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Christine, Michel et l’Inde

Ce soir, Christine nous raconte sa période hippie. Elle ne l’a jamais été « à fond », nous dit-elle (qu’entend-t-elle par-là ?), mais elle « en » a côtoyé pas mal. Chacun venait dormir chez celui ou celle qui avait une chambre, prenait le petit-déjeuner tout nu avec les autres, mangeait assis par terre avec les doigts. On faisait un pool de vêtement et chacun prenait n’importe quoi pour s’habiller ensuite, ce qui lui tombait sous la main, en général trop grand ou étriqué. Les garçons « ne portaient pas de slip » ni les filles de « soutifs » (cela « faisait bourgeois »), tous se lavaient rarement. Pour chasser les odeurs, on brûlait de l’encens. Les hippies allaient rituellement aux Indes et en rapportaient des robes safran, avant de « tout quitter » pour aller confectionner des marionnettes dans les MJC de banlieue ou élever des chèvres en Ardèche – tout un programme ! Christine nous dit qu’elle portait des robes indiennes, des parfums « pas possibles », et marchait toute l’année pieds nus dans des tongs, même en plein janvier.

nepal ciel

Mais sa période tongs s’est arrêtée le jour où elle a mis le pied dans une belle et grasse merde de chien, élément du décor très courant à l’époque sur un trottoir de Paris ! Elle a trouvé cela « tellement horrible », l’aspect pâteux et l’odeur, qu’elle a arrêté d’aller les pieds à l’air aussi sec. Ineffable Christine ! Vingt ans plus tard, nous en sommes déjà aux souvenir d’anciens combattants. En 1968, et dans les années qui ont suivi, j’étais trop jeune pour avoir connu cela, et tout s’était bien affadi à la fin des années soixante-dix. Quant à Elle, qui a passé le bac en 1968, elle est restée ensuite bien trop occupée par ses études de médecine pour se laisser aller à de telles rencontres.

nepal effets de brume

Lily me conseille à nouveau vivement de lire Le Banquet de Platon, « le plus beau livre sur l’amour, il y a tout, », selon elle. Y compris les prémisses de la psychanalyse (ah ?). Je ne vois pas pourquoi elle insiste tant sur ce point. Les soirées deviennent de plus en plus intéressantes et de plus en plus intellos.

nepal terrasses godawari

Le matin suivant connaît un froid humide. Tout le monde se lève tôt. Nous nous sommes couchés tôt le soir, en raison du froid déjà pénétrant et de la fumée du feu dans les yeux. Et Michel nous a saoulés par un monologue sur les pays qu’il a visité. Il nous a déjà tout dit plusieurs fois, mais il reprend et en rajoute. Et les Indes, et les États-Unis, et Java, et l’Allemagne, et encore les Indes… La vox populi m’avait dit que « les profs, en groupe, c’est l’horreur parce qu’ils parlent tout le temps ». Eh bien c’est vrai : Michel est gentil et intéressant, mais à petites doses. Il ne peut pas voir quelque chose de nouveau au Népal sans aussitôt nous sortir : « mais en Inde… » Cela finit par être agaçant. Nous sommes ici au Népal, dans un pays nouveau, et il faut le regarder tel qu’il est et non pas selon les images préconçues des scènes d’ailleurs.

ferme nepal

Montée de la vallée jusqu’au col, d’où l’on prend la descente vers Godawari. Le sentier est rendu très glissant par l’humidité qui persiste de la pluie d’hier. Le ciel est encore couvert, tout gris. Au programme, la visite des « botanical gardens » dont les serres sont garnies de divers fuchsias, impatiences, cactus et autres orchidées. Rien n’est très fleuri en cette saison et le tout fait un peu vrac, mais cet endroit est « célèbre » au Népal selon Tara la bleue (elle porte aujourd’hui une robe bleue).

Et la pluie commence à tomber. Heureusement, un kiosque du « botanical garden » nous protège à cet instant. Nos cuisiniers, qui officient dehors sur un pré, sont mouillés, mais ils n’ont pas l’air de s’en soucier. Le temps, pour eux, est simplement « vivifiant ». Nous commençons à trouver que les livres mentent. La « saison sèche », avec son seul « jour de pluie moyen » en décembre et un autre en janvier, est cette année hors norme !

Godawari nous offre son temple de Shiva, orné de cinq fontaines d’eau sacrée. La pluie cesse, mais le ciel reste chargé. Deux femmes passent avec chacune une lourde charge de feuilles, pour nourrir les bêtes je suppose.

Godawari nepal femmes portant charge

Michel s’empresse de nous donner des conseils pratiques sur l’Inde, au cas où il nous aurait donné envie d’y aller. Il ne peut pas se taire cinq minutes d’affilée. Pour lui, il faut aller en Inde en juillet, en zone sèche. Prendre deux nuits d’hôtel à l’arrivée pour se remettre du décalage horaire et de la moiteur du climat, qui saisit tout occidental à l’arrivée. Le mieux est de se faire confectionner (en quelques heures et pour quelques dizaines de roupies) un « costume indien », pantalon large et tunique dégagée au col, en coton léger ; c’est confortable à porter et aéré. Et l’on se fond mieux dans la population. Visiter Delhi, Agra, Simla éventuellement, Pushkar, célèbre pour sa foire aux chameaux en octobre ; aller aussi à Ajmer, Bikaner éventuellement, passer quatre jours à Jaisalmer, avec au moins une journée dans le désert, Jodhpur et le désert du Rajasthan, prendre un train couchettes pour Jaipur, puis Udaipur, Ahmadhabad, et finir à Bombay (où les hôtels sont chers). Prévoir deux jours de battement pour le retour en raison des retards possibles. Les transports locaux ne sont pas rapides, il faut compter de n’effectuer que trente kilomètres par jour. Réserver les billets d’avion bien à l’avance et arriver largement avant l’heure. Louer des vélos pour voir les villages. Essayer les trains couchettes. Tenter un bus pour l’expérience, mais ne pas insister, ils sont pleins, sales, et éprouvants ! Emporter une moustiquaire et son drap housse, ceux des hôtels étant crasseux. Ne mettre aucun objet précieux dans le bagage de soute. Prendre avec soi des cartes postales de l’endroit où l’on habite, éventuellement des photos de soi avec ses enfants ou ses parents (la famille est très appréciée). Si un jour nous y allons tout seul, nous serons ainsi parés. Toujours pédagogique, le prof.

gamin godawari nepal

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Le Sénat découvre avec surprise les entreprises

Dans un intéressant Rapport d’information du 16 juillet 2015, les sénateurs avouent ne rien connaître du monde de l’entreprise. Au premier semestre 2015, 42 sénateurs de tous les groupes parlementaires vont donc « à la rencontre » des entreprises dans six régions, comme on allait jadis explorer le pays bantou. Ils découvrent avec effarement « le terrain », abandonné depuis des décennies au profit des petits jeux de pouvoir entre petits partis. La lecture de ce rapport public (merci Internet) – est effarante !

Dès l’introduction, « Laissez-nous travailler ! » : ce cri du cœur, c’est celui des premiers entrepreneurs que nous avons rencontrés en Vendée. Mais nous l’avons entendu lors de chacun des déplacements qui ont suivi ».

senat paris

Sont alors déclinées les sept découvertes étonnantes du monde économique :

1/ Le « maquis réglementaire » :
Un entrepreneur de Seine-et-Marne a indiqué que 40 % de son temps est consacré à gérer la partie administrative de son activité.
« En Vendée, l’un des entrepreneurs a indiqué diriger quatre entreprises de 49 salariés, précisant que « lorsqu’on passe le seuil du 50ème salarié, il faut en embaucher un 51ème pour gérer les nouvelles contraintes ».

2/ « L’inflation des normes de tous ordres » :
Dans la construction, « une entreprise du Pas-de-Calais a pris soin de dénombrer les normes à respecter : elle en a dénombré 167 et a indiqué que cela avait un coût (…) une construction qui coûtait 720 000 € en 2010 coûte aujourd’hui 940 000 € ».
Certaines normes sont kafkaïennes : comment justifier les obligations antisismiques là où la terre n’a jamais tremblé ?
Parfois, « les réglementations environnementales évoluent plus vite que l’avancement des dossiers ».

3/ Une « distorsion concurrentielle » :
« Alors que les entreprises françaises sont confrontées à de nombreuses barrières à l’export et doivent se plier à des exigences normatives de plus en plus complexes, comment comprendre que ne soient pas imposées aux produits importés des règles s’alignant sur les standards européens en matière d’éthique sociale ou environnementale ? »
« En Seine-et-Marne, diverses entreprises ont déploré les distorsions de concurrence entre pays européens en matières fiscale et sociale. L’une d’elles, proche du dépôt de bilan, a estimé que la même entreprise que la sienne serait profitable en Allemagne, en Espagne ou au Royaume-Uni ».
« Des distorsions sont aussi dénoncées en matière d’ouverture des marchés publics, la France apparaissant moins protectrice à l’égard de ses entreprises ».

