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Les grandes vacances de Jean Girault

Louis de Funès en directeur d’internat privé à 5 km de Versailles (en fait le château de Gillevoisin dans l’Essonne) et en père en butte aux adolescences de ses fils Philippe et Gérard. Frasques et gag en tous genres et en couleur, dans ces années soixante qui deviennent mythiques tant les « problèmes » et les « crises » que nous nous efforçons de susciter à chaque moment n’étaient alors pas d’actualité. Un optimisme bienveillant était la règle, la population était jeune.

Le fils aîné du directeur Charles Bosquier, Philippe (François Leccia, 18 ans au tournage), a un bulletin minable en anglais : 1/20 seulement (l’époque savait noter de 1 à 20 et pas comme aujourd’hui de 6 à 18 pour ne pas déplaire). Illico presto son père décide de l’envoyer en Angleterre dans le cadre d’un échange avec son ami Mac Farrell (Ferdy Mayne), gros distilleur de whisky. Il recevra en échange sa fille Shirley (Martine Kelly, 22 ans au tournage) dans son château où l’internat fonctionne en rattrapage pendant les vacances.

Mais Philippe a prévu d’autres vacances : une croisière sur la Seine jusqu’au Havre avec ses copains. Il soudoie donc Michonnet (Maurice Risch, 24 ans au tournage), un gros balourd dont les parents se fichent et qui n’a rien de prévu durant tout l’été, pour qu’il parte à sa place et se fasse passer pour lui. Shirley arrive à l’internat en voiture Mini et en jupe mini, toute la mode des sixties. Les élèves en rattrapage en sont tout chamboulés et le directeur se fâche dans un théâtre de comedia del arte comme il sait faire. Shirley boude. Elle soudoie alors Gérard (Olivier de Funès, 16 ans au tournage), le fils cadet du directeur et son favori, pour qu’il l’emmène dans les lieux où l’on s’amuse. Au prétexte de visiter les musées parisiens ou l’église Sainte-Clothilde, ce ne sont que cinémas et boites où l’on danse. Les deux adolescents sont surpris un soir qu’ils rentrent tard de s’être trop amusés, échevelés et débraillés. En suivant son fils si sage jusque dans sa chambre puis dans la salle de bain, le père découvre que le gentil Gérard, qui compose un herbier, s’intéresse aussi à Rock et Folk, Playboy, Lui et autres magazines de son temps.

Lors d’un périple en Mini, Gérard propose d’aller se baigner. Et quoi de mieux que Les Mureaux sur la Seine, à 30 km de Versailles, qu’il connaît bien puisque le voilier familial y est amarré au club nautique. C’est là qu’il découvre Philippe, qui n’est pas en Angleterre, et que Shirley décide de partir en croisière avec les garçons ; elle en a marre du ronchon directeur. Ils font sortir en douce l’élève Bargin (René Bouloc, 23 ans au tournage), en rattrapage constant mais qui sait réparer les moteurs, et les voilà partis dans la brise et sous le soleil, chemises ouvertes ou torse nu. Shirley est ravie ; elle se prend de mamours pour le grand et svelte Philippe.

Et c’est l’imbroglio du théâtre : Bosquier apprend par Mac Farrell que son fils est malade d’avoir trop englouti de bouffe anglaise (huîtres en soupe, rôti à la chantilly parfum menthe, haddock aux cerises et mandarines, immonde jelly tremblotante aux couleurs flashy…) ; il décide d’aller le voir. Il démasque évidemment Michonnet qui a pris la place de Philippe mais il joue le jeu en râlant, pour éviter le scandale. L’ado va bien, il a seulement une indigestion. Lorsqu’il revient au château, il apprend que Shirley est partie avec Philippe, Gérard a vendu la mèche à sa mère (Claude Gensac), et le voilà emporté dans une épopée fantastique pour les rattraper avant que Mac Farrell n’arrive pour récupérer Shirley !

DS noire à fond sur les petites routes, emboutissage d’un poulailler, vol d’un canot à moteur, méprise pour sa seconde fois avec un voilier qui ressemble à celui de son fils après la Mini qui ressemblait à celle de Shirley, pris dans un fil de cerf-volant et entraîné dans les airs par son canot sans maître, recueilli dans la flotte par une péniche de Flamands, déguisé en matelot de la Grosse Lulu à cause d’un pantalon cramé au fer, pris en stop par un livreur de charbon en camion Renault, bagarre dans un rade du Havre où les jeunes sont arrivés, retrouvailles du voilier et de ses deux adolescents échappés des flics occupés à baiser (ou presque) – retour au château pour l’arrivé de Mac. Ouf ! Shirley, déguisée en écolière très sage, repart avec son père.

Michonnet est toujours en Angleterre et supplie d’y rester encore un peu. Mais Shirley ne veut pas entendre parler de lui, éprise de Philippe. Comme il l’agace, elle ne trouve rien de mieux que de diluer un somnifère dans son whisky rituel puis de faire semblant d’avoir couché avec lui lorsque le majordome lui apporte son thé, ses toasts et son jus d’orange du matin. Outré, il va en faire part à son maître qui téléphone aussi sec à Bosquier que c’est un scandale. Celui-ci retourne aussitôt en Angleterre et traîne Philippe avec lui pour dissiper le malentendu. Shirley s’aperçoit alors que le Philippe chez elle est Michonnet alors que le Michonnet du bateau est Philippe. Baiser dans l’escalier, au risque d’un nouveau scandale.

Qui d’ailleurs arrive aussitôt – comique de répétition – par un mot laissé sur l’oreiller à son père : je suis partie avec Philippe, nous allons nous marier. Les deux pères sont atterrés. Une vieille coutume écossaise veut en effet qu’une fois l’an lors de la fête, le village écossais de Gretna Green permette aux jeunes couples de se marier chez le forgeron dès 16 ans sans le consentement de leurs parents (la majorité était à 21 ans). Les cérémonies se font à la chaîne, pressées par les parents qui accourent à cheval, en voiture et par tous les moyens de transport pour les empêcher. Bosquier et Mac Farrel arrivent en avion, l’Écossais ayant été pilote de chasse pendant la guerre. Bosquier le fait se poser sur le toit de l’autocar qui transporte les adolescents.

Le mariage a lieu in extremis, tout étant fait pour retarder les parents qui doivent louer des déguisement d’époque pour entrer, dans une bagarre sans nom pour les frusques. Poursuivis par leurs pères, Philippe et Shirley enfourchent des chevaux et fuient à travers la lande, poursuivis par une carriole attelée que Bosquier emballe en fouettant les chevaux. Celle-ci ne tarde pas à se disloquer dans une pente car un cheval ne peut pas freiner, son sabot n’ayant pas deux doigts comme les bœufs. Les deux pères restant dans la carcasse qui fait traîneau jurent que, s’ils s’en sortent, ils accepteront le mariage de leurs tourtereaux. Ils se fracassent sans dommage corporel dans la distillerie familiale, mais engendrent une inondation de whisky. Un banquet écossais avec danses scelle la réconciliation de tous et la fin des grandes vacances. Philippe aura au moins appris à parler anglais.

