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Jean-Louis Beaucarnot, Nos ancêtres étaient-ils plus heureux ?

Alors, c’était mieux avant ? Bof, nous dit l’historien généalogiste médiatique en étudiant systématiquement tous les domaines de l’existence.

L’espace était très fermé, cantonné au village ou au quartier. Si les immigrés ne posaient pas problème, le gars du village voisin était déjà un « étranger ». Les colporteurs, baladins et forains étaient bienvenus mais on s’en méfiait d’office. D’ailleurs, la langue restait locale et les parlers régionaux étaient marqués, on ne se comprenait pas parfois d’une vallée à l’autre. Pour voyager, seuls les pieds comptaient ; les chevaux étaient les Rolls des riches. Plus tard, les patches et autres diligences étaient inconfortables et versaient souvent dans les chemins boueux ou défoncés. Ce n’est que le chemin de fer, à la toute fin du XIXe, qui réduira les distances !

Les maisons étaient bâties par le collectif villageois et le confort était minimal : cheminée en pierre mais murs de terre et de paille, terre battue par terre et les poules qui venaient fienter sur la table et picorer les restes, comme les chiens et les cochons. C’était mal isolé des vents coulis, sombre et enfumé, glacial l’hiver. Le feu était le centre d’attraction pour la cuisine, le confort et la veillée. On dormait à plusieurs dans les lits pour avoir chaud et les couples s’ébattaient aux oreilles de tous. En revanche, tout était usé jusqu’à la corde, tout objet récupéré et la chandelle, faite du suif des bœufs ou de la graisse de cochon faisait l’objet d’économie de bouts de chandelles.

La société était équilibrée et hiérarchisée. Chacun sa place (et les vaches étaient bien gardées), l’homme aux champs et la femme au potager, le mâle à la foire et la femelle aux petits. La famille était obligatoire, rassemblant souvent trois générations sous le même toit, et le divorce rarissime (condamné par l’Eglise). Mais on mourait jeune, les hommes par accident ou guerre, les femmes en couche. Le célibat était très mal vu et les mœurs déviantes valaient le bûcher. Le curé surveillait tout, des fornications hors mariage à la pollution des culottes. Chaque âge avait ses tâches, dès 7 ans, et des rites de passage marquaient la maturité progressive (baptême, première communion, certificat d’études, service militaire, mariage). Tout était clair et prévisible. Mais aucune sécurité sociale ni aide en cas de chômage : qui ne travaillait pas ne mangeait pas. Les hospices religieux recueillaient les vieux et les malades délaissés.

L’individu n’existait pas, sauf à rendre compte de ses « péchés » au moment d’accéder à « l’autre » monde possible. Tout se faisait collectivement, au vu de tous. Critique et médisance, querelles de voisinages et de clochers rythmaient la vie sociale. Les gars se battaient dès l’enfance comme dans la Guerre des boutons et les jeunes se tabassaient au bal pour un regard ou une parole, ou pour une fille. Aucun papier, sauf au XIXe le livret militaire (pour les hommes seulement) et un droit de vote quasi inexistant jusque vers la fin du même siècle (les femmes en 1945 seulement). Les noms de famille ne se sont fixés progressivement qu’à partir de la fin du Moyen Âge, calqués sur les surnoms le plus souvent, ou les lieux de provenance ; les noms qui sont prénoms dénotent des enfants trouvés. Longtemps l’habit a fait le moine et l’on se vêtait selon sa condition. La chemise longue et les braies sans aucun sous-vêtement ont été la vêture traditionnelle, une pèlerine l’hiver. Seuls les riches avaient une garde-robe plus fournie et la mode est venue de la ville.

Question hygiène, on se lavait peu par peur du froid et de l’eau croupie. Une lessive dominicale à la belle saison mais l’hiver, quand l’eau était gelée au lavoir, on ne se changeait pas. La maladie frappait là où elle voulait et les épidémies emportaient souvent la moitié d’un village. On se soignait selon la tradition, c’est-à-dire selon des remèdes de bonne fame (rien à voir avec les bonnes femmes, sinon que les « grand-mères » accumulaient le savoir) : le mot « fame », passé direct en anglais, signifiait la réputation. Les médecins des villes étaient des charlatans comme sous Molière, jusqu’à la révolution hygiéniste du XIXe. Les chirurgiens apprenaient sur les animaux de la ferme avant de se former durant les guerres de la révolution et de l’empire. Seul Dieu et les saints étaient le recours. Dieu restant le plus souvent indifférent, les saintes et saints étaient plus accessibles et chacun avait sa vertu. Y croire était déjà un début de guérison. Les campagnes n’étaient pas plus sales que les villes où l’on jetait son pot de chambre par la fenêtre pour emmerder les gens.

L’argent était rare, le troc roi. On produisait en général pour sa subsistance, n’achetant que le nécessaire, souvent les pots et le métal. Des chapons mais pas de TVA dit l’auteur, beaucoup d’impôt mais aucun à la source, tous affermés à des collecteurs qui se servaient au passage. La terre était le patrimoine le plus valorisé ; elle pouvait même anoblir le commerçant enrichi. Le travail était requis de tous mais le chômage rare, surtout à la campagne où il y a toujours à faire. Les jours fériés, la plupart religieux, faisaient que si « les vacances » n’existaient pas, on ne travaillait guère plus qu’aujourd’hui.

L’éducation se faisait à la dure et la tendresse était rare, même marmot : pas le temps pour ça et une mortalité infantile effarante. La vie était rude et les mœurs en rapport. Catéchisme et école communale exigeaient le par-cœur ; on faisait honte aux mauvais élèves par le bonnet d’âne et l’on récompensait les bons par des images en couleur (trésor en ces temps sans télé). Les loisirs étaient la fête au village, aux mariages, à la moisson, à Noël, à la tue cochon… Tout était prétexte à danses, chansons et beuveries. Les ripailles étaient alors de rigueur. Les « sports » étaient proches des nôtres : la soule pour le rugby, la paume pour le tennis, la crosse pour le golf, les joutes nautiques et la boxe (sans les règles).

Le climat général était à la violence et à l’insécurité. On se méfiait du coin d’un bois comme de la ruelle sombre, malandrins et chauffeurs volaient, violaient, torturaient, pillaient sans vergogne, entraînant souvent mort d’homme (ou de femme). La justice la plus équitable était celle de la Bible : la loi du talion. Le vol était puni le plus, les galères pour un pain. Pour le reste, les chicanes et procès pour un bout de terrain et les querelles de voisinage étaient légion. Le jugement de Dieu, au Moyen Âge, permettait à la justice des hommes de se défausser : qui tuait l’autre avait raison, qui surnageait plongé ligoté dans le fleuve était béni, la sorcière qui sortait du feu intacte prouvait qu’elle était une sorcière… Déjà il y a des siècles, « il n’y avait plus de saisons » : canicules et gels alternaient, tempêtes et inondations, surtout au « petit âge glaciaire » entre 1300 et 1860 environ. Le « grand hyver » de 1658, de 1709, de 1795, la canicule de 1765 (40° centigrades à Paris le 6 août).