4/ La manie administrative :
« De nombreuses voix, notamment dans le Pas-de-Calais, se sont aussi élevées pour dénoncer la tendance française à transposer les normes communautaires de manière maximaliste, notamment en matière de droit de l’environnement ».
« Les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) n’imposent pas les mêmes contraintes aux entreprises en fonction des régions concernées ».
« Dans plusieurs départements (Drôme, Pas-de-Calais…), des filiales de groupes étrangers ont témoigné de la frilosité des investisseurs étrangers qui appréhendent le maquis et l’instabilité fiscale et réglementaire qui caractérisent la France ».

5/ L’absurdité d’État :
« Plusieurs entreprises, en divers endroits de France, en viennent à réclamer la fin de toute aide, en échange d’un allègement de leurs charges et d’une simplification de leurs obligations. La myriade existante de subventions, crédits d’impôts, ou exonérations fiscales variées est vue sur le terrain comme une source de tracasseries administratives supplémentaires, chronophages et d’effet modeste ».
« Le produit du CICE est si modeste qu’il est en réalité contrebalancé par la taxe additionnelle sur l’impôt sur les sociétés (outre la contribution exceptionnelle courant jusqu’en 2015) ».
« Tous les entrepreneurs ont l’impression d’un jeu de dupes, qui nuit à la lisibilité de l’action publique. La plupart sont écœurés par la complexité des dossiers à remplir et par les contrôles des services fiscaux ou de l’URSSAF qui suivent souvent l’octroi d’une subvention ».
« Dans le Pas-de-Calais, la filiale d’un groupe britannique de chimie a indiqué que la modernisation d’une ligne de production en France avait bénéficié de subventions pour moins de 1 % du montant de l’investissement et versées un an plus tard, quand la modernisation d’un de ses sites américains avait reçu une aide publique à hauteur de 12 % de l’investissement et versée immédiatement. »

6/ Les impôts :
Les entreprises « plaident la suppression de toutes les aides en échange d’un allègement des cotisations sociales, qui continuent de grimper à un niveau qualifié par un entrepreneur de Seine-et-Marne de « désespérant » : l’intéressement est passé de 0 à 20 % en 4 ans, les mutuelles de 0 à 15 %, et le bulletin de salaire fait deux pages. »
« A régulièrement été dénoncée la lourdeur de la fiscalité frappant un moment clef de la vie de l’entreprise : la transmission »
« Nombre d’entrepreneurs ont effectivement demandé que l’harmonisation fiscale progresse en Europe et que les impôts frappent plutôt la valeur ajoutée que les salaires ou l’investissement. »

7 / L’attitude méfiante et caporaliste de l’administration :
« Une entreprise du Pas-de-Calais témoignait des ennuis que lui faisait l’URSSAF pour la corbeille de fruits qu’elle offrait chaque semaine à son équipe de salariés et que l’URSSAF assimilait à un avantage en nature, une de la Drôme a indiqué avoir dû consacrer 24 heures à la DGCCRF pour avoir oublié un « s » sur une étiquette ».
« Deux entreprises que nous avons visitées (Acrelec et JPB Système), exportatrices l’une comme l’autre, ont relevé que les contrôles fiscaux s’étaient paradoxalement multipliés à leur encontre, depuis que la première a reçu en 2013 le prix de l’entrepreneur d’Île-de-France et depuis que toutes deux ont demandé un remboursement de TVA en tant qu’exportateur. Cette attitude suspicieuse a même été qualifiée de punitive, s’agissant de l’inspection du travail dans le Pas-de-Calais ».
« Décalage temporel entre la sphère administrative et les entreprises : certaines dispositions prises par des entrepreneurs sur le fondement de nouvelles lois sont ensuite contestées par l’administration fiscale, qui les juge non conformes à l’instruction fiscale prise – avec délai – en application de la loi. »

Il y a bien d’autres choses dans ce rapport qui rappelle Marie-Antoinette jouant à la bergère : la rigidité du droit du travail qui empêche de licencier, fait planer la menace d’indemnisations sans rapports avec le chiffre d’affaires de l’entreprise (au nom du tout le monde pareil, Cac40 comme PME), l’absence de formation professionnelle digne de ce nom, l’inadaptation de Pôle emploi…

On voit que la fiscalité n’est pas le premier handicap pointé par les entreprises – contrairement aux affirmations mensongères des partisans – mais la complexité et l’instabilité.

Seul le Crédit impôt recherche a été salué, ainsi que l’action de la Banque publique d’investissement : enfin des initiatives utiles !

Mais, devant l’inertie d’élus pour la plupart fonctionnaires ou de professionnels de la politique qui n’ont jamais vu le terrain ; devant la politique de « principes » et non de pragmatisme pour aider à innover, à entreprendre et à travailler ; devant la mauvaise rédaction des lois trop obéissantes au micro-lobbies et la lenteur des décrets d’application ; devant l’ignorance politique de ce que font les autres pays européens (pourtant dans le même bassin économique en concurrence) – les cadres et entrepreneurs français quittent le pays sur la pointe des pieds.

Selon Les Échos, les expatriations se sont multipliées par trois en 5 ans. Depuis Hollande, les chiffres publiés par Bercy confirment l’accélération : entre 2012 et 2013, les départs de foyers dont le revenu fiscal de référence dépasse les 100 000 € ont augmenté de 40 %, avec 3 744 départs. Les départs chez les redevables de l’ISF représentent moins de 0,3% des contribuables assujettis à cet impôt, mais l’accélération est préoccupante pour les finances publiques : les foyers dont le revenus fiscal de référence dépassent 100 000 € ont payé 24,2 milliards d’€ d’impôts sur le revenu des personnes physiques en 2013, soit 37,7% du total…

Yves Montenay, Président de l’Institut culture, économie et géopolitique (ICEG) analysait déjà, en 2014 : « Les raisons psychologiques peuvent être résumées par le terme « sentiment anti-entreprise » et sont aggravées par un sentiment d’insécurité et d’incohérence. Cette hostilité a dans un premier temps facilité leur surtaxation, et freine actuellement la correction de cette erreur : les parlementaires continuant à proposer de multiples petites mesures alourdissant les impôts et les complications ».

Il notait : « Les grandes banques françaises délocalisent vers l’Inde des activités haut de gamme : informatique, back-office (Les Échos du 28 avril 2014), et autorisent leurs filiales, notamment à Londres, à recruter localement. Total a installé dans cette ville son service de trésorerie et la bourse de Paris ses gros ordinateurs. Le DG de Sanofi et son comité exécutif sont à Boston (Le Monde du 4 juin, qui titre « l’exode des états-majors du CAC 40 »). Et le mouvement s’étend aux sièges sociaux dans leur ensemble : Lafarge ira à Zurich après s’être réfugié dans les bras de son collègue suisse Holcim, Rhodia ira en Belgique chez Solvay. »

Saluons le courage des sénateurs de se transporter en province et dans des entreprises, mais combien faudra-t-il de chiffres, de rapports, de « visites » sur le terrain, avant que les élus manifestement ignares décident – enfin – de ce qui est bon pour l’emploi et pour la France ?

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Petites entreprises, la honte française

Dans sa Lettre de décembre 2014 n°128, la société d’éditions en analyse financière Vernimmen (la Bible des analystes et comptables français, en partenariat avec HEC), publie une édifiante comparaison des « charges » qui pèsent sur les petites et moyennes entreprises en France, en regard de celles de l’Allemagne. Il s’agit bien de « charges » handicapantes et punitives, et non pas de « contributions » justes et socialement utiles, tant l’écart apparaît grand entre les deux pays… pour un résultat citoyen pas vraiment amélioré !

Jacobins de gauche et bonapartistes de droite sont coupables, qui ont toujours préféré « la politique » à l’économie, le volontarisme théâtral aux réalisations industrieuses. Mais la crise financière et la concurrence économique rendent ces prélèvements désormais insupportables : ils accentuent le chômage, malgré les beaux discours des politiciens qui en font – soi-disant – leur « priorité ». Les prélèvements obligatoires des PMI françaises (cotisations sociales + taxes multiples + impôt sur les sociétés) sont TROIS FOIS plus élevés qu’en Allemagne. A productivité égale, du seul fait des prélèvements, leur résultat net final est de moitié.

C’est ainsi que s’explique le faible investissement des petites et moyennes entreprises en France, pointé sans explication par les économistes : pas de résultats positifs suffisant = pas d’investissement = peu d’innovation = peu de ventes = aucune embauche. N’en déplaise aux syndicats idéologiques, ce sont les profits qui font l’investissement.

investissement entreprises france 1995 2015

Les réformettes Macron, trop peu trop tard à cause de la procrastination Hollande, n’amélioreront qu’à la marge la situation. Les grandes entreprises, parce que largement multinationales, peuvent investir hors de France et optimiser leur fiscalité sans problème ; pas les petites… Mais les politiciens français, de droite comme de gauche, ne pensent que « grand », ils ne voient jamais les humbles sous leurs pieds.

Les prélèvements obligatoires les plus lourds sont subis en France par les entreprises de 50 à 249 salariés, équivalant au « Mittelstand » allemand qui fait la force de ce pays. En Allemagne, à l’exception des cotisations sociales et de quatre petites taxes, les impôts acquittés par les entreprises sont intégralement variables et proportionnels au résultat courant avant impôts auquel ils sont corrélés.

charges comparees pmi france allemagne

En France les sociétés sont D’ABORD soumises à des cotisations sociales deux fois supérieures – par méfiance administrative envers les « intérêts privés ». Même lorsque l’entreprise française aura connu un résultat négatif, elle devra néanmoins payer, non seulement des salaires et cotisations sociales part « patronale » plus élevée qu’en Allemagne, mais aussi des taxes – ce qui n’est pas le cas en Allemagne.

Cri du cœur des auteurs de la Lettre Vernimmen : « Que nos politiques, la presse et notre haute administration prennent d’abord en compte ces faits, avant de charger les entrepreneurs français de tous les péchés : manque d’innovation, d’investissements, de qualité… etc. »

Je vous laisse méditer cette information – soigneusement cachée par les Hollande et Sarkozy, Montambour et yakistes UMP.

Vernimmen va même plus loin : chacun peut vérifier par lui-même cette comparaison pour sa petite entreprise. « Alain Glon et quelques autres personnes viennent donc de concevoir un programme informatique très simple, qui démontrera cela pour toute entreprise volontaire (…). Il suffira (…) d’envoyer les chiffres de son dernier exercice, à l’état brut, c’est à dire les feuillets de son dernier compte d’exploitation, à un expert-comptable assermenté : Pierre Chastanet à Vannes : pierre.chastanet56@gmail.com, tél. 06 86 38 22 41, sous un numéro de code connu de lui seul qu’il vous aura attribué, pour recevoir par retour le pro-forma de vos comptes pour votre entreprise… si elle était installée en Allemagne. »

Chiche ?

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Chômage : la faute à Hollande

Entendons-nous, le chômage ne date pas du règne de François Hollande, mais lui l’a aggravé : + 14% entre 2011 et 2013 si l’on fait la moyenne des écarts du tableau INSEE récemment publié ! Pire : il avait promis – juré – qu’il « infléchirait la courbe du chômage » l’an dernier. Non seulement il n’en a rien été, mais le président s’est ridiculisé. Une fois de plus. Comment, en effet, éradiquer le chômage sans encourager l’emploi ? Cette vérité de La Palice reste bonne à répéter, tant les technocrates à la Hollande sont loin de la réalité des choses.

L’emploi, qui le crée ? Réponse : les entreprises quand elles ont besoin de produire et l’État quand il peut (or il ne peut plus, Hollande le répète à l’envi et Bruxelles autant que les marchés financiers le chantent aux quatre vents du monde). La majorité des emplois est créée par les entreprises, même les auto-entreprises – mais quel socialiste le sait ou le comprend ? Les socialistes au gouvernement ont même récemment détricoté la loi pour une fois intelligente sur l’auto-entreprise pour en faire des micro-entreprises (donc soumises à plus de paperasses et de charges) ! Un non-sens économique : pourquoi taper sur ce qui marche ? Par idéologie ? Par clientélisme ?

Les entreprises restent ces ennemis du socialisme, ces intérêts « particuliers » qui seraient loin de l’intérêt général (évidemment décrété par les technocrates socialistes au pouvoir qui savent mieux que vous ce qui est bon pour vous). Les entreprises sont ces exploiteurs du populo, condamnées aux poubelles de l’Histoire dans la théorie marxiste – CQFD : le socialiste reste ce croyant marxiste qui n’a rien appris de l’échec du socialisme réel en Russie, en Chine, au Cambodge et ailleurs. Mais les faits sont têtus : pour retrouver un semblant de croissance (donc des impôts qui rentrent) – et pour retrouver de l’emploi – les entreprises doivent être encouragées. Contre la gauche de la gauche de la gauche et même la gauche des socialistes (qui ne sait plus trop où elle est). Hollande a pris deux ans (DEUX ANS !) pour faire semblant de s’en rendre compte ou, du moins, pour accepter de toucher au tabou. Il a créé ce « machin » du CICE qui sera partiellement avantageux mais pas tout de suite et pas pour toutes les entreprises et exigera d’embaucher d’abord pour récupérer ensuite des impôts qui, de toutes façons, ont été déjà augmentés et ne sont pas près de diminuer… Ce qui est drôle est que CICE veut dire aussi International Center for Endoscopic Surgery – Centre international de chirurgie endoscopique – autrement dit l’exploration de la cavité intestinale par un instrument espion… Humour socialiste : les entreprises l’ont dans le c…

femmes seins nus paris observatoire

Les ménages sont imposés, taxés, mis à l’amende ; ils voient le prix du gaz, de l’électricité, du timbre, du train, des mutuelles, des assurances obligatoires – augmenter. Ils ne risquent donc pas de « consommer », ni même d’entreprendre des travaux écolos d’isolation, de remplacement de leur vieux diesel par une hybride d’avenir, ni d’autres investissements utiles ; ils boudent même le logement (merci Duflot, ministre idéologue choisie par Hollande le synthétique au détriment de toute cohérence ou efficacité !).

Or, pas de demande, pas de production. Pas de production, pas d’embauche.

Les fonctionnaires technocrates ont beau « exiger » des entreprises une « contrepartie » aux « cadeaux » faits par l’État. Mais quels cadeaux ? quand les impôts ont été alourdis, des taxes nouvelles créées, et que la paperasserie ne cesse d’augmenter, est-ce un « cadeau » que de redonner d’une main avare une toute petite part de ce que l’autre main a pris largement ?

Quant aux impôts sur le revenu des ménages, ils ont augmenté aussi pour tous mais surtout pour la classe moyenne – celle qui vote… Donc l’an prochain, baisse pour les plus modestes, juste avant les élections présidentielles 2017 : même les plus cons des électeurs sentent bien l’hypocrite démagogie du geste. Les ménages ne risquent surtout pas de dépenser ! Cet impôt sur le revenu que Hollande avait pourtant promis (une fois encore) de réformer pour le fusionner avec la CSG, le rendre plus progressif, étalé sur une assiette plus large. Comme d’habitude, à la Chirac, il n’a rien fait. Il a même viré Ayrault qui avait décidé de l’entreprendre. Ce n’est jamais le moment avec Hollande, cela touche toujours trop d’intérêts corporatistes ennuyeux à gérer, trop de clients électoraux qui menacent de faire défection. Donc il ne fait rien.

Hausse des impôts, idéologie du locataire-victime, haine de l’entreprise, retard à l’allumage pour se rendre compte des dégâts, comment la demande intérieure pourrait-elle répondre présent avec toutes ces « charges » (sans compter le déficit permanent et sans cesse en croissance de la Sécurité sociale) ?

Les Français ont peur : de ne plus pouvoir payer, de ne plus vivre correctement, de perdre leur épargne pourtant indispensable pour des retraites qui s’amenuisent, de la dépendance toujours pas financée, de voir les impôts et taxes augmenter dans le futur (après les prochaines présidentielles) : sur le revenu, sur l’habitation, sur le foncier, sur les plus-values, sur les assurances, sur la consommation. – Et pendant ce temps-là, l’État ne maigrit pas : Hollande envoie l’armée au Mali, en Centrafrique, en Irak, en Syrie. Des milliards non financés qu’il faut trouver quelque part. Les autres ont réformé leur État (la Suède, le Canada, l’Allemagne) – pas lui. Pour récupérer les lobbyistes Radicaux (« de gauche », bien sûr) il abandonne en rase campagne la réforme des collectivités territoriales qui aurait dû assurer au moins des économies de moyens ; pour éviter les jacqueries des routiers et des Bretons, il abandonne en rase campagne l’écotaxe, pourtant votée par les deux Chambres à l’unanimité. Pourquoi s’étonner si, avec Hollande, on a le pays bas ?

Les technocrates, jamais à court d’idées sur le papier, croient alors que pour contenir le chômage, il suffit de refroidir le thermomètre. Haro sur les chômeurs ! Mauvais travailleurs, mauvais citoyens, mauvais époux et pères, fraudeurs bien sûr (comme le clame le Front national ?). Pôle emploi a expérimenté (sur ordre et sous Hollande), de juin 2013 à mars 2014, une enquête sur la fraude à l’inscription. Les résultats ont été « dévoilés » le 15 septembre dernier. Ah, ah ! La découverte est de taille ! Imaginez-vous que 20 à 50% des inscrits « ne cherchent pas activement un emploi » ! Nous aurions donc un chiffre du chômage qui pourrait être divisé par deux, jusqu’à rejoindre le chiffre allemand, si le « surveiller et punir » (qui est la tentation permanente du socialisme réel) était appliqué en toute rigueur.

morale au gamin

Mais Pôle emploi avoue sans délai sa propre carence : une carence d’État. Les enquêteurs ont découvert des personnes découragées de chercher pour des raisons de santé, de logement, d’ancienneté au chômage ou d’âge (après 45 ans, hein, trouvez donc un emploi !). Les contrôles ciblés sur les inscrits depuis plus de six mois ou ayant suivi une formation ont été plus efficaces : prendre simplement contact avec eux les a remobilisés ! Évidemment, sur la formation, ce fromage des syndicats, Hollande n’a RIEN fait.  Donc il y a du boulot – et il est mal fait par Popaul qui agite sa trique mais se garde bien de chauffer pour donner envie.

Car Pôle emploi, comme toute administration, cherche avant tout à contrôler le droit et les règles, surtout pas à encourager ni à former ! Il avoue… que les sanctions actuelles sont avant tout liées au non-respect des procédures (461 000 radiations pour absence de réponse à une convocation) – pas au comportement fraudeur des chômeurs.

Il suffit un jour d’avoir eu affaire au personnel de Pôle emploi pour le savoir : c’est une bureaucratie, pas un cabinet de placement ni une aide à l’emploi. Nous sommes bien loin du Danemark ou de la Suisse, ou même de l’Allemagne ! L’état d’esprit procédurier inhibe toute initiative ; on ne vous propose jamais un travail mais toujours des papiers à envoyer, des droits à vérifier, des questionnaires à garnir, des cases à cocher. Tout cela pour que « le système » vous propose un emploi (temporaire) de « formateur en allemand » alors que vous n’avez JAMAIS fait d’allemand dans votre vie (c’est écrit sur le CV exigé par Pôle emploi… que personne chez eux n’a manifestement lu). Ou un « stage » de « conseiller financier » (à 50 ans et à 150 km de chez vous) où il s’agit de prospecter des clients en banlieue pour une banque locale (pour 420 € par mois – et vous devez vous loger !) alors que vous avez dirigé des banques ! J’en ai fait l’expérience personnelle.

De qui se moque Pôle emploi ?
De qui se moquent les fonctionnaires bureaucrates qui imaginent de tels « systèmes » ?
De qui se moque François Hollande, la bouche pleine de promesses et le tempérament incapable de commencer seulement à penser peut-être devoir un jour les faire réaliser ?

regardez a gauche puis a droite

François Hollande ne sera pas réélu : le chômage et les impôts sont des domaines trop sensibles et trop importants aux Français pour qu’ils reconduisent pour cinq années de plus un velléitaire à la tête du pays. Ne s’en rend-t-il pas compte ?

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Bonjour chômage

La France avant l’été connaissait selon l’INSEE 10.9% de sa population active au chômage. Soit bien plus que les pays germaniques (Autriche 4.7%, Allemagne 5.3%, Pays-Bas 6.6%, Danemark 6.8%, Suède 7.9%, Finlande 8.4%, Belgique 8.6%), mais tendant plus vers les pays latins du sud, restés archaïques et en retard sur le développement (Italie 12.2%, Croatie 16.5%, Portugal 17.6%, Espagne 26.9%).

La France devient progressivement un pays sous-développé.

emploi 2013 insee

Le taux de chômage des moins de 25 ans est parmi les plus élevés d’Europe (25.7%), et les plus de 50 ans ne sont chômeurs qu’à 7.2% parce que l’âge légal de la retraite est resté plus bas qu’ailleurs et qu’ils peuplent les catégories de travailleurs intermittents hors « sens du BIT » : ne sont pas chômeurs ceux qui travaillent au moins 1 h dans le mois et les auto-entrepreneurs, même s’ils gagnent moins de 3000€ par an.

Le système d’enseignement laisse environ 150 000 jeunes chaque année sans aucune qualification, d’autres avec des diplômes sans valeur sur le marché : 1/4 de tous les étudiants européens en sport (STAPS) ou en psychologie sont en France.

L’évolution des techniques, des métiers et des entreprises oblige plus qu’avant à la mobilité géographique, de métiers et d’employeurs. Or même les jeunes sont peu ouverts aux changements : les trois quarts des 15-30 ans interrogés par Ipsos pour La Gazette des Communes et Le Monde se déclarent intéressés par une carrière dans la fonction publique (sondage 2004 qui n’a guère évolué). Des bassins d’emplois comme l’Ouest, le Nord, la Savoie peinent à recruter.

Côté employeurs, le conformisme cantonne le recrutement au mouton à cinq pattes : 1/ jeune pour n’être 2/ pas trop cher payé, mais 3/ avec expérience pour 4/ être opérationnel tout de suite, et 5/ le meilleur dans sa spécialité bien sûr. Donc une fourchette d’âge entre 30 et 40 ans. Avant, il faudrait le former, après il serait trop exigeant.

La recherche est mal aimée, non seulement de l’État (qui préfère les « trouveurs » aux « chercheurs ») mais aussi des entreprises, guère intéressées par les bac+8, pré-jugés trop « abstraits » (la faute à l’enseignement uniquement théorique de l’université française). Les chercheurs vont donc poursuivre leurs études aux États-Unis, en Suisse, en Allemagne, en Chine. Et l’on manque d’idées pour l’innovation.

Sans parler des pouvoirs publics pour qui le chômage reste une paresse à secouer ou une honte sociale à contenir – voire un toilettage des statistiques par discrètes « radiations administratives ». Malgré quelques efforts, ni la fiscalité, ni les aides réelles à la création d’entreprise, ni la formation des chômeurs, ni l’accompagnement, ne sont sérieusement envisagés. Cela parce que les syndicats n’en font pas leur priorité, peu représentatifs (majoritairement fonction publique) et plus attachés à défendre les avantages acquis des « inclus ». Il fallait voir le fonctionnaire devenu président, le 7 août, déstabilisé par une Madame Michaud de 50 ans engluée dans les contrats aidés depuis des mois. Toute la différence entre les mots et les choses.

Que faire ?

Déjà regarder ce qui se fait ailleurs.

cahuc zylberberg le chomage fatalite ou necessite

Deux économistes, professeurs à l’Université de Paris 1 l’ont fait en 2004. Leur ouvrage est malheureusement toujours d’actualité, parce que les politiciens n’ont quasiment rien foutu depuis 10 ans, malgré de beaux discours. Sauf la fusion ANPE-Assedic, peut-être au mauvais moment où le chômage explosait, mais en tout cas nettement plus efficace en termes de traitement des demandes !

Pierre Cahuc est en outre chargé de cours à l’École Polytechnique, tandis qu’André Zylberberg est aussi directeur de recherches au CNRS. Ils examinent des études concrètes, livrent des faits mesurables, défrichent l’économie quantitative.

Pourquoi le chômage est-il plus élevé en France qu’ailleurs ?

Par ignorance. L’ouvrage commence ainsi : « La méconnaissance de la nature profonde du marché du travail est, en partie, responsable de cette situation ». Le chômage représente la friction nécessaire pour que les particuliers (démission, changement de domicile, retraite) et les entreprises (innovation, pression sur les coûts, concurrence) s’ajustent. Chaque jour voit disparaître 10 000 emplois (7 par minute) il s’en crée au même moment à peu près le même nombre, de façon « sensiblement identique dans tous les pays industrialisés » p.19

Aucun bouc émissaire ne remplace une analyse. Ni la démographie ni l’immigration, ni la bourse ne sont causes du chômage. « Au contraire, ce sont les pays industrialisés, où l’accroissement de la population active est le plus soutenu, qui ont les taux de chômage les plus faibles » p.31 La mondialisation décentralise les emplois sur le long terme mais très peu à court terme car plus de 60% des importations de l’Union européenne proviennent de l’Union européenne. Les licenciements ne sont pas « boursiers » : une étude américaine montre que, sur 28 ans, les 3878 annonces de baisse d’effectifs ont eu pour effet, sur les 1176 entreprises cotées à la bourse de New York, de faire BAISSER leurs cours et non pas de les faire monter. « Cette constatation signifie simplement que les entreprises qui font appel à des procédures de licenciement collectif ont, en moyenne, de moins bonnes perspectives de profit que les autres. » p.37 Une faible croissance ne cause pas mécaniquement du chômage, ce sont plutôt les différences d’organisation des marchés du travail en termes de réglementation, d’aide au retour à l’emploi, de taxes sur les salaires et de formation.

Collectiviser l’économie est régressif selon l’économiste indien Amartya Sen (cité p.41), prix de la Banque de Suède 1998 (dit ‘Nobel’) : « Nous avons de bonnes raisons d’acheter, de vendre, d’échanger et de conduire notre vie sur un mode qui exige l’existence de transactions. Un déni de liberté sur ce terrain constituerait, en soi, un grave échec pour la société. » Partager le travail est une idée « fausse » p.46, « l’impact de la réduction du temps de travail sur l’emploi dépend de la manière dont elle affecte la compétitivité des entreprises » p.61. « L’expérience allemande de partage du travail (entre 1984 et 1994) a permis à ceux qui ont conservé leur emploi de bénéficier d’horaires moindres sans perte de salaire, mais n’a PAS contribué à faire baisser le chômage. » p.63

Créer des emplois publics aidés n’insère pas les jeunes dans le privé. En Suède, « comparée à la moyenne des parcours des simples chômeurs n’ayant participé à aucun programme, les chances de retour vers un emploi non aidé sont sensiblement plus faibles, tout au long des 5 années de suivi, pour les personnes ayant bénéficié d’un emploi temporaire dans le secteur public. » p.181 En France, la DARES montre que le contrat emploi-solidarité « diminue les chances de retour vers l’emploi régulier de celui qui en bénéficie de 8 points de pourcentage. » p.186 Les études montrent qu’il vaut mieux vaut subventionner directement l’emploi privé.

La fiscalité a des effets pervers. « Une hausse des taux d’imposition des revenus les plus élevés modifie les comportements des personnes percevant ces revenus. (Elles) paient moins d’impôts lorsque le taux d’imposition augmente, ce qui signifie qu’elles diminuent leurs activités ou qu’elles en délocalisent une partie. » p.104 Comme les footballeurs européens qui vont exercer dans d’autres clubs ou les mannequins ’résidant’ à Londres.

Les aides aux chômeurs ne sont utiles que si elles sont organisées. « Comparée à d’autres pays, la France se situe dans le peloton de tête pour les aides à l’emploi (public et privé). Selon l’OCDE, ces aides s’élèvent à 1,04% du PIB pour l’année 2000. (…) La Suède ne dépense que 0,6% de son PIB en aides à l’emploi en 2000, alors qu’en 1994 elle en dépensait 1,91% » p.177 Mais la Suède est devenue bien plus efficace. Car « si les services publics de l’emploi ne remplissent pas leur part du contrat qui consiste à fournir une aide réelle au chômeur, et se contentent simplement de les contrôler, le système perd alors toute efficacité » p.120

Quelles sont les mesures pratiques qui pourraient être prises ?

Évaluer : « Il n’existe aucune instance indépendante, dotée de moyens suffisants pour évaluer l’intervention des pouvoirs publics sur le marché du travail. » p.13

Alléger les charges sur les bas salaires « crée beaucoup d’emplois. Il en résulte de nouvelles rentrées fiscales et des économies au titre des allocations chômage et des minima sociaux. » p.78

Simplifier la prime au retour à l’emploi. Elle a marché au Canada mais son adaptation française illustre le trop peu, trop tard. « Tout d’abord, la loi et le barème sont effroyablement complexes » p.99 « Les montants maximaux de la prime sont aussi très modestes. » « Le PPE distribue peu d’argent, mais à beaucoup de monde. Ce qui fait qu’en définitive son coût est très élevé. » p.100

Inciter à la bonne pratique plutôt que protéger à tout prix l’emploi. La protection « modifie les politiques de recrutement et de licenciement des entreprises sans influencer significativement le nombre de postes de travail dont les entreprises ont besoin. Son impact essentiel consiste finalement à répartir les risques de façon très inégalitaire. La législation actuelle (française) protège les emplois des salariés dotés d’une certaine ancienneté, mais pousse les entreprises à utiliser abondamment les contrats à durée limitée. Elle accentue ainsi la segmentation du marché du travail entre, d’une part des salariés protégés ayant accès à des emplois stables et, d’autre part, des salariés contraints d’accepter des contrats à durée limitée et des chômeurs ayant, en moyenne, peu de chances de retrouver du travail rapidement. » p.139 « Un mécanisme de bonus-malus, dans lequel le taux de cotisation à l’assurance chômage d’une entreprise augmente avec le nombre de licenciements auxquels elle a procédé, permet de limiter les destructions d’emplois inefficaces. » Cela n’a pas été tenté en France. Et pourtant, « un tel système joue un rôle central dans le financement de l’assurance chômage aux États-Unis » p.143

La formation est d’autant plus efficace qu’elle se fait tôt, dès l’école maternelle, afin de socialiser les enfants dans de bonnes conditions. La formation des ados est d’autant plus valorisante qu’elle est plus pratique, favorisant les comportements de recherche, de curiosité, d’expériences, de travail en équipe – le contraire même de l’abstraction pontifiante des profs àlafrançaise. La formation des adultes n’est utile pour retrouver un emploi que si elle est proche de leur savoir acquis. Une complète reconversion n’apparaît pas « rentable » au sens économique.

Les auteurs n’abordent le chômage que sous l’angle de l’économie empirique : comment il naît, ce qui le fait durer en France, et les solutions ailleurs qui donnent des résultats. Le livre n’aborde pas l’aspect personnel et social du chômage, la solitude, le sentiment d’abandon, d’inutilité collective. Cet aspect non-économique est aussi la vérité du chômage.

Pierre Cahuc & André Zylberberg, Le chômage fatalité ou nécessité ? 2004 Flammarion, 197 pages, €7.79

INSEE comparaison chômage euro, Europe, Monde

INSEE la précarité des sans-diplômes

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Mitterrand et le tournant de rigueur en mars 1983

Montebourg, Hamon et Duflot en appellent à « changer de politique économique » et à proscrire « la rigueur » ; le président Hollande récuse le mot rigueur puisque ni les salaires ni les prestations sociales ne baissent – mais il réaffirme son « sérieux » à tenir le budget. Vieux débat à gauche : le volontarisme politique ou le réalisme des circonstances ? Il y a toujours une alternative possible… encore faut-il vouloir en assumer toutes les conséquences. Une « autre politique » reste possible : au prix de l’isolement, l’étatisme autoritaire, l’inquisition fiscale, la fermeture au monde. La question s’est posée à Mitterrand dès 1982 : socialisme ou construction européenne ?

La tentation gauchiste est de récuser le réel pour l’utopie depuis les débuts du socialisme réel en URSS :

  1. « En 1920, le débat a été étouffé par les famines », rappelle Erik Orsenna, nègre de Mitterrand dans la revue Le Débat. La gauche de gouvernement veut au contraire tenir compte du réel pour agir ; ce sera la NEP de Lénine, la Nouvelle politique économique.
  2. En 1983, « sans développement économique, qu’allait pouvoir dire le socialisme ? », rappelle encore Orsenna. Sortir hier du serpent monétaire européen, sortir aujourd’hui de l’euro pour récupérer la politique monétaire ?
  3. Cela voudrait dire, aujourd’hui comme hier, dévaluer. Au cas où l’on voudrait pouvoir encore emprunter sur les marchés internationaux, cela signifierait faire une politique de rigueur bien plus drastique qu’aujourd’hui – à l’opposé des promesses de la gauche de la gauche. Ou bien augmenter lourdement impôts et taux d’intérêt, asphyxiant la consommation des ménages et l’investissement des entreprises, donc la productivité, l’innovation et l’emploi. L’État autoritaire peut bien sûr procéder à un emprunt intérieur forcé, confisquer les propriétés au-dessus d’un niveau jugé (par Mélenchon ?) indécent, nationaliser les entreprises : mais pour combien de temps dans un monde interconnecté ?

Qu’il est doux d’être à gauche du réel… quand on est dans l’opposition ! Dès que l’on arrive aux affaires, il faut composer avec ce réel, en Europe et sous l’œil du monde.

Les trois contestataires du gouvernement, s’ils étaient conséquents, devraient démissionner (comme Chevènement et Rocard l’ont fait en leur temps). Ils retrouveraient le confort inégalé de l’opposition et du rêve : « yaka ! si l’on ? pourquoi on ne fait pas ? ». Mais les politiciens de gauche aujourd’hui et la conséquence… Ne reste que le « moi je » personnel individualiste de la carrière. Donc se positionner « à gauche » pour la suite, au cas où.

francois hollande visage centre

Revenons sur la rupture d’il y a 30 ans pour les socialistes idéalistes qu’a engendré la décision de François Mitterrand de choisir la solidarité européenne plutôt que l’isolat socialiste français. Nous nous appuyons, pour ce faire, sur le Verbatim de Jacques Attali, sur Mitterrand, une histoire de Français, biographie de Jean Lacouture et sur la revue Le Débat, dans son numéro de mars-avril 2013, qui revient sur cet anniversaire.

Selon Jacques Attali, le lundi 7 mars 1983 « la plus difficile semaine du septennat commence ». La victoire des Chrétiens-démocrates en Allemagne et le net recul de la gauche aux élections municipales françaises accroissent la tension entre franc et mark. Nous l’avons oublié aujourd’hui, bien à l’abri derrière le coussin de l’euro, mais les politiques de chaque pays européen, du temps des vieilles devises, étaient immédiatement sanctionnées ou adulées par les marchés internationaux (y compris, pour la France, par les marchés allemand ou italien). La relance massive, faite à contretemps de la conjoncture, et les charges augmentées des entreprises en 1981, ont entraîné un vif déficit du commerce extérieur car la consommation s’est portée sur les importations. Les entreprises françaises ne construisent ni magnétoscope, ni ordinateur compétitif, ni une bonne part de ce que les Français désirent en 1983 ; celles qui en sont capables ont vu leurs taxes brutalement augmenter et ne peuvent investir. Le franc est devenu fragile, gros de deux dévaluations déjà, avec une inflation autour de 8% l’an et un déficit budgétaire pour 1982 de 150 milliards de francs.

