Articles tagués : armateurs

Chevaucher les vagues à Tahiti

La course Faatii-Moorea 2015, ce fut l’enfer ! Course des fêtes de juillet, cette année s’avère historique par les conditions cataclysmiques rencontrées. L’océan était déchaîné et cela a brouillé les cartes. Cette course de va’a 6 est longue de 92 km et un changement de seulement 6 rameurs est autorisé. Cette année, il y avait 41 pirogues au départ, seules 22 d’entre elles sont arrivées à bon port, 19 ont abandonné. Alors que tout avait bien commencé lors de la traversée du chenal entre Tahiti et Moorea, le contournement de Moorea en passant devant la baie d’Oponohu, le motu Tiahura (en face de l’ancien Club Med) s’est déroulé normalement. C’est au niveau de Haapiti que la situation climatique a empiré. Tous les bateaux suiveurs, officiels, médias et bien sûr les pirogues, se sont retrouvés dans un océan en furie. Tous n’ont pu progresser que difficilement, avec un fort vent de face, des rafales à 90 km/h, le tout avec une houle de 3 à 4 m avec des creux impressionnants… C’est la pirogue EDT qui triomphera en 7h50 de course. Une épreuve qui restera dans les mémoires !

Les championnats du monde 2018 de pirogues dites va’a se dérouleront à Pirae, dont le Président du pays est aussi le tavana (maire). Bien sûr il y aura des problèmes à résoudre afin que les visiteurs soient accueillis dans les meilleures conditions – à commencer par la mauvaise qualité des eaux de baignade ! A l’hôpital du Taone situé sur la commune de Pirae, la salle Aorai Tini Hau où se tiennent actuellement certaines expositions est à reconstruire, les stations d’épuration sont à mettre aux normes… en attendant d’accueillir les 2 000 visiteurs espérés, d’engranger les 400 à 500 millions de XPF de retombées économiques. Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Non, mais j’attends 2018, j’suis pas pressée !

surf tahiti grosse vague

Pour la vague de Teahupoo, c’est parti, les trials sont finis maintenant – place à la Billabong Pro Tahiti, 7e étape du championnat du monde. Les vagues sont moyennes, pas de beaux tubes. Il y a la pluie, le vent, mais pas ces magnifiques tubes…

Échec complet ! Ce sont 3,04 milliards de XPF qu’ont dû apporter par différents moyens le pays à Tahiti Nui Rava’ai et la SAS Avai’a. Le rapport de la Chambre territoriale des comptes est sans appel : ECHEC. Les raisons de cet échec ? Une inadéquation entre les bateaux proposés et les demandes des armateurs. Aucune étude préalable conduite auprès de ces derniers avant de commander ces bateaux de pêche…

Les armateurs étaient demandeurs de thoniers conçus pour la pêche fraîche et non de thoniers conçus pour des campagnes plus longues de pêche congelée. Totale contradiction avec les besoins et les souhaits des professionnels de la pêche alors qu’il s’agissait d’aider au développement d’une flottille privée. Entre 2001 et 2004, 43 bateaux ont été commandés, doublant les capacités de pêche ! Des malfaçons en pagaille se révèlent sur les bateaux construits dans les chantiers navals chinois – cela donne des frais de réparation d’environ 3 millions de XPF par thonier. La CTC constate que 17 thoniers sont inexploités, soit la totalité des thoniers-congélateurs construits en Corée ou en Chine. Que deviennent ces tas de rouille dans le port ?

Aranui 5

D’ici la fin de l’année, l’Aranui 5 sera dans nos eaux. Toujours cargo mixte mais quelle allure, du luxe, du luxe ! Un tirant d’eau plus faible (5,20 m) qui lui permettra d’entrer dans les ports des Iles Marquises à n’importe quelle heure ; soumis à la réglementation « Safe return to port ». Toujours équipé de 2 grues pour le chargement et déchargement, il pourra livrer jusqu’à 700 m3 de gasoil. Il contiendra 166 EVP (conteneurs de 20 pieds) et aura 40 prises pour les conteneurs réfrigérés. Ce numéro 5 est construit en Chine, les moteurs sont allemands de la marque MAK, le tout pour un coût de 4,2 milliards de XPF.