DVD Les grandes vacances, Jean Girault, 1967, avec Louis de Funès, Ferdy Mayne, Martine Kelly, François Leccia, Olivier de Funès, StudioCanal 2010, 1h30, €9,99 blu-ray €14,90

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Phare de Carteret

Depuis la table d’orientation, nous pouvons contempler le panorama des dunes et de la mer que la marée fait reculer quelque peu. Nous descendons pique-niquer sur la plage immense par une coulée entre deux dunes. Des promeneurs erratiques ponctuent le paysage, parfois avec un chien ou un enfant.

Deux parapentistes en couple s’entraînent depuis la dune au-dessus en profitant du vent du large. Un voilier serre le vent d’un bord, puis de l’autre. Des cormorans sont regroupés en apostrophes noires sur l’estran, jacassant ou faisant sécher leurs ailes au soleil.

Seules deux filles vont se baigner. Elles trouvent l’eau froide mais entrent et y restent le temps que nous engloutissions notre pique-nique presque en entier. Nous déjeunons de salade de riz au thon, d’une demie boîte de maquereaux à la moutarde par personne, d’une part de pont-l’évêque de marque Graindorge (« une valeur sûre » selon la guide, qui est du coin), d’une banane, et de café en poudre avec de l’eau chaude apportée en thermos.

Nous reprenons la plage, toujours en marche nordique. La guide fait un test pour savoir si nous avons assimilé : nos traces doivent montrer que les pointes des bâtons sont exactement au milieu des pas que nous formons. Un grain visible au large depuis plusieurs minutes nous rattrape et nous tombe dessus. Ce n’est pas une forte pluie mais elle mouille.

C’est sous l’église de Saint-Germain le Scot, en ruines, que nous quittons la plage dit « de la vieille église » pour grimper sur le plateau par le sentier qui serpente. Venu d’Écosse, l’évangélisateur aurait maté un dragon. Selon la guide, la mer qui mugissait sourdement en se précipitant dans les grottes effrayait les villageois. Nul ne sait comment le saint a pu rendre inoffensif un bruit qui est resté le même après son intervention : le dragon, une fois mort, aurait dû cesser tout mugissement. L’église a été abandonnée parce que trop excentrée et n’offre plus que les trous béants des ouvertures et quelques murs dont ont été récupérées les meilleures pierres pour bâtir le village. Le grand corbeau et le faucon pèlerin nichent dans le coin.

Trois dates normandes à retenir selon la guide : 911, le traité de Saint-Clair-sur-Epte qui a fait donner le duché par le roi des Francs, Charles le Simple à Rollon ; 1066, où Guillaume le conquérant devient roi d’Angleterre en vainquant le roi anglo-saxon Harold ; 1204, le rattachement du duché de Normandie à la France par Philippe-Auguste. Miss M., toujours à en rajouter, évoque 1120 et la Blanche nef, avec le naufrage et la noyade dans le raz de Barfleur de Guillaume et Richard, héritiers directs du roi Henri 1er d’Angleterre, descendant de Guillaume. Ken Follett, dans Les Piliers de la terre, en fait un ressort de l’intrigue.

Nous suivons le sentier de falaise vers Carteret avec une vue sur les couleurs de l’herbe, des rochers, du sable et de l’eau. Je ne me lasse pas du paysage et de ses contrastes, le bleu de l’eau, le blanc du rivage, le jaune du sable, le brun du roc, le vert de l’herbe. Des silhouettes menues et quasi nues s’agitent sur une langue de sable qui s’avance dans la mer, dans l’écume des vagues ; je distingue deux mâles et une palanquée de petites filles avec un seul petit gars ; les femmes sont en avant à surveiller l’aîné avec sa planche de surf qui s’essaie tant bien que mal à tenir dessus.

Carteret se signale par l’alignement de ses cabines de bain blanches aux toits pointus de diverses nuances de gris. Au-dessus du cap de Carteret, le phare est une « maison-phare » construite en 1839 sur la falaise pour guider les bateaux jusqu’au port et leur éviter le « passage de la déroute ». A moitié détruit par les Allemands à la fin de la dernière guerre, il a été automatisé en 1976 mais reste avec un gardien jusqu’en 2012. Il se visite mais nous n’avons pas le temps de monter ses 58 marches pour contempler la mer de 85 m en surplomb.

Nous n’entrons pas dans le village mais prenons une côte goudronnée qui nous reconduit jusqu’au parking où nous effectuons cette fois les étirements requis au soleil brutalement revenu.

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Dernier mercredi de juin à Paris

Dernier mercredi scolaire, les vacances sont si proches, le bac si prenant qu’on ne fait déjà plus rien. Que des selfies au bord du bassin du jardin du Luxembourg ou faire voguer un voilier traditionnel avant la croisière familiale en Corse ou en Bretagne.

Certains jouent au ballon, mais il fait si chaud et la coupe est celle des filles (qui, elles, ne jouent pas dans les squares parisiens)…

L’herbe à l’ombre est trop tentante. Laissons les filles faire du foot en coupe, le ballon nous sert d’oreiller.

Il fait très chaud mais le torse nu n’est plus bien vu. Chez les ados du boulevard Saint-Michel, porter la cravate desserrée sur la chemise ouverte comme un collégien anglais est la dernière mode !

Même marcher fatigue par grosse température. les trottinettes qui fleurissent un peu partout, en libre-service (payant) permettent de glisser n’importe où, même si les hidalgos ont seigneurialement décidé de les interdire sur les trottoirs… après 9 mois de mauvaises habitudes laissées sans règles. Il n’est pas facile d’être kid à Paris.

Quant au lendemain sérieux, le jeudi 27 juin, deux gamins sortent du restaurant tenu par le chef Marinez, Le relais Louis XIII, rue des Grands Augustin, là même où le petit Louis, 8 ans, a appris l’assassinat de son papa le roi Henri IV sous le couteau d’un fanatique religieux survolté par les ayatollahs cathos. Ces deux-là sont hilares et se congratulent comme des gamins en foire : Dominique de Villepin, crinière argentée au vent, cravate et costume clair, face à Edwy Plenel, moustache stalinienne, chemise noire (!) sans cravate et costume bleu sombre. Il est un peu plus de 15 h, le lobbyiste international et le patron d’investigation viennent de déjeuner. Pas de photo, SVP, ils sont ici incognito.

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La falaise mystérieuse de Lewis Allen

Le rêve et l’effroi sont filmés en 1937, dans cette Cornouailles fouaillée par la mer et propice à toutes les légendes.

Un couple improbable d’un frère et d’une sœur adultes, en villégiature pour fuir la vie trépidante de Londres, se balade sur les falaises. Lorsqu’ils escaladent l’une d’elles, à marée basse, ils entrent dans le parc d’une belle demeure ancienne, semble-t-il à l’abandon.

Leur petit chien poursuit un écureuil qui s’engouffre par une fenêtre mal fermée et le couple les suit. Ils explorent la maison, vaste, solide et à la vue imprenable sur l’océan. Pamela, la sœur (Ruth Hussey), en tombe immédiatement amoureuse.

 

Roderick (Ray Millaud) est plus sceptique mais il consent avec réticence à céder aux instances de sa sœur et à envisager une carrière de compositeur et d’écrivain sur la musique loin de la capitale. Il pourrait ainsi mieux approfondir son œuvre. Une pièce en particulier lui plaît, dont il pourrait faire son bureau, le « studio » sous les toits, avec une vaste verrière ouverte sur la mer.

