attwater avec une fiole de vitriol avant de le tuer, par pur sadisme de faible.

Mais Attwater, en homme supérieur, manipule les uns et les autres et domine la situation : « Un homme doit se tenir debout sous le regard de Dieu et s’élever par son travail jusqu’à donner toute sa mesure » partie 2 chapitre 8. Huish est éliminé, anti-David contre un vrai champion Goliath ; Davis s’évanouit et se repends, à moitié fou de religion ; Herrick reste honnête mais ne connait pas la grâce.

Cette histoire en forme de parabole tend à prouver que les âmes sont attirées vers le bas par la loi de gravité du mal ou comme la marée redescend, laissant à nu ceux qui nagent. Il faut se surmonter pour accéder à la civilisation et (pour les croyants) au divin. C’est un roman tourmenté mais intéressant, un peu binaire pour notre psychologie mais fouillé sur les affres des âmes.

Robert-Louis Stevenson (avec Lloyd Osbourne), Le creux de la vague (The Ebb-Tide), 1894, Flammarion GF 2011, €7.00

Stevenson, Œuvres III – Veillées des îles, derniers romans (Catriona, Le creux de la vague, Saint-Yves, Hermiston, Fables), Gallimard Pléiade 2018, 1243 pages, €68.00

Les romans de Robert-Louis Stevenson déjà chroniqués sur ce blog

Catégories : Livres, Mer et marins | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Nu au compteur

Le nu ne s’est jamais aussi bien porté… sur le net. Cela alors que la morale ambiante est de plus en plus puritaine, contrainte par les trois religions du Livre grimpant vers l’intégrisme.

En témoignent les « termes recherchés » sur les moteurs qui aboutissent à mon blog – en regard des articles les plus lus.

Un florilège des mots ou fragments de phrases tapés en recherche, avec leur orthographe incertaine et leurs raccourcis cocasses mérite d’être cité :

  • fantasme etre surprise entré d’être baiser rudement raconte
  • tahitienne vahiné seins
  • famille à la masturbation
  • robin bande torse nu
  • gamin baiseur
  • rodin vagin
  • dénudé de force
  • films des femmes ont décidés de vivre nue dans la jungle inospitaliere de primates cannibales indigenes
  • ados en chaleur
  • polynesian teens
  • fillette jupette
  • les enfants regardent des films porno
  • adolescent nu baiseur
  • troc sexuel polynesie
  • jeune slip
  • youporn 13an et sa mère
  • nu garçon ligoter
  • film des seins
  • sein nu moyen
  • kidnappés par une bande de garçons
  • dieux du stade 2020 non censuré
  • les grands-parents baisent en privé
  • fille de16ans gouine xxx
  • jeunes esclaves
  • tahitienne bikini amateur
  • fille sans culotte
  • fillettes collegiennes polonaises irotic
  • colo torse nu
  • le sein pointu brésilien nu
  • filles africaines seins nues
  • jolie fille malgache nue
  • bande dessinee en francais pour adulte concernant la baise qui est lisible
  • jeune garcon joue au foot nu
  • filles toireg nude
  • suce chien campagne porno
  • belle militaire nue
  • baise entre gamins
  • naturistes tous nu en familles
  • flagellation tout nu
  • festival nue sur la plage aux usa
  • puniton tout nu
  • à cuba c’est le cul qui bat la mesure
  • sucer une bite
  • francaise bougeoise discrette baise
  • donald trump etant scout
  • nue au pogrom
  • elle avale sous les arbres

« Surprise, seins, bander, nu(e), baiser, dénudé, en chaleur, troc, jupette, slip, ligoter, esclave, bikini, sans culotte (révolutionnaire ou soixantuitarde ?), naturiste, punition, cul, sucer… » montrent une adolescence fiévreuse. Le terme « gamin » ou la mention de l’âge questionne sur la première fois, sur l’âge du premier désir, sur la curiosité plus que sur les actes : « bande dessinee en francais pour adulte concernant la baise qui est lisible », « gamin baiseur », « polynesian teens ». La naïveté des termes laisse parfois pantois : « naturistes tous nu » – on se demande pourquoi ils seraient naturistes.

Les références aux Noires, à une fille touareg, à une « française bourgeoise » ou à la nudité « au pogrom » laissent penser qu’il y a de la « diversité » chez les quêteurs de réponse. Avec un certain sadisme parfois : punir pour mettre à jouir. Le pire et le plus drôle étant le « donald trump etant scout » : le questionneur souhaite-t-il que le paon macho yankee se soit fait violer par un moniteur prêtre ?

Ne viendrait-on majoritairement sur mon blog que pour le sexe ?

Parmi les articles les plus lus depuis l’origine (2010), on trouve quand même Tahiti, l’euro, Le Clézio, Stevenson, Céline, l’antisémitisme, Facebook, entre autres. Parmi les articles les plus lus dans les derniers sept jours, Stendhal et la politique, le mouvement social de los Indignados en Espagne, Nietzsche, Philip Roth et Philippe Sollers – même si la misère sexuelle et les corps chantent à la plage sont en bonne place.

Au fond, les moteurs de recherche ramènent surtout les images du blog dans leurs filets, moins les textes. Quand ceux-ci font l’objet d’un mot-clé, le lecteur est tout de suite plus sérieux : prof ou scolaire, amateur cultivé, chercheur. Mais si je ne mettais aucune illustration, comme un ancien blogueur qui se piquait de mots, je gage que les visites sur mon blog seraient bien moins fréquentes. Les images attirent sur le texte et font du buzz ; on vient ensuite pour plus sérieux, comme les auteurs au programme de français ou de philo, ou même sur la politique.

Il est bon de regarder de temps à autre ce qu’on lit des publications que l’on donne. Pour ne pas rester hors-sol, pour prendre le pouls du lectorat, pour s’expliquer les quelques 1200 visites quotidiennes – et plus le dimanche (est-ce pour la critique de film ou par qu’il y a plus de temps pour surfer ?).

Catégories : Société | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Gens de Tahiti

L’INSEE compte 275 918 habitants en Polynésie française en 2017. Les Marquises ne comptent que 9350 personnes et les îles Australes 6970. Les retours dans les îles entre 2007 et 2012 en raison de la crise économique, avaient augmenté ; depuis 2012, ils diminuent.

La fécondité baisse et les départs de la Polynésie française restent plus importants que les arrivées, notamment pour les jeunes avant 25 ans dont un dixième quitte le territoire. 17 500 personnes sont parties de Polynésie depuis 2012, soit 6 % de la population – car seulement 44 % de la population au-dessus de 15 ans déclare occuper un emploi. C’est donc la recherche de travail et les études qui poussent à partir et à s’installer ailleurs.

Près de la moitié des Polynésiens vivent en noyaux familiaux d’environ six personnes. Les familles nombreuses ne représentent que 8 % des ménages et les familles monoparentales seulement 6 %. Les personnes âgées de plus de 60 ans comptent pour 12 % de la population et 36 % d’entre elles vivent avec leur famille plus ou moins élargie car seulement 21 % des plus de 60 ans travaillent. Les trois quarts des emplois sont dans le secteur tertiaire du commerce, des services, notamment l’hôtellerie et la restauration. Ce n’est qu’aux Tuamotu-Gambier qu’une personne sur deux travaille dans la pêche, la perliculture ou le coprah. L’industrie ne représente que 7 % de l’emploi total en Polynésie dont la moitié dans l’alimentaire et les boissons. Seulement 1200 personnes travaillent dans l’artisanat. La moitié des foyers est équipée d’un ordinateur avec connexion Internet, sauf aux Tuamotu-Gambier, moins bien desservis par l’éloignement.

L’espérance de vie moyenne est de 77 ans car le taux d’obésité a beaucoup augmenté depuis 30 ans dans les îles du Pacifique. La question s’est posée de savoir pourquoi plus dans les îles qu’ailleurs. Il est probable que les sociétés traditionnelles agricoles vivant de fruits, de légumes et de la pêche n’étaient pas préparées biologiquement par les millénaires à l’arrivée de produits venus de l’extérieur. L’arrivée des militaires américains pendant la seconde guerre mondiale puis l’essor des communications et du tourisme après introduit de nouvelles nourritures, parfois moins chères et plus séduisantes. Le mode de vie moderne des activités tertiaires est sédentaire. Il est mauvais pour la santé de ceux qui ne sont pas habitués depuis des générations. La nourriture importée, notamment le sucre, la farine, l’huile à friture, les sodas et la bière – même la viande en conserve – offre trop de calories par rapport au régime traditionnel.

Des chercheurs pensent que les corps des insulaires du Pacifique sont génétiquement programmés pour stocker le gras plus que les autres parce que vivre sur des îles loin de tout subissant des tempêtes et des cyclones, voulait dire connaître de longues périodes de restriction ou de famine. Pour le reste du temps, se nourrir demandait un travail physique important pour cultiver la terre et aller pêcher. Dans un nouvel univers de métier sédentaire et de fast-food, la prise de poids s’explique facilement.

Mais il n’y a pas que cela. La culture joue aussi un rôle car, dans l’imaginaire, un physique imposant est considéré comme un statut de richesse et de puissance. Les chefs traditionnels bénéficiaient de repas plus copieux que le reste de la population et présentait un corps dodu et un teint florissant. Ce n’est qu’avec la nouvelle norme véhiculée par le cinéma  américain que les jeunes femmes comme les jeunes hommes se doivent être au standard mince et aux attributs sexuels bien marqués : Barbie et Ken. Cette obésité engendre le diabète et réduit l’espérance de vie.

Ce n’est que par l’éducation à bien se nourrir, la revalorisation des cultures polynésiennes et par l’écologie encourageant la production locale que ce fléau pourra être enrayé.

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Troisième sexe

Caroline de Haas affirme avec autant de légèreté que de force que « un homme sur deux ou trois est un agresseur » de femmes. C’est un peu comme si un homme déclarait que deux femmes sur trois aguichent comme des putes, ouvrant les cuisses avant d’ouvrir la bouche pour dénoncer et « balancer ». C’est aussi con… Haas a pourtant été élevée sous Mitterrand et quatorze années consécutives de « la gauche au pouvoir » qui devait – bien évidemment – libérer les humains de toute leurs exploitations (Catherine a été « jeune socialiste » puis encartée au PS jusqu’ à 34 ans). Bilan : ce ne fut pas le cas – au contraire ! La génération 68, encouragée par toute la gauche, a fait du sexe l’alpha et l’oméga d’une existence réussie (si t’as pas baisé mille femmes à 50 ans c’est qu’t’as raté ta vie). Et la psychologie freudienne mal assimilée a fait du blocage un consentement déguisé (non ! non ! voulait toujours dire oh, oui !). D’ailleurs, il était interdit d’interdire et tous les désirs devaient s’assouvir afin de ne pas être frustré, donc névrosé, donc malade et malheureux…

Dès lors que le désir non contrôlé devient un danger pour la société et que règne le plus fort (mâle le plus souvent), il existe deux solutions.

La première ? Ramener les mœurs en arrière pour rétablir la morale d’avant-68 : écoles séparées pour les garçons et les filles, métiers assignés pour chacun des sexes, interdiction des femmes dans la police ou l’armée, répression féroce envers tout écart (à l’américaine : surtout ne pas monter dans un ascenseur seul avec une ou plusieurs représentant du sexe opposé, ne pas rester seul au bureau, ne jamais inviter une relation chez soi sans témoin, etc.). Aux Etats-Unis, cela passe par la religion puritaine et le moralement correct qui fait « honte » du sexe (mais pas des armes, bénis substituts de pénis). En Europe, cela passe par le renforcement du « droit » avec un empilement de lois donnant de plus en plus de détails sur ce qui est autorisé ou interdit pour coucher, attoucher ou simplement déclarer, avec recul de toute prescription pour que chacun soit bien figé dans son « essence » et condamné pour « être » définitivement agresseur. Cette façon de voir, analogue au racisme qui fige les gens dans leur biologie, est d’essence réactionnaire.

Notez bien que ce rigorisme est non seulement tout à fait compatible avec l’islam militant, mais réclamé par lui comme par les intégristes catholiques et juifs. Faut-il donc faire « soumission » (le titre d’un roman prophétique de Michel Houellebecq) et appliquer la charia pour être désormais (et paradoxalement) fémininement correct ? La contrepartie serait bien évidemment de voiler les femmes et de les reléguer au harem. Comme au Pakistan, « pays des purs » : aucune femme dans la rue, ou bien sous voiles et dûment accompagnée d’un mâle au moins de plus de 13 ans.

La seconde solution ? Elle est de considérer Haas pour ce qu’elle est : une provocatrice dans l’outrance – donc insignifiante –  et d’aller voir ailleurs un remède. Or il existe : la société (occidentale) y vient doucement, malgré trumpisme et poutinisme qui en rajoutent des tonnes dans le viril – comme ces entraîneurs de foot qui enflent la voix et prennent un accent mâle pour fouetter l’orgueil des gamins de 10 ou 12 ans en les traitant de fiottes. Le remède à ces bouffonneries est dans le « troisième sexe ».

Biologiquement, le « troisième sexe » n’existe pas, bien que les hermaphrodites puissent y être assimilés – mais ils ne se reproduisent pas.

Il faut quitter la pure physique biologique pour parler de « troisième sexe ». Il y a belle lurette que l’on sait que tout ce qui est humain n’est pas réductible à la génétique ni à l’épigénétique. L’être humain est un animal, certes, mais sa très longue enfance en fait un être particulièrement marqué par son environnement, notamment par ses relations avec les autres. Le sexe est largement une donnée psychologique, donc sociale. C’est ainsi que, même pubère bien plus tôt, les relations sexuelles ne sont « autorisées » par la loi qu’à partir de l’âge de 15 ans ; bien que biologiquement sans obstacle, l’inceste est prohibé (les chats, par exemple, s’en moquent) ; qu’une pression très forte de la famille, des amis, du divertissement, est en faveur des relations hétérosexuelles aux fins de reproduction.

Nos sociétés changent, les rapports sexués aussi. Depuis que sévit la mode du jeunisme, de l’adolescentrisme, du féminisme, de l’éternel vingt ans, nos sociétés deviennent androgynes. Ce « troisième sexe » – ni macho ni virago – est une construction sociale, accentuée par l’éducation, surtout à l’école où les femmes sont plus que majoritaires. Elle a existé chez certains peuples dans l’histoire, elle se développe aujourd’hui chez les individus à qui l’on reconnait des talents de médiateurs ou qui apparaissent tout simplement « sympathiques ».

La pression sociale encourage désormais à atténuer les valeurs dites masculines de compétition, d’affirmation, de violence, pour privilégier les valeurs dites féminines de conciliation, de douceur et de convivialité. Les métiers jusqu’alors masculins comme la police ou l’armée sont moins tranchants. Sont-ils pour cela moins efficaces ? Peut-être face aux caïds des banlieues qui ne connaissent que les rapports de force, mais pas sûr pour tout le reste : la proximité et le dialogue dans la police valent mieux à long terme que l’usage de la force et l’humiliation ; la stratégie et les actions indirectes à l’armée sont souvent plus fructueuses que l’affrontement brutal (les Yankees en Irak l’ont bien appris, tout comme les Soviétiques en Afghanistan et les Israéliens en Palestine…).

Quoi de mieux qu’un idéal de « troisième sexe » pour éviter les travers agressifs (trop reprochés aux mâles) et les travers maternants (trop reprochés aux femelles) ? Le « troisième sexe » serait la reconnaissance de la part féminine en l’homme comme de la part masculine en la femme, une sorte de milieu juste où les deux pourraient être en relation d’égalité, copains et compagnons plutôt que forcément accouplés.

Dans l’histoire justement, l’éducation, le rang dans la famille, la position sociale, ont placé certains individus dans une situation intermédiaire où ils incarnaient un potentiel de relations non connotées – ni trop « viriles », ni trop « féminines ».

Les Eskimos Inuit avaient pour usage de travestir certains de leurs enfants pour les élever comme s’ils appartenaient au sexe biologique opposé. A la puberté, la physiologie reprenait ses droits et ces enfants changeaient symboliquement de sexe, adoptant les vêtements et les tâches conformes à leur statut de nature. Mais leur polyvalence, cette capacité qu’ils avaient acquise de prendre des points de vue opposés, d’une sphère symbolique à l’autre de la société, leur donnait une souplesse de relations et une ouverture d’esprit qui était très valorisée. Les Eskimos allaient jusqu’à leur prêter un pouvoir particulier de médiateur, non seulement dans la société mais aussi entre le monde des vivants et celui des esprits. En un sens, c’est un peu ainsi que les catholiques ont vu leurs prêtres, si l’on y réfléchit : ni homme investi de responsabilités familiales, ni femme ayant à élever des enfants, le curé était à la fois le père pour tous et celui qui n’exerce pas d’action ici-bas. Le curé-copain de l’après-68 a peut-être aidé des ados en manque de repères, mais sûrement pas leurs ouailles adultes qui avaient besoin d’autre chose que de plate compassion.

C’est une même capacité à franchir les frontières qui caractérisait les « berdaches » amérindiens. Ils n’étaient pas tous homosexuels, bien que travestis. La culture française, au contraire de l’anglo-saxonne, adore trancher dans l’absolu les catégories et étiqueter de façon définitive les comportements, or la réalité est souvent bien plus complexe. L’anthropologue Margaret Mead a étudié la division sexuée du travail en Océanie. Elle montré dès les années 1930 que la répartition des tâches entre genres était plus culturelle que naturelle. Les ethnologues français, trop marqués par Freud ou contaminés par Engels, aimaient à confondre sexe social et sexualité génitale. Ils rajoutaient une couche de plus sur la morale ambiante, catholique et bourgeoise, avec ce travers caporaliste envahissant qui assimilait allègrement pratiques sexuelles et rôle social. Pour eux, les berdaches étaient homos, donc moralement répugnants, point à la ligne. Mauss ne voyait par exemple chez les Inuits qu’un ‘communisme primitif’ où chacun s’envoyait en l’air avec quiconque durant les mois d’hiver. Alors que les études des années 1960 ont montré qu’il s’agissait de toute une cosmologie où des ancêtres et des amis disparus reviennent dans les âmes de certains enfants nouveau-nés, qui sont élevés comme eux – mêmes s’ils sont de sexe biologique différent. Ou bien, lorsque l’équilibre de la famille entre garçons et filles était trop accentué, certains enfants étaient élevés comme s’ils étaient de l’autre sexe pour le partage des tâches.

Chez les Sioux, quelques hommes étaient travestis depuis leur adolescence à la suite d’une expérience initiatique ou parfois d’un rêve. En Polynésie, la confrérie des Arioï, réunissait des mâles qui visaient à capter et à contrôler les pouvoirs surnaturels féminins en étant éduqués comme des filles ; ils jouaient les rôles de conteur, de danseur et de bouffon, et avaient des relations sexuelles avec les adolescents mâles consentants, ce qui était valorisé. Les Arioï pouvaient se frotter le ventre avec qui ils voulaient mais n’avaient pas le droit d´enfanter. Ce chevauchement de la frontière des sexes, génitalement pratiqué ou seulement symbolique, devenait une composante de la personnalité adulte, rendant les individus autonomes et polyvalents. Ils devenaient alors chamanes, personnages d’androgynes métaphoriques. A Tahiti et dans les îles du troisième sexe, les mahu (dites mahou) sont souvent aujourd’hui d’excellents animateurs, cuisiniers, graveurs, artistes ou baby-sitters.

Dans nos sociétés occidentales, ce sont les médiateurs. Comme les chamanes, ils gèrent les crises et les rapports sociaux comme ils ont dû gérer leurs propres conflits intérieurs et leurs déséquilibres personnels symboliques. Jules Verne dans Deux ans de vacances où tout un groupe d’enfants se retrouvent naufragés sur une île, sans aucun adulte et livrés à eux-mêmes, met en scène un beau caractère de médiateur en la personne du jeune Briant. Christian Blanc, Raymond Soubie, Carlos Ghosn, Barack Obama et peut-être Emmanuel Macron étant donné son expérience amoureuse hors des normes, sont par exemple des hommes élevés autrement des autres, ayant connus des univers culturels différents. Michel Serres appelle « tiers instruit » ces chevaucheurs de frontières, gauchers contrariés, voyageurs, polyglottes, psychologiquement androgynes…

Je traduis pour les primates, victimes de la maléducation nationale : il ne s’agit pas bien évidemment de sexe biologique mais de rôle social et culturel. Chacun reste homme ou femme (ou bi s’il ne sait pas choisir), mais atténue les disproportions mâles ou femelles – surjouées depuis l’essor de la bourgeoisie industrielle et coloniale – pour devenir « vivable ». Ces gens sont des passeurs, des intermédiaires, en bref des diplomates. Le troisième sexe existe, à condition de ne pas le réduire à la bite ou au cul.

La solution numéro deux me paraît plus positive à long terme que la régression numéro un, d’essence carrément réactionnaire, n’en déplaise à la Haas.

Catégories : Société | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Avantages des expatriés en Polynésie

Lors d’un dîner, j’ai fait la connaissance d’un instituteur spécialisé à Tahiti. Il a obtenu sa mutation d’expatriation à la troisième demande ; il est divorcé, ce qui facilite la mobilité. Il a signé un contrat de deux ans renouvelable une fois, et il vient d’effectuer sa première année scolaire.

Il m’avoue gagner 1.82 fois son salaire plus 60% de primes en s’expatriant. Il n’existe pas d’impôt sur le revenu ni d’impôt sur la fortune en Polynésie française, « territoire étranger ». Le Pays a établi seulement l’impôt foncier sur les propriétés bâties, l’impôt sur les revenus locatifs immobiliers, le droit de timbre, la taxe de mise en circulation, la taxe d’environnement pour le recyclage des véhicules. Lui n’est pas concerné par tout ça puisqu’il est locataire et a acheté d’occasion sa voiture.

Il paye cependant une « contribution de solidarité territoriale » sur les revenus de sources multiples qui est une sorte de CSG prélevée à la source par les employeurs, et progressive, de 0.5% pour la fraction inférieure à 150 000 XPF (1260 €) à 25% pour la fraction supérieure à 2 500 000 XPF (20 000 €). Il a donc conscience de faire donc partie de l’élite, « une secte » dit-il, qui fait monter les prix de l’immobilier. « Certains », s’ils restent plus de quatre ans, s’endettent auprès des banques pour acheter un terrain et faire construire pour habiter puis pour louer quand ils s’en vont ; les banques accordent volontiers des prêts courts à des fonctionnaires aussi bien payés.

Les pensions et rentes viagères versées par la France à ses retraités qui vivent à Tahiti sont en revanche imposables en France. Un prélèvement à la source leur est prélevé (article 197 A du Code général des impôts). Il est progressif en trois tranches : 0% jusqu’à 14 431 €, 12% de 14 431 à 41 867 € et 20% au-delà. Mais après abattement de 40% sur le montant brut des pensions servies par la France, plus abattement supplémentaire de 10% limité à un seuil variable chaque année (3707 € pour les revenus 2014).

A cela s’ajoute une TVA en trois taux : 5% pour les produits alimentaires, le transport de voyageurs, les hôtels et la fourniture d’électricité ; 13% pour les services ; 16% pour les produits importés.

Mais c’est principalement parce qu’il n’existe pas d’impôt sur le revenu que l’Assemblée territoriale a refusé le passage de la monnaie à l’euro, préférant conserver le vieux franc pacifique ; les gens craignaient que l’unification de la monnaie ne soit le préalable à établir l’impôt…

Si la Polynésie n’est donc pas un « paradis fiscal », elle permet aux expatriés de la métropole, en activité ou en retraite, de bien vivre. Et, s’il n’y a pas de saisons marquées, il reste quelques vahinés – à condition de bien les chercher.

Catégories : Economie, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Tahiti, le paradis retrouvé et reperdu

bougainville voyage autour du monde

Lorsque Louis-Antoine de Bougainville aborde les côtes de Tahiti, il découvre une humanité édénique : point de vêtements, point de propriété, point de morale névrotique ; tout le monde, jeunes et vieux, hommes et femmes, semble vivre à poil au jour le jour et de l’air du temps, dans la joie et les plaisirs. Cet hédonisme rappelle furieusement aux Occidentaux intoxiqués de Bible depuis un millénaire et demi le fameux Paradis terrestre, d’où Adam – le premier homme – fut chassé pour avoir cédé à sa côte seconde dont Dieu avait fait son épouse. Eve voulait « savoir » en mangeant les fruits de l’arbre de la Connaissance. C’est pourquoi son Voyage autour du monde, paru en 1771, a eu un tel retentissement sur les philosophes des Lumières.

L’île de Tahiti présente « de riches paysages couverts des plus riches productions de la nature. (…) Tout le plat pays, des bords de la mer jusqu’aux montagnes, est consacré aux arbres fruitiers, sous lesquels, je l’ai déjà dit, sont bâties les maisons de Tahitiens, dispersées sans aucun ordre et sans former jamais de village ; on croirait être dans les Champs Élysées. » Le climat est tempéré et « si sain que, malgré les travaux forcés que nous y avons faits, quoique nos gens y fussent continuellement dans l’eau et au grand soleil, qu’ils couchassent sur le sol nu et à la belle étoile, personne n’y est tombé malade ».

Polynésie 2016

« La santé et la force des insulaires qui habitent des maisons ouvertes à tous les vents et couvrent à peine de quelques feuillages la terre qui leur sert de lit, l’heureuse vieillesse à laquelle ils parviennent sans aucune incommodité, la finesse de tous leurs sens et la beauté singulière de leurs dents qu’ils conservent dans le plus grand âge, quelles meilleures preuves… ? » Le pays produit de beaux spécimens humains. « Je n’ai jamais rencontré d’hommes mieux faits ni mieux proportionnés ; pour peindre Hercule et Mars, on ne trouverait nulle part d’aussi beaux modèles. »

Les gens y vivent à peu près nus, sans aucune honte mais avec un naturel réjouissant. « On voit souvent les Tahitiens nus, sans aucun vêtement qu’une ceinture qui leur couvre les parties naturelles. Cependant les principaux [les chefs] s’enveloppent ordinairement dans une grande pièce d’étoffe qu’ils laissent tomber jusqu’aux genoux. C’est aussi là le seul habillement des femmes. » Mais, pour accueillir les vaisseaux, « la plupart de ces nymphes étaient nues, car les hommes et les vieilles qui les accompagnaient leur avaient ôté le pagne dont ordinairement elles s’enveloppent. (…) Les hommes (…) nous pressaient de choisir une femme, de la suivre à terre, et leurs gestes non équivoquent démontraient la manière dont il fallait faire connaissance avec elle. »

vahine seins nus

Pas de propriété, pas de mariage exclusif, pas de honte sur le sexe. Au contraire, cet acte naturel en faveur du plaisir et de la vie est un bienfait s’il ajoute un enfant à la population. « Vénus est ici la déesse de l’hospitalité, son culte n’y admet point de mystère et chaque jouissance est une fête pour la nation. Ils étaient surpris de l’embarras qu’on témoignait ; non mœurs ont proscrit cette publicité. »

La hiérarchie sociale existe, mais reste cantonnée, les seuls soumis sont les esclaves capturés à la guerre. Car la guerre existe, mais pas la guerre civile ni la jalousie entre particuliers. L’engagement n’a lieu qu’avec les tribus des autres îles. « Ils tuent les hommes et les enfants mâles pris dans les combats [donc pubères] ; ils leur lèvent la peau du menton avec la barbe, qu’ils portent comme un trophée de victoire ; ils conservent seulement les femmes et les filles, que les vainqueurs ne dédaignent pas de mettre dans leur lit ». Mais pour le reste, « il est probable que les Tahitiens pratiquent entre eux une bonne foi dont ils ne doutent point. Qu’ils soient chez eux ou non, jour ou nuit, les maisons sont ouvertes. Chacun cueille les fruits sur le premier arbre qu’il rencontre, en prend dans la maison où il entre. Il paraîtrait que, pour les choses absolument nécessaires à la vie, il n’y a point de propriété et que tout est à tous ».

Même les femmes, quoique des inclinations particulières puissent durer un certain temps entre deux individus. Mais « la polygamie parait générale chez eux, du moins parmi les principaux. Comme leur seule passion est l’amour, le grand nombre des femmes est le seul luxe des riches. Les enfants partagent également les soins du père et de la mère. Ce n’est pas l’usage à Tahiti que les hommes, uniquement occupés de la pêche et de la guerre, laissent au sexe le plus faible les travaux pénibles du ménage et de la culture. »

Tout cet étonnement s’inscrit en miroir des Dix commandements du Décalogue, confirmés par le Sermon sur la montagne. Il semble que Bougainville, étant bien de son temps de Lumières et de Raison, ait trouvé à Tahiti le lieu des antipodes à la Morale chrétienne. Tout ce qui est interdit en Europe par l’Église et puni par ses clercs, est de l’autre côté de la terre permis et encouragé. Les relations charnelles sont l’inverse de l’amour éthéré du prochain voulu par le Dieu jaloux ; la loi naturelle entre personnes ici-bas est l’inverse de la loi divine qui exige d’obéir sans réfléchir pour gagner un monde au-delà. Tout ce qui fait du bien est licite, tout ce qui va pour la vie ici-bas est valorisé, tout ce qui est charnel est encensé. Diderot, en son Supplément au voyage de Bougainville fait de Tahiti la patrie du Bon sauvage, « innocent et doux partout où rien ne trouble son repos et sa sécurité ».

diderot supplement au voyage de bougainville

Bougainville y découvre le peuple de la Morale naturelle qui se déduit des usages spontanés, vantée par le baron d’Holbach. Pas de Dieu jaloux qui commande n’avoir d’autre idole que lui, de ne pas invoquer son Nom, qui exige de se reposer le septième jour de par sa Loi. Il n’y a ni meurtre, ni adultère, ni vol, ni convoitise de la maison ou de la femme du prochain – puisqu’il n’y a pas de propriété et que les femmes sont encouragées dès la puberté à se donner aux hommes et aux garçons, qui se donnent en échange. « Nous suivons le pur instinct de la nature », fait dire Diderot au vieillard tahitien, « nous sommes innocents, nous sommes heureux ». Pas de honte chrétienne, antinaturelle ! Pas de névrose, ni de refoulement. « Cet homme noir, qui est près de toi, qui m’écoute, a parlé à nos garçons ; je ne sais ce qu’il a dit à nos filles ; mais nos garçons hésitent, mais nos filles rougissent ». Le christianisme, c’est la fin de l’âge d’or, la honte sur l’innocence, la chute du paradis… « Ces préceptes singuliers, je les trouve opposés à la nature et contraires à la raison », ajoute Diderot.