Dès lors, il faut choisir entre 3ème dévaluation ou flottement. Le flottement signifie la sortie du serpent monétaire européen (SME) ancêtre de l’euro. Le franc se trouvera immédiatement dévalué par les marchés de 20% pour rééquilibrer le solde des échanges (exportations contre importations), le déficit extérieur croîtra de 2 milliards de francs par mois, nécessitant un emprunt international massif qui ne pourra se faire dans des conditions honorables sans vrai plan de rigueur. Et qui pourrait bien aboutir à la tutelle du FMI, les autres pays ne désirant pas prêter sans discipline. La France, par le pétrole, par sa consommation, par ses exportations, dépend de l’extérieur. Le temps du splendide isolement d’une population majoritairement rurale est révolu.

Selon Attali, trois programmes économiques socialistes se trouvaient alors en concurrence :

  1. celui « de bon sens » du Premier ministre Pierre Mauroy et de Jacques Delors,
  2. celui « saint-simonien productiviste » des visiteurs du soir du président (Jean Riboud, JJSS) encouragés par Laurent Fabius, Gaston Deferre et Pierre Bérégovoy – un « national-protectionnisme » (Lacouture),
  3. enfin celui des « experts de l’Elysée » dans lesquels Attali se situe, « dans la ligne du Premier ministre mais en plus socialement compréhensible ».

Deux scénarios possibles :

  1. sortir du SME et tenter le « socialisme dans un seul pays »,
  2. ou bien choisir la solidarité européenne et s’entendre avec les Allemands pour une dévaluation du franc et une réévaluation du mark concertée. En faisant jouer cette solidarité de pays en marche vers une communauté plus étroite, il est nécessaire de faire des compromis.

Il semble, selon les témoins, que François Mitterrand ait depuis toujours « choisi l’Europe » (Lacouture, Orsenna) au détriment des vieilles lunes du socialisme romantique. Mais, en « maître du bonneteau » (Lacouture), il a mis en scène cette décision de bon sens en consultant, en laissant croire qu’il ne choisissait que contraint et forcé, en jouant la fidélité des uns contre celle des autres pour tester leurs convictions.

Nous n’y étions pas, laissons les témoins scruter cet épisode. Mauroy aurait dit « je ne sais pas faire (…) La France deviendrait un gigantesque Portugal » ; Delors aurait refusé lui aussi. Restait à laisser se convaincre tout seul Fabius, Deferre et Bérégovoy qui penchaient (ce n’est pas nouveau) pour la rupture. Mitterrand dit à Delors de demander à Fabius de voir le Directeur du Trésor, qui avoue les réserves de devises au plus bas, un jour ou deux à tenir peut-être. Mitterrand laisse entendre à chacun qu’il sera obligé de changer de gouvernement et que le nouveau devra endosser la politique à mener. Qui aura la conviction suffisante et le culot de prendre à sa charge la poursuite d’une redistribution sociale généreuse mais qui va dans le mur faute d’être financée ? Personne évidemment. Et Fabius se dit naturellement convaincu, Deferre suit aussitôt, les auteurs ne disent pas ce que pense Bérégovoy.

Résumé d’Attali : « si nous sortons du SME, nous ne serons plus assez crédibles pour ne pas subir une forte décote par rapport au dollar. Et nous entrerons alors dans la spirale des déficits. » Le 21 mars, le Deutsche Mark, le Florin, la Couronne, les Francs belge et luxembourgeois sont réévalués, le Franc français et la Lire italienne dévalués. François Mitterrand (qui n’avait pas l’intention de changer de Premier ministre mais a testé les ambitions) garde Pierre Mauroy dans un gouvernement resserré de 15 ministres au lieu de 35 (économies obligent) et, dès le 24 mars, le plan de rigueur de Delors est adopté en Conseil des ministres : baisse du déficit budgétaire, hausse des taxes sur la vignette auto, l’alcool et le tabac, hausse du forfait hospitalier et de l’essence, hausse des tarifs EDF, GDF et SNCF, emprunt forcé, baisse des stocks pétroliers, contrôle des changes et instauration d’un carnet de change aux devises limitées à 2000 francs pour chaque touriste français se rendant à l’étranger…

Ces mesures sont de l’ordre de 2% du PNB selon Attali, « on reprend ce qu’on avait donné en juin 1981 » ; Lacouture marque que cette reprise est presque du double. Après l’erreur d’avoir relancé la demande à contretemps de la conjoncture internationale, il s’agit de conforter l’offre purement française pour consolider le budget et les entreprises. Le Budget de l’année suivante verra une stabilisation des effectifs fonctionnaires et une baisse autoritaire de 10% de tous les programmes d’équipement.

Le Président parle de « rigueur socialement juste », le Premier ministre de mesures « rudes mais transitoires », le Premier secrétaire du PS (Lionel Jospin) de « parenthèse ». Raymond Barre approuve, le franc tient, l’Assemblée vote la confiance. Mais, selon Jacques Attali : « la rigueur n’est pas une parenthèse ; c’est une politique ».

En effet, analyse Lacouture, le programme appliqué en 1981 avec ses nationalisations massives, sa relance choc et sa baisse du temps de travail sans baisse de salaire, constitue une rupture des équilibres européens, donc une menace sur le franc. Persévérer, « était une rupture globale, collective, peut-être la mise en cause de la démocratie, en tout cas celle d’une forme de solidarité européenne vieille de près de trente ans » (Lacouture t.2 p.64). Ce que voudrait Mélenchon à n’en pas douter. Mais Le Pen aussi.« C’est effectivement la fin des grandes illusions en matière de transferts sociaux ; mais sans remise en cause des réformes », note Attali.

Il faut dire que la naïveté romantique du « peuple de gauche » était navrante d’irréalisme et d’ignorance (faute d’éducation économique et de discours adulte de ses politiciens). Un témoignage personnel : j’étais alors tout jeune second d’agence à la BNP (Banque Nationale de Paris). Des clients venaient me voir pour solliciter un prêt, immobilier ou de consommation. Une banque ne prête jamais à guichet ouvert, sans garantie. L’un d’eux s’est étonné : « comment ? Mais je ne suis pas à la Banque Nationale Populaire, ici ? Avec la gauche, je croyais que les prêts sociaux étaient automatiques… »

Eh bien non, la tyrannie robespierriste a sans doute traversé les esprits de nombre de socialistes en 1981 ; ils avaient fait tellement rêver avec le « changer la vie ». Mais le président Mitterrand, élu des classes moyennes autant que du peuple de gauche, était voué au bien-être de tous, pas de quelques-uns. Le compromis avec le réel était inévitable, bien qu’après les grandes réformes symboliques (retraite à 60 ans, 39h, hausse du SMIC, nationalisations). Ce balancement mitterrandien, ce sens de l’équilibre, était sans doute le génie de ce président à l’époque ; aujourd’hui, où tout est nettement plus interconnecté, décider vite est crucial, « laisser du temps au temps » mortel.

Le « tournant » de 1983 signifie qu’au socialisme de la rupture comme dictature de « classe », qui sent son 19ème, succède le socialisme de l’aménagement pour tous, en concertation avec nos partenaires européens, et définitivement immergés dans le mouvement du monde. Cela, nombre de socialistes ne l’ont pas encore compris. Le militant Gérard Filoche en est l’exemple le plus passionné et le plus candide.

Mitterrand a choisi l’Europe contre le socialisme archaïque. Qu’a donc choisi Hollande ? Ni vraiment l’Europe sinon il serait plus offensif, ni vraiment le socialisme sinon il serait plus en rupture. Peut-être est-ce encore la meilleure solution à l’ère des replis nationaux et du déficit français qui empêche d’avancer…

Reste à inventer le nouvel équilibre de l’avenir : permettre une industrie performante et des travailleurs formés et motivés – sans rogner toujours plus sur la redistribution sociale et les missions de l’État, le tout dans l’Union européenne qui seule donne la puissance dans le monde globalisé.

Jacques Attali, Verbatim tome 1 : 1981-1986, réédition 2011, Robert Laffont collection Bouquins, 1144 pages, €29.92

Jean Lacouture, Mitterrand une histoire de français, Points Seuil 2006, tome 1, €8.64, tome 2, €9.12

Le tournant de la rigueur : mars 1983-mars 2013, Revue Le Débat, n°174, mars-avril 2013, Gallimard, €17.58

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Quel coût du travail pour quelle croissance ?

J’entends à la radio, je lis dans les journaux, le mantra socialiste : « quand la croissance reviendra, les efforts actuels de rigueur porteront leurs fruits ». Or il y a illusion : « la » croissance ne reviendra pas. La rigueur devra être structurelle et pas seulement conjoncturelle. Il est vital de réformer l’État, de faire maigrir son millefeuille d’irresponsabilités empilées et coûteuses.

Pourquoi le gouvernement socialiste actuel ne prend-t-il pas la mesure réelle des choses ? Probablement parce que les gouvernements de droite depuis 2002 ont masqué la dégradation en ne revenant ni sur les 35 heures, ni sur la faible représentativité des syndicats (qui les rend extrémistes), ni sur les taxes (qui continuent à rentrer malgré les conséquences). La droite a préféré d’autres mesures comme le crédit d’impôt recherche, les fonds d’investissement et les droits de succession. C’était un encouragement à entreprendre et à investir dans les périodes de croissance, mais pas dans la mutation que nous connaissons. Droite et gauche sont dans l’erreur quand elles « croient » en la croissance. Celle-ci reviendra, mais faiblement.

Il suffit de consulter les bases de données de l’INSEE. Internet a cette vertu, depuis 15 ans, de ne plus permettre aux gouvernants de dire n’importe quoi. Si l’information est le pouvoir, Internet l’a largement démocratisé !

Regardons la Production intérieure brute de la France depuis 1950 (PIB). Sa croissance est en moyenne de 5% durant la décennie 1950-60, de 5.9% entre 1960 et 70, de 3.9% de 1970 à 80, de 2.3% de 1980 à 90, de 2.0% de 1990 à 2000, enfin de 1.4% de 2000 à 2010. Depuis le top du baby-boom des années 1960 (donc de l’optimisme travailleur et consommateur), la croissance baisse chaque décennie un peu plus – inexorablement.

C’est encore plus net si l’on prend le PIB par habitant (ce qui inclut les inactifs, les assistés et les chômeurs) : 11.4% de croissance dans la décennie 1950-60, 9.3% entre 1960 et 70, 12.8% entre 1970 et 80 (années de forte inflation et de réorganisation à cause du choc pétrolier), 8.7% de 1980 à 90 – mais 3.1% de 1990 à 2000 (retard de l’informatisation et de l’organisation qui va avec) et 2.6% de 2000 à 2010 (35h, coût du travail et montée de l’assistanat, paperasserie législative proliférante).

La France, avec ses syndicats bloqués qui ne défendent que les zacquis de ceux qui sont en CDI dans les grandes entreprises et l’administration, garde une nette « préférence pour le chômage » (mot heureux de Denis Olivennes). Si sa productivité par travailleur est très correcte par rapport aux autres pays, sa productivité rapportée à la population active en âge de travailler chute : en cause les 10 à 15% d’exclus, chômeurs à plein temps ou n’ayant travaillé ne serait-ce qu’1 h par mois.

La progression des exportations (toujours visible sur le site de l’INSEE) mesure l’attractivité de la France dans le monde (et surtout en Europe, qui absorbe plus de 70% des exportations). On passe d’une croissance moyenne de 7.3% dans la décennie 1950 et jusqu’à 9.9% dans la décennie 1960, 8.2% dans les années 1970 mais un retour à 4% dans les années 1980 (Mitterrand au pouvoir), puis 6.7% dans les années 1990 (Chirac puis Jospin au gouvernement), enfin 2.5% dans les années 2000 (35h et manque de réformes obligent). Avec un rebond récent grâce à Airbus, mais étroitement focalisé, au contraire de la palette de produits exportés allemands.

pib export cout du travail 1998 2011

Reparlons des charges et des salaires (ces derniers supportant eux aussi des charges sociales + un impôt sur le revenu + un impôt sur les successions ou sur la fortune). Un gros État coûte cher. Un gros État qui offre des services inégalés rend content le citoyen. C’est le cas pour la famille et la santé, un peu pour la défense et même la police. Mais ce n’est absolument pas le cas pour l’administration, l’éducation, la justice, le logement, l’intermittence du spectacle, l’entreprise… La masse de taxes prélevées par un État incapable de s’adapter pèse sur la croissance, sur la consommation, sur l’envie d’entreprendre et sur la production. Donc sur le mental du citoyen, qui ne rêve plus que de sortir les sortants, de payer le moins d’impôts (gaspillés) possibles et de grand balayage des « privilégiés » (patrons, politiciens, fonctionnaires…).  Aussi injuste que cela soit.

Depuis 1998 (15 ans), les salaires + les charges dans l’industrie (ce qui exclut les services, dont la finance) ont augmenté de 42.5% – mais surtout de 26.6% depuis 2005 (8 ans), alors que l’inflation n’a augmenté que de 15.5% sur 8 ans. Les salaires seuls (dans l’industrie) ont fait mieux que l’inflation depuis 2005 (+21.8%). Signe que l’on embauche des plus qualifiés et que l’on délocalise le peu qualifié… reléguant lesdits non qualifiés dans un chômage irrémédiable – sans que la formation professionnelle leur soit ouverte.

Les charges seules (dans l’industrie) ont monté : +1.7% de 1998 à 2005, mais +4.8% de 2005 à fin 2012 ! Un simple exemple : le taux de cotisations salariales obligatoires des non-cadres était en 1981 (à l’arrivée de François Mitterrand) de 11.9% du salaire sous plafond de la sécurité sociale ; il est de 13.7% en 2013. Une CSG de 7.5% + 0.5% de CRDS sur 97% du salaire brut a été ajoutée en 2005, les deux passées sur 98.25% du salaire brut en 2012. Sans parler des cotisations retraites et chômage qui ont augmenté aussi. Toujours plus !

Un empilement des taxes, sans jamais savoir où elles vont, ni comment elles sont gérées, ou si elles sont toujours justifiées. Les députés cumulent, poussés par des technocrates qui savent ajouter là où ça ne se voit pas, sous l’œil bienveillant des politiciens pour qui dépenser plus est toujours électoralement payant. Ce qui explique pourquoi le gros site Nissan de Sunderland en Angleterre, qui fonctionne à plein avec trois équipes, est bien plus productif que les trois sites français de Renault qui tournent avec une seule équipe. En 2001, Renault fabriquait en France 1,3 million de véhicules ; en 2012 seulement 532 000. Les usines Renault tournent à 60 % de leurs capacités, au-dessous du seuil de rentabilité – situation qui ne pourra durer.

Le graphique montre bien que la situation n’est pas tenable. La croissance ne reviendra guère qu’autour de 2 à 3%, pas plus. Elle dépend de la population, et surtout de la population active. Or la progression démographique baisse et les inactifs gonflent, tandis qu’on rogne retraites et prestations sociales. Pas de quoi produire plus ni consommer plus, ni faire plus d’enfants. Surtout si l’État obèse géré par des mous (harcelés de lobbys locaux sans contrepouvoirs démocratiques) ne se muscle pas.

Remplaçons le plus par le mieux, la planète appréciera… mais pas les rentrées d’impôts. La productivité peut encore monter un peu, si l’industrie se recentre sur la valeur ajoutée : mais cela signifie inventer sans cesse des produits nouveaux qui plaisent (donc faire passer un violent courant d’air sur l’Éducation nationale jusqu’aux universités), gérer encore mieux les ressources rares (donc faire du capitalisme, système d’efficacité économique incomparable), inciter les meilleurs à rester sans que le fisc vienne tout niveler (donc creuser les inégalités méritocratiques), mieux former chacun et que tous aient un travail. Les Français confits en privilèges et statuts sont-ils prêts à financer la recherche, donner l’autonomie réelle aux universités et aux lycées, éduquer à travailler en équipe et pas à obéir au prof du haut de sa chaire, sortir des seuls maths qui font des arrogants et des théoriciens, encourager les économies d’énergie, d’emballage, de réglementations, de paperasses – et cesser de matraquer fiscalement ceux qui réussissent par leurs mérites ?

Un bien vaste programme pour un gouvernement empêtré dans une idéologie d’un autre âge : la jeunesse des gouvernants, celle des Trente glorieuses qui ne reviendra pas. Le temps qu’ils prennent conscience (ça vient), qu’ils mettent en branle les réformes (trop timides), qu’ils convainquent les zélus, les saints délicats, les fonctionneurs et tous ceux qui n’aiment pas changer d’habitudes, ils auront perdu quelques élections au profit des clowns ou des méchants – et le pays aura perdu encore des années.

C’est le prix à payer pour la démocratie… si elle survit. Rien de tel qu’un effondrement pour voir ressurgir les dictateurs. Le grand méchant Machin est en embuscade, tout comme la fille du Borgne.

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Concours de sports traditionnels au Heiva

Ces concours de sports maohi dits « traditionnels » sont très appréciés des spectateurs : en plus de la course des porteurs de fruits, le lever de pierre, le concours de coprah, le lancer de javelots. Certaines îles ont leur spécialité. Ainsi les sportifs des Tuamotu sont connus pour leur agilité dans le lancer du javelot. Ceux des Iles Sous-le-Vent, en particulier Maupiti et Taha’a excellents dans la préparation du coprah et les courses de porteurs de fruits. Aux Australes, ils sont champions en lever de pierre ainsi que pour la course des porteurs de fruits. Durant deux jours les compétiteurs de ces spécialités vont s’affronter.

Timau ra’au (course des porteurs de fruits) Il s’agit pour les hommes et les femmes de diverses catégories de transporter une charge de produits agricoles (fruits ou tubercules) d’un poids déterminé, 20, 30 et 50 kg sur un parcours défini par le jury soit une distance de 1000 à 1300 m, et pour les femmes de 800 à 1100 m avec une charge de 15 kg. L’arrimage des charges est obligatoirement en fibres végétales, mais l’utilisation des paniers même en fibres est interdite. Les charges doivent être arrimées aux extrémités du levier qui lui doit mesurer entre 120 et 150 cm de long et présenter un diamètre inférieur à 15 cm. J’oubliais tout ce beau monde est vêtu de pareu (paréo) évidemment.

Patia fa et patia ai (Concours de lancer de javelots) Cette épreuve consiste, depuis une zone de pas de tir définie, à viser une noix de coco plantée sur un mât de 9,50 m de haut, depuis une zone de pas de tir définie, au moyen de javelots. Les javelots sont munis d’une pointe conique, torses et lisses sont acceptés. Patia fa est le concours individuel ; 8 séries consécutives de 7 mn chacune. La cible est divisée en 5 zones de points horizontalement soit 10 points pour la zone haute, puis 8 points, 6 points, 4 points et 2 points pour la zone la plus basse. Si un javelot touche la ligne démarquant deux zones de points, le jury attribue au lanceur les points de la zone supérieure. Patia ai est le concours par équipe composée de 3 lanceurs.

Amora’a ofai (lever de pierre) consiste à lever le plus rapidement possible depuis le sol jusqu’à l’épaule, à la stabiliser en position debout et en équilibre avec une seule main au contact de la pierre, et cela pendant un certain temps. Les catégories : femme 60 kg ; léger 80 kg ; moyen 100 kg ; lourd 120 kg ; super lourd 140 kg et extra lourd 150 kg. Les poids des athlètes variant de 55 à plus de 121 kg. Les 40 ans et plus soulèveront 80 kg.

Pa’aro ha’ari (concours de coprah). Il s’agit là d’ouvrir, en un minimum de temps, des noix de coco entières, à en extraire entièrement la pulpe, et les stocker dans le sac prévu à cet effet et à nettoyer l’emplacement. Chaque concurrent se présente avec ses outils : pa’aro (instrument de décorticage), parahira’a (tabouret) facultatif ; opa’hi (hache) ; pute (sacs de coprah). Trois catégories d’épreuves : individuel homme : 50 noix ; équipe de 2 ou 3 hommes : 150 noix ; équipe femmes : 100 noix. Il s’agit d’une épreuve de vitesse.

La montée aux cocotiers est aussi une épreuve sportive traditionnelle.

Vous devriez profiter de cette opportunité pour vous entraîner, vous inscrire pour l’année prochaine, et qui sait ?

Hiata de Tahiti

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Coût du travail français comparé aux coûts européens

Article repris par Medium4You.

Le baratin politique noie souvent le poisson en prenant des références qui arrange ses arguments de combat. Ainsi, le coût du travail français serait-il équivalent au coût du travail allemand sur 20 ans, mais pas sur 10 ans. Encore faut-il savoir ce qu’on entend par « coût du travail ».

L’organisme officiel Eurostat a le mérite d’être au-dessus des politiciens nationaux et d’élaborer des statistiques identiques pour tous les pays européens. Le dernier EuroIndicator n°42/2011 du 16 mars 2011 (référence au bas de la note) montre que le coût du salaire horaire a monté de 1,6% dans la zone euro sur un an, de trimestre à trimestre, et de 2,0% dans l’Europe des 27. Hélas ! L’augmentation du coût du travail en France rejoint celle des pays ex-soviétiques !

Ce coût est décomposé entre coût salarial et coût patronal.

  • Le coût salarial est composé des rémunérations directes et indirectes telles que bonus, participation, paiement des jours fériés ou congés payés et avantages en nature.
  • Le coût patronal comprend les contributions sociales et les taxes patronales, subventions salariales déduites.

J’ai regroupé dans le tableau ci-dessous les colonnes du dernier trimestre 2010 par pays et par branche pour les 27. En France dans l’industrie, les salaires sur 1 an au Q4 (de trimestre à trimestre), les salaires ont augmenté de 3,7%, soit plus qu’en Allemagne (DE = 1 ,4%), au Royaume-Uni (UK = 2,7%), en Espagne (ES = 1,1%) ou même au Danemark (DK = 2,4%) dont les prestations sociales font rêver la gauche sociale-démocrate. L’augmentation des salaires français est moindre dans les services, sinistrés par la crise financière mais, avec 2,8%, proche du Danemark (3,1) et nettement supérieur à l’Allemagne (1,6) et à l’Espagne (0,8). Seul le Royaume-Uni a des coûts qui montent plus (4,2), mais ce sont les salaires versés aux salariés qui expliquent cette hausse (4,5% vs 2,4% pour les français).

On ne pourrait que se féliciter de voir le coût salarial français être dans la moyenne haute de l’Europe, si ce coût concernait les salaires dans la poche des salariés. Il n’en est rien… C’est bel et bien le coût hors salaires distribués qui augmente le plus ! Plus 4 ,4% de coût entreprise pour l’industrie contre SEULEMENT 3,4% pour les salaires, plus 4% pour la construction contre 2,6%, plus 3,5% pour les services contre 3,5%.

Cet état statistique ne montre que les évolutions, pas la base. Mais chacun sait depuis longtemps ce qu’il en est en France. Une infographie du Monde ou le dernier rapport de la Commission de la Sécurité sociale française le montrent : la France est l’un des pays européens qui charge le plus les salaires en cotisations sociales. Un salarié français touche environ 57% de ce qu’il coûte au total à l’entreprise (et sans la CSG qui est considéré comme un impôt et pas une cotisation sociale !) – contre 88% au Danemark, 77% au Royaume-Uni et 70% en Allemagne. Bien sûr, certaines assurances santé ou chômage ne sont pas comprises dans ces pays. Chacun cotise à l’organisme qu’il veut. Mais avec la moitié de son salaire versé en plus, où est le handicap ? Au contraire, la concurrence des assureurs existe, donc le choix de ce qui convient le mieux à votre situation. Alors que dans la France caporaliste du « tous pareils », est-on VRAIMENT sûr que cette ponction, engouffrée dans le tonneau sans fond des « contributions publiques » soit bien employée ? La comparaison France-Allemagne du tableau ci-dessous est édifiante.

Cela représente tout le poids d’un État gourmand incapable de se régenter et des organismes sociaux gérés suivant des habitudes antédiluviennes. Le salarié paye, sur son salaire brut ou sur son salaire caché via les cotisations patronales, mais il ne sait pas où va cet argent facile. Mal vérifié, réparti de façon opaque, il n’a ni la traçabilité, ni la surveillance, ni le contrôle. Pendant ce temps là, la consommation et l’épargne sont en berne. Les gens se débrouillent comme ils peuvent avec ce qui leur reste. Ils ne peuvent que sortir les sortants si le climat se dégrade. Et cela à chaque élection alors que, s’ils choisissaient eux-mêmes les assurances à prendre, ils décideraient à chaque fois.

Le tableau régulier de comparaison que publie Eurostat devrait éclairer le citoyen et l’inciter à interpeller toute la chaîne de gestion de cette dîme de ponctionnaires qui prélèvent au passage ses droits comme hier le clergé, pour justifier sa fonction. N’y aurait-il pas une ferme rationalisation à effectuer avant de demander aux salariés toujours plus de taxes sociales, contributions et autres jours de cotisation retraite ?

La France semble être gérée à la soviétique puisqu’elle n’est dépassée dans le tableau statistiques que par les ex-pays de l’est dans l’Europe à 27 (et le Portugal, depuis des décennies socialiste). Les économistes, souvent de gauche, qui déplorent que « les salaires » soient si mal lotis dans la répartition de la valeur ajoutée en France, qu’ont-ils à dire sur la répartition des coûts salariaux entre ce que paye l’entreprise pour son salarié et ce que touche effectivement celui-ci ?

Un gros État n’est-il pas un frein à la croissance lorsqu’il rend visqueux une part des salaires plus importante que d’autres États pour frais d’une administration au final très moyenne ? Ni la justice, ni l’école, ni l’armée, ni le Pole emploi ne justifient de si gros prélèvements sur les salaires et cotisations patronales au vu de leur efficacité comparée aux autres services publics européens. Et qu’on ne me dise pas qu’on « manque de moyens » ! Le poids des prélèvements sur les salaires rend cette assertion ridicule.

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