La société d’avant était dominée par la peur. Celle du lendemain mais surtout celle de la mort. On se réfugiait dans la religion et dans la superstition (pas 13 à table !). Les gens étaient impudiques, n’hésitant pas à pisser dans la rue même en tenant la main d’une dame, mais très susceptibles aux regards d’autrui. Il faut dire que, constamment, tout le monde surveillait tout le monde, médisait, critiquait, jaugeait, méprisait. Les « réseaux sociaux » de notre temps reprennent ces vieilles pratiques de l’humanité envieuse et mesquine. Comme hier, il vaut mieux peu parler et peu montrer, même si la drague ne se fait plus par baffes et pinçons du gars à la fille pour dire qu’elle l’intéresse.

Au total, non, « ce n’était pas mieux avant » – c’était différent. Si l’on n’était jamais seul, on n’était jamais libre. Il fallait être conforme sous peine de farce et charivari, voire exclusion et rejet. Le monde était étranger et les informations ne parvenaient que plusieurs semaines après. Cela ne rendait pas plus sage, mais résigné.

En bref un bon livre qui fait le point sur les siècles passés et montre que seule la révolution industrielle a permis de mettre fin à l’enclavement des humains et des mentalités. La révolution numérique que l’auteur pointe à peine, comme la révolution écologique que l’auteur ignore entièrement, apparaissent à la fois comme favorisant l’individualisme le plus extrême et les comportements communautaristes au conformisme social le plus accentué. Un progrès ? Pas si sûr…

Jean-Louis Beaucarnot, Nos ancêtres étaient-ils plus heureux ? 2017, J’ai lu 2019, 480 pages, €8.10

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La Dépêche de Tahiti

L’observation d’un journal papier instruit souvent sur le pays qui le publie et sur les lecteurs qui le lisent. En ce sens, La Dépêche de Tahiti, seul grand quotidien payant de la Polynésie française (Tahiti infos est un gratuit), nous en apprend un peu sur Tahiti et son public. Le journal n’est ni Le Monde, ni Le Figaro, ni Libération, ni même Le Parisien, dont il se rapproche un peu mais sans en avoir ni la richesse ni les enquêtes. La Dépêche, possédée depuis 2014 par l’homme d’affaires Dominique Auroy, reste très factuelle, très locale, et l’on se demande si elle pourrait conserver des lecteurs si les deux chaînes de TV polynésiennes faisaient vraiment leur travail d’information…

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Les 48 pages du journal se présentent en séquences de 8 pages successives. La page de titre ne comprend que les surtitres et des photos couleur. Il n’y a aucun éditorial, l’événement étant le gros titre, par exemple le 11 août la Rentrée des collèges (qui venait d’avoir lieu).

Suivent aussitôt les « Annonces efficaces de La Dépêche », qui ne sont que la recension (payante) des offres d’emploi, d’immobilier, de véhicules, de « bonnes affaires », d’appels d’offre et du carnet. On sent là le cœur de la rentabilité du journal avec les encarts de pub, l’information étant un ornement coûteux en plus, délaissé manifestement par la direction. Le lecteur soupçonne que la population lit peu, s’intéresse peu à l’écrit en manière générale, et que ce qui semble lui plaire est le côté pratique. La Dépêche revendique environ 15 000 lecteurs sur 285 000 habitants (soit 5.3%) contre 7.8 millions sur 65 millions en Métropole (soit 12%).

Huit pages sur le fenua (le Pays) mettent en scène les promesses de la page de titres (un baleineau secouru par la population, ce qu’il faut savoir avant d’acheter un deux-roues à son ado). Nous avons ensuite huit pages sur Tahiti (l’île), la rentrée à Mahina, la rentrée à Faa’a et Papara, les uniformes scolaires dans la presqu’île, des loges pour les artistes à To’ata, le projet de référendum rejeté à Taiarapu-est. Deux pages seulement sur les (autres) îles – qui doivent lire encore moins et n’avoir le journal qu’avec des jours de retard… Enfin huit pages de sports, dont les projets du directeur de l’Union du sport scolaire polynésien, montrent l’horizon ultime qui semble intéresser les lecteurs au café ou ailleurs.

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Seules trois pages sont consacrées au reste du monde… C’est montrer combien Tahiti se voit isolé et combien « la presse » reste centrée sur l’île principale. Le monde se décline en une page sur le Pacifique (levier de croissance en Nouvelle-Calédonie, abus d’enfants migrants en Australie, suspension d’un projet nucléaire franco-chinois en Chine), une autre sur la Métropole (affaire Morandini sur la corruption de mineurs, les incendies de Vitrolles, le père Hamel égorgé par un islamiste), une dernière sur le reste (pourtant 90% des actualités !) – et seulement via les anecdotes : arrestation d’un escaladeur de la tour Trump, arrestation d’un suspect terroriste au Canada, épidémie de choléra en Centrafrique… Toutes ces « nouvelles » sont en miroir de ce qui se passe à Tahiti : l’économie maritime, les viols d’enfants, le nucléaire français, le terrorisme. Ce qui se passe en Syrie, la campagne électorale américaine, les gros yeux de Poutine, les prétentions de la Chine, hop ! aux oubliettes.

Les huit dernières pages sont une fois encore pratiques, véritable almanach du Tahitien de l’île : l’agenda des sorties, les arrivées et départ (en photos de famille), les horaires des avions et bateaux, les inévitables horoscopes (occidental et chinois), les mots croisés, fléchés, sudoku, le programme télé du jour, la météo.

Avec l’essor de l’Internet sur téléphone mobile, on se demande si un tel format journalistique a encore de l’avenir. Probablement très peu, surtout si la télévision devient plus professionnelle et réalise de véritables enquêtes plutôt que l’hagiographie des puissants qui semble être de mise sur les deux chaînes.

La mise en scène de l’information sur La Dépêche de Tahiti montre combien le pratico-pratique (comme disent les psy) l’emporte sur tout le reste, combien le payant rafle la mise, laissant de côté toute préoccupation d’informer, d’éduquer et de montrer. Personne ne parle, aucun point de vue n’émerge : nous sommes dans le « on » anonyme du chien écrasé et de la citation des édiles. Aucune enquête, aucune investigation, aucune histoire : nous sommes dans l’éternel présent dont chaque jour chasse l’autre, sans perspectives ni projet.

L’ensemble expose une relative pauvreté de pensée, une inertie politique, une léthargie de la curiosité – tous traits qui me paraissent dommageables à un journal dont le devoir serait (en théorie) d’informer et de faire réfléchir.

Le site officiel de La Dépêche de Tahiti

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Salon Destinations nature dès vendredi 5 avril 2013

Le salon des nouvelles randonnées pour sa 29ème édition se tiendra vendredi 5 et samedi 6 avril de 10h à 19h et dimanche 7 avril de 11h à 19h dans le hall 4 de la Porte de Versailles à Paris. Nombreux ateliers pour petits et grands : canoë, stand up paddle, segway (pardon pour le globish de rigueur…), ateliers nature, gastronomie pique-nique «Chouette nature» et découverte des traces d’animaux. Seront proposées animations, randonnées dans Paris, randonnées à vélo.

Proximité, diversité et famille sont cette année à l’honneur, crise oblige. Aller moins loin mais mieux et moins cher.

destinations nature 2013 famille

Les conseils techniques seront délivrés par Grégory Rohart, journaliste-photographe et fondateur de i-trekking créé il y a 5 ans, devenu depuis le 1er site communautaire de la randonnée itinérante et du trekking. Au cours de ses reportages sur les sentiers de France et du monde, Grégory teste matériel et vêtements techniques. Ses ateliers-conseils profiteront à tous les visiteurs soucieux de bien préparer leur sac de randonnée.

Exemple le vendredi 30 mars à 11h00, guide d’achat et entretien et entretien d’un sac de couchage ; à 16h00, vêtements de randonnée : comment rester au sec et ne pas avoir froid. Le samedi 31 mars à 11h00, tour du Mont-Blanc : comment faire un sac à dos léger et à 16h00, trekking au long cours : comment faire son sac à dos. Enfin dimanche 1er avril à 11h00, guide d’achat et entretien et entretien d’un sac de couchage. D’autres intervenants conduiront des ateliers, tels Opinel, Lafuma, Teva…

Découvrez quel randonneur ou randonneuse vous êtes

Quelle pratique désirée : urbaine écolo, ascétique pédestre, copines en rando, seniors actifs, trekkeur, pèlerins en famille, aventuriers, amateurs d’extrême, sportif nature… Et quel thème vous intéresse : plan bien-être, luxe, culture, gastronomie, solidaire, faune & flore, festival, romantique.

Les familles visiteront 5 villages animés et les enfants iront au village des P’tits loups

  1. un village destinations françaises et bout du monde avec des idées originales de randos et découvertes. Les tours opérateurs vous conseilleront et vous permettront de préparer vos plus belles aventures.
  2. un village environnement avec la Ligue de protection des oiseaux, l’IGN, l’Institut de l’Information Géographique et Forestière, les parcs et WWF avec les gîtes pandas.
  3. un village pour les sportifs à la recherche d’adrénaline et des meilleurs équipements. Au centre du village les fédérations sportives de plein air, les marques outdoor, le Vieux Campeur et l’espace tendances pour tester les nouveaux matériels.
  4. un village agritourisme pour les randonnées en famille (nouveauté !) avec des idées d’hébergements insolites et des chemins de découverte à la mesure de chacun. Sur place, vous rencontrerez les producteurs dans un vrai marché des terroirs pour acheter local et découvrir les terroirs des régions à visiter.
  5. un village bio et nature avec notre partenaire “Vivez Nature”, de nombreux produits à découvrir, déguster et acheter, plus des ateliers.
  6. Le village des p’tits loups sera co-animé par CAP FRANCE pendant les trois jours du salon, espace composé d’expositions sur la nature et d’ateliers ludiques et pédagogiques à l’attention des enfants.

Exposition permanente sur la biodiversité des jardins (papillon, escargot) en partenariat avec Noé Conservation, association qui contribue à la sauvegarde de la biodiversité au travers de programmes d’éducation et de conservation d’espèces menacées et de milieux naturels.

Animation Jardins de Noé : Comment abriter les petites bêtes de nos jardins ? Dans cet atelier, nous apprendrons à fabriquer simplement des abris pour les papillons, les abeilles solitaires, les coccinelles et bien d’autres insectes utiles au jardin. Chaque espèce ayant son abri, nous ferons deviner qui loge dans chaque abri présenté puis montrerons les étapes de réalisation. D’autres objets du stand permettront de deviner les bons gestes à adopter au jardin pour accueillir la biodiversité !

Animation nature avec Magali BOUTEILLE, de Natur’Anim, décoration de calebasse, dissection de pelotes de chouette, découverte des indices d’animaux en forêt. Lors de vos randonnées en forêt, apprenez à mieux regarder la nature qui vous entoure. Vous serez désormais en mesure d’identifier diverses traces de présences d’animaux sauvages. Un atelier dissection de pelotes de réjection leur permettra de découvrir le régime alimentaire des rapaces et ils repartiront avec leurs découvertes.

Ateliers avec Xavier Mathias, maraîcher bio  spécialiste des plantes alimentaires. Il animera pour les enfants : la découverte de plantes classiques ou insolites, l’apprentissage du rempotage.

Atelier dégustation de fromage et de vin : un animateur de la ville de Saint-Dié des Vosges vous fera de découvrir et connaître les vins et les spécialités fromagères de l’Alsace. Il réveillera les papilles des enfants autour d’une dégustation de plusieurs sortes de fromages, et pour les parents accompagnateurs, une sélection de vins de qualité provenant de petites propriétés.

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La MAE vient de développer un nouvel outil numérique au service de la prévention : une tablette tactile interactive et multitouches. L’application du jeu des 7 erreurs permet à quatre personnes de jouer en simultané et d’appréhender les dangers de la rue (en voiture, à vélo)… mais aussi les dangers de la maison.

Des cadeaux et souvenirs seront offerts aux enfants par Cap France et son label Chouette Nature®.

Pour vous inscrire, gratuitement, aux différents ateliers du « Village des P’tits Loups », les enfants devront être obligatoirement accompagnés d’au moins un parent.

Tarif normal : 5 € sur place. Gratuit : – 18 ans et étudiants (sur présentation de la carte) et enfants – 12 ans.

Invitation gratuite offerte par ce blog au salon Destinations nature, cliquez sur l’image ou ici !

Venez nombreux voyager dès avant l’été !

