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Qatar, les secrets du coffre-fort

christian chesnot et georges malbrunot quatar les secrets du coffre fort

Le président François en revient, occasion de lire un livre d’actualité. Christian Chesnot & Georges Malbrunot, le duo de journalistes ex-otages en Irak, se lancent sur le Qatar bashing : la crainte française de la nouvelle puissance de ce pays lilliputien comptant 180 000 natifs. Ces affairistes bédouins, désormais élevés dans les universités américaines, achètent les codes occidentaux à coups de milliards tirés de la manne gazière. Ils possèdent ainsi Les joueurs de cartes de Cézanne, « le » tableau à 250 millions de dollars, mais aussi le Paris Saint-Germain, club de foot parisien mais pas cher, et de nombreux hôtels de luxe. Leur tentative de prise de participation dans EADS a mobilisé contre eux les souverainistes et autres antimondialistes, tandis que leur fonds pour les banlieues en pleine campagne présidentielle a suscité la colère de tous les islamophobes.

Bien que le lecteur ait souvent l’impression que deux ragots recoupés forment une « information », ce livre qui se lit vite résume tout ce que « les médias » peuvent savoir sur le Qatar : les frasques de Rachida Dati et de sa famille, le clan féodal qatari, les luttes entre tribus, la confusion du patrimoine entre le pays et la famille régnante, le clientélisme avec l’argent du gaz, la politique de « l’État c’est moi ». Avec une rencontre privilégiée des intérêts sous Nicolas Sarkozy : « Entre le Président français et le Premier ministre qatarien, le courant est vite passé : même sens de l’opportunité, même absence de complexes face à l’argent et même quête de coups politiques » p.221.

qatar carte d

Mais il s’agit d’actualités, pas d’approfondissement. Ce livre est un objet « jetable », obsolète dans un ou deux ans. Les journalistes ont dépouillé la presse et interrogé quelques témoins, ils n’ont lu aucune recherche universitaire ni de science politique semble-t-il. Ne comptez donc pas en savoir plus que le titre accrocheur « les secrets du coffre-fort ».

En fait de secret, il s’agit d’un comportement clanique de nouveaux riches, où la puissance financière se double d’achats par pulsions. Le fonds souverain qatari pour l’avenir, QIA (Qatar Investment Authority), dispose chaque année de 30 milliards de dollars à dépenser, il faut bien trouver où ! La vague stratégie poursuivie est industrielle, immobilière et diplomatique : l’argent sert à créer des liens.

Les participations industrielles visent à sécuriser l’accès au savoir-faire qui intéresse le Qatar (exploration pétrolière Total 3.8%, Shell 3% ; infrastructures Vinci 5.8% ; traitement de l’eau Véolia 5% ; voitures de luxe Porsche-Volkswagen 10% ; communications Lagardère 12.8%, Vivendi 2%, France télécoms 1%).

L’immobilier, principalement à Londres et à Paris, servent à dégager des plus-values (exonérées d’ISF sous Sarkozy comme sous Hollande), tandis que l’art participe au prestige tout en assurant un investissement.

La diplomatie du carnet de chèque permet l’intermédiation dans l’armement (la guerre en Libye, le combat contre Bachar El-Assad), l’islamisme « modéré » (la chaîne Al-Jazeera) et le sport (l’achat de la FIFA pour obtenir la coupe du monde de foot en 2022 et du PSG pour se faire connaître d’ici-là).

Chacun peut lire ce livre comme un long article superficiel mais qui fait le point si l’on n’y connait rien, sans attendre ni révélation ni compréhension véritable du pays. Une sorte de fiche Wikipedia à la mode du temps diluée en 300 pages écrit gros, suite de points sans structure (13 « chapitres » !) juste pour faire le tour de ce qui se dit. Il n’y a même pas une carte pour situer ce confetti dans le monde. On ne s’ennuie pas, on n’apprend guère, et c’est bien trop long et pas assez croustillant pour ceux qui n’aiment pas lire. Décevant…

Christian Chesnot & Georges Malbrunot, Qatar les secrets du coffre-fort, mars 2013, édition Michel Lafon, 334 pages, €17.05 (format Kindle €12.99)

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Les atouts délaissés de Clipperton

Article repris par Medium4You.

Tahiti Pacifique publie un très intéressant article signé Éric Chevreuil intitulé : « Clipperton, île bâtarde de la République ou comment la France oublie une partie de son patrimoine ».

Je vous en cite plusieurs extraits. On y apprend entre autre « qu’une simple recherche Internet en anglais et espagnol montre qu’il y a au moins trois bateaux de pêche et deux bateaux dédiés à la plongée par saison (octobre à mai). Ces vaisseaux emportent entre 15 et 35 passagers et proposent accessoirement une journée à terre. Entre 100 et 150 personnes payent donc entre 50 000 et 150 000 dollars au total pour aller ouvertement tous les ans sur cette terre de France, sans visa ni autorisations, permis ni contrôles. »

De même, « Lance Milbrand, de National Geographic, a passé 41 jours en solitaire sur l’île et y a noté en moyenne un bateau tous les trois jours ». Et que « les visites médiatisées de la Marine nationale, en grande fanfare au départ des navires de leurs ports d’attache, n’ont que peu ou pas d’effet d’intimidation car prévisibles et de courtes durée. » Mais que, « fin 2004 et début 2005, l’expédition de Jean-Louis Étienne a été capable de débarquer 10 tonnes de matériel et 45 personnes sur l’atoll ravitaillé une fois par semaine par un voilier qui faisait des navettes à partir d’Acapulco ».

Enfin que « la France signait en mars 2007 un traité avec le Mexique lui donnant l’autorisation de pêcher pour dix ans dans la ZEE de Clipperton, sans quota ni conditions, même dans les 12 milles de ses eaux territoriales, sous réserve d’obtenir des licences de pêche auprès du haut-commissariat à Tahiti. Dix ans sans quota de pêche légale en plus de la pêche incontrôlée : coup de maître diplomatique forçant le Mexique à reconnaître notre souveraineté sur l’atoll au prix « temporaire » de sa population de thonidés ? Le futur nous le dira, mais officiellement, discorde et désaccord transpirent de Paris ».

« Clipperton est littéralement devenu le nouvel Eldorado de la pêche aux thons, le dernier endroit de cette région du globe où un pêcheur peut ramener des trophées de 150 à 200 kilos. » « La zone Clarion-Clipperton est aussi appelée la « ceinture de manganèse » ou la « ceinture de cobalt ». C’est une zone riche en nodules polymétalliques connue de tous et ces dernières années, de nombreuses expéditions ont été menées pour en évaluer les vraies richesses. En 2001, il fut entre autre découvert que 90% des nodules de la région de Clipperton se trouveraient par 4 000 m de fond dans les eaux françaises alors que le fonds de ces eaux internationales était pratiquement vide ».

Il semblerait que Russes et Chinois… Euh, c’était juste pour vous mettre en appétit !

Hiata de Tahiti

Le Sénat a publié un rapport intitulé ‘La France et les îles subantarctiques’ le  16 décembre 2011 : Rapport du Sénat n°208 (2011-2012) par MM. Bruno SIDO, sénateur et Claude BIRRAUX, député, fait au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques [Argoul].

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