La religion, c’est la tyrannie, la meilleure façon de culpabiliser les âmes innocentes pour manipuler les corps et exiger la dîme et l’obéissance. Prenez un peuple, clame Diderot, « si vous vous proposez d’en être le tyran, civilisez-le, empoisonnez-le de votre mieux d’une morale contraire à la Nature ; faites-lui des entraves de toutes espèces ; embarrassez ses mouvements de mille obstacles ; attachez-lui des fantômes qui l’effraient ; éternisez la guerre dans la caverne, et que l’homme naturel y soit toujours enchaîné sous les pieds de l’homme moral. Le voulez-vous heureux et libre ? Ne vous mêlez pas de ses affaires ; assez d’incidents imprévus le conduiront à la lumière et à la dépravation ». L’homme tahitien est libéral et libertaire ; il est le sauvage des origines non perverti par la civilisation chrétienne. Lui seul connait la liberté, alors que nous ne connaissons chez nous que contrainte et tyrannie (l’une disciplinant à l’autre).

vahiné obese 2016

Denis Diderot n’est pas tendre en 1772 (date de rédaction de son Supplément) avec la société de son temps – dont il subsiste le principal de nos jours malgré la Révolution, les guerres de masse et mai 68 ! « C’est par la tyrannie de l’homme, qui a converti la possession de la femme en une propriété. Par les mœurs et les usages, qui ont surchargé de conditions l’union conjugale. Par les lois civiles, qui ont assujetti le mariage à une infinité de formalités. Par la nature de notre société, où la diversité des fortunes et des rangs a institué des convenances et des disconvenances. (…) Par les vues politiques des souverains, qui ont tout rapporté à leur intérêt et à leur sécurité. Par les institutions religieuses, qui ont attaché les noms de vices et de vertus à des actions qui n’étaient susceptibles d’aucune moralité. Combien nous sommes loin de la Nature… »

Bougainville avait découvert l’Ailleurs absolu, l’innocence édénique, l’humanité vraie délivrée des entraves. Il avait donné ses formes au mythe du bon sauvage, que Rousseau s’empressera de développer et que les voyageurs et les ethnologues tenteront d’aborder, avant le mouvement hippie de l’amour libre et de l’interdit d’interdire.

grosse vahine 2016

Las ! Quiconque aborde à Tahiti découvre très vite combien les vahinés ne ressemblent en rien au mythe mais qu’elles ont le profil américain de la malbouffe ; que les tanés sont trop souvent bourrés à la bière, camés au paka, violeurs incestueux ou meurtriers ; que la nudité édénique n’est plus, devenue une phobie apportée par les missionnaires ; que la religion de nature est infectée de sectes protestantes en tous genres qui régentent votre vie quotidienne jusqu’à vous dire quoi manger et à quelle heure du jour, quand travailler et quand obligatoirement ne rien faire ; que l’absence de propriété est gênée sans cesse par les clôtures, les routes barrées, la privatisation des plages…

Le vieillard de Diderot avait raison, l’Occidental a infecté Tahiti, la religion a fait perdre l’innocence. Au nom du Bien ? Les gens sont plus malheureux aujourd’hui qu’il y a deux siècles. L’enfer, Chrétiens coupables, est pavé de bonnes intentions ; je hais comme Diderot les bonnes intentions.

Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, 1771, Folio classique 1982, 477 pages, €10.40

Denis Diderot, Supplément au Voyage de Bougainville, écrit en 1772 et paru en 1796, Folio classique 2002, 190 pages, €2.00 

Catégories : Livres, Philosophie, Religions | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Marcher sur le feu à Tahiti

Le Heiva bat son plein en été et juste avant l’ouverture des « Fêtes de juillet » c’était le rituel du umu ti organisé par le grand tahu’a Raymond Graffe. Cette marche sur le feu date des temps immémoriaux. Ce rituel purificateur est unique au monde. A l’origine il servait à se prémunir de la disette en faisant cuire des racines de ti (Cordyline terminalis) que l’on conservait ensuite pendant des mois et vérifier le pouvoir des prêtres. Si ceux-ci parvenaient à marcher sur les pierres ardentes, c’est que les dieux et le mana étaient toujours avec eux. Mais, avant de faire marcher les volontaires sur ces pierres, la préparation est colossale et doit être millimétrée.

marcher sur le feu

En voici le déroulement :

  1. Avant la cérémonie le grand prêtre se retire pour effectuer une retraite spirituelle dans la vallée pendant 72 heures. Il jeûne, médite, communie avec les dieux. Ainsi il pourra dompter le feu et permettra aux visiteurs de traverser la fournaise.
  2. Il doit trouver 3 tonnes de bois, 10 m3 de pierres volcaniques ; 200 feuilles de ni’au séchées, 200 troncs de bambous verts.
  3. Il faut creuser une fosse de 8 mètres de long sur 2,50 m de large et 0,50 m de profondeur et la remplir.
  4. Allumer le four le jour venu à une heure précise pour que les pierres soient à la bonne température le soir
  5. Couvrir les braises de pierres volcaniques. La température du four est alors à 4 500 degrés. Sur l’endroit où les visiteurs marcheront, la température varie entre 1 200 et 640 degrés.
  6. La cérémonie débute par des danses incantatoires pour honorer les déesses Hina Nui Te A’ara et Te Vahine Nui Tahura’i.
  7. Le grand prêtre balaye les pierres avec des feuilles de auti sacré.
  8. Les volontaires sont invités à traverser la fournaise. Il ne faut pas avoir bu d’alcool depuis la veille, les femmes qui ont leurs règles ne peuvent pas participer mais elles sont autorisées à regarder la cérémonie.
  9. Une fois qu’on a commencé à marcher sur le feu, interdiction de faire marche arrière.
  10. A la fin du rituel le grand prêtre pose un interdit sur le four et accompagné de sa famille va prendre un bain purificateur dans la mer.

Marcher sur les braises ? L’édito du Tahiti Pacifique ‘Probité impossible à Tahiti’ revient sur l’affaire du député polynésien qui a été condamné le 16 juin à 2 ans de prison avec sursis, 5 ans d’inégibilité et à rembourser 8,8 millions de XPF (environ 74 000 €) pour avoir détourné des fonds publics, des subventions versées à une association fantôme qu’il récupérait par la suite pour, entre autres, aller s’amuser à Las Vegas. A la barre, le député a reconnu l’intégralité des faits qui lui étaient reprochés : « J’ai dérapé » a-t-il reconnu, tout en annonçant que « la politique, c’est pire qu’une machine à laver – et qu’il ne ferait pas appel »

« Mais neuf jours plus tard, il faisait appel. Il trouverait la peine très sévère… »

L’appel est suspensif, le député conserve son mandat, ses émoluments jusqu’au prochain procès !

Ainsi va la vie politique au pays des lagons. A bon entendeur, Salut.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Polynésie les archipels du rêve

polynesie les archipels du reve
Ce gros livre présente une sélection de romans et nouvelles sur la Polynésie, du 19ème siècle à nos jours. Le lecteur peut parfois les trouver séparément, mais un recueil à l’avantage d’attirer l’attention et de classer les sujets – le tout pour moins cher et dans un volume réduit en voyage. D’autant que certaines œuvres sont introuvables aujourd’hui. Pour qui a de la curiosité pour ces îles mythiques perdues dans l’océan Pacifique, explorer la littérature est une piste intéressante.

Bougainville n’a passé que neuf jours à Tahiti ; ses quelques 50 pages dans son récit de voyage ont inspiré Diderot et toute la philosophie des Lumières. Un mythe était né, fait de seins nus, de liberté sexuelle, de climat chaud où gambader à poil, de fleurs à profusion et de fruits toute l’année. La vie hédoniste, nostalgie du Paradis terrestre, venait à point pour donner de l’espérance aux rassis de la religion percluse au 18ème siècle en interdits, inquisition et guerres de sectes.

tahiti seins nus des mers du sud 2016

Las ! Avec la découverte ont suivi les missionnaires, la vermine puritaine qui a drapé les vahinés de longues robes de quakers, obligé les hommes aux pantalons, voilé les attributs dès dix ans révolus, interdit la danse et la musique, fait péché de copuler en liberté et d’élever les enfants en commun. De vrais ayatollahs, les pasteurs ! Tout ce qui fait du bien est haram, au nom de Dieu, car Lui seul doit être aimé et dans l’Autre monde, pas celui-ci. Ici-bas, on doit souffrir, c’est écrit dans le Livre – pas vivre mais obéir ! Les romans de ce recueil à la fois saluent le mythe et disent la désillusion des voyageurs face à la réalité post-évangélique.

Tout commence par Eugène Sue en 1857. Beaucoup ignorent qu’avant d’être le feuilletoniste à succès des Mystères de Paris, Eugène fut chirurgien de marine – et qu’il a donc arpenté le monde. Pour lui, en cette nouvelle intitulée Relation véritable des voyages de Claude Bélissan, le « bon sauvage » existe bien – et il est cannibale !

Jean Giraudoux publie en 1935 une pièce de théâtre intitulée Supplément au voyage de Cook ; elle vaut son pesant de coprah. Plaquer des idées morales sur des comportements physiques naturels est bien une idée de curé d’Occident. Ou comment pervertir les êtres humains par des jugements de valeur a priori, tirés d’un Livre qui serait un manuel de savoir vivre selon un Dieu de théorie…

Mais c’est avec Herman Melville que commence la véritable aventure. Notre auteur américain, qui fut marin, a réellement vécu en 1842 la fuite avec un compagnon vers les vallées inhospitalières de Nuku-Hiva, une grande île des Marquises. Ils sont tombés chez les Taïpis cannibales, qui feront amis pour mieux les engraisser. L’un, puis l’autre, échappent par un concours de circonstance aux grillades, mais les trois semaines passées en leur aimable compagnie permettent à Melville de décrire avec précision les mœurs et coutumes des vrais Polynésiens de son temps (Taïpi fut publié en 1846). J’ai déjà chroniqué ce livre empli de péripéties et d’exotisme et je vous incite vivement à le lire !

taro et fruits tahiti

La suite mêle des romans inspirés par les légendes tahitiennes et des romans réalistes sur la décrépitude occidentale des expatriés.

Pierre Loti décrit et fait fiction de son mariage avec une très jeune vahiné (14 ans), sous l’égide de la reine Pomaré (Le mariage de Loti, 1882). Leçon de sensualité, recherche sentimentale des possibles enfants de son frère, encannaqué lui aussi quelques années avant sa mort, Tahiti est à la fois l’île voluptueuse et l’île cannibale où, si l’on ne vous mange plus, tout vous empêche d’en partir.

Jean Dorsenne, résistant déporté en 1944 bien oublié aujourd’hui, chante en 1926 C’était le soir des dieux après avoir beaucoup écrit sur la Polynésie. Il célèbre les Arïoi, ces adolescents cooptés pour célébrer la vitalité de village en village et d’île en île, chantant, dansant, ripaillant, copulant, rendant la vie par la fête aux villageois parfois déprimés par les cyclones et les maladies. Mais son œil d’Européen ne peut s’empêcher de reproduire la Bible par la tentation d’une Eve à goûter au pouvoir, qui va détruire par orgueil ce paradis reconstitué.

Jack London publie en 1909 une nouvelle : La case de Mapuhi décrit avec réalisme un cyclone dévastant un atoll, mais aussi la pêche des nacres et des perles. Elle ouvre sur la destinée.

C’est en revanche le versant européen que choisissent de montrer Albert t’Serstevens, écrivain français de nom flamand, et Marc Chadourne. Les jeunes expatriés qui se lancent dans « les affaires » à Tahiti font des jaloux et sont en butte aux éléments comme à l’indolence de la population. La Grande plantation de t’Serstevens (1952) romance l’affairisme mêlé à l’amour, l’entreprise mêlée à la malédiction, non sans quelque schéma biblique lui aussi, tant le mal vient à chaque fois miner le bien. Mais c’est documenté et très instructif sur le Tahiti du début de XXe siècle.

Chadourne montre dans Vasco, publié en 1927, le laisser-aller de la déprime chez un ex-poilu de 14 dont la jeunesse fut brisée. Tahiti ne lui redonne en rien le moral, ni l’action, ni l’amitié, ni l’affection des vahinés – c’est à désespérer. Ce roman noir expose moins la Polynésie que la névrose occidentale, mais il fallait l’évoquer pour être complet sur le sujet : même le mythe ne peut revivifier celui qui est rongé par la pulsion de mort.

Au total un panorama très complet sur la production littéraire occidentale à propos des îles du Pacifique, ce qu’elles suscitent comme puissance de rêve, ce qu’elles montrent à différentes époques de leurs réalités prosaïques, ce qu’elles laissent au voyageur qui les aborde avec curiosité.

Faites comme moi : lisez, puis allez ! Tahiti vous attend, les Tuamotu et les Marquises…

Polynésie les archipels du rêve, romans réunis par Alain Quella-Villégé, Presses de la Cité collection Omnibus 1996, 955 pages, €13.84

Catégories : Livres, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Obésité Tahiti

Pas nécessaire de faire de grandes réunions internationales, régionales : le constat est qu’en Océanie diabète et obésité règnent en maîtres. Neuf des dix pays touchés par l’obésité dans le monde sont des îles du Pacifique. De nombreux pays, Fidji, Nauru, les îles Marshall importent 80% de leur nourriture dont beaucoup de produits transformés – dotés en sucre, en sel et gras… Les « travailleurs » qui devraient être les développeurs de l’économie, ceux ayant entre 30 et 50 ans, sont les plus touchés. Ils ne peuvent travailler à cause de ces maladies.

Tonga avait mis en place en 2004 une politique de lutte contre l’obésité en haussant les taxes sur les produits sucrés, l’alcool, les nouilles – et une baisse de la fiscalité sur les fruits, les légumes et le poisson. Résultat ? Pas grand-chose ! A Tonga, plus de 80% de la population souffre d’obésité !

taux obesite polynesie

A Tahiti on a de bonnes idées : on lance un appel à projets pour « bouger plus et manger mieux ». Cet appel s’adresse aux associations, fédérations sportives et communes qui peuvent déposer un dossier.  Ce projet pourrait être pris en charge jusqu’à 90% grâce à une enveloppe de 25 millions de XPF.

On n’a pas dit manger moins ! En Polynésie française on dénombre 33 000 personnes (sur 285 000 habitants – 11.5% !) en longue maladie (obésité, diabète, maladies cardiaques, hypertension artérielle).  Il serait temps de mettre un peu d’ordre dans tout ce bazar. On note 70% des adultes (2 adultes sur 3) et 34% des enfants de 7 à 9 ans (1 enfant sur 3) qui sont en surpoids.

obese tahiti

La CPS (sécurité sociale tahitienne) croule sous les dépenses !  On opèrerait à tour de bras pour réduire les estomacs, c’est gratos pour les obèses. On pourrait par exemple suggérer des achats groupés à l’hôpital du Taaone comme des anneaux gastriques dernier modèle, des liposuceurs de grande capacité. Et si l’on fait maigrir tous les obèses, les importateurs de malbouffe pourraient alors déclencher des grèves… leurs gains pourraient être en chute vertigineuse. Y auraient-y pas des thésards qui pourraient s’intéresser à ce problème de gros ?

Et pour le RSPF (à la charge des contribuables métropolitains) ils seraient plus de 200 000 à en bénéficier. Des individus, des familles entières qui n’auraient pas de revenus donc qui ne cotiseraient pas…

C’est l’heure de mon thé vert avec quelques amandes. Je vous quitte !

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , ,

La Dépêche de Tahiti

L’observation d’un journal papier instruit souvent sur le pays qui le publie et sur les lecteurs qui le lisent. En ce sens, La Dépêche de Tahiti, seul grand quotidien payant de la Polynésie française (Tahiti infos est un gratuit), nous en apprend un peu sur Tahiti et son public. Le journal n’est ni Le Monde, ni Le Figaro, ni Libération, ni même Le Parisien, dont il se rapproche un peu mais sans en avoir ni la richesse ni les enquêtes. La Dépêche, possédée depuis 2014 par l’homme d’affaires Dominique Auroy, reste très factuelle, très locale, et l’on se demande si elle pourrait conserver des lecteurs si les deux chaînes de TV polynésiennes faisaient vraiment leur travail d’information…

la depeche de tahiti couv

Les 48 pages du journal se présentent en séquences de 8 pages successives. La page de titre ne comprend que les surtitres et des photos couleur. Il n’y a aucun éditorial, l’événement étant le gros titre, par exemple le 11 août la Rentrée des collèges (qui venait d’avoir lieu).

Suivent aussitôt les « Annonces efficaces de La Dépêche », qui ne sont que la recension (payante) des offres d’emploi, d’immobilier, de véhicules, de « bonnes affaires », d’appels d’offre et du carnet. On sent là le cœur de la rentabilité du journal avec les encarts de pub, l’information étant un ornement coûteux en plus, délaissé manifestement par la direction. Le lecteur soupçonne que la population lit peu, s’intéresse peu à l’écrit en manière générale, et que ce qui semble lui plaire est le côté pratique. La Dépêche revendique environ 15 000 lecteurs sur 285 000 habitants (soit 5.3%) contre 7.8 millions sur 65 millions en Métropole (soit 12%).

Huit pages sur le fenua (le Pays) mettent en scène les promesses de la page de titres (un baleineau secouru par la population, ce qu’il faut savoir avant d’acheter un deux-roues à son ado). Nous avons ensuite huit pages sur Tahiti (l’île), la rentrée à Mahina, la rentrée à Faa’a et Papara, les uniformes scolaires dans la presqu’île, des loges pour les artistes à To’ata, le projet de référendum rejeté à Taiarapu-est. Deux pages seulement sur les (autres) îles – qui doivent lire encore moins et n’avoir le journal qu’avec des jours de retard… Enfin huit pages de sports, dont les projets du directeur de l’Union du sport scolaire polynésien, montrent l’horizon ultime qui semble intéresser les lecteurs au café ou ailleurs.

la depeche de tahiti voyageurs

Seules trois pages sont consacrées au reste du monde… C’est montrer combien Tahiti se voit isolé et combien « la presse » reste centrée sur l’île principale. Le monde se décline en une page sur le Pacifique (levier de croissance en Nouvelle-Calédonie, abus d’enfants migrants en Australie, suspension d’un projet nucléaire franco-chinois en Chine), une autre sur la Métropole (affaire Morandini sur la corruption de mineurs, les incendies de Vitrolles, le père Hamel égorgé par un islamiste), une dernière sur le reste (pourtant 90% des actualités !) – et seulement via les anecdotes : arrestation d’un escaladeur de la tour Trump, arrestation d’un suspect terroriste au Canada, épidémie de choléra en Centrafrique… Toutes ces « nouvelles » sont en miroir de ce qui se passe à Tahiti : l’économie maritime, les viols d’enfants, le nucléaire français, le terrorisme. Ce qui se passe en Syrie, la campagne électorale américaine, les gros yeux de Poutine, les prétentions de la Chine, hop ! aux oubliettes.

Les huit dernières pages sont une fois encore pratiques, véritable almanach du Tahitien de l’île : l’agenda des sorties, les arrivées et départ (en photos de famille), les horaires des avions et bateaux, les inévitables horoscopes (occidental et chinois), les mots croisés, fléchés, sudoku, le programme télé du jour, la météo.

Avec l’essor de l’Internet sur téléphone mobile, on se demande si un tel format journalistique a encore de l’avenir. Probablement très peu, surtout si la télévision devient plus professionnelle et réalise de véritables enquêtes plutôt que l’hagiographie des puissants qui semble être de mise sur les deux chaînes.

La mise en scène de l’information sur La Dépêche de Tahiti montre combien le pratico-pratique (comme disent les psy) l’emporte sur tout le reste, combien le payant rafle la mise, laissant de côté toute préoccupation d’informer, d’éduquer et de montrer. Personne ne parle, aucun point de vue n’émerge : nous sommes dans le « on » anonyme du chien écrasé et de la citation des édiles. Aucune enquête, aucune investigation, aucune histoire : nous sommes dans l’éternel présent dont chaque jour chasse l’autre, sans perspectives ni projet.

L’ensemble expose une relative pauvreté de pensée, une inertie politique, une léthargie de la curiosité – tous traits qui me paraissent dommageables à un journal dont le devoir serait (en théorie) d’informer et de faire réfléchir.

Le site officiel de La Dépêche de Tahiti

Catégories : Economie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Parler français-polynésien

À l’occasion de mon voyage à Tahiti, Hiata m’a appris quelques expressions du parler local.

tahiti vague

Qu’est-ce qu’on fait quand on n’est pas d’accord ? – ACTION, Monsieur ! On frappe (bagarre, combat).

C’était bien les vacances ? – À L’AISSE (à l’aise, facile, agréable, bien sûr).

On a trouvé un enfant, il s’appelle Moana. Eh, les parents ! Occupez-vous de votre ALLOCATION (progéniture – qui rapporte des sous de l’État…)

Eh, Monsieur AéTA quand tu souris ! (tu as l’air méchant).

AOUé, AOUé, ils sont têtus ces gosses ! (ça veut dire hélas, ah ouais, bien vrai).

C’est nous deux seulement qu’on va BALADE ? (signifie se promener. Peut avoir une connotation amoureuse. Ne jamais conjuguer).

Hi ! Moi je sais pédaler ta BEK ! (bek = bécane, ou viens peut-être de l’américain bike = vélo en tout cas).

On va BOIRE CAFé ? C’est moi qui t’offre ! (boire café – sans article, c’et prendre un café, tandis que boire LE café – avec article – veut dire prendre le petit-déjeuner).

Elle est CADAVRE ta voiture ! Remarques, au moins t’es sûr que personne y va la voler ! (cadavre veut dire cassé, abîmé, en mauvais état).

En entrant, j’ai vu deux jeunes CHEWING-GUM COLLE. (Signifie en imagé s’étreindre, se peloter, se rouler une pelle – très courant dans les îles).

tahiti fille

La madame, les garçons y nous montrent leur COCORO ! (C’est le zizi habituel).

Eh, Jo ! CREUX DE VAGUE ? HAERE MAI TAMAA ! (Avoir faim, viens manger – très courant dans les îles, chez les mâles)

Madame le Juge, c’est pas ma faute l’accident, c’est LA DAME BLANCHE ! (Célèbre tupapau – dire toupapaou  – ou fantôme, qui peut apparaître sans prévenir, dit-on, dans une voiture en mouvement : on lui attribue la plupart des accidents de la route).

– Dites-donc, vous croyez pas plutôt que c’est Madame Himano ? (C’est la marque de bière polynésienne – très courante dans les îles, surtout dans les gosiers mâles).

Va demander la clé AVEC Madame Tepava. (A Tahiti, on demande toujours « avec » quelqu’un).

Moe, il a DIT SUR MOI que j’étais grosse. (Même si c’est vrai, « dire sur quelqu’un signifie l’insulter).

tahiti grosse

Alors, quand est-ce que tu ENLEVES, tu veux que je débarrasse la bouteille ? (Enlever, c’est déboucher, ouvrir, décapsuler – nul ne sait si cela a à voir avec « l’enlèvement » des Sabines).

Himano, elle sait nager quand c’est FOND ? (Himano, c’est la bière – se donne quand même comme prénom féminin puisque la bière est « la femme » du Polynésien… Être « fond » raccourcit le « être profond » traditionnel).

fruit aux seins nus tahiti

Où t’as mis mon HAUT ? (Le « haut » est le vêtement, qu’il se porte en haut ou en bas – les Polynésiens portaient historiquement peu en « bas »…)

Madame, t’as regardé Hollywood Night ? C’était HOT ! (Vient clairement de l’américain, signifie “chaud”, violent, érotique, tentateur…)

PAÏNU, pourquoi tu fumes le paka ? (Paka lolo ? – c’est le cannabis, « païnu » veut dire « paumé »). Lisez le Tahiti-forum sur les ravages du « paka »…

Hiata de Tahiti

 

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Rêve tahitien en cobalt et phosphate

Des nouvelles de Makatea et peut-être d’une nouvelle exploitation de cobalt, non, non je fais une erreur, celle  du phosphate ! C’est que, avec toutes ces richesses non exploitées en Polynésie, grande comme l’Europe, ma vieille tête mélange tout.

makatea carte

Depuis 2014, on parle d’une reprise de l’exploitation du phosphate à Makatea, en tout cas ce serait le désir de certains… Pas encore assez de trous à Makatea ? Il se dit que 161 (c’est précis) échantillons auraient été prélevés et analysés. « Cela a permis de révéler que du phosphate résiduel sous forme de sable et gravier, mais surtout sous forme solide reste en grande quantité sur l’île » – c’est le ministre qui le dit. La société Avenir Makatea estime le gisement de phosphate à plus de 3 millions de tonnes ce qui pourrait « alimenter une exploitation sur une durée de 16 ans ».

Pas encore d’engagement pour cette exploitation, du reste aucune demande de concession au Pays n’a encore été déposée. C’est qu’il y a une poutre à franchir, tous les habitants de l’atoll, tous les propriétaires terriens ne sont pas d’accord. Aïe ! Le gouvernement marche sur des œufs ! Le gouvernement indique vouloir prendre «  en compte tous les problèmes environnementaux résultant d’une telle exploitation et les solutions à mettre en œuvre pour respecter l’environnement et les espèces végétales et animales présentes sur l’île ». Vœu pieux ou réelle prise de conscience ?

Makatea train du phosphate et son équipage

Éviter les erreurs de l’exploitation comme les trous béants, les cheminées profondes, envisager avant l’exploitation « la réhabilitation des terres après l’exploitation devrait faire l’objet d’une attention spécifique afin de réparer les dégâts causés par : les techniques employées l’ancienne exploitation ». Et, si ce projet d’exploitation minière s’avérait viable, il faudrait également prévoir la mise en place d’une réglementation minière rénovée et modernisée. »

Pour tout ça, c’est qui qui va payer ? Allo Paris ? Il faudrait envoyer d’urgence des sous, ben oui, c’était une société farani  qui a « exploité nos ressources et les travailleurs ma’ohi ». Ce nouveau projet est porté par un investisseur australien Colin Randall. Or depuis 2013 la société australienne Avenir Makatea Pty Limited a créé une filiale 100% polynésienne et de droit français, la SAS Avenir Makatea. Dans ce projet, la réhabilitation des sites miniers serait largement mise en avant pour rendre le site minier « utilisable aux propriétaires locaux de l’île ». Tout serait pour le mieux afin de satisfaire les propriétaires de Makatea et les habitants de Makatea et du fenua ma’ohi. C’est encore du rêve ou du sérieux ?

cobalt

Le Richard imaginaire pourrait être une pièce de théâtre en 20 actes. Après le fantasme des terres rares  « qui auraient pu faire du fenua ma’ohi l’un des pays les plus riches de la planète », c’est le cobalt qui prend rang ! Il ne suffit pas de rêver qu’on sera immensément riche, qu’on ne travaillera plus, qu’on deviendra un des pays-phare de la planète. Encore faudrait-il aller le chercher ce cobalt ! Le ministre de la santé qui a aussi la charge de la recherche ne s’avance pas trop ! Prudent ? Cela pourrait être le futur de la Polynésie.

Les indépendantistes se battent contre l’État, certes, mais cette recherche et cette exploitation, elle devra le faire avec l’État. C’est à moi, ah ! Mais non, c’est à moi. Au fait il est à qui ce cobalt dont on nous rabat les oreilles ? Ce trésor, il va falloir aller le récolter. Alors la Polynésie française est compétente, et certaines mauvaises langues donneraient immédiatement un masque et des palmes pour ceux qui veulent aller le chercher ce cobalt !

Avant de se lancer dans l’exploitation, il faut posséder plus de connaissances, et puis la ressource ne sera peut-être pas si extraordinaire qu’espérée, les prix seront-ils au rendez-vous ? Et l’environnement dans tout cela ? Il compterait pour du beurre ? Les indépendantistes feront les yeux doux à la Chine, au Japon, à la Corée. De l’eau va encore passer sous les ponts avant qu’on nous présente la première cuiller à soupe de cobalt, alors patience.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , ,

Question santé à Tahiti

La veille sanitaire passe à la trappe ! Fini le bureau de veille sanitaire, ouste ! On ne renouvelle pas les contrats des deux médecins épidémiologistes en charge de ce service. Allez, du vent, du balai, ouste !

Il semble que ce service analysait, surveillait, informait et prévenait des risques sanitaires (en milieu tropical) : on peut s’en dispenser. Il faut alléger les charges ? Il faut avouer qu’en ce moment, pourtant on n’est plus en période cyclonique, les directions par intérim se succèdent, la création de la « communauté hospitalière » n’est pas encore arrivée à terme, elle qui devait régler tous les problèmes d’effectifs, et pendant ce temps, on réfléchit depuis de longs mois avant d’envisager de  prendre (peut-être) une décision.

taravao hopital

Le Directeur de la Santé par intérim depuis le départ de F.L. est remercié de ce même poste depuis le retour de F.L. On critique, on critique… Alors qui prendra ce poste ? On parle d’un certain C.M. qui aurait été déjà directeur des hôpitaux de Taravao (le ministre disait il y a peu que c’est un dispensaire) et de Uturoa. Cette personne a suivi le cursus de l’École Nationale de santé publique à Rennes mais n’a jamais validé son diplôme ! Le ministre de la santé l’aurait bien vu au Taaone (Pirae) mais pour le relationnel… On parie ? Les jeux sont ouverts !

On compte plus de 100 cas de syphilis confirmés depuis le début de l’année 2016. La direction de la santé avait tiré la sonnette d’alarme en 2015, elle avait noté une augmentation des cas de gonococcies, chlamydia et syphilis. Les prélèvements réalisés reviennent positifs dans 3 à 5% des prélèvements en « population générale » et jusqu’à 45% pour ce qui est de « la population à risque » (prostitué(e)s). Il semble que l’ensemble de la population soit concerné, les cas confirmés sont âgés de 15 à 65 ans et 40% sont des femmes.

syphilis attaque les os

L’épidémie de conjonctivite diminue, 1000 cas signalés, mais le nombre réel serait très largement supérieur.

La dengue serait en baisse sauf aux Marquises, 47 cas confirmés en ce début mai.

La leptospirose demeure active principalement aux îles Sous-le-Vent.

L’hôtel 5 étoiles de Papeari, pardon la prison, ne sera pas livrée en temps et heure. Les autorités annoncent 4 mois de retard… ce sera plus sans aucun doute. La gestion du chantier serait en cause ? Hum ! Deux entreprises sous-traitantes ont été mises en liquidation judiciaire, pas bon ça ! Des intempéries depuis octobre, ça c’est tristement la vérité. L’accueil des prisonniers serait prévu pour « courant mai 2017 » – c’est bien en mai qu’il y a un train de jours fériés ? Pour les prisonniers, pas grave ! Mais pour les 200 élèves futurs matons partis en formation dans la ville des pruneaux (Agen) c’est une catastrophe ! Ils devraient rester « en prison chez les Farani  et même pendant les fêtes de fin d’année. Inadmissible, scandaleux, inhumain, loin de leur soleil, de leurs plages, non, non, et non. Il paraitrait qu’on pourrait aller à l’ONU dénoncer ces sévices imposés par le pays colonisateur ? Certains édiles devraient bien avoir un passe pour entrer à l’ONU, non ? C’était lors d’élections qu’Oscar Tane affirmait « si nous étions indépendants, il n’y aurait pas de prison »…

Le temps n’est toujours pas clément, pluie, pluie alors que nous entrons dans l’hiver (austral). À nos doudounes !

Restez optimistes.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , ,

Légende des Trois cascades à Tahiti

A Tiarei, côte Est de Tahiti, court une légende. Le site a été fermé par les Autorités mais la légende qui abrite des amoureux demeure.

Dans cette vallée de Faarumai, vivait une famille royale. Le père était Marurai. Sa fille, Fauai, était la plus jolie de Tiare. Son père lui interdisait de parler aux garçons de son âge. Celui qui osait s’en approcher risquait la mort car cette fille était tapu (tabou). Cela la rendait triste. Sa voix douce était divine, elle attirait involontairement les garçons.

Fauai avait environ 17 ans. Elle ne sortait qu’accompagnée par des gardes de son père. Un jour, elle partit à la recherche de motoi (ylang-ylang dont les fleurs très odorantes servent à parfumer le mono’i ou à composer aux Marquises le Umuhei, bouquet aphrodisiaque de mariée.

fleur tahiti

Sur le sentier elle rencontra un jeune homme nommé Tua. Les gardes étaient à quelques pas derrière elle. Tua s’empara des fleurs que tenait Fauai et s’enfuit. Fauai, apeurée, cria, les gardes tuèrent Tua. Quelques temps après, sa mère tomba malade. Le tahua (sorcier, guérisseur) ordonna que l’on aille quérir des plantes médicinales. Fauai dut se rendre dans la vallée pour ramasser les plantes prescrites. Bien qu’accompagnée par les gardes de son père, elle rencontra Ivi (maigre), un jeune homme de son âge. « Je suis Ivi, je suis aussi à la recherche de plantes médicinales ».

Fauai l’entraîna derrière un buisson, fit sa « connaissance », prétextant aux Gardes qu’elle avait besoin de se recueillir quelques instants. Ivi l’entraîna dans la vallée. Les gardes fouillèrent les buissons, tentèrent de les poursuivre. Elle raconta à Ivi la tyrannie de son père et lui demanda de l’aide. Ivi lui révéla alors son secret.

cascade faarumai tahiti

Il était le génie de la vallée et se métamorphosa en un beau jeune homme. Les gardes se rapprochaient et allaient les rattraper… Survint un bruit assourdissant, de l’eau coulait sur les parois de la montagne. Ivi et Fauai furent recouverts. L’on dit depuis qu’ils vivent heureux derrière les cascades.

Ces deux cascades furent nommées Haamaremare ahi et Haamaremare iti. Les gardes à leur tour furent recouverts par l’eau, une troisième cascade naquit qu’on nomma Vaimahuta. Depuis, cette vallée s’appelle Faarumai.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Monoï et ylang-ylang de Tahiti

Conseils pour ceux et celles qui possèdent des perles noires de Tahiti, n’oubliez pas de les faire tremper dans de l’eau de mer, de bien les essuyer avant de les ranger ou de les porter, de même pour les nacres.

Pour celles et ceux qui possèdent des peue (tapis), des sacs et autres, ne jamais les humecter d’eau, mais les sortir en cas de grand soleil, et les laisser revivre quelques heures ou toute une journée avant de vous en servir ou de les ranger.

Le mono’ i, tout le monde connait. Pour beaucoup, c’est synonyme de vacances, d’été, de soleil. Pour beaucoup, c’est l’image de Tahiti, et ce mono ’i est maintenant présent dans le monde entier. Les exportations de mono ’i ont augmenté de 55% en 2 ans. Le marché local est presque saturé, les locaux achètent essentiellement du mono ’i artisanal.

monoi ylang ylang tahiti

Pour l’export, le cahier des charges est exigeant : « il faut que l’huile réponde aux critères suivants : la noix de coco doit provenir d’un sol corallien, les fleurs macérées doivent être à l’état de bouton et être utilisées dans les 24 heures suivant la cueillette, elles doivent macérer au moins 10 jours dans l’huile de coprah raffinée, il faut au minimum 10 fleurs pour un litre d’huile ». Le gros du chiffre d’affaires des exportateurs se joue l’été. L’Europe et les USA passent commande en octobre-novembre, les livraisons s’effectuent fin mai-début juin, la saison d’été allant de juillet à septembre. Les exportateurs aimeraient sortir le mono ’i du cliché de produit de l’été, de celui des vacances. Les cosmétiques sont donc une cible…

L’essence d’ylang-ylang dégage un parfum qui a été rendu célèbre par Coco Chanel d’abord avec son parfum Chanel n° 5 en 1921 pour la note de cœur majeure, puis Bois des îles en 1926,. Jean Patou l’utilisera en 1938 dans Joy.

fleur ylang-ylang

[Arbuste de deux ou trois mètres de haut, il produit des fleurs dont le parfum est plus fort dans les zones chaudes et humides. Introduit dans les îles tropicales du Pacifique depuis Indonésie et Malaisie – et en 1850 à Tahiti -, ses fleurs sont distillées en alambic pour extraire une huile essentielle (huile de Cananga) qui servira en cosmétique, parfumerie et comme arôme alimentaire dans des bonbons ou des glaces. A Tahiti, l’ylang-ylang est parfois utilisé pour parfumer le monoï.

Selon le site Futura-santé, l’essence d’ylang-ylang a des vertus surtout tranquillisantes, elle régule la tension artérielle, abaisse le stress et combat la dépression ou l’irritabilité. En Polynésie, on lui croit des vertus aphrodisiaques (peut-être pour apaiser la tension avant les rapports sexuels ?) – Argoul].

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Cafards, pieuvres et raies de Tahiti

Vous connaissez tous les cafards ? Ici en Polynésie, ils sont de belle taille et peuvent parfois vous pourrir la vie. Des ingénieurs et chercheurs ont découvert qu’ils démultiplient la puissance de leurs mandibules ce qui leur permet de briser des matériaux durs comme le bois, observations précieuses en micro-ingénierie. Les cafards peuvent obtenir une pression équivalente à 50 fois leurs poids soit une pression, en comparaison, cinq fois supérieure à la mâchoire humaine qui ne génère qu’une pression de 58 kg/cm², le pitbull 160, le gorille 590, et le crocodile, champion toutes catégories 2 tonnes par cm2. D’où l’intérêt des scientifiques chargés de fabriquer des microsondes qui seront insérées dans les artères ou d’autres micro-instruments chirurgicaux.

Vous aimez la pieuvre ou le poulpe ? En avez-vous mangé ? Le poulpe, animal gluant, a huit tentacules (aveave). Ce sont les huit itinéraires qui permettent de relier toutes les îles de la Polynésie à Taputapuatea à Raiatea. Les îles sont : Hawaï, Samoa, Fidji, Tonga, Rarotoa (Cook) Aotearoa (Nouvelle-Zélande) Rapa nui (Ile de Pâques) et la Polynésie. La pieuvre se dit : fe’e, feke, heke ou ‘eke dans les langues du triangle polynésien. Chez les Polynésiens, terre et mer sont un continuum grâce à la pirogue qui servait à relier les îles. La pieuvre est donc un vaisseau, un navire.

pieuvre carte des iles

Les raies Manta sont secrètes, l’espèce est protégée, mais comment protéger quand on connait si peu sur elles ? Comment vivent-elles ? Comment se nourrissent-elles ? Où se déplacent–elles ? Une association locale y travaille depuis quelques mois. On sait qu’il y a une forte présence autour des îles du Vent : Tetiaroa, Moorea et Tahiti.

Les raies Manta fuient l’homme. Il y a deux espèces : la raie Manta géante (Manta birostris) entre 3 et 7 mètres d’envergure et la raie Manta de récif (Manta alfredi) entre 2 et 5 mètres d’envergure. Elles semblent évoluer tranquillement dans les eaux, sont approchées avec un maximum de précaution afin de ne pas les déranger, mais pas partout.

Hélas, depuis quelques années, elles sont devenues des proies directes, leurs branchies étant de plus en plus utilisées en médecine traditionnelle… C H I N O I S E. Elles soigneraient diverses maladies, de la varicelle au cancer. Un rapport publié par Shark Savers et WildAid indiquait à 400 € un kilo de branchies séchées cuites avec d’autres extraits de poissons…

Des chercheurs ont évalué les populations de raies Manta du Mexique, de l’Equateur et du Mozambique à 350, 300, et 200 individus. Une femelle ne donne naissance qu’à une dizaine de petits dans sa vie, le renouvellement des raies Manta n’est plus assuré aujourd’hui.

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , ,

Tahiti, une colonie ?

La Colonie ou les Colonies ? Un système qui repose sur la domination politique, sur la domination culturelle, sur la domination économique est une colonie. Les colonisateurs visaient l’exploitation des territoires et leur mise en valeur. Au début, à Tahiti, il y avait les frais de douane sur les produits importés, l’impôt de capitation, les corvées. La colonie devait équilibrer son budget afin que la métropole fasse des bénéfices. Ainsi perdurait la dépendance !

Mais jusqu’en 1964, arrivée du CEP et de ses essais nucléaires, c’étaient les taxes et impôts locaux qui payaient les salaires et frais de fonctionnement de l’administration coloniale à Tahiti. Les droits de douane sur les importations, mais surtout les taxes sur l’exportation des phosphates de Makatea (relire les pages sur le blog), étaient les principales rentrées.

Ce faisant, la colonisation a détruit la société traditionnelle, effacé les valeurs culturelles, apporté l’école occidentale, la médecine moderne, l’individualisme. Elle a ouvert la Colonie au monde extérieur. Gagnants ?  Peut-être pas ! Même sûrement pas !

carte polynesie francaise

Si les maîtres Blancs ont été remplacés, c’est par une nouvelle « caste » locale. On pourrait l’évaluer à une centaine de familles » s’étant approprié le pouvoir et… ses avantages. Cette « caste » a remplacé l’administration coloniale à son seul profit en allant mendier des subsides à Paris, en augmentant les taxes payées par le bas peuple, notamment les impôts locaux.

Pour le petit « Tetuanui » rien n’a changé, les Nantis sont toujours nantis, de plus en plus, même si la CTC (Chambre territoriale des Comptes) le stipule dans ses nombreux rapports ! Ils montrent pourtant que les responsables des officines territoriales, qui sont nommés par les Politiques, touchent des salaires et des primes faramineux tandis que « Le petit « Tetuanui », quand il a un travail doit se contenter souvent du SMIC (environ 1 000 €). Le petit Tetuanui » est le nom de famille le plus courant, il est l’équivalent de Dupond ou Durand en métropole.

Tenacious

Ce qui est fait pour les handicapés n’est pas le fait de Tahiti. Le trois-mâts anglais Tenacious était par exemple en escale à Papeete. Très beau, il appartient à une association la Jubilee Sailing Trust qui accueille à son bord des marins atteints de handicap. A bord, des ascenseurs, des ponts plus larges et incurvés pour la circulation des fauteuils roulant, des équipements sonores sur la barre et des indications en braille sont mis en place pour que les non-voyants eux-mêmes puissent diriger le bateau. Le Tenacious compte 10 membres d’équipage et accueille à chacun de ses voyages une quarantaine de personnes dont la moitié sont handicapées. C’est un trois-mâts barque long de 65 m avec un déplacement de 500 tonnes. Année de lancement : 2000. Port d’attache : Southampton (Royaume-Uni).

Hiata de Tahiti

Catégories : Géopolitique, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Mormons, mormone à Tahiti

La « Mormone » est la chienne abandonnée, pleine, sur la route de ceinture. Elle a été attirée par les nouveaux locataires d’une maison voisine, de jeunes missionnaires mormons de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers Jours dite des Mormons.

Cette église se développe activement dans les îles du Pacifique Sud. Née aux USA, elle se fonde sur un livre « merveilleux » qui donne à l’Amérique une histoire ancienne remontant à la Tour de Babel. A la suite de la révélation de Joseph Smith, né dans le Vermont en 1805, qui vit apparaître un ange, Moroni en 1823, qui lui révéla sa mission de prophète et l’existence d’un mystérieux livre écrit sur des feuilles d’or en écriture égyptienne « réformée ».

papeete temple mormon

L’Église est chrétienne, reconnait Jésus-Christ, s’appuie sur un livre sacré aussi important que la Bible qu’elle est seule à reconnaître, sa morale est puritaine. Les Mormons n’admettent pas la prédestination ni la notion de pêché originel. Ils ont renoncé à la polygamie en 1890. Chaque fidèle peut faire baptiser rétroactivement ses ascendants, il suffit de fournir l’état-civil à l’église. Ce pourquoi les chercheurs mormons partent dans le vieux monde à la recherche d’ancêtres ; ils sont les meilleurs généalogistes internationaux. Les noms collectés sont enregistrés dans un ordinateur central.

L’organisation de l’Église est stricte, dirigée par un « président prophète et voyant ». L’Église a un poids considérable, 3 millions de fidèles en 1970, aujourd’hui 6 millions. Elle dispose d’évêques, grands prêtres, prêtres et missionnaires, missionnaires présents dans 150 pays du monde. [Mitt Romney est par exemple mormon.] Plus de 30 000 jeunes font un service volontaire de 2 ans. En France, elle est présente depuis 1866 et aurait plus de 20 000 membres. La richesse de cette église provient d’un impôt de 10% que chacun verse sur ses revenus (idem pour les Adventistes). L’effort missionnaire de l’Église est fructueux dans le Pacifique où les Mormons sont aussi nombreux que les catholiques avec 25% de la population.

Les articles de foi de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours sont au nombre de 13, je me dispense de vous en parler, ne les connaissant pas moi-même. Ils me sont connus à mesure des « vacations » des Missionnaires. Ce sont de grands discours pour tenter de vous présenter les missionnaires étrangers qui viennent successivement dans cette « location » particulière de Tahiti et qui « héritent » de la chienne citée plus haut. Ce sont souvent des anglophones : Américains, Australiens, Néozélandais. Bardés de français et parfois de tahitien, ils viennent servir le Dieu des Mormons en pays Ma’ohi. Ils sont reconnaissables, à vélo, casqués, pantalon et chemise blanche, cravate pour les hommes ; pour les jeunes femmes, à vélo et casquées, robe ou jupe longue, haut à manche. Ils vont toujours par deux, saluant, proposant leurs services s’ils voient les gens jardiner.

Et la chienne « mormone » ? Elle change de responsable au fur et à mesure des « vacations » des Missionnaires. Si elle n’a pas encore réussi à faire des adeptes parmi les chiens du quartier (ou leurs propriétaires), elle fait respecter sa foi – la gamelle – et se déclare propriétaire des lieux et des âmes. Elle n’hésite pas à ramener moult amants dans le quartier (elle pratique la polyandrie mormone des origines), quitte à se servir dans les garde-manger, d’’avaler la ma ’a de Grisette, de tuer chats et malheureusement Jeannot Lapin. Serait-ce cela, l’évangélisation « à la mormone » ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie, Religions | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , ,

Marier la vanille à Tahiti

La vanille est un produit de luxe à partir de 40 000 XPF et plus le kilo séché (34€).

En 2015, on a produit 13 tonnes de gousses mûres contre 30 tonnes en moyenne. C’est qu’elle est fragile la Belle, son arôme anisé n’a pas d’égal dans le monde. Si l’on récolte 30 tonnes de gousses, cela donne seulement 15 tonnes de vanille préparée, la belle a perdu la moitié de son tour de taille et de son poids !

vanille gousses

Deux espèces cultivées : la Haapape et la Tahiti plus concentrée en arôme, mais moins lourde ! Il faut régénérer les plantations régulièrement, on ne l’a pas entrepris… Tant que cela produit pourquoi le faire ! Il faut trois ans pour qu’un nouveau pied donne de nouveaux fruits. Mais ici on a des objectifs, et pas des moindres ! D’ici 2020, on produirait 70 tonnes de vanille mûre soit 35 tonnes de vanille préparée. Ainsi quand la vanille va, tout va ?

jean louis saquet vanille de tahiti

Pour ce faire, on va installer 40 ombrières, 42 au total chez 41 producteurs qui ont déjà une bonne production. Une ombrière est une structure qui ressemble à une haute serre sur structure métallique alors que sur les 816 producteurs de vanille plus de la moitié d’entre eux possèdent des structures traditionnelles en plein champ sur des tuteurs vivants. Il faudra fournir 500 boutures pour les ombrières, indemnes de virus et maladies. La fusariose, maladie de la vanille est également une cause de la baisse de la production. Le climat également mais… on ne maîtrise pas le climat.

Le mariage de la fleur de vanille, c’est délicat ! On dit que la fleur de vaille est capricieuse, parce qu’elle est femme ! Et vlan pour la femme ! Mademoiselle fleur s’ouvre à 6 heures du matin et se ferme à jamais vers 13 heures. Pour les futures vanicultivatrices les conseils d’une pro : « Tu baisses cette poche-là, tu lèves la petite poche, tu prends le pollen, le truc jaune, tu le mets dans la poche et tu refermes. C’est fait elle est mariée ». A partir de ce moment on ne dira plus que « Madame » à la vanille. Après deux mois, la fleur tombe et le fruit commence à grossir. De juin à septembre une personne peut « marier » jusqu’à 1000 fleurs par jour. Pas de déclaration en mairie !

Hiata de Tahiti

Jean-Louis Saquet, Vanille de Tahiti, CreateSpace Independent Publishing Platform 2012, 54 pages, €9.39

e-book format Kindle €3.96

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , ,

Tiare Tahiti

Il est la fleur symbole de Tahiti. Tous ceux qui ont eu l’opportunité de débarquer à l’aéroport de Tahiti Faa’a, d’être attendu par de la famille, des amis ou les agents de voyage, ont tous été « couronné à la Tahitienne » avec au minimum un collier de tiare Tahiti, après avoir reçu une fleur de tiare lors de leur entrée sur le sol de la Polynésie.

collier de tiare tahiti

Tiare, en langue tahitienne, veut dire fleur. C’est cette fleur symbole (Gardenia taitensis) qui n’a pour nom que le mot « fleur » ! C’est un arbuste florissant que l’on retrouve dans le Pacifique insulaire. Il fleurit toute l’année et permet ainsi une disponibilité permanente.

L’utilisation de cette fleur a ses codes : portée sur l’oreille gauche, côté du cœur, elle signifie que la personne est prise ! Portée à droite, elle signifie que la personne est disponible. Portée des deux côtés à la fois, cela indique qu’elle est marié(e) mais malgré tout disponible… Enfin portée à l’arrière, cela signifie disponible « immédiatement ».

La fleur a entre 5 et 8 pétales, elle est stérile, privée de ses insectes pollinisateurs. Cette plante considérée comme indigène est certainement originaire de Micronésie. Selon son stade de maturité, elle porte dix noms. D’après la mythologie polynésienne, les 4 premiers boutons qui sont encore fermés appartiennent aux dieux : Oteo le premier appartient au Dieu Taaroa, le créateur du monde. Umoa le deuxième bouton appartient au Dieu Atea, le créateur de l’espace et de la tiare. Umatatea le troisième bouton appartient au Dieu Tane, dieu de la beauté. Umoa Tea le quatrième bouton appartient à Hina, la déesse de la lune.

Ses propriétés médicinales sont nombreuses. La plante est très utilisée en médecine traditionnelle polynésienne : la feuille contre les convulsions et coups de soleil ; les boutons floraux pour soigner les traumatismes, les douleurs hépatiques, les hémorroïdes, la fatigue, la lymphangite, l’asthme, les névralgies, et certaines hémorragies ; les fleurs à peine écloses sont réputées efficaces pour les plaies infectées ; les fleurs épanouies interviennent dans la bronchite, l’otorrhée et la cirrhose du foie.

monoi de tiare tahiti

Pour fabriquer le fameux monoï, on cueille à l’aube les boutons avec leurs tiges, ces tiges très odorantes qui contiennent le pollen. On casse les fleurs et on les mélange avec du coco râpé dans lequel on ajoute quelques abdomens de bernard-l’hermite pour accélérer la fermentation du coco. Ce mélange, légèrement brun, est exposé pendant quelques jours au soleil. On récupère l’huile petit à petit pour remplir des bouteilles en verre qu’on laisse reposer de 6 mois à un an.

Produit cosmétique polynésien reconnu, cette huile sert à oindre les bébés tahitiens ; appliquée sur la peau elle confère un bronzage doré et prévient des piqûres de moustiques ; les Tahitiennes l’utilisent depuis toujours en baume pour les cheveux.

Pour ne pas manquer de fleurs de tiare, le laboratoire de cosmétologie de Papara vient de planter ses propres tiares Tahiti. Cette nouvelle plantation, sur une superficie de 15 000 m² non loin du laboratoire, est destinée à éviter l’insuffisance en fleurs et pourra permettre d’approvisionner le laboratoire. Il doit à tout prix éviter la rupture de fleurs. Or, suite au projet de construction d’un hôtel sur la zone d’Atimaono (le golf de Tahiti), un couple qui cultive la tiare Tahiti sur un terrain loué au Territoire devrait cesser ces activités. Leur production représentait 25% de la totalité des tiares Tahiti livrées au laboratoire ! La plantation nouvelle du laboratoire s’intègrera dans l’actuelle « route du monoï ».

tiare tahiti en bouton

En Polynésie française, les deux tiers des plantes endémiques sont menacés. On fait quoi ? On pleure, on se lamente et puis, plus rien. Sont en danger critique l’Apetahia raiateensis – en tahitien tiare ‘apetahi -, Le Tauvolfia nukuhivensis, en marquisien  tu’eiaro -, le Pacifigeron rapensis, le Cyrtandra elizabethae.

Le Tiare ‘apetahi survit exclusivement sur trois hauts plateaux volcaniques de l’île de Raiatea (Iles sous le vent). Il est le symbole de la flore endémique menacée de Polynésie française. La beauté de cette fleur lui a valu une cueillette excessive depuis des lustres. Ce sont les rats, les cochons sauvages, les plantes introduites et un champignon pathogène qui sont cependant ses principaux ennemis. La lutte pour le sauver est inégale. Malgré une dératisation mensuelle, le renforcement par plantation, la lutte contre les principale plantes envahissantes… Personne n’ose avancer un pronostic tant la lutte est inégale.

Le tu’eiao, lui, est marquisien, de Nuku Hiva et Ua Huka. Cette espèce ne se développe que dans les forêts sèches des terres désertes sur les pentes externes des volcans jusqu’à 700m d’altitude. Son écorce est encore régulièrement utilisée dans la pharmacopée marquisienne. Depuis 2006, plusieurs pieds ont été mis au repos, on tente une multiplication en pépinière, et on croise les doigts ou on prie.

Le Pacifigeron rapensis est originaire de Rapa (Archipel des Australes) ; il mesure de 10 à 50 cm de haut et n’est visible qu’au sommet du Mont Perau (650 m), sur les crêtes et les fortes pentes exposées. Cette plante a des feuilles coriaces et deux types de fleurs jaunes au centre et blanches à la périphérie. Elle est victime du surpâturage des ongulés herbivores en liberté, chèvres, chevaux et bovins, des feux et des plantes introduites envahissantes.

Le Cyrtandra elizabethae est uniquement connu à Raivavae et Rurutu (Archipel des Australes). C’est un arbuste de 2 à 5 m de haut, possédant de grandes fleurs blanches très odorantes. Il est présent en forêt humide de moyenne altitude, en bordure de rivière. Ses fruits, baies charnues de forme ovale et de couleur ovale étaient consommés par des oiseaux endémiques. Ces oiseaux endémiques disparus, le surpâturage par les chèvres en liberté, l’invasion des plantes introduites et les feux ont considérablement réduit son habitat.

Le Sesbania coccinea, en paumotu ‘Ofai, Kofai, Faifai, pousse sur les sols sableux des atolls. Ses fleurs orange et rouge chamarrées de jaune décorent les chevelures des Paumotu, et ses tiges droites sont utilisées pour confectionner les manches des javelots. Malgré une protection depuis 2006, cette espèce a disparu de plusieurs atolls.

Il s’avère de plus en plus difficile de garder cette flore endémique.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , ,

Tahiti à voile

Les plaisanciers étrangers sont les bienvenus dans les marinas de Tahiti ; les riches surtout, ils dépenseraient énormément et auraient ainsi injecté 1 milliard de XPF dans l’économie du fenua. Un quart des navires qui visitent le fenua aurait un budget de 130 000 XPF pour leur séjour. Mais dans le haut du panier, un autre quart de ces visiteurs, sur les yachts des milliardaires, aurait un budget supérieur à 800 000 XPF, ce qui fait considérablement s’élever la « moyenne » ! Les responsables du tourisme précisent que plus de 70% des navires ont des réparations à faire soit un budget moyen de 360 000 XPF ; plus de 53% des plaisanciers annoncent vouloir rester plus de 90 jours, la note des courses augmente !

voilier tahiti

Les bateaux peuvent se déplacer facilement, ces plaisanciers  abordent les archipels peu visités par les autres touristes. Les Marquises sont abordées par plus de 2/3 des plaisanciers, 86% visitent les Tuamotu, principalement Fakarava. Ceux-là investissent surtout dans l’artisanat local plus que dans les activités touristiques. Ils visitent en moyenne 3 archipels par voyage. Ils semblent satisfaits des infrastructures nautiques mais constatent que l’accès au Wi-Fi est lamentable… et ils s’en plaignent. Si seulement ils étaient entendus ! L’accès à l’internet est un triste monopole ici.

En février, 680 kilos de cocaïne sont saisis au large de Mangareva (Gambier) sur un voilier de 10 m battant pavillon panaméen en transit entre l’Amérique du Sud et l’Australie. À bord, 3 hommes. La valeur marchande en XPF est de 20,4 milliards si elle était vendue au gramme aux consommateurs. Ce sont les marins du Prairial qui ont arraisonné le petit voilier criminel.

Quelle honte ! Des individus – cinq ! – ont débarqué sur l’île Maria (Australes) inhabitée et dépendant de Rimatara, pour y pêcher, mais également pour « récupérer » les plumes rouges des queues des tava’e (paille en queue à brin rouge) pour la confection de costumes pour le concours du Heiva… Selon un membre de l’association Rima ‘Ura à Rimatara les besoins en plumes rouges pour satisfaire ce groupe de danses atteindraient 1 500 à 2 000 plumes. On sait que lorsqu’on enlève les plumes de leur queue, les tava’e abandonnent leur nid et l’on ne sait pas pourquoi. C’est sur les réseaux sociaux que se sont pavanés les voleurs de plumes…

bateau tahiti

Une délégation des Australes a fait le voyage à la capitale (Papeete) pour défendre la création d’une aire marine protégée autour de l’archipel. Aita ! (non) a dit le gouvernement. Le ministre de l’Environnement et du Patrimoine Heremoana Maamaatuaiahutapu indique : « La Polynésie est déjà le plus grand sanctuaire marin de la planète depuis 2002. Nous n’avons pas attendu Pew (fondation américaine financée par le lobby pétrolier) pour cela. Notre pêche est déjà écologique. Depuis 2000, plus aucune flottille étrangère n’est autorisée à pénétrer dans nos eaux territoriales. Notre stratégie est de classer toute la ZEE en aire marine gérée en travaillant à l’installation d’un continuum régional, avec nos voisins du Pacifique. » On dirait bien que…

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Avez-vous déjà mangé des bénitiers ?

Avez-vous des bénitiers (pahua) dans votre aquarium ? Non ? Vous avez tort ! Il paraît, c’est un thésard qui le dit, que les bénitiers peuvent faire autant de photosynthèse que les coraux, mais sur une surface bien plus petite. Cette découverte est utilisée aujourd’hui pour développer des panneaux solaires bien plus compacts. Le doctorant affirme qu’à la différence avec le corail, c’est que les coraux gardent leurs algues en une seule couche plate, alors que les bénitiers les utilisent sous forme de piliers aux configurations bizarres ; les algues en haut semblent récupérer toute la lumière et on penserait que les algues du fond  sont dans l’ombre. Mais les pigments (les couleurs du bénitier) aident à rediriger cette lumière sur toute la hauteur de la colonne… Et, toujours d’après le thésard, les bénitiers peuvent vivre une quinzaine d’années. Avec les changements climatiques, qu’en sera-t-il ?

Benitier (coquillage) de Nouvelle Calédonie

Mais qu’est-ce qu’on va manger, y a pu d’poisson ! Désolés disent les poissonniers, les pêcheurs se les gardent jalousement. Les restos, les snacks font grise mine. C’est vrai qu’en janvier/février le poisson se fait rare, mais en avril encore sœur Anne ne voit toujours rien venir. Et les prix flambent ! Le thon blanc aime les eaux fraîches, ce n’est pas le cas en ce moment, El Niño chauffe. Les armateurs rassurent : « si fin avril, début mai, le poisson n’est pas revenu au niveau des bons jours, là, il y aura matière à s’inquiéter. » Nous sommes prévenus !

La pêche en Polynésie statistiques 2014) : celle en haute mer est en baisse (-7%) mais la part des poissons exportés augmente de 27% ; la production côtière atteint 3 495 tonnes ; la pêche lagonaire est uniquement destinée à l’autoconsommation.

thon germon

Parmi les différentes techniques de pêche, la pêche hauturière la plus importante constitue les 2/3 de la production. Cette flottille comprend les thoniers palangriers répartis en thoniers de pêche fraîche (36 actifs en 2014) et les thoniers mixtes et congélateurs (26). L’exportation de cette pêche est en hausse. Les thons germon représentent 58% de la production commercialisable. Les prises de thons obèses (13%) augmentent de 17% tandis que celle des thons jaunes (10%) diminuent de 22%. Les poissons entiers réfrigérés constituent l’essentiel des exportations de produits de la pêche (70% du volume) sont pour les ¾ envoyés aux États-Unis. Les filets de poissons frais (11% des recettes et 7% des volumes) sont destinés à la France métropolitaine (55%) et aux USA (36%). Les filets de thon congelés sont achetés quasi exclusivement par la France tout comme le poisson entier congelé (3%) et la chair de poisson frais (3%).

poti marara tahiti

La pêche côtière (en mer, mais proche des côtes, de type familial), est plus traditionnelle et artisanale. En 2014, la flottille est composée de 403 poti marara (en bois et en fibre de verre, de 6 à 8 mètres) et de 45 bonitiers (en bois de 10 à 13 mètres). La production de 3 495 tonnes augmente de 12% en partie grâce à la croissance de la flottille, au bon rendement obtenu pour le mahi-mahi (dorade coryphène) et le thon jaune. 3 495 tonnes de poissons pêchés dont 2 927 tonnes pour les poti marara et 568 tonnes pour les bonitiers. Les navires sont basés essentiellement aux Iles du Vent (60%) et 20% aux Iles sous le Vent)

La pêche lagonaire est essentiellement consacrée à l’autoconsommation et est estimée à 4 300 tonnes/an, répartie de 3 400 tonnes de poissons lagonaires et de récif, petits pélagiques (700 tonnes) et fruits de mer  (200 tonnes), valeur estimée à 2 milliards de XPF ;  excepté la pêche des roris (bêches de mer), trocas et bénitiers qui sont tous ou partie exportés.

La production aquacole s’effectue sur 6 fermes et concerne la crevette bleue et le paraha peue.

La ferme chinoise de HAO (Tuamotu) n’est à ce jour qu’un projet.

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , ,

Polie tique à Tahiti

Oscar Tane a révélé avoir échappé à « un guet-apens » en… 1978. Ben quoi ? C’est bientôt les élections et en ce premier avril tout serait  permis. Il faut fourbir ses armes, à chacun les siennes. Mais 40 ans après, les faits seront très difficiles à vérifier. En 1978, Oscar Tane s’apprêtait à partir pour New-York à l’ONU quand son chef de service serait venu le prévenir qu’un piège lui serait tendu à l’aéroport de Faa’a. Un paquet devait lui être remis, et ce paquet contenait de la drogue. Selon Oscar Tane et la fille de son ancien chef de service, il serait bien allé à New York mais n’aurait (par précaution) pas pris le paquet. Ce serait son chef de service, un douanier, qui lui aurait révélé ce piège. Cette personne étant décédée depuis peu, Oscar Tane et la fille de ce monsieur ont donc dévoilé ce secret de 40 ans. Il y a des héros partout qui s’ignorent ? Ou qu’on ignore ?

oscar temaru tiare

« J’accuse » : Zola ? Nenni : Oscar. Et alors… Oscar Tane et son groupe UPLD ont livré en conférence de presse des accusations au sujet des travaux de remise en état des rivières de Tahiti, du projet Ecoparc de développement touristique au cœur de la vallée de Papenoo, des tarifs de l’électricité en Polynésie. Les élections s’approchent à grands pas. Certes la tribune à Papeete n’a pas le luxe de celle de l’ONU mais il faut parler, se montrer, se différencier. Contre le projet Ecoparc, Oscar Tane s’en est pris à M. Auroy, homme d’affaires et demandé que cette personne soit classée « persona non grata » dans ce pays. Le leader souverainiste a évoqué l’histoire  de Tamara Nui, le complexe Ecoparc une « grosse escroquerie », il faut planter des milliers d’arbres à pain dans cette vallée agricole car la farine d’uru est très recherchée car sans gluten… Pour les rivières son second Antony Geros parle des curages de rivières comme d’opérations d’extraction déguisées. Contre les tarifs de l’électricité, M. Geros confirme que le groupe UPLD envisage de porter plainte contre X pour les délits de favoritisme et de prise illégale d’intérêts, complicité et recel dénonçant ainsi les conditions de la mise en place de la nouvelle tarification du prix de l’électricité en Polynésie.

Eh, les Parigots, il y a une belle exposition au musée du quai Branly « Mata Hoata, art et société aux îles Marquises », et savez-vous quoi, il y a 19 objets marquisiens  prêtés pour l’occasion par le  Musée de Tahiti et des îles. Parmi les œuvres exposées, vous pourriez y voir un tiki marquisien en basalte, 6 ivi po’o en os humain, un perce-oreille en écailles de tortue, des pilons, une pipe, des modèles réduits de pirogues anciennes, un collier en dents de cétacé, une enseigne de tatoueur… Ce sera du 12 avril au 24 juillet. Allez rendre une visite sinon vous seriez obligés de venir au fenua. Il faut savoir qu’un ticket de métro plus une entrée au musée est nettement moins onéreux qu’un billet d’avion Paris-Papeete !

Tiens en parlant d’avion… il semble que la taxe d’aéroport a augmenté de 250% en cinq ans. En Polynésie la taxe était de 477 XPF en 2011, elle est aujourd’hui de 1 670 XPF ! Depuis le 1er avril, et ce n’est pas un poisson ! Cela ne vous empêchera pas de venir passer des vacances au fenua et de visiter Bora Bora, la perle du Pacifique, c’est moins cher, seulement 835 XPF ou d’aller à Raiatea, là aussi c’est moins cher, rien que 815 XPF.

Quelques lignes de nouvelles du fenua. Bonne lecture.

Iaorana

Hiata de Tahiti

Catégories : Politique, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , ,

Grenouille tahitienne

Les Iles Marshall, autre confetti du Pacifique Sud, attaquent à la Cour Internationale de justice trois puissances nucléaires : USA, Grande-Bretagne et France. Il n’y en aurait que trois ? Ils pourraient regarder vers la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l’Inde, Israël, le Pakistan… Les Iles Marshall, ce sont 72 000 habitants mais qui disposent comme beaucoup d’autres d’une voix à l’ONU, le « Machin comme disait de Gaulle ». Alors Oscar Temaru surenchérit, il rêve de traîner la France devant le tribunal de la Haye et de la faire condamner, de lui faire rendre gorge, de « l’éliminer ». La France ? Ce sont les contribuables français – qui payent pour Tahiti, ne lui en déplaise !

La terre est rare en Polynésie française même si nous sommes « aussi grand que l’Europe ». Un leitmotiv que l’on entend très souvent ! Excusez-moi, je fais une erreur. Les terres rares au fond de notre océan seraient-elles vraiment si rares alors que tous les politiques annoncent des milliards de dollars, euros, yuan au fond de notre océan. ? Et si nous sommes aussi riches qu’on le dit pourquoi mendier, et toujours mendier auprès de la France, de l’Europe ? Faudrait éviter de trop rêver et surtout les Politiques, il faudrait éviter de raconter des carabistouilles aux Tahitiens ! Cela fait bien 10 ans que l’on parle de « fabuleux gisements de terres rares » qui se trouveraient au fond de l’océan dans la zone économique exclusive (ZEE) de la Polynésie française. En fait ces gisements se trouveraient dans les eaux internationales. Aïe ! Comme Perette et le pot au lait : adieu veau, vaches, cochons, couvée…

independance de la polynesie

Alors, les Politiques, vous auriez raconté des bêtises à votre population ou la populace n’a pas compris vos propos ? Ce vilain État français « se serait réservé le contrôle, l’exploitation de ces terres rares » ? Il aurait pu spolier les richesses minières sous-marines de Tahiti Nui ? Que nenni, Le Président Hollande en tournée ultra-rapide à Tahiti avant le printemps a confirmé les propos de la ministre des Outremer : La Polynésie française est bien compétente en matière d’exploration et d’exploitation des ressources minières dans sa ZEE. Et vlan !

Par contre, les fonds marins de Wallis et Clipperton seraient intéressants, mais ce n’est pas le territoire de Polynésie. La faute à la géologie de la région qui se situe à la rencontre de plaques tectoniques. Hélas pour la Polynésie, elle est située au milieu du Pacifique, le plus vaste océan du monde, très loin de ces failles tectoniques riches en amas sulfurés. Pas de bol ! Par contre on a du cobalt, du platine. Miam, miam, encore faut-il aller le chercher !

Il y aurait en Polynésie – pour le moment française – environ 50 millions de tonnes de cobalt et 5 000 tonnes de platine soit près de 600 ans de ressources pour le cobalt et 22 ans pour le platine. OK, mais pour le moment c’est en Afrique qu’on va le chercher et nullement à 5 km de profondeur, c’est quand même plus facile ! Les chercheurs ont démontré qu’en Papouasie-Nouvelle Guinée il y avait des sulfures polymétalliques, des nodules de manganèse aux Iles Cook et des encroutements cobaltifères dans la république des Iles Marshall. C’est dit ! Certes, on peut toujours rêver, mais il vaudrait mieux éviter de tenter faire rêver les autres !

Aux infos de ce soir, on annonce des fermetures d’ateliers, des chômeurs en plus. Il y avait déjà plus de 20% de chômeurs en Polynésie et chaque semaine qui passe en amène de nouveaux. Alors le président Fritch a annoncé le recrutement de 900 fonctionnaires. Cataplasme sur une jambe de bois : qui va payer ces nouveaux fonctionnaires ? Hein ? Ah ! Oui le contribuable métropolitain ! Fritch disait il y a quelques jours : « J’embaucherai 900 personnes dans la fonction publique. Un maximum de nos jeunes doit pouvoir profiter du statut de fonctionnaire ! »

Dans son Ia Orana de Tahiti Pacifique Simone Grand s’en étouffe. Elle ne doit pas être la seule. « Faire du fenua une énorme administration ! Pour administrer qui et quoi ? Financée par qui ? Pour atteindre quels objectifs économiques ? Réaliser quels niveaux de satisfaction des besoins élémentaires individuels et sociaux ? Elle rappelle aussi que le mot « cours d’eau » a dorénavant un sens dévoyé tout comme celui de « chemin de servitude » ce qui permet aux gouvernants du fenua ma’ohi de spolier certains tout en se permettant de jouer les généreux donateurs pour d’autres. » Le fenua ma’ohi va-t-il ressembler à la Corée du Nord ? La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf n’est-elle pas une bonne fable de Monsieur de la Fontaine ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Il y a du sport en Polynésie !

En sports, c’est l’année olympique à Rio et des athlètes polynésiens pourraient y participer : Anne-Caroline Graffe en taekwondo, Billy Besson en voile, Tumatai Dauphin en lancer de poids.

La gloire mondiale pour les Tiki Toa vice-champions du monde de beach-soccer. Hurrah !

Pour le glamour, présent ! Hinarere Taputu terminera sixième à l’élection de Miss World 2015 et Vaimiti Teiefitu deuxième dauphine de Miss France 2015. Joli promotion pour le fenua et ses vahinés.

Hinarere Taputu

Le cascadeur australien Robbie Maddison a surfé la vague de Teahupo’o sur une moto KTM 250 munie de pales.

Tahiti est enfin aux normes internationales pour la lutte antidopage.

Les projets, ferme aquacole chinoise à Hao, et Mahana Beach chinois à Punaauia, à quand le premier coup de pioche ?

Il parait qu’un vieux de 72 ans devrait mettre le feu à Toata le 4 mai… Hein ? C’est Johnny.

Marae Taputapuatea

On attend le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO pour le marae de Taputapuatea à Raiatea.

Monsieur Paul Yeou Chichong vient de vendre Renault Sodiva. A 82 ans il a trois grands projets : ouvrir un musée pour sa collection de tableaux de maîtres ; donner 100 millions de XPF pour les handicapés ; écrire ses mémoires. Il promet que si le Pays lui construit, à Papeete, sur au moins 2 500 m2 de surface, un musée digne de ce nom il le remplira de ses 350 tableaux, des Gauguin, Renoir, Utrillo, Bruegel, Chagall, Kandinsky, Picasso… Projet ambitieux qui nécessiterait entre 400 et 500 millions de XPF. Allo, le Pays ? Y a des sous dans votre escarcelle pour construire ce musée ? L’homme est érudit, grand commerçant, on ne le trompera pas avec le chalala habituel, il lui faudra des actes et des preuves.

En février, c’est le fifo, mais à l’Assemblée de Polynésie, les représentants ont eu droit à une projection vidéo gratuite. Il paraît qu’un grand nombre de représentants ont quitté la salle ? Le groupe à Oscar (Indépendantiste) a demandé la lecture d’une vidéo sur les écrans de l’hémicycle de Tarahoi. Les représentants devaient se pencher sur le projet de délibération relatif à la convention d’application n° 16-15 entre l’État, la Polynésie française et l’Institut de recherche pour le développement finançant le projet « Expertise collégiale Internationale sur les ressources minérales sous-marines de Polynésie française ». C’est sûr que la vidéo c’était plus chouette que tout ce chalala. On sait par Oscar et l’UPLD qu’il y a des milliards et des milliards de XPF sous la mer, au diable tous ces décrets, lois, projets. Les sous c’est là à portée de « mains » alors pourquoi attendre. Ce documentaire vidéo d’une dizaine de minutes avait été réalisé par le Tavini Huiraatire (Parti indépendantiste d’Oscar) à partir du montage de plusieurs sources qui « illustrent la potentialité de nos ressources minérales océaniques ». Ne pas oublier SVP que, d’après ce documentaire, Oscar (Temaru) pourrait devenir Président de la République française… en 2017 ! Ubuesque !

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

La visite du président Hollande en Polynésie

Le Président Hollande qui est venu faire un petit tour en Polynésie a distillé des bonnes nouvelles, distribué des millions (les as-t-il ?) et est reparti. Des sous, des promesses, quelques mots sur le nucléaire, mais pas de demande de pardon… Les manifestants anti-nucléaires étaient bien présents. Dans la Loi Morin, pas de nouveautés donc déception pour ceux qui se battent depuis des années. Il y aurait plus de 1 000 demandes d’indemnisations et seule une vingtaine a reçu une proposition. La DGA (dotation globale d’autonomie) – qu’on appelle la dette nucléaire – sera sanctuarisée dans le statut de la Polynésie et son niveau sera de 30 millions d’euros dès 2017. Pour la dépollution de Hao, l’atoll où les Chinois veulent construire un élevage de poissons, rien de bien neuf non plus. Il resterait du plutonium disséminé sous la piste d’aviation. Hao était la base arrière de Moruroa. Hollande a reconnu des impacts aux essais nucléaires. Quant à la surveillance de Mururoa et de Fangataufa, elle existe déjà mais les informations n’arriveraient que deux, trois ans plus tard. La seule vraie bonne nouvelle semble être la promesse que l’État va apporter 700 millions de XPF pour aider au développement du service oncologie et mettre à disposition trois médecins internes au Centre hospitalier de Tahiti.

hollande sur la tombe de pouvanaa

Le Président était arrivé avec le soleil, mais est reparti avec ! Hollande est certainement allergique aux colliers de fleurs, dès qu’il en recevait il s’en débarrassait aussitôt. Mais il n’a pas échappé pas aux selfies, on dirait même qu’il y prend goût. Un marchand de perles lui offre un collier de perles POUR HOMME, il le met rapidement dans sa poche… Le programme est chargé. Arrivé à 22h46 sur le tarmac de Faa’a, à 23h10 il déclare : « je suis ici en France« , aïe, cela n’a pas dû faire plaisir à toutes les oreilles ! Le lendemain, à 6h38, il dépose une gerbe, se recueille sur la tombe de Pouvanaa a Oopa – selfies. À 7h30, il débarque au marché de Papeete dans un joyeux tumulte. Musique, tambours, les officiels, les petites gens. Hollande serre des mains, goûte des tas de produits, embrasse, sourit ; certaines marchandes de poisson (du frais, hein !) avouent « avoir fait tous les présidents : Giscard, Mitterrand, Chirac. » Quelques centaine de mètres à pied dans la cohue pour se rendre à la mairie de Papeete. On est à Tahiti et il fait chaud. De l’eau de l’eau.

