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Clipperton atoll français et roi violeur

Un grand gaillard mexicain d’origine africaine se proclama roi de cet atoll dont le seul souci fut d’humilier et d’abuser sexuellement de ses sujettes. Il arriva à Clipperton en 1906. Le gouverneur mexicain donna les droits exclusifs de l’exploitation du guano à une société anglaise, la Pacific Island Company. Il y avait là des ingénieurs, des ouvriers, une petite garnison de 13 hommes commandée par un certain Ramon Arnaud, d’ascendance française et dont Alvarez aurait été un serviteur.

À l’époque le président Porfirio Diaz qui craignait les revendications françaises et ne voulait pas les reconnaître expédia ce petit monde sur l’atoll. Arnaud, déserteur, avait fait amende honorable et intégré avec le grade de lieutenant et le titre de gouverneur de Clipperton, titre qu’il conserva de 1906 à 1916, date de sa mort tragique. Alicia Rovira Arnaud, sa jeune femme, le rejoignit ainsi que d’autres civils, des femmes et des enfants, soit plus d’une centaine de personnes. Les Anglais chargèrent le guano. Tout alla bien jusqu’en 1910.

Quand la société fit faillite, certains ouvriers demeurèrent sur place. Tous les deux mois un bateau faisait la navette entre le Mexique et Clipperton. Tout était calme, jusqu’à une révolution contre Diaz fomentée par Pancho Villa et Emiliano Zapata. En 1910 la guerre civile éclate au Mexique, en 1911 Diaz quitte le pouvoir – les colons de Clipperton sont oubliés au milieu de cette pagaille. Plus de bateau pour les ravitailler. Les 26 colons restés à Clipperton étaient devenus des naufragés. Nul ne s’en souciait.

USS Cleveland

Heureusement l’Amérique…  En 1914, l’USS Cleveland, bâtiment de la marine américaine tenta de leur porter secours. Voyant l’état de dénuement de ces 26 Mexicains, le capitaine yankee proposa à Arnaud d’évacuer l’atoll, mais Arnaud refusa… il avait déjà une désertion dans son dossier militaire ! La petite colonie se composait de 12 soldats, 12 femmes et enfants et de l’étrange gardien du phare construit  par les Mexicains qui vivait seul à l’écart des autres. Au menu, des oiseaux de mer, d’œufs d’oiseaux, de poissons, de crabes, et quelques rares noix de coco.

Bientôt les adultes tombèrent malades, atteints de scorbut. Une tentative de rejoindre un bateau « fantôme » par Arnaud avec trois hommes « encore valides » tourna au drame, le bateau chavira et ils périrent noyés. Survint alors un cyclone. La femme d’Arnaud était sur le point d’accoucher. Un petit Angel vit le jour dans ces conditions épouvantables. Le cyclone avait tout rasé sur l’atoll. Le gardien du phare qui n’avait rien perdu de ces catastrophes arriva au campement, les femmes et enfants étaient seuls, il leur annonça qu’à dater de ce jour il était roi de Clipperton avec les pleins pouvoirs.

Les femmes devinrent ses esclaves sexuelles, celles qui refusèrent furent violées et tuées. Lui finira tué par les trois femmes. Un enfant aperçut un bateau au loin alors que le corps du bourreau gisait là. C’était l‘USS Yorktown, un chasseur de sous-marins allemands de la marine des États-Unis. Arrivés sur l’atoll, les marins américains virent l’état de santé déplorable  des survivantes, trois femmes et huit enfants rachitiques, tous désiraient quitter l’île au plus tôt. Le corps du roi  Alvarez  fut abandonné aux crabes. Épilogue heureux pour des femmes qui avaient passé neuf ans sur Clipperton (dont les derniers abominables), affamées et soumises aux désirs sadiques et obscènes du « roi » Alvarez.

Clipperton survivants

D’après les dernières nouvelles, il semble que le député qui avait fourni un rapport après sa visite à Clipperton préconise l’installation d’un laboratoire scientifique international sur l’atoll, ce qui serait une bonne chose. Il y aurait une présence humaine autre que celle de ces milliers de crabes, des études scientifiques, un ravitaillement à partir des Marquises mais… il faudra d’abord « nettoyer » l’atoll, enlever toutes les munitions américaines qui y restent, les lignes, les filets de pêche, les carcasses de bateau échoués, et autres détritus. Avant la fin du quinquennat ?  Ou serait-ce encore un vœu pieux ?

Hiata de Tahiti

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Touristes face aux requins de Tahiti

Bienvenue les touristes. La Polynésie veut changer de stratégie pour vous faire revenir. Auparavant plein feux sur les plages et ses lagons par la pub. En 2000, 260 000 touristes, en 2011 moins de 160 000, en 2015 183 000 plus 50 000 croisiéristes. Objectif ? 500 000 visiteurs par an dès 2020. J’espère que les machines à pronostic n’ont pas pris un coup de chaud… C’est que les touristes, par ici, passez la monnaie, ils dépensent 40 milliards de XPF (335 millions d’euros), c’est bon à prendre d’autant que c’est 3,5 fois le montant des exportations de produits locaux (Institut de la statistique en P.F.)

coco marrant

Mais où le bât blesse, c’est le prix du billet d’avion, en haute-saison un aller-retour Paris-Papeete allège votre portefeuille d’un peu plus de 2 500 euros.

Il faut aussi compter sur la concurrence des autres îles du Pacifique comme Cook, Fidji, où la main-d’œuvre est nettement moins chère.

Alors, on va construire ce grand complexe hôtelier sur la côte ouest de Tahiti, on va faire plonger les touristes aux Tuamotu, on leur fera visiter les églises construites en pierre de corail aux Gambier, on les enverra chevaucher aux Marquises, ce sera culture, culture, j’oubliais ils randonneront sur les sentiers, ils feront de la voile, ils plongeront… Ils retourneront épuisés mais ravis chez eux et ici les caisses déborderont de devises. Quelle joie.

iar tahiti nui reseau

Pour les touristes Chinois ? En 2012 on en comptait 1 183, en 2015, 4 635. Le premier charter de cette année a capoté, l’avion d’ATN a eu des ennuis et après 2 heures de vol est revenu à son point de départ. Pas de chance, ça fait mauvaise impression, non ?

Curieusement on a découvert des nouveaux requins dans le Pacifique ! Cette nouvelle espèce a reçu le nom de requin-lanterne ninja (Etmopterus benchleyi). Il vit dans les eaux très profondes du Pacifique, entre 800 et 1 000 m de profondeur, il mesure entre 30 et 50 cm, sa peau est noire. Il possède sur le ventre des photophores. Découvert en 2010 dans un filet de pêche par des chercheurs du Pacific Shark Research Center.

requin lanterne ninja

Clipperton, bientôt une base scientifique. Espérons-le. Il faut être sur place pour affirmer sa souveraineté sur cet atoll perdu dans une zone qui regorge de thons. Il semble qu’un député du Tarn Philippe Folliot ait réussi à taper à la bonne porte. Cela devenait urgent car passer une fois par an avec un bateau militaire pour affirmer en être propriétaire, c’est léger, non ? Il faut d’abord dératiser l’atoll puis installer des équipements et une base scientifique. Cette base pourrait accueillir également des chercheurs étrangers. Rappel, découverte en 1711, Clipperton ou Ile de la passion est une terre française inhabitée à laquelle est associée une zone économique exclusive de 431 000 km2 dans une région les plus riches en thonidés au monde.

Hiata de Tahiti

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Sur la mer polynésienne

Elles sont arrivées ! La première baleine de la liste ayant pris place dans nos eaux était une solitaire arrivée le 31 mai. Une éclaireuse ? Depuis on en compte plus d’une quinzaine autour de Moorea, Tahiti et Tetiaroa. Ces baleines, mâles, femelles parturientes et quelques juvéniles ont parcouru quelques 6 000 km avant de s’ébattre dans nos eaux. La Polynésie est un sanctuaire pour les baleines. Il y a donc des règles pour approcher ces mammifères et les observer. Il faut se tenir à une distance de 50 m des adultes et à 100 m des baleineaux, garder une vitesse constante, changer de cap progressivement, ne pas approcher ces animaux par l’arrière. Rien que du bon sens mais que certains individus jugent trop contraignant.

TAHITI

Nos requins du Pacifique seraient-ils plus sociables, moins agressifs que ceux autour de l’Australie ou de la Réunion ? Ici, les attaques de requins sont rares. Certes, on cite quelques cas de morsures mais pas d’attaques mortelles. En Polynésie française, les requins sont protégés depuis 2006. Pour le requin bouledogue, sa présence est anecdotique, le requin blanc ne fréquente pas notre mer, mais le requin tigre s’y plaît. Nos eaux sont très claires ce qui n’est pas le cas à la Réunion.

