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30 Tallin en Estonie

Arrivée dans la capitale de l’Estonie. Notre hôtel est le Tallink Express Hotel, près du port des ferries. Il faut remplir une fiche de police comme au temps de l’URSS : la Russie est tout près… Il jouxte un hôtel avec spa et nous dînerons dans une cage au-dessus de la piscine ou s’ébattent de jeunes couples et des gamins qui jouent avec leur papa. Nous dînons dans la partie spa de l’hôtel d’une salade au fromage, de magret de canard cuit à la vapeur très tendre, sauce au thym citron, avec risotto noir et chou-fleur al dente, enfin d’un moelleux au chocolat coulis de fruits rouges. Une adote caresse un ado au bord de la piscine, un petit garçon se jette dans les bras de son père car il ne sait pas encore nager et se flanquer dans l’eau tout en étant protégé est une frayeur plaisante.

Pas très loin de l’hôtel se trouve une grande esplanade soviétique construite pour les Jeux olympiques de 1984 et une salle où a été tourné le film thriller de science-fiction Tenet, réalisé par Christopher Nolan en 2020, que je n’ai jamais vu.

La flèche de Saint Olaf fait 167 m de haut. Nous visitons les remparts, la forteresse, le quartier de Kalamaya devenu très populaire car près de la mer, la prison Paterai soviétique établie dans la base militaire tsariste. Des hangars d’hydravion 1910 subsistent. Avant la première guerre mondiale, la Russie avait la plus grosse flotte d’avions au monde. Sur le port, un musée des bateaux avec un brise-glace du 19ème siècle de 75 m de long, construit à Stettin en 1914, un garde-côte de 1943 construit aux États-Unis et donné à l’Estonie en 1997, ainsi qu’un mini sous-marin en bois de 5 m de long construit par l’ingénieur Ottomar Gern en 1854 et conduit par quatre personnes pas claustrophobes. Pas d’odeur iodée, la Baltique reçoit beaucoup d’eau douce qui ne favorise pas les algues.

Un parc a été établi sur l’emplacement d’un ancien cimetière. Les usines soviétiques sont réhabilitées en bureaux et appartements. Des entrepôts de logistique, du tourisme, des échanges avec Helsinki, favorisent le plein emploi à Tallinn. Il y a aussi, plus récemment, le design et l’informatique, la ville voulant devenir une smart city. Subsistent des maisons en bois entretenues, mais aussi des bâtiments gris staliniens. Nous croisons dans la rue un robot de livraison. Ce sont deux Estoniens qui ont inventé Skype. Les trains-citernes de pétrole, venus de Russie, sont désormais stoppés. Nous les voyons en rang sur les voies, comme des chapelets de boudins blancs ; ils sont du même gris pisseux. Les transports en commun sont gratuits à Tallinn pour les habitants, mais pas pour les autres.

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Henry Bogdan, Les chevaliers teutoniques

La chevalerie fait rêver depuis que l’athéisme s’est répandu en Occident ; la croisade teutonique fait rêver depuis que les nationalismes sont revenus en force dans une Europe en perte de vitesse dans le monde. Ce petit livre, écrit à la fin du siècle dernier, survole l’histoire de l’Ordre des chevaliers teutoniques depuis ses origines jusqu’à nos jours. Il est évidemment incomplet, donc frustrant pour ceux qui veulent des détails, mais remarquablement construit pour ce qui veulent connaître cet ordre chevaleresque.

L’Ordre de Sainte-Marie des Allemands, appelé des chevaliers teutoniques, est né des croisades. Un moment rattaché à l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean, il est devenu un ordre papal à part entière en 1191. Il avait pour mission la protection des chrétiens en Terre Sainte et le soin aux blessés des guerres incessantes contre les musulmans. Les chevaliers sont à la fois militaires et moines, ce qui allie la guerre à la spiritualité, tout comme le kibboutz, le communisme ou le scoutisme. Il ne faut pas négliger cette aspiration totale qui anime les humains à servir dans une communauté. Comme moines, les chevaliers et les frères soignent les blessés tout en accomplissant les rites chrétiens comme des prêtres ; comme guerriers, ils luttent contre les païens et les infidèles.

Beaucoup de livres ont été écrits sur les chicayas des chevaliers des nations occidentales en Terre Sainte, et surtout sur l’intransigeance orgueilleuse et inepte de la papauté en ces lieux qu’elle ne connaissait que de loin. C’est plutôt la diplomatie des Grands-maîtres qui a permis de conserver quelques dizaines d’années supplémentaires Jérusalem et la côte aux mains des chrétiens. Mais la poussée de l’islam était trop forte et toute présence occidentale a été éradiquée de Terre Sainte.

Les chevaliers teutoniques se sont alors repliés sur l’Europe, où il possédait des commanderies dans divers pays. C’est la Pologne qui leur a demandé d’aller évangéliser les confins de la mer Baltique et d’y établir des forteresses pour protéger les chrétiens. Ce sera dès lors une lutte constante entre les Vieux-Prussiens et les Lituaniens tous deux païens, les Russes et les Polonais tous deux chrétiens, aidés parfois par les Allemands. Les Grands-Maîtres teutoniques s’y useront et nombre de chevaliers de l’Ordre périront dans des guerres meurtrières. C’est cependant l’Ordre teutonique qui fondera l’État prussien et bâtira les villes de Königsberg, Dantzig et Marienburg.

« Le système hiérarchique de l’ordre reposait sur l’existence d’une élite, les frères–chevaliers, encadrant militairement les hommes levés dans les campagnes, renforcés par des croisés appelés à l’occasion. Ce système a bien fonctionné jusqu’à la fin du XIVe siècle. » p.174. Ensuite, ce fut le déclin. Le recrutement des frères-chevaliers s’est fait plus rare car l’esprit de croisade avait disparu du fait que les populations étaient désormais chrétiennes. L’activité consistait plus qu’à administrer les provinces et à faire de la politique avec les féodaux alentour qu’à évangéliser. Le recours à des mercenaires payés s’est fait plus nombreux, engendrant des tensions avec les chevaliers, jusqu’à leur humiliation dans la forteresse de Marienburg. Le recours à l’impôt pour lever ces mercenaires a suscité une opposition grandissante des sujets de l’Ordre tandis que les intérêts commerciaux des Polonais a entraîné de constantes querelles sur l’accès à la mer Baltique depuis l’intérieur du continent et a poussé aux guerres.

Le schisme protestant a affaibli le pape tandis que la guerre de Trente ans a affaibli l’empereur germanique au profit des nations qui commençaient à émerger dans les pays allemands. L’ordre s’est sécularisé en Prusse orientale devant l’annexion par la Pologne de la Prusse occidentale et le Grand-Maître s’est rallié à la réforme protestante. Au XVIIIe siècle tous les Grands-Maîtres appartiendront à la maison d’Autriche et l’empereur Napoléon Ier a dissout l’ordre en 1808. Il est né à nouveau en 1834 comme institution religieuse et militaire dans les États autrichiens, avant d’être une fois de plus dissous par les nazis en 1938. Il a été autorisé par les puissances occidentales d’occupation après 1945 comme organisation caritative. Aujourd’hui, l’Ordre effectue des actions sanitaires et hospitalières, et assiste les personnes âgées et handicapées.

L’Ordre des chevaliers teutoniques n’a pas été une institution ésotérique, même si certains Grands-Maîtres frayèrent avec la Franc-maçonnerie à l’époque des lumières. Il n’a pas été non plus la pointe avancée du nationalisme germanique comme certains nazis l’ont pensé pour servir leur idéologie, mais a été appelé par les Polonais contre les païens qui les menaçaient au bord de la Baltique.

Au total, l’Ordre teutonique a été original parmi les ordres nés des croisades siècle, bien que moins important que les Templiers et les Hospitaliers. Quiconque effectue un voyage dans les pays baltes se doit de connaître cette histoire qui a fondé l’Etat prussien contre la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie.

Henry Bogdan, Les chevaliers teutoniques, 1995, Tempus Perrin 2002, 227 pages, €8.50

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Architecture de Riga

Lettonie Riga (19)

Des bâtiments de pierre, des arches au-dessus de la rue, un pavement ordonné, montrent que Riga était une ville prospère – jadis, avant l’invasion soviétique – en raison du commerce portuaire sur la Baltique.

Lettonie Riga (15)

Des atlantes, des blasons Modern style ou des statues de gloire comme à Vienne décorent les entrées ou les balcons.

Lettonie Riga (2)

La ville laisse une impression médiévale, comme à Nuremberg. L’on imagine le confort des demeures en hiver, par le froid humide venu de la Baltique. Les filles à poil tenant une couronne réchauffent déjà les reins.

Lettonie Riga (16)

Le pays se réveille, désormais bien loin du socialisme, malgré les maux des affairistes.

Lettonie Riga (13)

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