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Concours de sports traditionnels au Heiva

Ces concours de sports maohi dits « traditionnels » sont très appréciés des spectateurs : en plus de la course des porteurs de fruits, le lever de pierre, le concours de coprah, le lancer de javelots. Certaines îles ont leur spécialité. Ainsi les sportifs des Tuamotu sont connus pour leur agilité dans le lancer du javelot. Ceux des Iles Sous-le-Vent, en particulier Maupiti et Taha’a excellents dans la préparation du coprah et les courses de porteurs de fruits. Aux Australes, ils sont champions en lever de pierre ainsi que pour la course des porteurs de fruits. Durant deux jours les compétiteurs de ces spécialités vont s’affronter.

Timau ra’au (course des porteurs de fruits) Il s’agit pour les hommes et les femmes de diverses catégories de transporter une charge de produits agricoles (fruits ou tubercules) d’un poids déterminé, 20, 30 et 50 kg sur un parcours défini par le jury soit une distance de 1000 à 1300 m, et pour les femmes de 800 à 1100 m avec une charge de 15 kg. L’arrimage des charges est obligatoirement en fibres végétales, mais l’utilisation des paniers même en fibres est interdite. Les charges doivent être arrimées aux extrémités du levier qui lui doit mesurer entre 120 et 150 cm de long et présenter un diamètre inférieur à 15 cm. J’oubliais tout ce beau monde est vêtu de pareu (paréo) évidemment.

Patia fa et patia ai (Concours de lancer de javelots) Cette épreuve consiste, depuis une zone de pas de tir définie, à viser une noix de coco plantée sur un mât de 9,50 m de haut, depuis une zone de pas de tir définie, au moyen de javelots. Les javelots sont munis d’une pointe conique, torses et lisses sont acceptés. Patia fa est le concours individuel ; 8 séries consécutives de 7 mn chacune. La cible est divisée en 5 zones de points horizontalement soit 10 points pour la zone haute, puis 8 points, 6 points, 4 points et 2 points pour la zone la plus basse. Si un javelot touche la ligne démarquant deux zones de points, le jury attribue au lanceur les points de la zone supérieure. Patia ai est le concours par équipe composée de 3 lanceurs.

Amora’a ofai (lever de pierre) consiste à lever le plus rapidement possible depuis le sol jusqu’à l’épaule, à la stabiliser en position debout et en équilibre avec une seule main au contact de la pierre, et cela pendant un certain temps. Les catégories : femme 60 kg ; léger 80 kg ; moyen 100 kg ; lourd 120 kg ; super lourd 140 kg et extra lourd 150 kg. Les poids des athlètes variant de 55 à plus de 121 kg. Les 40 ans et plus soulèveront 80 kg.

Pa’aro ha’ari (concours de coprah). Il s’agit là d’ouvrir, en un minimum de temps, des noix de coco entières, à en extraire entièrement la pulpe, et les stocker dans le sac prévu à cet effet et à nettoyer l’emplacement. Chaque concurrent se présente avec ses outils : pa’aro (instrument de décorticage), parahira’a (tabouret) facultatif ; opa’hi (hache) ; pute (sacs de coprah). Trois catégories d’épreuves : individuel homme : 50 noix ; équipe de 2 ou 3 hommes : 150 noix ; équipe femmes : 100 noix. Il s’agit d’une épreuve de vitesse.

La montée aux cocotiers est aussi une épreuve sportive traditionnelle.

Vous devriez profiter de cette opportunité pour vous entraîner, vous inscrire pour l’année prochaine, et qui sait ?

Hiata de Tahiti

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Scoutisme, un siècle d’aventures !

Article repris par Medium4You.

Il fut un temps où EDF, GDF, BP et SDF ne signifiaient aucunement ces administrations corporatistes ou ce misérabilisme des pauvres devenus subitement « exclus ». EDF étaient les Éclaireurs de France laïcs, traduction exacte du mot anglais scout. Contrairement aux idées reçues, le scoutisme n’est pas un mouvement de jeunesse religieux. Il est laïque, fondé par Baden-Powell (BP alias Bipi), ex-colonel anglais de la guerre des Boers, qui a mis au service des jeunes citadins fin de siècle les pratiques du weld : débrouillardise, orientation, esprit d’équipe, camp sous les étoiles. Les SDF, Scouts de France catholiques, ne se sont fondés qu’en 1920, bien après les Éclaireurs, créés dès 1911 – d’où le centenaire du mouvement scout français cette année ! Ont suivi les GDF, Guides de France, réservés aux filles avant la mixité des années post-68. Laquelle révolution de mœurs a entraîné la scission de traditionalistes tels les Scouts d’Europe. Le communautarisme, déjà présent dès 1911 chez les Éclaireurs unionistes (protestants), s’est développé avec les Éclaireurs Israélites et Musulmans. Entre autres : il existe désormais 80 associations de scoutisme dans notre pays, dont 9 principales qui regroupent 90% des scouts, soit 130 000 personnes… sur quelques 9.5 millions de 7 à 18 ans. Soit seulement 1.4% de la jeunesse.

Car, malgré l’aventure, le scoutisme est quelque peu passé de mode. L’image militaire et religieuse lui colle à la peau. Les colos et autres camps de jeunesse « agréés Éducation nationale », administrés, réglementés et surveillés, rassurent les parents hantés par l’hystérie pédophile. Et l’époque a changé. Finies les années où les vacances étaient rares pour les parents, alors que le temps scolaire laissait la jeunesse désœuvrée. Fini le temps des transports rudimentaires et de la nature trop loin des villes. Les « activités » dévorent désormais l’emploi du temps non scolaire, le sport n’est plus une pratique rare et les vacances loin des parents sont entrées dans les mœurs. Alors le scoutisme…

C’est dommage car le mouvement est autre chose qu’une « activité » parmi d’autres. Il est l’apprentissage de la vie. Être soi, c’est se confronter aux autres, au monde, à la nature, être capable de se débrouiller et de s’entraider. C’est découvrir des savoirs nouveaux comme les traces d’animaux, les champignons comestibles ou les feuilles des arbres. C’est expérimenter des pratiques nouvelles comme monter une tente, construire un feu, lire une carte, s’orienter à la boussole, communiquer en morse ou par les signes de piste. Le scoutisme est un grand jeu qui réunit chaque dimanche les mêmes copains autour d’un projet commun : le camp d’été. C’est quand même mieux que le choix d’une « activité » sur catalogue !

D’où l’intérêt de feuilleter le bel ouvrage d’Antoine Pascal sur l’évolution du mouvement scout depuis les origines. Très richement illustré de photos et dessins, ludique avec ses encarts détachables, il est très complet et fait rêver, que l’on ait été scout ou pas. Rappel de l’uniforme qui, dans la France aux restrictions des années 1950, mettait tout le monde au même niveau social vestimentaire. Éventail des jeux et des brevets qui attisaient la curiosité et encourageaient le savoir-apprendre hors de la profitude magistrale qui ne s’occupe pas d’éducation mais seulement d’instruction. Promesse et chants ensembles autour du feu de camp, le soir à la veillée, qui soudaient l’équipe et ouvraient à la fraternité envers les autres, sensualité vague de la chemise ouverte ou du torse nu, accompagnement amical et moral pour passer la difficile adolescence. Avec un Jamboree tous les 4 ans, qui faisaient communiquer toutes les nations par leur jeunesse. Tout cela apprend la vie par les trois étages de l’humain, la passion et la morale et pas seulement par l’intellect.

Les dynamiques dessins de Pierre Joubert  illustrent la fraîcheur et l’énergie de l’adolescence. Embauché par la revue Le Scout de France pour l’illustrer, Pierre deviendra le dessinateur officiel du mouvement catholique. Ses gamins et gamines sont vifs et nerveux, emplis de ferveur et de détermination. Chemise défaite, déboutonnés, cheveux en bataille, ils « s’éclatent ». Joubert illustrera la célèbre collection Signe de piste des éditions Alsatia, dont la série du Prince Éric constitue à jamais le fleuron. « Le Prince Éric, héros de Serge Dalens, c’est le copain idéalisé, celui que la vie ne mettra jamais en face de vous dans la vraie, celle de tous les jours. Celui dont on ne peut même pas rêver vu que son pays, le Swendenborg, n’existe pas, que ses aventures faites de trahisons, d’amitiés et de sacrifices sont bien loin des réalités. N’empêche que c’est enthousiasmant de le croire même si l’on n’est pas dupe, et il en reste une morale que les dessins de Pierre Joubert ont aidé à graver dans les mémoires des scouts et de tous les autres jeunes qui ont partagé ces lectures d’adolescents » p.105.

Un beau cadeau pour Noël.

Antoine Pascal, Scoutisme – un siècle d’aventures !, octobre 2011, éditions Ouest-France, 110 pages, €30

Musée national du scoutisme, château de Thorey-Lyautey, code postal 54115, téléphone 03.83.25.12.12, site internet

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Haruki Murakami, Autoportrait de l’auteur en coureur de fond

Nous ne sommes pas ici dans le roman, mais dans la vie réelle. Murakami se met en scène au milieu de la cinquantaine, comme il fit un bilan à seize ans « tout nu devant un miroir ». Il assemble en un essai cohérent des textes épars, écrits entre 2005 et 2006. Né en 1949, il est devenu coureur sur le tard. Peu sportif adolescent – tout ce qui est contraint le hérisse – il a attendu d’être sorti de l’université, entré dans le mariage, avoir géré un bar de jazz à Tokyo… avant de se remettre en cause. Murakami est ici comme dans ses livres : lent, obstiné, accrocheur. Toutes les qualités qui font un bon coureur de fond.

Ce qui est intéressant dans ce court livre est moins les sensations qu’il a dans la course, sa préparation, son effort, le dépassement de soi – que le parallèle qu’il fait entre courir et exister. Pour lui c’est écrire des romans mais, pour d’autres, ce peut être n’importe quel métier. Haruki Murakami est japonais, donc imprégné de zen, sagesse venue du Bouddha indien et transmise via le Tibet à la Chine avant d’aborder l’île nippone. Or, le zen est la présence au monde. Pas espérance de l’au-delà mais des réincarnations successives comme autant d’étapes d’une fusion avec ce monde-ci. Chaque existence doit améliorer l’être pour qu’il se fonde dans le grand Tout. Il faut donc vivre au présent, ici et maintenant, pour ne pas accumuler un karma négatif. Chaque instant prépare au nirvana ultime, chaque épreuve est une expérience de sagesse.

Courir permet d’être soi-même, tout seul face à la nature, aux autres et à ses propres capacités. J’ai pratiqué moi-même la course de fond, et même un marathon en mon jeune temps, je comprends intimement ce que veut transmettre Murakami. Mais inutile d’être coureur pour saisir les liens qu’il fait entre cette activité physique gratuite et l’existence même. Chacun peut adapter ce qu’il pratique à ce qui est dit, c’est là où l’auteur est universel. Écrire un livre est comme courir un marathon : entraînement, effort, flottement puis passage d’un cap et euphorie. Ce livre expose des « leçons que j’ai apprises de manière tout à fait personnelle, en mettant effectivement mon corps en mouvement et en comprenant par là que la souffrance était un choix individuel » p.10. Dans le bouddhisme zen, on existe avec tout son corps, pas l’âme seulement ; la souffrance est l’obstacle à franchir pour trouver la paix. Courir, c’est donner un rythme à son corps, mesure nécessaire à poursuivre toute activité. Cette régularité, c’est une obstination, Sisyphe roulant son rocher selon Camus, métaphore de la vie humaine. « Se consumer au mieux à l’intérieur de ses limites individuelles, voilà le principe fondamental de la course – et, pour moi, une métaphore de l’écriture » p.106.

Nul ne court sans y mettre sa vie même. Murakami, tout en courant, observe. « Tôt le matin, lorsque je pratique un jogging paisible le long de la Charles River, des jeunes filles qui ont l’air de nouvelles étudiantes de Harvard surgissent derrière moi et presque toutes me doublent rapidement. La plupart sont petites et minces (…) et, tout en écoutant leur iPod dernier cri, elles filent comme le vent, droit devant. Indubitablement, elles vous communiquent un sentiment de défi et d’agressivité, elles qui semblent parfaitement habituées à dépasser les autres. Sans doute n’ont-elles pas l’habitude d’être dépassées. Toutes ont l’air si resplendissantes, si pleines de santé, si belles et si sérieuses. Elles débordent de confiance en elles-mêmes. La plupart d’entre elles ne doivent pas être des spécialistes des longues distances. Plutôt des distances moyennes. Leurs foulées sont longues, leur attaque du pied puissante, décidée. Elles ne sont pas du genre à contempler le paysage environnant à une allure nonchalante » p.118. Ne voilà-t-il pas une description criante de vérité de l’Amérique optimiste ? De ces juments sûres d’elles-mêmes et féministes, parfois naïves en leur ‘bon droit’ pouvant dériver en « connes américaines » ? Courir est une façon de vivre.

Écrire aussi. « Au Japon, beaucoup de mes compatriotes semblent tenir pour acquis qu’écrire des romans est une activité malsaine, que les écrivains sont en quelque sorte immoraux et qu’ils doivent mener une vie déréglée afin de pouvoir créer. C’est là une conception largement partagée : en adoptant un mode de vie malsain, un écrivain se retirerait du monde profane et atteindrait une sorte de pureté doublée de valeur artistique » p.122. Cette conception vient du romantisme européen, l’artiste maudit, pauvre social riche en esprit, qui hante tout le XIXe français et russe… Haruki Murakami est l’exemple inverse. Une fois son premier roman écrit – et récompensé – il a quitté sa vie antérieure de barman gestionnaire citadin pour celle de romancier coureur à la campagne. Avec son épouse, il a cessé de se coucher à 4 h du matin pour préférer 22 h ; il a cessé ses sorties pour se retrouver chez soi ; il a pris de la distance avec le zapping perpétuel du jeunisme usé par l’énervement des sens dans la musique, l’alcool et la danse. La maturité exige de la distance, une vie plus calme, des préoccupations de santé : où l’on trouve ici une clé pour l’essor des préoccupations écologiques. Courir, ce n’est pas faire de la compétition – passé la cinquantaine, ce serait ridicule. C’est vivre plus intensément son corps dans la nature.

« Ce qui nous procure le sentiment d’être véritablement vivants – ou du moins, en partie – c’est justement la souffrance, la souffrance que nous cherchons à dépasser. » Je traduirais plutôt par ‘épreuve’ le terme de souffrance ici choisi ; ce n’est pas le masochisme qui meut le coureur, mais la mise en mouvement de son corps. Murakami le confirme d’ailleurs par la suite de la phrase : « Notre qualité d’être vivant ne tient pas à des notions comme le temps que l’on réalise ou le rang, mais à la conscience que l’on acquiert finalement de la fluidité qui se réalise au cœur même de l’action. (En tout cas, si tout se passe bien) » p.211.

Qui veut mieux connaître ce prix Nobel de littérature « impétrant » (nouveau mot à la mode de gauche), doit lire cet ouvrage trempé dans la sueur et dans l’encre, toutes deux intimement mêlées, tant écrire c’est vivre, et réciproquement.

Haruki Murakami, Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, 2007, 10-18, 2011, 221 pages, €7.03

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Sexe entre utopie et réalité en Polynésie

Serge Tcherkezoff, directeur d’études sur l’Océanie à l’EHESS, étudie les écrits des « premiers contacts » entre Français et Polynésiens. Il cite par exemple en 1769 Louis Antoine de Bougainville et son récit croustillant qui a titillé l’imagination d’époque : les pirogues remplies de nymphes nues, les invites sexuelles explicites à en user des mâles qui les accompagnent. Mais cette fameuse « liberté sexuelle » avant mariage, l’amour pratiqué en public, devenus mythiques en Europe, sont en contradiction avec les autres faits rapportés dans les journaux de bord.

Les très jeunes filles ainsi présentées sont apeurées ; elles ne sont pas volontaires mais « offertes » par les chefs de tribus qui voient en ces hommes blancs des envoyés du monde divin.

De même pour les jeunes hommes : ingurgiter la boisson cérémonielle (le kava) vise à la reproduction de l’identité masculine par l’absorption de substance séminale par analogie. le kava a l’apparence et la consistance du sperme, liqueur régénératrice de force, dispensatrice de vie. La boisson sacrée transfigure les chefs en ancêtres divins et les sujets masculins en hommes forts. La chercheuse du CNRS Françoise Douaire-Marsaudon, dans son étude « D’un sexe, l’autre » (L’Homme, 2001), émet l’hypothèse que cette réaffirmation culturelle vise à contrer la mythologie, qui enseigne l’origine féminine des sujets masculins.

Le fameux « amour libre », la fête publique des corps dans l’égalité sexuelle, caractéristiques du mythe polynésien, révèlent l’Europe, pas la Polynésie. Ce mythe est le miroir dans lequel les savants et les explorateurs européens se sont regardés tout en croyant observer les autres – et en croyant faire de la science. Michel Foucault rappelait justement que l’Occident moderne a développé une « science sexuelle », pas un « art érotique ». La faute au puritanisme chrétien, repris avec délice par saint Paul dans l’aspiration à l’austérité des siècles déliquescents qui ont marqué la fin du monde romain. Nous constatons encore chaque jour que tout ce qui est plaisir, gratuité et assouvissement de désirs terrestres, est efficacement contré par la doxa. Croyants ou laïcs se retrouvent aujourd’hui dans le puritanisme d’effort, le malthusianisme d’austère économie et la contrainte morale que le Christianisme a véhiculé sans l’avoir forcément inventé. La droite s’indigne des mœurs privées mais se relâche en tout ce qui est public tandis que la gauche, laxiste en privé, se drape de vertueuse indignation publique (quand la télé regarde).

Rien d’étonnant à ce que ce couvercle moral ait inventé la soupape : l’utopie.

  • Chez Homère ou Hésiode, « l’île des Bienheureux » est une sorte de repos terrestre d’abondance et de festins, situé « aux extrémités de la terre ».
  • Thomas More en fait une « Utopie ». Ce « non lieu » montre, par contraste, ce qui ne va pas dans la société ordinaire. Ses émules seront soit de coercitifs accoucheurs de mondes à venir, soit de nostalgiques conservateurs rêvant d’un retour à un régressif « âge d’or ». Quoi qu’il en soit, les femmes y paraissent ne pas vouloir ce qu’elles désirent le plus : baiser. Chez Thomas More, elles sont soumises aux hommes comme les jeunes aux anciens, la volupté y est condamnée et tout adultère férocement réprimé.
  • Diderot le libertaire, inventeur de la cité océanienne libre et si hédoniste, voile et rend intouchables les femmes stériles.
  • Fourier permet tout – mais dans une classification maniaque de phalanges, brigades, corporations et autres ordres, où même les orgies obéissent à un rituel rigoureux.
  • Puis viennent Freud, Reich et Marcuse. L’utopie sexuelle se fait « politique », elle vise à libérer l’énergie libidinale refoulée par « le capitalisme », pris comme la pointe avancée du dressage séculaire d’église.

Le rôle de l’utopie reste d’irradier le concret depuis l’abstrait, plaçant un « modèle » platonicien afin de modifier la façon de voir la réalité. Les communautés post 68 ont ainsi tenté de « réinventer » l’amour, les liens humains et la vie quotidienne ; l’esprit « queer » a joué des corps et des pratiques, subvertissant les genres et l’identité sexuelle. Rien de neuf au fond : la vieille idée est de retrouver « la nature », non entravée par les conventions sociales. Depuis Diogène le cynique jusqu’aux îles lointaines épargnées par « la civilisation » (sous-entendue « chrétienne et occidentale ») et à Rousseau, le sexe est censé se pratiquer sainement au vu et au su de tous – « librement ». Lubricité et perversité, tout comme pudeur et honte, seraient des contraintes artificielles de la morale convenue.