D’abord des chiffres : la population de Pitcairn compte 50 habitants en 2015 contre 250 dans les années 50. Les îles Pitcairn sont composées de 4 petites îles volcaniques d’une superficie totale de 47 Km2 et dont seule celle nommée Pitcairn est habitée. Elles sont situées à environ 2 100 km à l’est de Tahiti. Ce petit morceau de terre où vivent depuis des générations des descendants de l’équipage du Bounty, ces marins qui s’étaient mutinés en 1789, a légalisé le mariage gay – selon le gouvernement qui l’a annoncé sur son site. Apparemment, nul, parmi la cinquantaine d’habitants ne serait à priori susceptible d’être intéressé par la nouvelle loi mais le territoire tenait à se mettre à la page, a expliqué le vice-gouverneur Kevin Lynch. C’est ici la dernière possession britannique dans le Pacifique entre la Nouvelle-Zélande et le Chili. La capitale des îles Pitcairn ? – Adamstown. Je suis sûr que vous ne le saviez pas.

ado gay colliers

Encore Clipperton : un autre confetti dans le grand océan, royaume des crabes, des oiseaux (quelques 110 000 fous masqués la plus importante communauté au monde) – et des rats. A 12 000 km de la France, à 6 000 km de Tahiti et à 1 300 km du Mexique, l’atoll de 7 km2 – dont 1,7 km2 de terres émergées seulement – est considéré comme le plus isolé du monde par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Avec cette ile isolée et inhabitée, la France dispose d’un véritable laboratoire à ciel ouvert. Clipperton est une chance pour la France ; elle ne devrait pas la gâcher. Ressources halieutiques (thonidés), champs sous-marins de nodules polymétalliques, position géographique dans une ZEE (zone économique exclusive) de 435 000 km2 supérieure à celle de la France métropolitaine (336 000 km2). Clipperton a permis à la France, en 1973, d’adhérer à l’Inter American Tropical Tuna Commission (I.A.T.T.C.) qui ouvre l’une des zones de pêche les plus riches au monde et de participer à ses travaux (le tuna est le thon). Un accord lie la France et le Mexique, qui est autorisé à y faire naviguer 43 thoniers. En décembre aura lieu la conférence mondiale sur le climat (COP 21). Verra-t-on François Hollande se saisir de ce dossier et autoriser la création sur l’atoll d’un observatoire de l’océan « sur les plans faunistique, climatique et environnemental » ? Jacques Chirac n’avait pas saisi cette opportunité or, comme le dit le député UDI du Tarn Philippe Folliot, « Clipperton ne doit pas rester en jachère ». Rappel : Clipperton a été découvert par des marins français en 1711, le jour du vendredi saint, l’atoll fut d’abord appelé île de la Passion avant de prendre le nom d’un flibustier britannique qui écumait la région. Encore les Anglais !

Hiata de Tahiti

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Jean-Louis Etienne, Clipperton

jean louis etienne clipperton
Jean-Louis Etienne, tout le monde le connaît après L’expédition médiatique Transantartica, mais Clipperton, qui connaît ? J’ai déjà parlé de cet atoll de moins de 4 km de diamètre perdu à 400 km des Marquises, à 6000 km de Tahiti et à 1300 km du Mexique. Clipperton, alias l’île de la Passion, est appelée ainsi en souvenir du jour de Pâques 1711 où elle fut découverte par les Français Mathieu Martin de Chassiron et Michel Dubocage.

Fasciné par la planète, le médecin Jean-Louis Etienne, sa famille et toute une équipe d’explorateurs sponsorisés par GDF, Unilever, Canal+ et quelques autres, dont EADS pour la liaison satellite à haut débit, décident de s’installer sur cette île déserte et sans eau potable, de décembre 2004 à mars 2005. Ils accueillent par roulement régulier des chercheurs scientifiques français, espagnols, américains et mexicains. Ils appartiennent pour la France, au CNRS, au Muséum national d’histoire naturelle, à l’IRD, l’EPHE ou l’INRA.

Leur objectif ? Réaliser un inventaire complété de la faune et de la flore sur ce lieu préservé des routes maritimes. Ils ont voulu créer une base de données pour l’évolution de la biosphère et du climat, à partir des changements observés dans ce lieu clos.

carte clipperton expedition jl etienne

Dans ce livre grand public disponible en poche, Jean-Louis Etienne, avec le talent pédagogique qu’on lui connaît, raconte les aléas de l’organisation, combien les douanes mexicaines sont réticentes et bureaucratiques, voire corrompues ; combien l’époque, plus qu’avant, exige multiples sécurités et assurances en tous genres ; combien faire cohabiter des chercheurs à l’ego bien dimensionné n’est pas toujours aisé ; combien aussi l’histoire de cet atoll perdu a donné lieu à des bagarres diplomatiques entre Français, Américains et Mexicains, allant jusqu’à l’arbitrage international du roi d’Italie ; combien les fous sont ici chez eux, formant la plus grosse colonie de tout le Pacifique et combien les rats, tombés d’un navire échoué il y a quelques dizaines d’années sont des prédateurs redoutables. Mais combien aussi il est plaisant de constater l’adaptation à un milieu hostile du lézard, d’explorer le « trou sans fond » du lagon et de chercher « le trésor de Clipperton ».

Sans parler des gigantesques thoniers mexicains, équipés de sonars dérivants et d’hélicoptères, qui viennent traquer le thon au point d’assécher la nourriture des oiseaux. Les fous et frégates doivent chercher leurs proies jusqu’à 300 km pour nourrir leurs petits. Pas grand-chose à manger pour les humains non plus, qui dépendent des rotations de bateaux, tant les rares cocotiers de l’île sont exposés aux ouragans, et puisqu’aucune source d’eau potable ne surgit.

cabane etienne sur clipperton

En revanche, quelle belle expérience de la nature, loin du monde et entouré d’eau sans cesse en mouvement ! Quelle riche expérience humaine, en couple où chacun a sa tâche, avec les chercheurs tous passionnés de leur domaine, mais aussi avec les bébés, les deux petits garçons Etienne et Eliott 3 ans – et le bébé Ulysse qui fera ses premiers pas sur l’île. Ces matins solitaires où Jean-Louis s’éveille très tôt, comme son dernier fils, et part marcher sur la grève dans l’aube naissante, l’enfant curieux de tout contre sa poitrine, sont des moments magiques.

Tout comme le jour où un plongeur a remonté le couvercle d’un très vieux coffre de mer, arraché par 52 m de fond. Ou encore lorsqu’un autre a ramassé un paquet suspect (comme on dit volontiers à la SNCF)… qui se révélera bourré de cocaïne ! En quatre mois, ce ne seront pas moins de 25 kg de cocaïne qui seront ainsi récupérées, échouées après largage en mer de trafiquants de drogue probablement surpris par la police. Le fait est régulier, l’équipage du Prairial, la frégate de surveillance maritime sur zone, a découvert le 14 avril 1.2 kg de cocaïne sur l’atoll de Clipperton, alors qu’une mission de recherches passait quelques jours sur l’atoll à la suite de l’expédition Etienne.

eliot et ulysse jouent sur clipperton

L’auteur raconte bien, il instruit par petites touches sans jamais ennuyer, mêle les anecdotes personnelles aux réflexions sur le climat et sur la faune, regarde grandir ses fils. Eliott doit aujourd’hui avoir 14 ans et Ulysse 12… Il a tenu un Journal des enfants, destiné à l’école d’Eliott et à l’Éducation nationale, durant tout le séjour, préoccupé de transmettre le savoir et la sensibilité à la nature.

Jean-Louis Etienne, Clipperton – l’atoll du bout du monde, 2005, Points aventure 2015, 287 pages, €6.60

Expédition Clipperton sur le site de Jean-Louis Etienne
Tout savoir sur le site dédié à Clipperton : http://clipperton.fr/

La question au Ministère des Affaires étrangères posée le 29 mai 2014 par le sénateur Christian Cointat concernant l’accord de pêche franco-mexicain dans la ZEE de Clipperton – et son application semble-t-il « laxiste » – n’a reçu aucune réponse : « la question a été retirée pour cause de fin de mandat »… Notre « démocratie » représentative fonctionne si bien, n’est-ce pas ?

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Trésors de la mer tahitienne

En avril, ne te découvre pas d’un fil. Ici on crève de chaud et la grippe est aux portes. Le Prairial était parti en mission à travers le Pacifique, en débarquant à Clipperton, un paquet bien ficelé les attendait.

prairial cachet postal

Cadeau de bienvenue ? Yes, 1,2 kilo de cocaïne. Rien d’extraordinaire pour cette région. Une mission scientifique de 14 personnes est sur place accompagnée par une section du détachement terre du Rimap. Là-bas ils sont à 6 000 km de Tahiti. Bon séjour et bonnes récoltes… de renseignements scientifiques.

cocaine paquet

Dans le port de Papeete, sont venus plusieurs navires de recherche ces derniers jours : NOOA Ronald H. Brown, bateau américain qui appartient à la National Oceanic and Atmospheric Administration. Il collecterait des données climatologiques et s’intéresserait en particulier à El Nino. Il y avait aussi le Yuan Wang 6, navire chinois reconnaissable entre tous avec ses larges paraboles et qui vient souvent saluer le port de Papeete ! Également Polaris 2, brise-glace battant pavillon panaméen.

l atalante ifremer

L’Atalante, navire scientifique français qui venait de mettre à l’eau une mini-station d’observation dans le cadre du programme Thot et s’apprêtait à effectuer des relevés des fonds marins dans l’optique d’étendre la superficie de la ZEE polynésienne. Il devait intervenir également pour le compte de l’armée, en cartographiant le plancher sous-marin des anciens sites d’expérimentation nucléaire. La mini-station a déjà parlé. Son dispositif « flotteur profileur » remonte à heure fixe en surface et transfère les informations recueillies entre 1 000 et 2 000 m de fond : température, salinité, oxygène, chlorophylle. Tout est mesuré et parle aux scientifiques de l’IRD. L’IFREMER elle s’occupe de la « croûte ». Toujours d’après les scientifiques la Polynésie serait riche en « encroûtements cobaltifères », en « dépôts métalliques » contenant du cobalt, du fer, du manganèse, et autres métaux précieux. À quand la richesse ? Il faudra patienter encore un peu !

Pitcairn carte

Pitcairn, vous connaissez ? C’est à 2 200 km à l’est de Tahiti. Et c’est british ! Les révoltés du Bounty ? Le seul territoire britannique d’outre-mer dans l’océan Pacifique ! Un ensemble de 4 îles, superficie totale 47 km2. La majorité des habitants (ils sont 50) descendent des mutins du Bounty et de leurs femmes tahitiennes. Donc, le gouvernement de Sa très Gracieuse a présenté un projet en vue de créer une grande réserve marine, d’une superficie de 831 334 km2, un peu plus vaste que le Royaume Uni ! 1 250 espèces marines ont été recensées dans cette zone à ce jour. L’environnement marin est exceptionnel d’après les scientifiques, récifs coralliens les plus profonds du monde et les eaux parmi les plus claires de la planète.

Hiata de Tahiti

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Clipperton 2013

Des chercheurs géographes à l’université ont mené une mission sur l’île de Clipperton en février/mars de cette année. Cette île délaissée par l’État, sise à 4 018 km de Nuku Hiva (Marquises) et à 1280 km du Mexique semble jouir d’un regain d’intérêt de Paris. Son sol contiendrait des nodules polymétalliques…

clipperton situation

C’est également un terreau de renseignements dans les domaines de l’environnement, de l’économie, de la géopolitique, du juridique, du scientifique pour les études océan-atmosphère et la tectonique des plaques. On constate que l’atoll a considérablement changé depuis 2001. A l’époque il était quasi désertique, aujourd’hui, l’atoll a verdi sur près d’un tiers de sa superficie. Son profil s’est modifié.

La passe sud-est évolue à l’échelle du mois, voire de la semaine, en cas de tempête. Le cordon littoral est repoussé dans le lagon et les franchissements des vagues sont nombreux. Au nord, le tracé rectiligne montre une forme incurvée de type baie en formation. La couronne a une largeur de 23 m tandis qu’elle était de 100 m il y a moins de 10 ans. Une érosion plus rapide que confirme l’apparition des vestiges de l’armée US jusque-là enfouis sous les sables.

En moyenne, une quinzaine de dépressions tropicales et de cyclones frapperaient l’atoll et, suivant les scientifiques, expliqueraient ces transformations. L’hypothèse probable de la montée du niveau marin avec le réchauffement climatique sont évoqués également.

Inhabité, oublié, l’atoll serait aujourd’hui au cœur d’enjeux multiples. La pêche illégale dans cette zone économique exclusive représenterait un manque à gagner d’au moins 25 millions d’euros pour l’État ! Depuis 2000, il semble que l’État s’y intéresse. Paris envisagerait de s’y installer notamment pour assurer une surveillance plus efficace de la zone. Mais, si le lagon est assez profond pour accueillir de gros navires, aucune passe n’en permet l’accès.

Le projet était d’ouvrir une passe nouvelle, mais l’ancienne passe sud-est, fermée depuis les années 1850 semble en train de se rouvrir !

clipperton ile

La ZEE de Clipperton est un cercle parfait de 435 000 km, elle est réputée pour être l’une des zones les plus riches en thonidés au monde, elle est pillée par des armateurs venus de Corée, du Japon et d’Amérique centrale. En 2005, 10 bâtiments senneurs ont été aperçus dans la zone de Clipperton ; un seul de ces navires peut repartir de campagne les cales pleines de 1 000 voire 2 000 tonnes de poissons ! 100 000 tonnes seraient ainsi pêchées sans payer de redevance à l’État, un manque à gagner estimé au plus bas à 25 millions d’euros. Allo Paris, allo, allo ! Y a quelqu’un ?

Hiata de Tahiti

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Recherches à Tahiti

Lien vital entre Tahiti et les Marquises, l’Aranui avec ses 200 passagers et ses 17 croisières par an a soufflé la 10ème bougie et annonce pour la fin de l’année 2014 un Aranui 5 plus grand. C’est en 1984 que le cargo mixte Aranui a effectué sa première croisière dans l’archipel des Marquises avec une vingtaine de passagers. Et pour fêter ce 10ème anniversaire, en plus de la découverte de Fakarava (Tuamotu), Ua Pou, Nuku Hiva, Hiva Oa, Fatu Hiva, Tahuata, Ua Huka (Marquises) et Rangiroa (Tuamotu), une escale dans la Perle du Pacifique (Bora Bora) a été organisée. Belle fidélité.

aranui aux marquises

Les tests de sécurité ont été effectués sur le Tuhaa Pae IV, le bateau sera bientôt prêt pour accueillir des croisiéristes à destination. Ce sera donc le pendant de l’Aranui pour les Marquises. Ce cargo mixte dispose d’une capacité de 98 passagers, il devrait être autorisé dans le courant du mois à en transporter 25 contre 12 actuellement et développer le concept de croisière. Il y aura à la disposition des croisiéristes 16 cabines dont une cabine pour handicapés, un dortoir, un restaurant de 50 couverts. A suivre.

Une mission scientifique effectuée il y a un an et demi étoffera sans doute le dossier d’inscription au patrimoine mondial, la richesse des eaux marquisiennes étant enfin expliquée. Les scientifiques, après analyses, « confirment que la signature isotopique ici est très particulière, et qui peut s’expliquer par la production primaire (phytoplancton, zooplancton…) très riche dans les eaux marquisiennes. Du point de vue marin, les Marquises se caractérisent par trois particularités : absence de récif dans une zone tropicale, le sens de circulation du courant est différent de celui des autres archipels et les espèces endémiques sont très importantes et la chaîne trophique est différente de celle du reste du Pacifique Sud, ce qui permet une production animale très importante et le maintien de la ressource en place. »

Une équipe de trois chercheurs est actuellement en mission à Tahiti et aux Tuamotu pour récolter des cônes, des mollusques marins venimeux. Il pourrait y avoir des possibilités de médicaments liées aux venins, en particulier à ceux des cônes polynésiens. Exploiter les venins animaux pour découvrir de nouvelles molécules à vocation thérapeutiques dans les domaines de la douleur, des maladies cardio-vasculaires, de l’obésité. A suivre.

clipperton ile de la passion carte

Une mission de géographes de l’Université de Polynésie sur l’île de la Passion (autre nom de Clipperton) s’est déroulée en ce début d’année. C’est le plus petit territoire français, délaissé par Paris et qui pourtant est le spot mondial du thon. La ZEE de Clipperton est un cercle parfait de 435 000 km. C’est l’une des zones les plus riches en thonidés au monde. Elle est pillée par de nombreux armateurs venus de Corée, du Japon, d’Amérique centrale. Déjà en 1969, les autorités internationales estimaient à 25 000 tonnes de prises illégales dans la zone. En 2005, 10 bâtiments senneurs ont ainsi été aperçus sur l’espace d’un mois dans les eaux de Clipperton. Et l’on prétend qu’un seul de ces navires peut repartir de campagne les cales pleines de 1 000 voire 2 000 tonnes de poissons. 100 000 tonnes seraient ainsi pêchées sans payer de redevances à l’État, un manque à gagner estimé au plus bas à 25 millions d’euros. Alors Messieurs de Paris, k-do, k-do. Rappel de sa situation à 4 018 km de Nuku Hiva (îles Marquises) et à 1 280 km du Mexique. Ne dites pas que les fonds marins de ce petit bout de terre seraient riches de nodules polymétalliques, alors chut, bouche cousue ! Par ailleurs, il y a 100 000 fous masqués et le nombre de crabes terrestres est impressionnant.

Portez-vous bien

Hiata de Tahiti

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La vie des bêtes à Tahiti

Du centre de Bruyères-le-Châtel, Paris veille sur Mururoa depuis l’arrêt des essais nucléaires. Des scientifiques contrôlent les mouvements souterrains. Tout est sous surveillance, alors dormez tranquilles.

Sauf que les gens restent les gens. Session des assises à Papeete : l’ado qui avait massacré Victor, 14 ans, pour son vini (téléphone portable) sera au frais pendant 18 ans.

« Je l’ai violée puis étranglée avec son tricot. » Vingt-cinq ans après le fait, trahi par son ADN, il est jugé et condamné à perpétuité.

Dix ans de prison pour le braquage du magasin Champion de Moorea.

Un plongeur masqué, armé d’un couteau, braque la Poste de Rikitea aux Gambier et repart sur un scooter volé avec 4 millions de FCP. Il court toujours le plongeur ! Il a du rejoindre sa sirène.

« Il me viole depuis l’âge de 11 ans », le père prend 13 ans de prison.

Trente ans de prison pour la tante tortionnaire, chef de meute. Durant 3 mois, les barbares de Faaa avaient séquestré, torturé et violé la jeune femme de 19 ans, leur nièce, leur voisine, leur sœur. Ébouillantée, brûlée au fer à blanc, marquée à la cigarette incandescente, humiliée, pénétrée, enfermée nue dans une pièce de la maison, elle avait réussi à déjouer la vigilance de ses tortionnaires qui avaient poussé le vice jusqu’à organiser des tours de garde afin de l’empêcher de s’échapper. Une commerçante l’avait recueillie errant nue dans la rue, complètement hébétée.

Hélas, ce n’étaient pas des poissons d’avril !

Déjà évoqué précédemment le monarque, oiseau endémique, est victime de six prédateurs : le rat noir, le merle des Moluques, le bulbul à queue rouge, le busard de Gould, les chèvres et les chats redevenus sauvages. Et de deux plantes envahissantes qui modifient son habitat : le miconia et le tulipier du Gabon. En 2011, il ne reste plus que 40 individus. Il faut sauver le soldat Monarque de Tahiti. Ce sauvetage est l’affaire de tous.

Le cheval polynésien aurait été introduit par les Européens à partir du Chili, d’abord dans l’archipel des Marquises dans les années 1840. Allez à Ua Huka, appelée l’île aux chevaux, c’est là que cet ongulé a trouvé le plus grand essor. Le cheval marquisien est petit, robuste, utilisé pour transporter le coprah sur les chemins pas carrossables et pour accéder aux endroits difficiles. Mais cet animal broute tout sur son passage et l’écosystème souffre. Les végétations originelles ne peuvent se régénérer. Le déboisement des crêtes et des vallées s’accentue, l’érosion sévit et les sols deviennent instables.

Alexis Du Prel dans son ‘Tahiti Pacifique’ avait donné une suite à son article sur Clipperton. E. Chevreuil se trouvait sur un chalutier qui voguait en direction de cet atoll perdu. Pas d’avion ni de bateau en vue. Il passera le Nouvel An sur ce bout de terre française seul afin de vérifier ses connaissances livresques et valider ses théories. Il constate que les fous sont nombreux et en bonne santé (les oiseaux, pas les malades). Que les crabes orange sortent en nombre à la tombée de la nuit. Que les cocoteraies portent encore les stigmates des missions scientifiques, et… que les membres de ces missions, sans honte, ont publié papiers et DVD pour dénoncer un environnement en danger mais qu’ils l’ont aggravé eux-mêmes !

Ils ont usé et abusé de leurs quad (!), tronçonneuse, générateur et autres machines ! Chevreuil fait une liste de tout ce qu’il a trouvé sur l’atoll : impressionnant. « Clipperton est l’un des joyaux de la France, une de nos plus belles et plus mystérieuses possessions… peut-être aussi la plus riche et la plus diverse, et l’île mérite d’être préservée. L’île de la passion, de toutes les passions ». Je n’ajouterai rien à la conclusion de l’auteur « Ah, si seulement les crabes et les fous pouvaient avoir une carte d’électeur, peut-être que Paris prêterait enfin attention à cet atoll. »

Aïe Aïe ! Le tourisme en Polynésie française souffre encore en ce début d’année 2012. Encore une chute de 10% par rapport à janvier 2011. Le nombre de croisiéristes diminue de 16,5% également. Pour les hôtels, même tableau : -7%. C’est qui le ministre du tourisme ? Hein ? Mais c’est Oscar Temaru, bien sûr.

Pourtant, lors de la journée internationale des sites et monuments historiques, le vice-« prosidont » Géros a inauguré le marae restauré et aménagé. Cette journée est appelée en tahitien : « te mahana o te hiroa tumu » (le jour de la véritable conscience). Ce marae est situé sur la commune de Paea sur la côte ouest de Tahiti, à 17 km de Papeete, côté montagne et à 170 m de la route de ceinture. Si le chiffre n’est pas exact, prière déposer une plainte auprès des Autorités. C’est un marae de chefferie de district, l’un des plus importants de Tahiti. Le site est bien conservé. L’ensemble comprend trois grandes enceintes et un petit enclos, une plate-forme pavée qui semble être une plate-forme de conseil lui fait face. Lors de cette reconstruction historique des « unu » (poteaux sculptés gravés) ont été installés et des plantations d’essences locales effectuées. Si j’ai bien compris Mossieu le Vice-Prosidont descend d’une de ces lignées. Alors ça vous dit de venir le visiter ?

Si vous venez, vous ferez augmenter le nombre de touristes. En 2011, 162 776 touristes ont foulé le sol du fenua. Bien que l’aérien réduise la voilure, le marché nord-américain est le premier marché de croisiéristes et de honeymooners (couples amateurs de lune de miel). Les touristes européens en diminution, et plus spécialement métropolitains, restent environ 26,5 jours au fenua. C’est que ce n’est pas la porte à côté !

Mais seul un touriste sur dix revient visiter la Polynésie française. Regardez vous-même, les autres îles sont nettement moins chères et l’accueil est meilleur. Faites-votre choix.

Hiata de Tahiti

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Les atouts délaissés de Clipperton

Article repris par Medium4You.

Tahiti Pacifique publie un très intéressant article signé Éric Chevreuil intitulé : « Clipperton, île bâtarde de la République ou comment la France oublie une partie de son patrimoine ».

Je vous en cite plusieurs extraits. On y apprend entre autre « qu’une simple recherche Internet en anglais et espagnol montre qu’il y a au moins trois bateaux de pêche et deux bateaux dédiés à la plongée par saison (octobre à mai). Ces vaisseaux emportent entre 15 et 35 passagers et proposent accessoirement une journée à terre. Entre 100 et 150 personnes payent donc entre 50 000 et 150 000 dollars au total pour aller ouvertement tous les ans sur cette terre de France, sans visa ni autorisations, permis ni contrôles. »

De même, « Lance Milbrand, de National Geographic, a passé 41 jours en solitaire sur l’île et y a noté en moyenne un bateau tous les trois jours ». Et que « les visites médiatisées de la Marine nationale, en grande fanfare au départ des navires de leurs ports d’attache, n’ont que peu ou pas d’effet d’intimidation car prévisibles et de courtes durée. » Mais que, « fin 2004 et début 2005, l’expédition de Jean-Louis Étienne a été capable de débarquer 10 tonnes de matériel et 45 personnes sur l’atoll ravitaillé une fois par semaine par un voilier qui faisait des navettes à partir d’Acapulco ».

Enfin que « la France signait en mars 2007 un traité avec le Mexique lui donnant l’autorisation de pêcher pour dix ans dans la ZEE de Clipperton, sans quota ni conditions, même dans les 12 milles de ses eaux territoriales, sous réserve d’obtenir des licences de pêche auprès du haut-commissariat à Tahiti. Dix ans sans quota de pêche légale en plus de la pêche incontrôlée : coup de maître diplomatique forçant le Mexique à reconnaître notre souveraineté sur l’atoll au prix « temporaire » de sa population de thonidés ? Le futur nous le dira, mais officiellement, discorde et désaccord transpirent de Paris ».

« Clipperton est littéralement devenu le nouvel Eldorado de la pêche aux thons, le dernier endroit de cette région du globe où un pêcheur peut ramener des trophées de 150 à 200 kilos. » « La zone Clarion-Clipperton est aussi appelée la « ceinture de manganèse » ou la « ceinture de cobalt ». C’est une zone riche en nodules polymétalliques connue de tous et ces dernières années, de nombreuses expéditions ont été menées pour en évaluer les vraies richesses. En 2001, il fut entre autre découvert que 90% des nodules de la région de Clipperton se trouveraient par 4 000 m de fond dans les eaux françaises alors que le fonds de ces eaux internationales était pratiquement vide ».

Il semblerait que Russes et Chinois… Euh, c’était juste pour vous mettre en appétit !

Hiata de Tahiti

Le Sénat a publié un rapport intitulé ‘La France et les îles subantarctiques’ le  16 décembre 2011 : Rapport du Sénat n°208 (2011-2012) par MM. Bruno SIDO, sénateur et Claude BIRRAUX, député, fait au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques [Argoul].

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