Ils s’enquièrent au village de pêcheurs de qui est le propriétaire et s’invitent en sa demeure. Il est en promenade et sa petite-fille les reçoit (Gail Russel). Lorsqu’elle apprend qu’ils envisagent l’achat de la maison, elle les met presque à la porte. C’était la demeure de sa mère et elle y est mystérieusement attachée. Le grand-père (Donald Crisp) arrive à point pour calmer la jeunette, nerveuse et fragile malgré ses 20 ans. Le couple ne peut réunir que 1200 £ mais il accepte ; il veut vendre à tout prix et les acheteurs ne se pressent pas. Pour justifier le rabais, il évoque les locataires précédents qui sont partis précipitamment pour avoir entendus des sons bizarres durant la nuit. Mais c’était peut-être le vent ou la mer sous la falaise. En tout cas, il les aura prévenus.

Le couple s’obstine, rebelle à tout irrationnel. Ils s’installent. Le chien terrier n’aime pas la maison et fugue ; le chat de la gouvernante (Barbara Everest) refuse de monter à l’étage, le poil hérissé. Mais ces signes ne troublent pas la jeune fratrie, ravie d’installer un nouveau foyer. Comme ce pacs avant la lettre n’est guère moral, Roderick fait la connaissance de la petite-fille Stella lors d’un achat de tabac au village. Elle présente ses excuses pour les avoir mal reçus et raconte comment sa mère est morte en tombant de la falaise un soir lorsqu’elle avait 3 ans. Son père l’a peinte en majesté dans le studio avant sa mort, alternant avec son modèle favori Carmen, une gitane espagnole.

Roderick veut sortir la jeune fille de ce milieu morbide et de la vieillerie du grand-père qui la traite encore en fillette. Il l’emmène faire un tour en voilier, curieusement vêtu d’un costume cravate et d’un chapeau qui ne tremble même pas au vent de la course ; quant à la jeune fille, elle barre en chaussures à hauts talons ! Toujours est-il que la glace est brisée et que Stella est invitée au manoir pour dîner. Malgré l’interdiction de son commandant de grand-père qui veut l’éloigner de l’influence néfaste de la maison, elle s’y rend (bien qu’elle ne soit pas encore majeure à cette époque). Elle commence à rire avant que des sons lugubres comme des sanglots de femme ne se manifestent, comme ce fut le cas quelques nuits auparavant. Terrifiée, éperdue, Stella fuit et se précipite vers la falaise en état second. Roderick la rattrape in extremis avant qu’elle subisse le même sort que sa mère.

Dès lors, l’intrigue se noue. Roderick est amoureux de Stella mais celle-ci est sous une emprise mystérieuse liée à ses origines et au traumatisme de sa vie d’enfant. Le fantôme des deux femmes qui vivaient avec son père hantent le manoir en vue d’on ne sait quelle vengeance. Le docteur du village (Alan Napier), un « nouveau qui n’est là que depuis douze ans », conjugue ses efforts avec le frère et la sœur pour comprendre et dénouer le drame qui se joue. Il s’agit d’un secret de famille sur lequel pèse l’omerta, sauf dans les notes de l’ancien docteur. Stella est considérée comme à demi-folle et est envoyée se soigner à la fondation Meredith, du nom de sa mère, tenue par l’ancienne infirmière de la famille amie de la défunte, la redoutable et impérieuse Miss Holloway (Cornelia Otis Skinner). L’amour et la raison triompheront du mal et des superstitions.

Le fantastique faisait ses débuts dans l’Angleterre de la guerre, en équilibre entre rêve et terreur, entre amour et fantômes, mêlé à une intrigue quasi policière. Le film est tiré d’un roman irlandais de la militante républicaine Dorothy Macardle paru en 1942. Les images noir et blanc de Charles Lang sont somptueuses, notamment les vues sur la mer, et l’éclairage aux bougies du manoir particulièrement angoissant. L’imaginaire est plus sollicité que les sens, les effets spéciaux étant quasi inexistants et l’interrogation des esprits trop cocasse. Les moments comiques contrastent avec les moments de peur et, si les acteurs nous semblent aujourd’hui bien désuets, le spectateur les suit dans leur naïf optimisme contagieux. Car le parfum du mimosa, chéri de la mère morte, s’impose, tout comme le froid glacial de la pièce à peinture.

Et Gail Russell, “introducing” Stella, est bien jolie, surtout lorsqu’elle pointe ses seins comme des obus dans la maison obscure.

DVD La falaise mystérieuse (The Uninvited), Lewis Allen, 1944, avec Ray Milland, Ruth Hussey, Donald Crisp, Gail Russell, Cornelia Otis Skinner, Dorothy Stickney, Barbara Everest, Alan Napier, Wild Side 2017, 1h33, €7.96

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Tourisme tahitien

Une excellente nouvelle pour les touristes qui viendront en Polynésie française. Air Tahiti Nui réduit ses tarifs de 24 000 XPF (201 €) sur un billet Paris/Papeete/Paris pour les métropolitains qui séjourneront en pension de famille au moins dix jours. Qu’on se le dise ! L’actu vue par P’tit louis : « Patron d’ATN (Air Tahiti Nui) nous promet 200 000 touristes en 2016. Et l’autre de répondre : et dire qu’il y a 15 ans ils nous en annonçaient 300 000 ! »

TAHITI

Une autre bonne nouvelle, le Wind Spirit de la compagnie Windstar Cruises est arrivé le 1er mai pour six mois de croisières en Polynésie. C’est un voilier quatre-mâts qui est le sister-ship du Wind-Song, paquebot à voiles arrivé lui en 1987. On attend plein de touristes car le monde de la croisière se porte bien !

Le championnat de Tahiti 2014 des Tu’aro ma’ohi s’est déroulé sur le terrain de Vaiparoa près du Musée des Iles. Le lancer du javelot est une discipline qui demande force et précision. Les gagnants sont toujours des habitants des Tuamotu. Il s’agit d’envoyer des javelots sur un coco perché sur un mat. Le grimper au cocotier est une discipline impressionnante. Le gagnant a parcouru la distance en 4,48 secondes. Les grimpeurs portent aux pieds une lanière tressée. Ensuite le lever des pierres est une spécialité des Australes. Le poids des pierres varie de 60 kg à 140 kg. La gagnante (vahine) a soulevé une pierre de 60 kg en 1,50 seconde. Puis vint le tour des vainqueurs hommes ; pour la catégorie « léger » une pierre de 80 kg en 1,88 seconde ; pour la catégorie « moyen » une pierre de 100 kg en 1,88 seconde, à noter que les catégories « léger et moyen » ont été gagnées par le même individu ; pour la catégorie « lourd », le vainqueur a porté une pierre de 120 kg en 10,42 secondes ; la catégorie « super lourd » a vu le vainqueur soulever une pierre de 140 kg en 2,80 secondes. Il a ensuite battu le record de l’épreuve avec une pierre de 150 kg en 4,04 secondes. Qui fait mieux ?

Deux accidents dramatiques aux pirogues de Taapuna. Ces grandes pirogues de loisirs sont louées à la journée pour y faire la fête plutôt en fin de semaine. Elles sont ancrées à Taapuna dans très peu d’eau. Le même samedi un adolescent de 16 ans et un adulte de 60 ans ont été paralysés après avoir plongé dans trop peu d’eau depuis les pirogues. Les dégâts sont hélas irréversibles : tétraplégie et paraplégie. Les services de santé s’inquiètent car depuis deux ans il y aurait eu six accidents de ce type.

A BORD DE L ARANUI

Après avoir ouï les pleurs des guides de randonnées patentés, le Pei presse le pas. La concurrence est rude, grâce ou à cause d’Internet et des faux guides, alors le Pei va mettre la main au portefeuille pour réhabiliter, sécuriser et baliser NEUF sentiers de Tahiti dont Te Pari à la Presqu’île. Il y a deux ans, deux morts étaient à déplorer sur ce sentier difficile. Il paraît que pour la seule année 2014, 50 millions de XPF ont été budgétisés. On connaît 80 parcours de randonnées sur Tahiti, les 9 faisant partie du plan de réaménagement seront : l’Aorai (Pirae), la Fautaua (Papeete), Te Pari (Fenua Aihere), Vaipahi (Mataiea), Te Faaiti (Papenoo), Cité Jay (Arue), les 1 000 sources (Mahina), la vallée de Tipaerui, et la Grande randonnée de Tahiti qui pourrait mener de Mahina jusqu’à la Punaruu. Grandioses tous ces projets. On découvre, enfin, que le tourisme nature pourrait amener quelques francs supplémentaires, mais il faudra prendre conscience que la sécurité des touristes est primordiale si l’on veut les voir revenir, mais pas quitter le pei entre quatre planches.

Air Tetiaroa a réceptionné son premier avion pour transporter ses clients de Tahiti à l’hôtel The Brando. Conçu en Grande-Bretagne, le premier Britten-Norman 2T d’Air Tetiaroa est arrivé sur le territoire et avait mis plus de deux semaines pour arriver au fenua. Il a fait quelques sauts de puce en passant, non, non, pas par la Lorraine, mais par la Sardaigne, l’Arabie Saoudite, l’Inde, le Sri Lanka, l’Indonésie, Bali, l’Australie, la Nouvelle-Calédonie, Tonga, et j’en passe.

Un peu de tahitien : maita’i = bon, bien ; ve’ave’a = chaud ; ‘oa’oa = content, joyeux, gai ; hupehupe= fainéant, paresseux ; to’eto’e = froid ; poria = gros, gras ; ‘api = jeune, nouveau, neuf ; paruparu = mou ; veve = pauvre ; ‘ona = riche.
Et toujours : U prononcer ou ; E prononcer é.

Hiata de Tahiti

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Chasse au trésor à Tahiti

Pour ceux qui ont vécu en Polynésie, Anuanuraro est un nom qui leur rappelle des souvenirs… Non ?

L’atoll d’Anuanuraro dépend de l’atoll de Hao (ancienne base arrière du CEP), ses terres émergées ? 2 km2, la surface de son lagon ? 8 km2. Anuanuraro ou Anuanu-Ouest fut aussi appelé Archange puis Duke of Gloucester Island par les découvreurs. C’est un petit atoll sans passe de 5 km de long sur 3,5 km de large. Racheté par le Territoire, il était la propriété de Robert Wan qui y exploitait une ferme perlière (cela vous rappelle quelque chose, maintenant ?). L’aérodrome privé n’est plus en utilisable.

ballon plage polynesieL’île est réputée détenir un trésor… C’est là que trois hommes passionnés d’archéologie, d’histoire et de chasse au magot ont vécu une aventure rocambolesque depuis le 17 mars dernier. Ils avaient tout prévu sauf le mauvais temps. Débarqués d’un catamaran, ils auraient perdu 80% de leurs vivres dès leur débarquement mouvementé sur l’atoll. Téléphone satellitaire et panneaux solaires ne fonctionnaient pas… Et le catamaran ne devait revenir les chercher qu’entre le 3 et 6 avril !

Mais quel est ce trésor ? L’un des plus gros trésors pirate du monde ! De 3 à 23 tonnes d’or ! Caché où ? C’est un aventurier irlandais Charles Edward Howe qui a organisé de nombreuses expéditions à Pinaki (autre atoll des Tuamotu) suite à sa rencontre en Australie en 1912 avec le dernier survivant d’une équipe de quatre pirates qui auraient volé et caché, de nombreuses années auparavant, le magot, sans jamais rien trouver. Les aventuriers des temps modernes ne remettent pas en cause l’existence de ce trésor mais pensent qu’il se trouverait sur un autre atoll des Tuamotu. Lequel ? C’est bien là la question !

pirates costumes

Ils pensent également que le trésor ne proviendrait pas de la cargaison d’or d’un navire espagnol mais d’un voilier, Le Madagascar, une frégate trois-mâts britannique, mystérieusement disparue corps et biens en 1853 et que les pirates auraient drossé volontairement sur le récif d’Anuanuraro.

Pinaki, appelé également Panaki, ou Whitsunday Island par les Européens est un petit atoll circulaire de 4,5 km de diamètre, un lagon de 1 km de long et 600 m de large, relié à l’océan par un seul hoa. Loin de Tahiti (plus de 1 100 km) l’île est connue car on raconte qu’elle renferme un trésor : un butin de 10 millions de dollars représentant les biens de l’Église catholique au Pérou qui fut embarqué en 1849 sur une goélette qui appareilla de Pisco. Une mutinerie à bord, plusieurs personnes de Nukutavake en 1850 qui affirmèrent avoir vu une goélette semblable à ce navire dans les parages de Pinaki et même un pêcheur affirmait avoir vu des hommes décharger des coffres en bois ! Howe débarqua à Pinaki en 1912, creusa, fouilla l’atoll pendant 18 ans sans jamais rien trouver. D’autres creusèrent d’autres trous…

TAHITI DEPUIS LES HAUTEURS

Il parait que pendant les soirées de bringue, le trésor est toujours un sujet de conversation ! Nos aventuriers ont récolté de précieux débris. Le plus jeune des aventuriers laissé sur place (plus résistant qu’un Australien) a été recueilli par l’hélicoptère Dauphin et déposé sur l’atoll privé de Nukuteppi.

Hiata de Tahiti

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Où habiter à Tahiti ?

En Polynésie, ils sont nombreux ceux qui ont choisi de vivre sur leur voilier, par amour de la mer ou pour des raisons financières. Par exemple à la Marina Taina (Punaauia), 70 bateaux sont habités et se trouvent au mouillage dans le lagon ou à quai. Pour un anneau dans la Marina ce sera 40 000 XPF par mois (335,20€) contre 20 000 XPF (167,20 €) au mouillage. Tous ne sont pas des marginaux, il y a là des professions libérales, des fonctionnaires, des retraités. Plusieurs catégories d’individus viennent ici sur leur bateau : il y a ceux qui ne bougent jamais et qu’on appelle les ventouses, ceux qui sortent régulièrement, enfin ceux de passage qui font le tour du monde.

gamins en bateau

L’hôtel Brando à Tetiaroa qui sera ouvert en juillet se veut écolo, et toujours plus écolo. L’électricité sera produite à moitié par des panneaux solaires photovoltaïques et moitié par le générateur à l’huile de coprah produite par l’huilerie de Tahiti. L’accord a été signé début avril. Rappel, pour une nuit à l’hôtel The Brando vous devrez déboursez 3 000 €. La climatisation utilise la technologie « Sea Water Air Conditioning » ou SWAC : l’eau de mer est pompée à plus de 900 mètres de profondeur pour rafraîchir l’air de l’hôtel, l’eau chaude étant fournie bien sûr par les panneaux solaires.