Évidemment, au prix demandé, le voyage sur l’Aranui est celui d’une vie. Ce nouvel Aranui aura 60% de cabines de « gamme supérieure » avec un balcon. Le nombre de croisiéristes passera de 190 à 270. Les prestataires locaux devront obligatoirement fournir des prestations pour 80 touristes supplémentaires. Actuellement, il y a 68 membres d’équipage tout confondus, il devrait y en avoir une centaine sur le nouveau cargo. La croisière dure deux semaines et, depuis cette année, le bateau s’arrête à Bora Bora au retour. Les barges de débarquement des passagers seront remplacées par 2 catamarans couverts de 70 places.

Avez-vous déjà réservé votre prochain cabotage sur l’Aranui 5 ? Dépêchez-vous il n’y en aura pas pour tous !

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Clipperton 2013

Des chercheurs géographes à l’université ont mené une mission sur l’île de Clipperton en février/mars de cette année. Cette île délaissée par l’État, sise à 4 018 km de Nuku Hiva (Marquises) et à 1280 km du Mexique semble jouir d’un regain d’intérêt de Paris. Son sol contiendrait des nodules polymétalliques…

clipperton situation

C’est également un terreau de renseignements dans les domaines de l’environnement, de l’économie, de la géopolitique, du juridique, du scientifique pour les études océan-atmosphère et la tectonique des plaques. On constate que l’atoll a considérablement changé depuis 2001. A l’époque il était quasi désertique, aujourd’hui, l’atoll a verdi sur près d’un tiers de sa superficie. Son profil s’est modifié.

La passe sud-est évolue à l’échelle du mois, voire de la semaine, en cas de tempête. Le cordon littoral est repoussé dans le lagon et les franchissements des vagues sont nombreux. Au nord, le tracé rectiligne montre une forme incurvée de type baie en formation. La couronne a une largeur de 23 m tandis qu’elle était de 100 m il y a moins de 10 ans. Une érosion plus rapide que confirme l’apparition des vestiges de l’armée US jusque-là enfouis sous les sables.

En moyenne, une quinzaine de dépressions tropicales et de cyclones frapperaient l’atoll et, suivant les scientifiques, expliqueraient ces transformations. L’hypothèse probable de la montée du niveau marin avec le réchauffement climatique sont évoqués également.

Inhabité, oublié, l’atoll serait aujourd’hui au cœur d’enjeux multiples. La pêche illégale dans cette zone économique exclusive représenterait un manque à gagner d’au moins 25 millions d’euros pour l’État ! Depuis 2000, il semble que l’État s’y intéresse. Paris envisagerait de s’y installer notamment pour assurer une surveillance plus efficace de la zone. Mais, si le lagon est assez profond pour accueillir de gros navires, aucune passe n’en permet l’accès.

Le projet était d’ouvrir une passe nouvelle, mais l’ancienne passe sud-est, fermée depuis les années 1850 semble en train de se rouvrir !

clipperton ile

La ZEE de Clipperton est un cercle parfait de 435 000 km, elle est réputée pour être l’une des zones les plus riches en thonidés au monde, elle est pillée par des armateurs venus de Corée, du Japon et d’Amérique centrale. En 2005, 10 bâtiments senneurs ont été aperçus dans la zone de Clipperton ; un seul de ces navires peut repartir de campagne les cales pleines de 1 000 voire 2 000 tonnes de poissons ! 100 000 tonnes seraient ainsi pêchées sans payer de redevance à l’État, un manque à gagner estimé au plus bas à 25 millions d’euros. Allo Paris, allo, allo ! Y a quelqu’un ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , ,