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Réformer la Ve République ?

Ces institutions, nées à la fois de la déroute de la IIIe sous l’avancée allemande et de l’explosion de la IVe à cause de la crise algérienne, sont une création du général de Gaulle. Elles visent à assurer l’efficacité de l’Exécutif pour les décisions qui divisent, en même temps qu’elles maintiennent le lien démocratique par l’élection directe du président de la République et par l’usage du référendum. Après quatre décennies d’instabilité institutionnelle et de versatilité politicienne des constitutions précédentes (1918-1958), cela fait près de six décennies que l’actuelle fonctionne à peu près bien malgré démission, décès présidentiel, alternance, cohabitation et état d’urgence.

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Pourquoi donc la « réformer » ?

Changer le thermomètre lorsque la température monte ou parce qu’elle ne vous convient pas est un travers politique très français. Surtout à gauche dont la plupart des idéologues n’ont jamais accepté les institutions gaulliennes – mais pas seulement.

Décider exige d’avoir une vision de la France dans le monde, un projet politique pour les Français et de susciter un élan à la fois chez les militants, les électeurs et les parlementaires. Comme tout cela est fatiguant ! Comme il serait préférable de botter en touche, de proclamer « cépamoicélôtre », en associant les députés et les sénateurs, voire même les citoyens à la décision ! Première réforme envisagée : le VRAI référendum d’initiative populaire. Car il existe, mais tellement limité et corseté qu’il est inutilisable. Quant à son utilisation régionale pour l’aéroport breton, tout le monde attend que l’Exécutif fasse… exécuter enfin la décision prise par 55% des voix pour. Or Normal 1er s’en garde bien !

Il est vrai que, selon le mot d’Olivier Duhamel, président de la Fondation nationale des sciences politiques, « les Français sont un vieux peuple plus que monarchique, dont la plupart des cultures politiques et métapolitiques sont des cultures de l’autorité et de la verticalité, qu’il s’agisse de celles de l’Ancien régime, de celle des jacobins, de celle des catholiques, de celles des bonapartistes, de celles des républicains, de celle des staliniens, de celles des gaullistes… » (entretien avec Marcel Gauchet dans Le Débat 191, septembre 2016, p.47). Les socialistes, comme les radicaux et les centristes mais aussi les faux-gaullistes radsoc, sont plutôt de culture parlementaire, moins dans l’autoritarisme et plus dans le compromis et la négociation. Sauf que la société française, écartelée entre partis idéologiques, syndicats dans l’affrontement et les ego démesurés, ne peut fonctionner sans qu’une instance tranche, en dernier ressort. Le retour à la IVe ou à la IIIe République n’est souhaité par personne.

Réformer la présidence ?

Cela a déjà été fait (passage à 5 ans et deux mandats successifs seulement), mais les hommes comptent autant que les institutions : un président qui ne préside pas ne sert pas à grand-chose : voyez le Fout-Rien Chirac (disciple de Queuille) et la « névrose d’hésitation » (O. Duhamel) Hollande. Peut-être pourrions-nous revenir à un mandat assez long de 7 ans, mais unique ? Raymond Barre et René Rémond y étaient favorables. Cela permettrait de distinguer à nouveau la fonction présidentielle (qui est garante) de celle du Premier ministre (qui gouverne), en lieu et place du cafouillage sarkollandais depuis dix ans.

Réformer le Parlement ?

Cela passe peut-être par moins de députés et une dose de proportionnelle pour qu’ils représentent enfin la vraie France éclatée entre partis de gouvernement et partis qui ne veulent surtout pas gouverner. Cela passe peut-être par une réforme du Sénat avec moins de sénateurs et une représentativité un peu plus directe que le vote des grands électeurs.

Cela passe surtout par une navette moins longue entre les assemblées et par une réforme du droit d’amendement – qui devient ridicule quand on en dépose plusieurs milliers sur le même sujet. Certaines démocraties en Europe permettent d’adopter des lois directement en commissions – pourquoi ne pas le tenter ? Avec plus de moyens d’expertise pour les parlementaires : tout le monde y gagnerait, y compris le délai pour les décrets d’application.