Tetiaroa, l’atoll des rois est composé de 12 îlots et tiennent une place particulière dans la tradition et l’histoire polynésienne. Les premiers habitants considéraient l’atoll comme un lieu sacré visité par les dieux. Les familles des dynasties Pomare en firent leur lieu de villégiature préféré. L’acteur Marlon Brando était tombé amoureux de l’île privée lors du tournage des Révoltés de la Bounty en 1960.

vahine seins nus sur plage

Depuis le 16 avril, un jeune dauphin à long bec est coincé dans le lagon de Punaauia. Les grosses têtes se penchent sur la méthode appropriée afin de guider ce jeune cétacé vers le large. Il a été baptisé Matatia du nom d’une vallée de Punaauia dont la rivière se jette dans le lagon. Le mammifère est séparé de son groupe et il est fortement question qu’il fasse appel à L’ONU pour devenir indépendant. A suivre.

Hiata de Tahiti

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Pique-nique sur le motu Haka des Tuamotu

Nous commencerons le lendemain de notre arrivée par un pique-nique sur le motu Haka. Nous embarquons des glacières avec du poisson cru, du ipo ou plus exactement du Faraoa ‘Ipo fabriqué à partir de farine, d’eau, de sucre, de coco râpé, le tout bouilli. C’est qu’il y a peu ou pas de boulangeries sur les atolls alors les Paumotu (habitants des Tuamotu) se débrouillent pour fabriquer » leur pain » ! Comme plat principal du nylon, des hameçons et des appâts de petits poissons qui sont à notre disposition dans le bateau. Notre guide et pilote arrêtera le bateau près des patates de corail où se tapissent les poissons. A nous d’avoir la dextérité et la chance d’attraper notre repas si nous voulons déguster un poisson rôti sur la braise pour le déjeuner. Mon amie ramène une loche marbrée et notre pilote deux loches marbrées et un surmulet à nageoires jaunes. Ouf, nous aurons de quoi déjeuner.

TUAMOTU AHE

Moi, avec mes genoux en panne, je me contente de contempler et de photographier les prises et les pêcheurs en plein travail ! Arrivées à destination, il faut sauter à l’eau, l’eau est peu profonde, chaude à souhait, le sable est doré. Et transporter le matériel, visiter les lieux tandis que notre pilote troque sa casquette de capitaine pour celle de cuistot. Deux loches sont  grillées sur des palmes de cocotier puis mises dans l’eau de mer pour enlever cette peau noircie (tunupa’a). Cocotiers, cocotiers, encore des cocotiers, du pokea (pourpier) aux fleurs jaunes pour la salade, des miki miki (Pemphis acidula, arbuste aux branches argentés endémique aux atolls) des reliefs d’anciens piqueniques, des cocotiers à terre depuis la dernière tempête. Les photos ne seront pas extraordinaires. Alléchées par l’odeur du poisson, les mouches arrivent en escadrilles serrées, les petits poissons eux aussi se présentent et enfin arrivent les vaki (petits requins à pointes noires), les kaveka (sternes) s’assurent de quelques restes. Tout disparait, seuls flottent encore les petits morceaux de tomate du poisson cru, pas de végétariens parmi tout ce monde ?

TUAMOTU AHE

Nous rentrerons  par le chemin des écoliers en visitant le « nouveau » village de Tenukupara, avec son quai, sa rue, sa soixantaine de fare, ses quatre édifices religieux, sa mairie, son bureau de poste, son épicerie, son école primaire, son infirmerie (j’espère ne rien avoir oublié !). Les goélettes accèdent au quai en traversant le lagon balisé sur une dizaine de kilomètres. Un certain nombre d’enfants ne fréquentent pas l’école. Leurs parents doivent les amener tôt en kau (canot à moteur ou speed boat) en traversant le lagon par tous les temps.

TUAMOTU AHE

Le motu Poro Poro où s’était installé Bernard Moitissier en 1975 avec sa compagne Iléana et son fils de 4 ans est situé juste en face du village, séparé seulement par un hoa, que l’on peut franchir à  pied. Le navigateur vivait ici en autarcie totale recyclant tout ce qui lui servait ensuite comme compost. Il avait apporté de la terre de Tahiti sur son bateau et réussit à créer un potager, un verger alors que les habitants lui disaient que rien ne poussait sur ce sol corallien. Il planta une barrière anti-vent avec des aito (arbres de fer), posa des bagues en plastique sur les troncs des cocotiers afin que les rats ne puissent plus y grimper. Il importa des chats pour dévorer les rats mais les matous dévorèrent les oiseaux et les œufs ! Trop de routine, il quitta Poro Poro en 1978 et s’installa à Moorea. Sa maison de style local a été remplacée par une construction en parpaings, le jardin et le verger ont disparu, seuls certains habitants parlent encore des énormes pastèques de Bernard Moitessier.

Sur le chemin du retour à la pension, nous apercevons le Bethel II plutôt ce qu’il en reste sur la plage. Ce beau voilier, un Dynamique 58 baptisé Bethel II, avait fait naufrage à Ahe le 20 juin  2007. Partis du sud de la France, l’ancien pilote d’Air Polynésie et sa femme, après huit mois de navigation arrivent aux Tuamotu. Le voilier est au mouillage près de la passe, l’ancre est prise dans un pu’a (bloc de corail, patate), le vent se lève… les ancres cassent… Le rêve est fini. Le navire sera déclaré « épave » et cédé pour un franc symbolique à un jeune perliculteur qui pendant un mois préparera son opération de renflouage. Il ne disposait que de 60 fûts de 200 litres (drums), 300 m de corde, 200 m de chaîne, un moteur de hors-bord de 250 chevaux et 8 cocotiers. Elvis le Paumotu réussit son pari le 21 septembre 2007. Pendant 8 heures il tracta le voilier jusqu’à la plage devant son fare (maison). Elvis devra abandonner sa ferme perlière suite à la mévente des perles. Depuis lors le Bethel II est planté sur cette plage. Les intempéries l’outragent chaque jour un peu plus. Ce voilier acheté neuf dans les années 80 avait coûté la coquette somme de 300 millions de XPF ! (1 EUR = 119,33 XPF).

TUAMOTU AHE

Au retour de cette journée lagonaire, l’eau coule avec promptitude et abondance dans la salle de bains, rien à voir avec le filet asthmatique et nocturne de Papeari ! Nous profitons de moments libres pour poser des questions, affiner nos connaissances livresques sur Ahe auprès des tenanciers de la pension. Concernant les marae, toujours la même crainte même de prononcer ce nom tapu (tabou). Les vieux déconseillent de s’approcher des lieux. On nous raconte qu’un homme serait revenu fou après s’être trop approché d’un marae alors qu’il nettoyait sa cocoteraie. Nous avions pourtant trouvé une preuve écrite de l’existence de ces trois marae à Ahe. Eh bien, n’en parlons plus. L’épave du Saint-Xavier Maris Stella, première goélette du nom qui assurait la desserte des atolls des Tuamotu s’est échouée au sud de l’atoll d’Ahe lors d’une forte tempête. A ce jour, il ne reste plus que le moteur sur le platier et notre guide a omis de nous le signaler. L’atoll est ravitaillé par le Dory, le Mareva Nui et le St Xavier Maris Stella III. Après le diner, il est temps d’aller rêver à notre pêche et préparer la sortie du lendemain.

Hiata de Tahiti

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A voile et à vapeur à Tahiti

Engouement pour les croisières sur les cargos mixtes. Pour les Australes, le cargo mixte Tuhaa Pae 4 a obtenu son certificat et démarre ses croisières aux Australes en juillet avec 25 passagers. Pour les Marquises, l’Aranui 5 devrait arriver fin 2014 et permettra d’accroitre l’offre de 180 à 260 passagers.

Aranui 5

Pour les Tuamotu, le groupe Degage (ferries pour Moorea) va lancer la construction du Dory 2 qui proposera des croisières « plongées » pour 70 passagers aux Tuamotu. On attend les touristes de préférence avec une carte de crédit gros débit ou un portefeuille bien rempli. Viendrez-vous ?

Vahine nue touriste

On annonce l’arrivée du Wind Spirit en mai 2014, le voilier pourrait rester trois ans en Polynésie. Ce voilier de quatre-mâts est le sister-ship du Wind Song, paquebot à voile arrivé en Polynésie en 1987. Les croisières seront de sept jours au départ de Papeete avec escales à Moorea, Taha’a, Raiatea, Bora Bora et Huahine.

Le A, super-yacht d’Andreï Melnichenko était dans nos eaux cet été. Il n’avait pas pu venir l’an passé à cause du bichon de Madame qui aurait été mis en quarantaine. Qu’à cela ne tienne, on a changé la législation sur les animaux et Madame a pu venir avec son bichon !

yacht 4 mats papeete

Il y eut aussi en escale le yacht Tango mais d’autres sont déjà venus cette année et d’autres annoncent leur venue tels l’Octopus, l’Artic P, le Nahlin, le Lady Christine, l’Archimède, le Suri, le Dragonfly et les Golden Odyssey et Golden Shadow. Enfin, que du beau monde.

Naufrage tragique dans la zone rapa (Australes). Les six marins pêcheurs, rescapés du navire chinois le Zhong Yang 26, quatre Chinois et deux Indonésiens, ont été rapatriés à Papeete à bord du Tuhaa Pae (la goélette des Australes). Le dimanche 5 aout vers 3 heures du matin, au large de Rapa, leur navire qui avait quatorze marins (neuf Chinois, deux Vietnamiens et trois Indonésiens) chavirait suite à une voie d’eau. Répondant à l’appel de détresse, le MRCC a largué des canots de sauvetage dans une mer démontée, et le lendemain l’hélicoptère a pu intervenir. Les marins rescapés ont été déposés à Rapa, accueillis par le premier magistrat et la population. Ils devraient quitter le sol polynésien par ATN via le Japon pour rejoindre leurs pays. Le consul de Chine à Papeete a géré ce drame du mieux qu’il a pu. Les marins travaillaient pour la Compagnie générale des Iles Fidji qui les avaient embauchés.

Hiata de Tahiti

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France et Christian Guillain, Le bonheur sur la mer

France et Christian Guillain Le bonheur sur la mer

Elle et lui font partie de ces couples formés par hasard autour de 1968 et qui refusaient « le système » : l’autoritarisme politique, moral, patriarcal ; le travail en miette et dans la pollution ; les relations sociales hypocrites des villes et administrations ; la société de consommation réduite au métro-boulot-dodo. Ils rêvaient de grand large, de nature, de vie au rythme ancestral. Ils l’ont fait.

Elle, créole de Tahiti élevée en pensionnat à Dole, dans le Jura ; lui neveu du correspondant du Monde au Japon Robert Guillain et descendant d’Abel, qui signa l’acte de donation de Tahiti à la France avec la reine Pomaré. Ils ont été élevés à la dure mais ne veulent plus être pris dans les rets familiaux et sociaux. Avec rien, ils accumulent de quoi acheter un petit bateau en faisant de petits boulots dans les Postes ou comme photographes polaroïd.

Fin 1967, ils partent, dans un petit sloop de 10 mètres coque acier : l’Alpha. France est tout juste mère de sa première fille, Laurence, qui a sept mois. Ils descendent la France par les canaux depuis la Hollande où a été construit le voilier. Ils traversent la Méditerranée, passent Gibraltar, entreprennent l’Atlantique depuis les Canaries, errent et se refont un moment aux Antilles avant de joindre les Galapagos via le canal de Panama. Ils abordent enfin aux Marquises, qui est un peu Tahiti, avant de revenir au bercail, à Papeete, pour se reposer un peu. Mais ils n’ont qu’une envie : repartir. Ils auront trois filles et trois bateaux. Le bonheur sur la mer raconte ce premier bateau, ce premier bébé et ce premier voyage.

C’est un récit au ras des vagues, écrit comme on parle, disant les difficultés à surmonter pour être adultes et autonomes, et les bonheurs inouïs des bains dans l’eau tiède, des couchers de soleil magiques, des requins familiers et du mérou apprivoisé, enfin des amis rencontrés ça et là, notamment Bernard Moitessier. Les Trente glorieuses ont secrété dans leur coquille trop rigide cette nacre de rebelles soixantuitards, dont certains sont devenus des perles et d’autres de vilains cailloux. Ni l’un ni l’autre pour notre couple un peu caractériel. Une expérience qui les mène un temps à la vie qu’ils aiment, rude mais nature, presque toujours à poil et macrobiotique. C’était une mode, comme tant d’autres. Le rêve d’ailleurs sur cette planète, gentille illusion des grand-père et grand-mère des écolos combinards urbains d’aujourd’hui – en plus jeunes d’esprit et nettement plus sympathiques.

Car ils se prennent en main, même si c’est avec quelque naïveté (les pouvoirs curateurs de l’eau de mer…). « La mer nous met en face de nous-mêmes. Pas de voisins, pas de gens auxquels se référer, personne à imiter, personne pour nous critiquer. Tout ce qu’on fait correspond soit à une nécessité vitale, soit à une tendance profonde. Mon comportement n’est plus conditionné par la société. Je prends conscience de ma personnalité, je découvre ce qu’est la sincérité – cette franchise envers soi-même. Cela parce que la vie est ramenée aux choses essentielles et qu’il est impossible, sinon dangereux, de s’embarrasser de fausses raisons, de fausses motivations » p.115.

Ils découvrent que la vie de couple n’est pas rose, surtout dans la promiscuité obligée du bateau, avec l’obsession de la navigation et la sécurité du bébé. La petite Laurence tète jusqu’à 13 mois. Ayant toujours ses parents auprès d’elle, elle ne s’inquiète de rien, pas même de la gite ou des tempêtes – et même un complet retournement du bateau en Méditerranée ! Elle devient autonome très vite, goûte de tout et s’entend avec tous les nouveaux. Plus tard, elle apprendra le programme scolaire par correspondance, l’école en bateau étant une école de la vie avec ses parents pour maîtres. Pensez : voir voler les poissons, nager les requins, luire les étoiles ; débarquer sur une île déserte emplie de cochons sauvages et de chèvres, traverser les océans, mais s’échouer sur un banc de sable à l’embouchure de l’Èbre sous une pluie glaciale… Tout cela forme une jeunesse !

J’ai des amis chers à qui ce voyage initiatique Marseille-Tahiti, ou la seule étape Marseille-Antilles, a profité. Ils sont aujourd’hui installés avec femme et enfants dans la société, avec ce regard critique et bienveillant à qui on ne la fait pas. Mais ils étaient bien dans leur tête au départ, l’épreuve n’a fait que les mûrir. Les autres, plus ou moins mal dans leur peau et qui rejetaient violemment la névrose du caporalisme social français d’après-guerre, ont fini plus mal. On ne rapporte des voyages que ce qu’on a emporté, en plus aigu…

France et Christian Guillain Le bonheur sur la mer photo nb

Le site Hisse et oh ! dit ce que les Guillain sont devenus. France s’en est bien sortie, moins Christian. Il est resté psychédélique et priapique, végétarien vivant nu, adepte de Wilhelm Reich et du yoga, expliquant comme suit sa philosophie : « Éros et Bacchus étaient rois… » Le couple a navigué un moment ensemble après le livre qui a eu un gros succès, invités par Philippe Bouvard, José Arthur, Jacques Chancel. Puis ils se sont séparés après dix ans pour cause de drogue, dont Christian, toujours à court d’argent pour construire l’éternel bateau de ses rêves, a fait un temps le trafic. Il a navigué 30 ans sur 6 bateaux. Il a rencontré Élise, une polynésienne avec laquelle il a eu 7 enfants de plus. Dans un geste que personne n’a compris, il a coulé volontairement son voilier au large de Papeete, un alu qui portait le nom d’Anaconda et qui était comme sa maitresse. Il voulait surtout conduire ses enfants à leur majorité en évitant la tentation du large. Il s’en occupe, préoccupé de savoir s’ils vont bien. Il est atteint d’un cancer qu’il soigne avec les plantes et les bains froids (et une ivresse à l’occasion). « Mon résumé de l’alimentation idéale : le moins possible, le plus périssable, plus sauvage, plus frais possible, le plus cru possible, le plus dissocié possible… »

France, grand-mère d’environ 70 ans, a semble-t-il navigué avec ses filles. Elle a fait paraître plusieurs livres sur les thèmes naturisme et bio ; elle vit en région parisienne.

France et Christian Guillain, Le bonheur sur la mer, 1974, J’ai Lu 1976, 381 pages, en occasion broché Robert Laffont collection Vécu 1974, €18.00

La suite :

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Les atouts délaissés de Clipperton

Article repris par Medium4You.

Tahiti Pacifique publie un très intéressant article signé Éric Chevreuil intitulé : « Clipperton, île bâtarde de la République ou comment la France oublie une partie de son patrimoine ».

Je vous en cite plusieurs extraits. On y apprend entre autre « qu’une simple recherche Internet en anglais et espagnol montre qu’il y a au moins trois bateaux de pêche et deux bateaux dédiés à la plongée par saison (octobre à mai). Ces vaisseaux emportent entre 15 et 35 passagers et proposent accessoirement une journée à terre. Entre 100 et 150 personnes payent donc entre 50 000 et 150 000 dollars au total pour aller ouvertement tous les ans sur cette terre de France, sans visa ni autorisations, permis ni contrôles. »

De même, « Lance Milbrand, de National Geographic, a passé 41 jours en solitaire sur l’île et y a noté en moyenne un bateau tous les trois jours ». Et que « les visites médiatisées de la Marine nationale, en grande fanfare au départ des navires de leurs ports d’attache, n’ont que peu ou pas d’effet d’intimidation car prévisibles et de courtes durée. » Mais que, « fin 2004 et début 2005, l’expédition de Jean-Louis Étienne a été capable de débarquer 10 tonnes de matériel et 45 personnes sur l’atoll ravitaillé une fois par semaine par un voilier qui faisait des navettes à partir d’Acapulco ».

Enfin que « la France signait en mars 2007 un traité avec le Mexique lui donnant l’autorisation de pêcher pour dix ans dans la ZEE de Clipperton, sans quota ni conditions, même dans les 12 milles de ses eaux territoriales, sous réserve d’obtenir des licences de pêche auprès du haut-commissariat à Tahiti. Dix ans sans quota de pêche légale en plus de la pêche incontrôlée : coup de maître diplomatique forçant le Mexique à reconnaître notre souveraineté sur l’atoll au prix « temporaire » de sa population de thonidés ? Le futur nous le dira, mais officiellement, discorde et désaccord transpirent de Paris ».

« Clipperton est littéralement devenu le nouvel Eldorado de la pêche aux thons, le dernier endroit de cette région du globe où un pêcheur peut ramener des trophées de 150 à 200 kilos. » « La zone Clarion-Clipperton est aussi appelée la « ceinture de manganèse » ou la « ceinture de cobalt ». C’est une zone riche en nodules polymétalliques connue de tous et ces dernières années, de nombreuses expéditions ont été menées pour en évaluer les vraies richesses. En 2001, il fut entre autre découvert que 90% des nodules de la région de Clipperton se trouveraient par 4 000 m de fond dans les eaux françaises alors que le fonds de ces eaux internationales était pratiquement vide ».

Il semblerait que Russes et Chinois… Euh, c’était juste pour vous mettre en appétit !

Hiata de Tahiti

Le Sénat a publié un rapport intitulé ‘La France et les îles subantarctiques’ le  16 décembre 2011 : Rapport du Sénat n°208 (2011-2012) par MM. Bruno SIDO, sénateur et Claude BIRRAUX, député, fait au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques [Argoul].

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Toujours la fête à Tahiti !

Fêtes traditionnelles :

A Punaauia voici la fête de l’orange comme chaque année. Il s’agit de protéger la vallée de la Punaruu et le célèbre plateau des orangers. Cette année, la glane de 20 oranges était vendue 5000 FCP, l’an passé on n’avait  déboursé que  3000 FCP ! Les orangers sont malades, 200 pieds d’orangers peuplent la pépinière. On croise les doigts !

Rauata Temauri a été élue Miss Tahiti, c’est la 51e miss Tahiti !

Le Heiva 2011 bat son plein. Concours de chants et de danses à Toata. Qui gagnera cette année ? Courses de va’a (pirogues), lever de pierre (énormes), courses de fruits (à qui en emporte le plus le plus vite). Chaque année amène son lot de gagnants et de perdants. Ces concours ont été préparés de longue date, confection des costumes, répétitions, mises en scène et, pour les sportifs, longs entraînements.

A Paea a eu lieu la traditionnelle marche sur le feu sous la conduite du grand prêtre de la cérémonie du Umu Iti Raymond Graffe. Tout s’est bien passé pour cette 58e édition.

Fêtes perso :

A Takaroa (Tuamotu), des monte-en-l’air se sont introduits dans l’agence postale et ont dérobé le coffre-fort, une nuit. Takaroa, un atoll des Tuamotu, 24 km de long, 1700 habitants, une piste d’atterrissage et une seule et unique passe pour y accéder en bateau ! Depuis la gendarmerie, dépêchée sur les lieux, a retrouvé les trois voleurs.

Non, nous ne sommes pas en Corse mais à Faaone, sur la côte Est de Tahiti : v e n d e t t a. Une vieille histoire de terre, on se cherche, l’un envoie un parpaing dans le pare-brise de l’autre, l’autre s’en prend à un fare (maison à toit de tôle), à des voitures du clan adverse… Prosper Mérimée, êtes-vous lu dans les écoles polynésiennes ? Probablement ! En tout cas, deux personnes en prison et deux enfants blessés, 14 points de suture à l’un, deux dents cassées à l’autre…

Aux Marquises, à 30 nautiques de Ua Pou, voilier contre baleine : trois marins à la mer. Ils ont été récupérés mais leur voilier a coulé. La baleine, qui ne possède pas de système d’écholocation, lorsqu’elle remonte à la surface pour respirer ne pouvait se douter que traînait justement là un voilier sur l’immensité du Pacifique. La baleine s’est bien amusée.

Fête compensatoire :

Papeete a reçu la visite du Yuan Wang 5, fleuron de la technologie chinoise. Un navire de 222 mètres de long, large de 22 m, 300 membres d’équipage. Ce bijou qui a déjà accosté plusieurs fois au port, suit et contrôle des communications maritimes.

Fête de la science et de l’économie :

Mataiva, petit atoll des Tuamotu de 8,5km sur 3,6km est très convoité… Il y aurait du phosphate mais n’ébruitez pas la nouvelle. Des roches phosphatées ont été repérées à l’état brut, pures à 70%. Mais voilà, si les scientifiques ont conclu à 70 gisements exploitables,  il y a un « mais » : la majorité de la population veut continuer à protéger son lagon et rejette le projet d’extraction des phosphates. Mataiva est riche également d’une forêt primaire, d’une colonie de sternes et nodi sur le motu Teaku un Ofa’i Taunoa sur la plage de soupe de corail où viennent pondre des tortues, son pito, un bateau fantôme dans une cocoteraie et même un pont de 120 m de long qui serait le plus long pont de Polynésie. Les deux cents habitants veulent conserver toutes ces richesses et ont réglementé la pêche afin que celle-ci dure très longtemps. Sages îliens.

Encore un anniversaire : quarante ans de recherches sur les récifs coralliens au fenua. Hourrah ! Les professeurs René Galzin et Bernard Salvat ont tenu une conférence à ce sujet.

Portez-vous bien les amis, profitez bien de vos vacances.

Hiata de Tahiti

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Claudie Gallay, Les Déferlantes

Le roman populaire a ses lettres de noblesse, que l’on pense aux ‘Misérables’ du ViH ou aux ‘Mystères de Paris’ du père Eugène. ‘Les Déferlantes’ sont de cette veine : il s’agit d’un bon roman populaire d’aujourd’hui dans lignée de Bernard Clavel.

Les ingrédients d’un tel succès sont :

• la longueur du livre qui permet d’apprivoiser les personnages ;

• les chapitres courts qui apportent chacun quelque chose comme dans une intrigue policière ;

• un mystère qui peu à peu se dévoile (on comprend avant la fin mais ce n’est pas grave) ;

• un décor intemporel qui fait peur : au XIXè siècle « la ville », aujourd’hui « la campagne » – on n’a plus l’habitude de ce désert sentimental et relationnel ;

• les instincts, les passions et les idées qui surgissent comme toujours – mais se débattent dans les pauvres crânes limités des êtres.

‘Les Déferlantes’ commence un jour de tempête où une tôle frôle la narratrice, se contentant de lui écorcher la joue. La crise fait surgir un mystérieux Lambert venu d’ailleurs qui erre sur la digue et interroge les gens, est-il déjà venu ? La narratrice est appelée la Griffue parce qu’elle habite une masure au bord des déferlantes – pas normale, donc. Elle compte les oiseaux, vient de la ville mais s’est fondue dans le paysage, bien que couve en elle ce manque de Lui, amant aimé trop tôt disparu. Raphaël, le sculpteur possédé du manque, cherche à le combler pour en saisir la jouissance dans des œuvres torturées qui vous prennent à la gorge, il sera bientôt reconnu. Sa sœur Morgane, désormais trente ans, erre de garçon en garçon sans jamais se fixer, hébétée du manque parental lié à son enfance de fonctionnaires bobos. Lili la tenancière de bar a manqué de père, lui-même marié sans amour alors qu’une autre avait son cœur mais que la pression sociale a empêché d’épouser. Nan, son élue, a vu sa famille sombrer d’un coup lors d’un naufrage quand elle avait huit ans, elle a toujours manqué d’amour, vide d’enfants, esseulée.

Le Cotentin des villages est un monde d’entre-deux, terre/mer, passé/présent, réel/fantastique. Les personnages de ‘La Déferlante’ sont des gens du vide, accrochés à nulle part, un trou perpétuel en eux qui les fait se mouvoir, s’attirer et se haïr.

Durant la cicatrisation de l’écorchure de tôle, les événements vont bouleverser l’existence de tous avant de guérir eux aussi. L’auteur observe en éthologue la vie des bêtes, sa narratrice erre sur les falaises de la Hague en Cotentin pour compter les oiseaux. Cette position de base lui permet de voir la vie des sales bêtes que sont les humains, hommes, femmes et enfants. Car nous sommes loin de l’idéalisme bobo du tout le monde il est beau et gentil :

  • la campagne, c’est dur ; la mer, ça tue ;
  • la nature c’est baiser, se haïr, s’aimer;
  • les oiseaux, tous d’instinct, sont parfois plus humains que ces animaux que sont les hommes; les chats donnent plus d’affection que les femmes ; les vaches vêlent mieux que les travailleuses et s’occupent mieux de leurs petits que les hommes…

Heureusement, les humains interagissent les uns sur les autres dans l’engrenage du mal comme du bien. C’est toute la société superstitieuse des campagnes qui a isolé Nan dans le deuil perpétuel, regardant d’un sale œil ses velléités de se lier ou de se marier. La société des campagnes, païenne, bêtasse et accrochée au qu’en-dira-t-on, a forgé un destin… Un jour de grand vent jadis, le phare s’est éteint et un voilier à chaviré. Seuls deux corps ont été repêchés, le dernier enfant du couple de plaisanciers a disparu.

Tout le monde sait pourquoi le phare s’est éteint et personne ne dit rien. Pas plus au frère survivant qui n’était pas parti en mer. La société est un destin, donc un non-dit. Personne ne réfléchit sur les conséquences, préférant se garder du regard des autres. Dès lors, le drame devient tragédie, écrite depuis les premiers temps du monde. La bêtise, l’inconscience, créent des événements qui s’enchaînent jusqu’à ce qu’une « crise » – ici la tempête – ne viennent dénouer les fils tendus au paroxysme. Nan la folle qui cherche toujours ses disparus reconnaît quelqu’un. Est-ce vraiment folie ? Et de fil en aiguille, la tapisserie s’anime. Jusqu’à l’apothéose finale, lentement mais habilement amenée.

Il y aura un dénouement. Il sera moral, il apaisera les malades et élèvera les gens vers une certaine spiritualité. C’est cela aussi qui fait un roman populaire, cette leçon que le destin peut se renverser sur l’initiative de quelques plus curieux ou plus courageux, ceux qui n’acceptent pas les choses telles qu’elles sont.

Chapitres courts, très courts, langage direct et familier, très familier, sentiments au ras des tripes sans jamais s’étendre par peur de lasser ou par limitation intellectuelle des personnages – le roman est très bien fait. Réussi. Un bon roman populaire dont je me suis délecté !

Claudie Gallay, Les Déferlantes, 2008, poche J’ai lu mai 2010, 539 pages, 7.60€ – Grand prix des lectrices de ‘Elle’ !

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