R.K. Narayan, Dans la chambre obscure

Un roman décevant, comme tronqué, puisque le lecteur ne sait pas au bout de moins de 200 pages, ce que devient Savriti, l’épouse, et Shanta, la houri du mâle, l’Indien Ramani.

Tout commence par la vie quotidienne du couple Ramani et de leurs trois enfants, le fils aîné Babu, 13 ans, et deux filles, Sumati, probablement 9 ans, et Kamala, 5 ans. Le père râle tout le temps, il n’est jamais content. Il faut lui ouvrir la porte du garage dès qu’il_ klaxonne au bout de la rue pour rentrer sa voiture, il faut lui servir immédiatement à dîner, lui faire couler un bain, lui porter son journal, lui faire la conversation, lui obéir en tout. C’est lui qui décide d’aller au cinéma ou non, de quel film on va voir, lui qui décide si le fils a de la fièvre ou non, lui qui décide de rentrer tard le soir sans prévenir, tout en réclamant à dîner dès qu’il paraît.

C’est un sale bonhomme, un exemplaire typique des années 30 dans l’Inde avant l’indépendance. La loi du mâle régnait en maître. Certaines femmes ne l’acceptent pas, elles font des études ou mènent leur mari à la baguette en les menaçant haut et fort devant tout le monde. Pas l’épouse Savriti, sans doute amoureuse de son mari, mais usée par trois grossesses et sans guère de piquant dans la conversation. Dire toujours oui ne prédispose pas à manifester une personnalité.

C’est pourtant Ramani son mari, directeur d’une succursale d’assurance, qui va mettre le feu au couple. Sa compagnie lui a ordonné, depuis la capitale, d’engager une femme parmi les employés afin de toucher un public assurable plus grand. C’est lui qui voit les candidates et il choisit celle qui lui plaît le plus, Shanta. C’est une belle femme encore jeune qui a fait des études jusqu’à la licence et a quitté volontairement son mari pour se débrouiller seule. Engagée pour trois mois, elle ne fait pas grand-chose, sinon séduire à petites touches le directeur. Celui-ci, en gros niais, ne voit rien et se laisse faire, tandis que ses employés rient sous cape et que la rumeur se répand dans la ville.

Savriti son épouse, outrée qu’il la délaisse pour une catin et qu’il fasse si peu de cas d’elle-même, décide de partir de la maison. Comme tout appartient à son mari, y compris les enfants puisqu’il a payé la sage-femme pour les accouchements et les frais de leur éducation, elle laisse tout et part sous la lune après une forte dispute.

Elle se jette dans la rivière mais un ouvrier qui passait par là la récupère par les cheveux et l’emmène chez lui ou sa femme décide qu’elle peut rester. Savriti ne veut rien devoir à personne et veut travailler pour payer sa nourriture. On lui trouve un emploi d’entretien d’un temple et elle y passera deux jours, mais finit par s’ennuyer de ses enfants. Elle décide alors de rentrer au bercail.

Tout ça pour ça, peut-on dire, car rien ne sera changé, elle poursuivra sa vie d’épouse effacée et la putain restera en place au bureau, à moins que la compagnie ne la mette dehors pour travail insuffisant. Reste un roman qui décrit de façon très vivante la vie quotidienne indienne d’il y a un siècle et complète les romans autobiographiques du même auteur déjà chroniqués sur ce blog.

Rasipuram Krishnaswami Narayanaswami dit R.K. Narayan, Dans la chambre obscure (The Dark Room), 1938, 10-18 1992, 175 pages, occasion €1.91

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