Un changement du calendrier électoral est facile à faire : il suffit au président de dissoudre l’Assemblée nationale juste avant les présidentielles. Les députés seraient donc élus sur des programmes de partis avant l’élection du président de la République, redonnant tout son lustre au premier des ministres et à son gouvernement. La France deviendrait alors un peu plus proche des autres régimes parlementaires européens, sans modifier radicalement sa Constitution. Mais ce n’est probablement pas l’Obsédé de la synthèse, actuellement en poste, qui accomplira cette tâche régénératrice.

En fait, à part quelques petites réformes comme indiqué ci-dessus, la Ve République ne demande pas à être changée – elle fonctionne mieux que d’autres, sachant qu’il existe aucun régime parfait : voyez Hillary Clinton, battue malgré ses 2 millions de voix de plus que Donald Trump. Mais la règle est la règle et tout le monde s’y soumet. Renverser la table parce que l’on est battu est une option de mauvais joueur. Justement : faut-il réformer ceux qui vivent de la politique ?

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Réformer les politiciens ?

Ce qui va mal en France est l’effondrement de la gauche, prise entre les changements du monde qu’elle ne sait pas penser et la nouvelle option de bloquer faute de vouloir gouverner. L’islamisme radical et la révolution numérique demandent autre chose que le « socialisme XIXe » à la Mitterrand, le social à outrance Jospin ou les mesurettes branlantes Hollande ! Sans parler des impasses du « mouvement social », des manifs pour rien et des gens qui passent la nuit debout sans que rien n’en sorte.

Les extrémismes Mélenchon-Le Pen n’ont aucun projet – hors de « revenir » au tout-Etat, jacobin ou mussolinien : donc encore plus d’autoritarisme à la Chavez ou Poutine, à la Erdogan ou Trump.

La droite est probablement mieux apte à gérer l’islamisme, rien qu’en réaffirmant ce fait que la France a été longtemps catholique (pas besoin d’avoir la foi, reconnaître la culture suffit) et que ce vieux pays n’est pas les Etats-Unis (affairiste et individualiste). Mais saura-t-elle gérer les bouleversements du travail engendré par le numérique ? A part NKM, il n’y a personne.

A gauche, il y a Macron – s’il est accepté comme homme de gauche par les socialistes… ce qui reste à démontrer.

Laissons donc la Ve République telle qu’elle est, réformons-là à la marge en pesant bien les conséquences (tout le contraire de la légèreté Chirac-Jospin sur le quinquennat !) – ce qui importe avant tout est de PENSER le monde tel qu’il change, donc de proposer des voies d’avenir. Inutile de casser le thermomètre, il faut surtout changer de politiciens.

 

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Chômage : la faute à Hollande

Entendons-nous, le chômage ne date pas du règne de François Hollande, mais lui l’a aggravé : + 14% entre 2011 et 2013 si l’on fait la moyenne des écarts du tableau INSEE récemment publié ! Pire : il avait promis – juré – qu’il « infléchirait la courbe du chômage » l’an dernier. Non seulement il n’en a rien été, mais le président s’est ridiculisé. Une fois de plus. Comment, en effet, éradiquer le chômage sans encourager l’emploi ? Cette vérité de La Palice reste bonne à répéter, tant les technocrates à la Hollande sont loin de la réalité des choses.

L’emploi, qui le crée ? Réponse : les entreprises quand elles ont besoin de produire et l’État quand il peut (or il ne peut plus, Hollande le répète à l’envi et Bruxelles autant que les marchés financiers le chantent aux quatre vents du monde). La majorité des emplois est créée par les entreprises, même les auto-entreprises – mais quel socialiste le sait ou le comprend ? Les socialistes au gouvernement ont même récemment détricoté la loi pour une fois intelligente sur l’auto-entreprise pour en faire des micro-entreprises (donc soumises à plus de paperasses et de charges) ! Un non-sens économique : pourquoi taper sur ce qui marche ? Par idéologie ? Par clientélisme ?

Les entreprises restent ces ennemis du socialisme, ces intérêts « particuliers » qui seraient loin de l’intérêt général (évidemment décrété par les technocrates socialistes au pouvoir qui savent mieux que vous ce qui est bon pour vous). Les entreprises sont ces exploiteurs du populo, condamnées aux poubelles de l’Histoire dans la théorie marxiste – CQFD : le socialiste reste ce croyant marxiste qui n’a rien appris de l’échec du socialisme réel en Russie, en Chine, au Cambodge et ailleurs. Mais les faits sont têtus : pour retrouver un semblant de croissance (donc des impôts qui rentrent) – et pour retrouver de l’emploi – les entreprises doivent être encouragées. Contre la gauche de la gauche de la gauche et même la gauche des socialistes (qui ne sait plus trop où elle est). Hollande a pris deux ans (DEUX ANS !) pour faire semblant de s’en rendre compte ou, du moins, pour accepter de toucher au tabou. Il a créé ce « machin » du CICE qui sera partiellement avantageux mais pas tout de suite et pas pour toutes les entreprises et exigera d’embaucher d’abord pour récupérer ensuite des impôts qui, de toutes façons, ont été déjà augmentés et ne sont pas près de diminuer… Ce qui est drôle est que CICE veut dire aussi International Center for Endoscopic Surgery – Centre international de chirurgie endoscopique – autrement dit l’exploration de la cavité intestinale par un instrument espion… Humour socialiste : les entreprises l’ont dans le c…

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Les ménages sont imposés, taxés, mis à l’amende ; ils voient le prix du gaz, de l’électricité, du timbre, du train, des mutuelles, des assurances obligatoires – augmenter. Ils ne risquent donc pas de « consommer », ni même d’entreprendre des travaux écolos d’isolation, de remplacement de leur vieux diesel par une hybride d’avenir, ni d’autres investissements utiles ; ils boudent même le logement (merci Duflot, ministre idéologue choisie par Hollande le synthétique au détriment de toute cohérence ou efficacité !).

Or, pas de demande, pas de production. Pas de production, pas d’embauche.

Les fonctionnaires technocrates ont beau « exiger » des entreprises une « contrepartie » aux « cadeaux » faits par l’État. Mais quels cadeaux ? quand les impôts ont été alourdis, des taxes nouvelles créées, et que la paperasserie ne cesse d’augmenter, est-ce un « cadeau » que de redonner d’une main avare une toute petite part de ce que l’autre main a pris largement ?

Quant aux impôts sur le revenu des ménages, ils ont augmenté aussi pour tous mais surtout pour la classe moyenne – celle qui vote… Donc l’an prochain, baisse pour les plus modestes, juste avant les élections présidentielles 2017 : même les plus cons des électeurs sentent bien l’hypocrite démagogie du geste. Les ménages ne risquent surtout pas de dépenser ! Cet impôt sur le revenu que Hollande avait pourtant promis (une fois encore) de réformer pour le fusionner avec la CSG, le rendre plus progressif, étalé sur une assiette plus large. Comme d’habitude, à la Chirac, il n’a rien fait. Il a même viré Ayrault qui avait décidé de l’entreprendre. Ce n’est jamais le moment avec Hollande, cela touche toujours trop d’intérêts corporatistes ennuyeux à gérer, trop de clients électoraux qui menacent de faire défection. Donc il ne fait rien.

Hausse des impôts, idéologie du locataire-victime, haine de l’entreprise, retard à l’allumage pour se rendre compte des dégâts, comment la demande intérieure pourrait-elle répondre présent avec toutes ces « charges » (sans compter le déficit permanent et sans cesse en croissance de la Sécurité sociale) ?

Les Français ont peur : de ne plus pouvoir payer, de ne plus vivre correctement, de perdre leur épargne pourtant indispensable pour des retraites qui s’amenuisent, de la dépendance toujours pas financée, de voir les impôts et taxes augmenter dans le futur (après les prochaines présidentielles) : sur le revenu, sur l’habitation, sur le foncier, sur les plus-values, sur les assurances, sur la consommation. – Et pendant ce temps-là, l’État ne maigrit pas : Hollande envoie l’armée au Mali, en Centrafrique, en Irak, en Syrie. Des milliards non financés qu’il faut trouver quelque part. Les autres ont réformé leur État (la Suède, le Canada, l’Allemagne) – pas lui. Pour récupérer les lobbyistes Radicaux (« de gauche », bien sûr) il abandonne en rase campagne la réforme des collectivités territoriales qui aurait dû assurer au moins des économies de moyens ; pour éviter les jacqueries des routiers et des Bretons, il abandonne en rase campagne l’écotaxe, pourtant votée par les deux Chambres à l’unanimité. Pourquoi s’étonner si, avec Hollande, on a le pays bas ?

Les technocrates, jamais à court d’idées sur le papier, croient alors que pour contenir le chômage, il suffit de refroidir le thermomètre. Haro sur les chômeurs ! Mauvais travailleurs, mauvais citoyens, mauvais époux et pères, fraudeurs bien sûr (comme le clame le Front national ?). Pôle emploi a expérimenté (sur ordre et sous Hollande), de juin 2013 à mars 2014, une enquête sur la fraude à l’inscription. Les résultats ont été « dévoilés » le 15 septembre dernier. Ah, ah ! La découverte est de taille ! Imaginez-vous que 20 à 50% des inscrits « ne cherchent pas activement un emploi » ! Nous aurions donc un chiffre du chômage qui pourrait être divisé par deux, jusqu’à rejoindre le chiffre allemand, si le « surveiller et punir » (qui est la tentation permanente du socialisme réel) était appliqué en toute rigueur.

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Mais Pôle emploi avoue sans délai sa propre carence : une carence d’État. Les enquêteurs ont découvert des personnes découragées de chercher pour des raisons de santé, de logement, d’ancienneté au chômage ou d’âge (après 45 ans, hein, trouvez donc un emploi !). Les contrôles ciblés sur les inscrits depuis plus de six mois ou ayant suivi une formation ont été plus efficaces : prendre simplement contact avec eux les a remobilisés ! Évidemment, sur la formation, ce fromage des syndicats, Hollande n’a RIEN fait.  Donc il y a du boulot – et il est mal fait par Popaul qui agite sa trique mais se garde bien de chauffer pour donner envie.

Car Pôle emploi, comme toute administration, cherche avant tout à contrôler le droit et les règles, surtout pas à encourager ni à former ! Il avoue… que les sanctions actuelles sont avant tout liées au non-respect des procédures (461 000 radiations pour absence de réponse à une convocation) – pas au comportement fraudeur des chômeurs.

Il suffit un jour d’avoir eu affaire au personnel de Pôle emploi pour le savoir : c’est une bureaucratie, pas un cabinet de placement ni une aide à l’emploi. Nous sommes bien loin du Danemark ou de la Suisse, ou même de l’Allemagne ! L’état d’esprit procédurier inhibe toute initiative ; on ne vous propose jamais un travail mais toujours des papiers à envoyer, des droits à vérifier, des questionnaires à garnir, des cases à cocher. Tout cela pour que « le système » vous propose un emploi (temporaire) de « formateur en allemand » alors que vous n’avez JAMAIS fait d’allemand dans votre vie (c’est écrit sur le CV exigé par Pôle emploi… que personne chez eux n’a manifestement lu). Ou un « stage » de « conseiller financier » (à 50 ans et à 150 km de chez vous) où il s’agit de prospecter des clients en banlieue pour une banque locale (pour 420 € par mois – et vous devez vous loger !) alors que vous avez dirigé des banques ! J’en ai fait l’expérience personnelle.

De qui se moque Pôle emploi ?
De qui se moquent les fonctionnaires bureaucrates qui imaginent de tels « systèmes » ?
De qui se moque François Hollande, la bouche pleine de promesses et le tempérament incapable de commencer seulement à penser peut-être devoir un jour les faire réaliser ?

regardez a gauche puis a droite

François Hollande ne sera pas réélu : le chômage et les impôts sont des domaines trop sensibles et trop importants aux Français pour qu’ils reconduisent pour cinq années de plus un velléitaire à la tête du pays. Ne s’en rend-t-il pas compte ?

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