Sans conteste, il y a dans ce mouvement le meilleur et le pire… Comprendre l’autre sexe, ne plus le voir comme « inférieur », accepter le plaisir – et en donner –, accepter que la libido puisse n’être pas orientée par le genre, sortir la sexualité du tabou honteux pour la ramener dans l’ordre des relations humaines, voilà qui est positif.

Mais, comme en toutes choses, cette « liberté » oblige. Elle n’est pas « laisser-faire ». Tout n’est pas « permis » : non par une quelconque instance extérieure à ce monde, mais par la propre dignité humaine que l’on a en soi. Baiser n’est pas une obligation, ni « le plaisir » un exercice mécanique, ni « forcer » un acte prophylactique envers « les coincé(es) » qui « ne demandent que ça ».

La prostitution est par exemple le reflet de la misère psychique et physique, parfois un moyen de survie pour les victimes de discriminations ; elle est un commerce qui se sert de l’être humain comme d’un objet, en faisant une sordide marchandise. Accepteriez-vous que votre femme ou vos enfants se fassent « prendre » par n’importe qui ? Pourquoi alors en faire autant à ceux des autres ? Nul besoin de moraline là-dedans : rien que l’estime de soi suffit pour dire « non ».

Autre exemple : la vidéo porno alimente en comparaisons « médiatiques » le narcissisme contemporain. Les jeunes se comparent aux étalons ou aux nymphomanes, comptabilisant le nombre de fois, observant l’invraisemblable des positions, se faisant une idée fantasmatique des filmiques « désirs insatiables ». Qu’y a-t-il de réel et d’humain dans cette charcuterie gymnique ?

Dessin de garçonnet tahitien par Michelle Villemin :

Les îles ne sont plus désormais isolées et le sexe y est aussi pauvre et aussi tourmenté que dans nos pays. La télé comme le net sont partout. Hiata rappelle un sondage dans la presse tahitienne : « aujourd’hui pour vous, le sexe est-il un sujet tabou ? Non à 84%. On peut douter de ce résultat idyllique.

Il demeure difficile de parler de sexe en Polynésie Française : le poids des églises et la pudeur des gens demeurent. Quand on leur demande ce qu’évoque le sexe, 76% des résidents de moins de 5 ans et 55% des revenus supérieurs citent plus fréquemment « le plaisir » que l’amour… 59% considèrent que « les nouvelles générations sont plus précoces », même si 62% ont eu leur première expérience sexuelle à « 16,6 ans » et seulement 15% à 13 ans. 57% considèrent que les comportements sexuels sont « un traumatisme physique ou mental », 44% évoquant des maladies possibles.

Rien d’étonnant à ce que l’influence majeure sur la sexualité dans les îles soit accordée par les interrogés aux églises pour 44% et à la télévision pour 24%. Sur l’influence propre des médias, 80% pensent à internet ! Même si les questionnés admettent à 95% que ce sont « les parents » qui doivent être les principaux acteurs d’une éducation sexuelle… » A l’école, la dimension affective de la sexualité est mise au second plan dans les séances d’éducation ; elles sont surtout centrées sur la prévention des risques.

Alors, l’amour est-il un art ou une science ? Saurons-nous jamais cesser de compartimenter les comportements humains ? A chosifier toute relation dans le physiologique et le mesurable, dans le même temps que les églises comme les « bonnes âmes » laïques moralisent et répriment, ne risque-t-on pas de laisser l’être jeune tout seul face aux interrogations nées de la puberté, comme face aux fantasmes mis en spectacle dans l’industrie lucrative du « porno » ? Les littérateurs ont fait des îles un mythe d’utopie ; la triste réalité est bien loin de ces fantasmes !

Serge Tcherkézoff, Le Mythe occidental de la sexualité polynésienne, 1928-1999, PUF 2001, 224 pages, €27.07

Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, Folio 1982, 477 pages, €8.93

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Le mal au paradis

Un paradis, Tahiti ? Où le temps est toujours beau, la nourriture saine qui pousse sur les arbres et dans les lagons poissonneux, où les femmes sont belles et nues et les hommes faciles ? Tout cela, c’est le rêve, l’illusion biblique, parce que Tahiti se trouve au plus loin de la France et qu’on ne sait pas. La réalité est bien plus triviale… Alcool, drogue, dépression, suicides – qui se compensent par la bouffe, les horoscopes, les nouvelles religions.

La femme de tout Polynésien est la bière Hinano qu’il consomme avec abus entre vendredi soir et dimanche soir. Sa petite soeur est le pakalolo (cannabis) et l’ice (metamphétamine). Ce sont deux drogues dévastatrices ici, surtout lorsque mélangées à de la bière ou de l’alcool. Le résultat : des accidents de la route, des bagarres, des viols, des violences conjugales. Chaque fin de semaine voit des morts. Dans le cas des violences conjugales, la femme frappe avec un couteau son tane (mari) tandis que l’homme la bat à mort avec ses poings laissant, comme en juin, cinq orphelins de 10 à 2 ans.

Ironie, le Français de Polynésie constate que le Français de France boit plus que lui sans être victime de tous ces maux ! Comme l’expliquent les journalistes en suivant les médecins, c’est que le Métropolitain boit certes trop aussi, mais sur huit jours tandis que le Fenua (pays) avale la même quantité en deux jours, tout en le mélangeant avec d’autres drogues. Pourquoi ? A cause du « fiu ».

C’est un sentiment respectable et respecté. Quand un Polynésien vous dit : « je suis fiu », la Popaa que je suis se fait toute petite. Comment traduire : cela peut être qu’il s’ennuie terriblement, qu’il est las de tout et que cela déclenche chez lui un sentiment de rejet, de ras-le-bol, et donc qu’il n’y a lieu de ne pas insister. Le fiu est la dépression noire. C’est fiu de retourner acheter des allumettes oubliées chez le Chinois. Si le maçon est fiu, il s’arrêtera de travailler pour quelques jours ou pour plusieurs semaines. Si la serveuse du café est fiu, elle s’appuie sur son comptoir et reste là, donc pas de service. Je traduirais par mélancolie, langueur, dégoût de tout. Parfois, cela me gagne aussi. Est-ce que l’ennui n’est pas le revers du paradis ?

Ne pas confondre le fiu avec le « burn out ». Une étudiante en médecine fenua, Sabrina Chan Lin, épouse Chanteau, vient de soutenir une thèse de doctorat sur l’épuisement professionnel. Il se manifeste par un épuisement émotionnel, une déshumanisation et la réduction de la compétence personnelle. A Tahiti, 12% des jeunes médecins présenteraient un tel syndrome.

Ils se suicident alors beaucoup aussi. Les jeunes de 15 à 35 ans sont les plus nombreux, même mariés, même chargés de famille.

Pour compenser, les festivités sont nombreuses, les dépenses en cadeaux importantes et les enfants gâtés pour la plupart. La nourriture d’exception, venue de Nouvelle-Zélande, prend ici de l’importance : les huîtres très laiteuses, les palourdes énormes, les moules vertes grosses comme des moules espagnoles, le veau débité en gros morceaux, le puaa (cochon) local grillé. On ne mange pas, ici, on bouffe. Le mauvais cholestérol s’accumule car le Polynésien aime les moules farcies, les palourdes farcies, la volaille farcie et mange moins légumes et de fruits (produits locaux moins tentant). Le diabète apparaît avec les mœurs américaines de boire des sodas très sucrés, beaucoup et n’importe quand. Beaucoup de Polynésiens sont obèses, 30% selon les études, et 40% sont atteints de surpoids (soit 70% de la population au total !). Les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes, les gamines et les gamins sont obèses, sauf ceux qui s’adonnent aux sports traditionnels comme aux sports introduits par la modernité, mais cela demande un effort.

D’autres font confiance aux horoscopes. Chaque jour dans « La Dépêche de Tahiti »  ou dans « Les Nouvelles de Tahiti », vous pouvez consulter votre horoscope. Sur toutes les radios et sur les différents programmes de télévision on diffuse plusieurs fois par jour l’horoscope « normal » et, en plus, l’horoscope « chinois ». Les programmes de télé donnent tous les horaires.

Les nouvelles religions fleurissent. J’ai été conviée à assister à une conférence donnée par une voyante marseillaise qui invoque les « Maîtres », Ramtha, les archanges, les anges, qui soigne par les chakras et la respiration « essinienne » (?). Mais elle fait concurrence aux sorcières et prêtresses locales. Un sort a été lancé sur la Marseillaise par la meneuse de la prière à la cascade. En effet, chaque dernier samedi du mois, j’accompagne E. à la cascade de Faone. Merci de ne pas rire, pas même de sourire. Il s’agit d’aller recevoir de l’énergie. Tous les participants se mettent en rond, pieds nus sur le sol, se donnent les mains, une main donnant, l’autre main recevant. La Prêtresse parle aux nouveaux adeptes, puis récite un Notre-Père. Les nouveaux en priorité s’en vont, huilés de monoï, dans le bassin pour recevoir l’eau de la cascade. Ils touchent la roche pendant que la Prêtresse prononce des paroles. Certains pleurent, certains crient. Quand tout est calmé, les participants font déborder le bassin et prononcent une autre prière. Séchage, rhabillage et le petit-déjeuner est pris en commun de l’autre côté de la route face à l’océan.

Hiata de Tahiti

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Salon Destinations nature aujourd’hui et demain

A la Porte de Versailles à Paris, hall 4, se tient vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 mars le 27ème salon destinations nature. Il y en a pour tous ! Du senior avancé au gamin, du solitaire au groupe, en passant par les couples, les amis ou la famille entière. Du raid et du bien être, de l’aventure hard et du spa cool, de la montagne et de la gourmandise, de la chaussure ou du vélo. Et même de l’escalade et du kayak. On trouve tout au printemps du voyage.

Cette année est celle de la forêt. ONF et IGN sont en première ligne, suivis des agences de circuits découvertes et pédestres. Les Pyrénées sont à l’honneur avec l’agence La Balaguère.

Le salon est sympa, vous pourrez avoir des informations, suivre des films et conférences, prendre un air de vacances, choisir votre destination et goûter les produits du terroir même les plus exotiques. Il y a divers ateliers pour petits et grands tels que la mécanique du VTT, la marche nordique, la découverte de l’huile d’olive, lire les cartes avec l’IGN, les chauve-souris avec l’ONF…

Intellos, vous connaissiez les ‘Cahiers de l’Herne’ ? Voici les ‘Cahiers de l’âne’ qui vous fera découvrir les vertus d’Aliboron. Quelques spécimens broutent leur foin dans un enclos odorant du salon et viennent faire caresser leur fourrure rêche entre les deux oreilles.

Avec le Japon, son nuage et son chauffage-centrale usagé, le bio est à l’honneur.

Les paysans aussi.

Le cochon catalan n’est pas atteint et fort savoureux.

Les punchs créoles sont appétissants, comme les jeunes dames qui les servent bien frappés !

Les gamins amenés ici par le système scolaire s’intéressent à tout ce qui est sport. Notamment fabriquer un cerf-volant.Evidemment le mur d’escalade où ils admirent les grands.

Ou l’élan bien chaussé du Vieux campeur. 

Mais il s’agit de tout recycler, hein !

Avec Chemins du sud vous irez à pied en France, au soleil, ou dans les pays méditerranéens. Deux Français sur trois randonnent en France « pour se maintenir en forme » et « passer un moment avec ses proches », disent-ils. L’ONF a inventé une formule de rando tout compris qui valorise son savoir-faire dans les paysages méconnus et préservés, dans le respect de l’environnement avec ses randonnées Retrouvance.

Avec Terre d’aventures, vous irez partout. En France, en Europe et ailleurs. Avec 10% de réduction salon sur l’Islande, le Maroc et le Népal. Faites vite pour vous préinscrire !

De nombreux catalogues et documents vous diront tout sur tout.

Et pour les casaniers, ou ceux qui veulent en rêver avant et après, outre les guides Lonely Planet ou Petit Futé, vous avez aussi pléthore de romans de voyages !

Salon Destinations Nature, métro porte de Versailles, hall 4

Tarif normal 8€, 5€ pour les moins de 18 ans et les étudiants. 5€ aussi pour ceux qui prennent leur billet par internet. Gratuit jusqu’à 12 ans.

Le dimanche 27 :

  • rando dans Paris (entrée libre) par les randonneurs de la Sarthe, départ 10h15 porte de Pantin
  • randos diverses dans Paris pour tous les tempéraments, par la Fédération française de randonnée (FFR) Île-de-France site internet ou 01 48 01 81 51
  • rando rollers et coquillages (mineurs accompagnés et adultes), départ 14h30 place de la Bastille. 
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