Photo de famille, il rencontre en privé Michel Buillard, le tavana (maire) de Papeete et se change. Le président est en costume sombre, chemise blanche, cravate. Je pose une question à mon ami le Colonel Alain : « Colonel, le nœud de cravate était-il réglementaire ? Les poignets de chemise sortaient-ils comme il se doit ? » Merci Colonel de vos commentaires. Et bien sûr, dans une autre bafouille, je vous tiendrai au courant des notes d’habillement obtenues par le Président Hollande ! Certainement rafraichi, le président va assister aux spectacles de danses des groupes des cinq archipels où il dit « être parfaitement en France ». Direction la Présidence, le Versailles de la Polynésie. Il est 11 heures et il est attendu par un millier de personnes : invités, élus, chefs d’entreprise, fonctionnaires, militaires. Il faudra encore que ce public patiente, Président se refait une beauté, il a dû mouiller la chemise ! Fritch, président de la Polynésie enlève en 13 minutes son discours, 30 minutes pour le chef de l’État, tous les sujets sont abordés.

Enfin le déjeuner au Haut-Commissariat. Le menu ? Crevettes, mahi mahi sauce vanille, des frites d’uru et purée de taro et un café gourmand. Il apparaît détendu, il a même tombé la veste parait-il ! Colonel Alain, serait-ce bien dans les règles vestimentaires ce dépôt de veste ? La journée n’est pas finie. En route, il faut 40 minutes au Falcon pour déposer ces messieurs sur la piste d’Uturoa (Raiatea Iles sous le vent). 14h39, il monte à bord de l’une des deux pirogues à moteur qui emmène la délégation sur le site du marae de Taputapuatea.

À 15h40, Président débarque à Taputapuatea, 3 000 personnes l’accueillent, l’ambiance est joyeuse et conviviale. Sur le marae, Hollande reste à l’extérieur, seul Édouard Fritch se déchausse pour porter l’offrande. Il rend hommage à la culture polynésienne et annonce la création d’un musée, les sous sont toujours les bienvenus ! Un petit tour au buffet, un aller-retour à la plantation de vanille Hotu Vanilla. Le voyage officiel est terminé. Il lui reste un dernier rendez-vous « amical » à Faa’a chez Oscar Temaru où (d’après Oscar) ils n’auraient parlé d’aucun sujet qui fâche. Zont parlé de quoi alors ?

aides de la france a tahiti

Il semble que l’on ait parlé beaucoup de sous avec en plus. Pour exemple : un prêt pour l’hôpital de 1,7 milliards de XPF ; des terrains gratuits pour le logement social ; la défiscalisation jusqu’en 2025 même pour les projets chinois du Mahana Beach et la ferme aquacole ; une amélioration de l’aéroport de Faa’a ; un nouveau bâtiment multi-missions pour la Marine ; le soutien de l’État à l’énergie thermique des mers ; pour Taputapuatea un accord technique de l’État et une coopération pour le développement culturel avec l’ouverture d’un musée ; un investissement massif dans l’économie bleue. L’État aurait-il des revenus non déclarés ? Sinon des miracles devront se produire… Amen.

Hiata de Tahiti

Catégories : Politique, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , ,

Touristes face aux requins de Tahiti

Bienvenue les touristes. La Polynésie veut changer de stratégie pour vous faire revenir. Auparavant plein feux sur les plages et ses lagons par la pub. En 2000, 260 000 touristes, en 2011 moins de 160 000, en 2015 183 000 plus 50 000 croisiéristes. Objectif ? 500 000 visiteurs par an dès 2020. J’espère que les machines à pronostic n’ont pas pris un coup de chaud… C’est que les touristes, par ici, passez la monnaie, ils dépensent 40 milliards de XPF (335 millions d’euros), c’est bon à prendre d’autant que c’est 3,5 fois le montant des exportations de produits locaux (Institut de la statistique en P.F.)

coco marrant

Mais où le bât blesse, c’est le prix du billet d’avion, en haute-saison un aller-retour Paris-Papeete allège votre portefeuille d’un peu plus de 2 500 euros.

Il faut aussi compter sur la concurrence des autres îles du Pacifique comme Cook, Fidji, où la main-d’œuvre est nettement moins chère.

Alors, on va construire ce grand complexe hôtelier sur la côte ouest de Tahiti, on va faire plonger les touristes aux Tuamotu, on leur fera visiter les églises construites en pierre de corail aux Gambier, on les enverra chevaucher aux Marquises, ce sera culture, culture, j’oubliais ils randonneront sur les sentiers, ils feront de la voile, ils plongeront… Ils retourneront épuisés mais ravis chez eux et ici les caisses déborderont de devises. Quelle joie.

iar tahiti nui reseau

Pour les touristes Chinois ? En 2012 on en comptait 1 183, en 2015, 4 635. Le premier charter de cette année a capoté, l’avion d’ATN a eu des ennuis et après 2 heures de vol est revenu à son point de départ. Pas de chance, ça fait mauvaise impression, non ?

Curieusement on a découvert des nouveaux requins dans le Pacifique ! Cette nouvelle espèce a reçu le nom de requin-lanterne ninja (Etmopterus benchleyi). Il vit dans les eaux très profondes du Pacifique, entre 800 et 1 000 m de profondeur, il mesure entre 30 et 50 cm, sa peau est noire. Il possède sur le ventre des photophores. Découvert en 2010 dans un filet de pêche par des chercheurs du Pacific Shark Research Center.

requin lanterne ninja

Clipperton, bientôt une base scientifique. Espérons-le. Il faut être sur place pour affirmer sa souveraineté sur cet atoll perdu dans une zone qui regorge de thons. Il semble qu’un député du Tarn Philippe Folliot ait réussi à taper à la bonne porte. Cela devenait urgent car passer une fois par an avec un bateau militaire pour affirmer en être propriétaire, c’est léger, non ? Il faut d’abord dératiser l’atoll puis installer des équipements et une base scientifique. Cette base pourrait accueillir également des chercheurs étrangers. Rappel, découverte en 1711, Clipperton ou Ile de la passion est une terre française inhabitée à laquelle est associée une zone économique exclusive de 431 000 km2 dans une région les plus riches en thonidés au monde.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , ,

Tahiti, allons-voir si l’arrose…

Mignons et Mignonnes allons voir au jardin si l’on peut y jardiner, y récolter les fruits…

Mais voilà depuis trois (3 !) semaines, il pleut jour et nuit et nuit et jour et pas ce petit crachin breton par vous connu !

Tornade ce dimanche 21 février sur Tahiti, 90 km/heure, ça décoiffe. L’avion d’Air France ne peut se poser, il tourne pendant 30 minutes au large de Tahiti avant de recevoir l’autorisation de se poser ! Dans notre jardin, un arbre sectionné par le vent a rendu le papayer chauve, regardez-vous-même.

papayer scalpe

Voulant jouer les sauveteurs-acrobates malgré mes ans, je suis descendue « libérer » le papayer couvert de fruits. Le lendemain, mon vieux dos et mes os m’ont demandé des explications quant à cette maltraitance.

En avant pour quelques jours à béquiller ! Le pacayer (pakai) du voisin a lui aussi souffert des affres de la tempête, une grosse branche s’est rompue sur le chemin. Il a fallu faire vite pour dégager le passage à coup de tronçonneuse afin de ne pas envenimer les relations, hum ! difficiles avec ceux qui s’imaginent propriétaires de la terre, du ciel, du chemin.

Nous avons un bébé fruit : c’est un robinia. Une nouveauté.

Un magnifique arc-en-ciel juste au-dessus de la geôle de Papeari. Un signe ? de gaieté ?

Le petit manguier a reçu la visite et les soins de l’esthéticienne et de la manucure. N’est-il pas magnifique avec ce rouge aux ongles !

C’est tapotapo (pomme-cannelle). Ce fruit de la famille des Annonacées (Annona squamosa) est originaire d’Amérique tropicale. Il est très délicat, ne peut être consommé que sur place car un voyage vers le marché serait une catastrophe. Ce fruit est principalement consommé par les oiseaux qui n’en laissent que l’enveloppe extérieure. Dommage car le tapotapo est très sucré, riche en calcium et en vitamine C.

Le vent et les pluies des dépressions successives nous transforment en galériens. Il faut ramasser les feuilles, les fruits tombés. C’est la saison des uru (fruits de l’arbre à pain). L’uru (le fruit) qu’on appelle aussi maiore (l’arbre) appartient à la famille des Moracées (Artocarpus altilis). Les marins de la célèbre HSM Bounty qui étaient venus à Tahiti cherchaient des plants pour les transporter aux Antilles afin de nourrir les esclaves des colons.

Le maiore que j’avais copieusement scalpé il y a quelques mois m’en sait gré et nous gratifie de magnifiques fruits. Il faut les cueillir, les peler, cuire leur chair à la vapeur, précuire des frites que l’on congèlera pour les périodes de disette, les cuisiner en ragoût ou concocter le pepe uru quand nous étions à la tête d’une dizaine d’uru…

C’est un mets composé de fruit de l’arbre à pain très mûr, que l’on cuit au four avec du lait de coco. Ça tient bien au corps, un peu bourre-coquin parfois mais un régal pour les Tahitiens. Tout le quartier en profite, je fais les livraisons en TGV sans les béquilles quand j’ai récupéré mes capacités. Pour parfaire vos connaissances pour 100 grammes d’uru vous avez 5% de calories, 5% de protéines, pas de vitamine A, mais 67% de vitamine C, 11% de vitamine B1, 5% de vitamine B2, 6% de calcium, 5% de fer, 8% de vitamine B3, et pas de gluten. Bon app !

L’avocatier nous comble aussi de fruits. Chaque jour, il libère 2 ou 3 avocats voire plus. Au p’ti déj, un fruit dans l’assiette, et un demi-fruit sur la figure pour redevenir des jeunes filles au teint éclatant. Au diable l’avarice ! Si bien qu’on nous envie notre fraîcheur… Ce qu’il y a des gens jaloux, j’vous jure ! Mais avec 30% de matière grasse, ça comble bien les petites défaillances d’une peau mûre.

L’analyse de 100 grammes d’avocat c’est 13% de calories, 8% de protéines, 20% de vitamine A, 60% de vitamine C, 26% de vitamine B1, 28% de vitamine B2, 6% de calcium, 5% de fer et 20% de vitamine B3.

C’était le marché de ce début d’année 2016. Bientôt les ramboutans ou litchis chevelus. Portez-vous bien

Hiata de Tahiti.

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Du vent à Tahiti

Makemo atoll des Tuamotu, 56,2 km2 de terres émergées, surface du lagon 854 km2. Troisième plus grand atoll des Tuamotu après Rangiroa et Fakarava. Les éoliennes gisent au sol ! Les éoliennes devaient devenir un projet pilote et… un modèle pour les autres ! Aujourd’hui, on est revenu à l’électricité d’origine thermique, néanmoins tous les habitants n’ont pas encore été raccordés au réseau. La faute à qui ? Fiu ! C’était il y a dix ans, la SEM (Société d’Economie Mixte) était délégataire de service public et détenue à 66% par le Pays, le reste du capital est réparti entre la Société de réseaux d’études et de service (SPRES) et la société d’études et de développement polynésienne (SEDEP) appartenant à l’homme d’affaires Dominique Auroy. Par manque de pépètes. Il est urgent d’attendre.

Manuae

En attendant, le réchauffement climatique poursuit ses effets.

Le samedi 12 décembre, en 24 heures, il est tombé 179 mm d’eau à Papenoo (côte est de Tahiti), 201 mm à Maheana, 163 mm à Hitiaa à 2 m d’altitude et 168,4 mm à Hitiaa à 500 m d’altitude. Un homme est décédé suite à un éboulement qui a détruit sa maison. Les crues étaient impressionnantes, des torrents de boue et d’eau dévalant à toute allure, emportant maisons et voitures. Les habitants de la vallée d’Onohea ont dû être évacués, la rivière ayant recouvert la route. Le lendemain… on constate une soixantaine de maisons détruites, des familles ont tout perdu. Là encore la solidarité polynésienne n’est pas qu’un mot.

cyclone pam

Le cyclone Pam dévaste le Vanuatu, 16 morts, 450 millions de dollars de dégâts, des rafales de vent à 320 km/h. Comme toujours, les Polynésiens sont solidaires et envoient des conteneurs de dons, des secouristes, des bûcherons, des agents EDT sur place pour aider les populations.

En attendant, la prévarication continue.

atoll

Scilly ? Ce nom ne vous dit rien pour les antipodes ? Confetti de 4 km2, appelé aussi Manuae est un atoll sans passe, couvert de cocotiers dont on a parlé récemment au tribunal correctionnel. De la prison a été requise contre René Taputu, le « roitelet » de l’atoll de Scilly. Cet individu se serait érigé en roitelet depuis plus de 30 ans. D’après le procureur, « il y a créé une communauté sur laquelle il règne, il y vit avec un harem, des enfants naissent sans même être déclarés, vivent sans électricité, sans soins. Il cultive du paka (cannabis) et pêche la tortue (espèce protégée). Le pays devra un jour ou l’autre prendre ses responsabilités et organiser le rapatriement de cette communauté. Il pourra compter sur le concours du Haut-Commissariat ». N’y aurait-il pas un castelet libre à Tahiti pour y loger ce roitelet et sa cour ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Aranui 5 inauguré

C’est fait ! Et bien fait ! Le voyage inaugural du cargo mixte Aranui 5 s’est merveilleusement bien passé. Satisfaction générale. Le 13 décembre était le jour tant attendu. La famille Wong, propriétaire du nouveau bébé, était au grand complet pour ce départ avec 220 personnes à bord contre 150 pour l’Aranui 3, afin de permettre aux croisiéristes de se rendre au festival des arts des îles Marquises se déroulant à Hiva Oa du 16 au 19 décembre. Le nouveau commandant s’appelle Vatea Sitjar, il est âgé de 36 ans.

aranui 5

Première escale à Takapoto où les passagers sont débarqués sur des barges à fond plat.

Puis Nuku Hiva, chef-lieu administratif des Marquises 387 km2, 3 000 habitants, Taiohae, la cathédrale (1973) où officiait Monseigneur Le Cléac’h le traducteur de la Bible en marquisien, celui qui a permis de remettre à l’honneur les traditions ancestrales des Marquises et de créer le premier festival des arts des Iles Marquises à Ua Pou en 1987. Le site des pétroglyphes de Kamuihei, la danse des cochons, kaikai (repas) chez Mamy Yvonne. Au cinquième jour Ua Pou, ses pitons rocheux, ses pierres fleuries. Tout le peuple se presse pour voir le nouvel Aranui.

takapoto

Ensuite Hiva Oa pour le Matavaa (festival des Marquises). Hiva Oa c’est aussi Gauguin et Jacques Brel.

Fatu Hiva, 600 habitants, c’est la Baie des Vierges (il n’y en a plus), l’une des plus belles baies au monde, le tapa et le monarque, ce petit oiseau en voie d’extinction.

Puis Tahuata. C’est le jour de la messe, et ceux qui croient au ciel, et ceux qui n’y croient pas garderont un inoubliable souvenir des voix marquisiennes résonnant sous les voûtes de l’église.

Ua Huka, la belle, avec ses quatre musées, son jardin d’Eden qui regorge de pamplemousses au goût sucré, le santal et les explications de Léon Litchlé.

Le retour s’effectue par l’atoll de Rangiroa aux Tuamotu et enfin la perle du Pacifique Bora Bora.

Je n’en dis pas plus car la personne qui fera cet été la croisière sur l’Aranui 5 vous en « mettra plein les yeux ».

C’est vraiment le voyage d’une vie, incomparable, inoubliable, mais pour ceux qui peuvent y consacrer quelques liasses de billets…

Kaoha (Bienvenue en marquisien).

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , ,