Articles tagués : église san lorenzo

Eglise san Lorenzo à Turin

Nous quittons le Môle pour nous rendre à pied via la galerie Subalpine vers la place du Castello où réside, cachée par une façade d’appartement, le théâtre Regio (Royal) et, en face, l’église san Lorenzo, dissimulée de même par une façade d’habitation. Ce masque des apparences est destiné à respecter l’harmonie architecturale de la place, à ce qu’il semble.

Guarino Guarini fut le concepteur en 1668 de cette chapelle royale époustouflante, commencée en 1634 sur le vœu d’Emmanuel-Philibert à la bataille de Saint-Quentin en 1557. Il en a fait un chef-d’œuvre octogonal à coupole à lanterne, tout de marbres colorés et de porphyre sans aucune ligne droite, de décors en stuc doré et de statues de saints, toutes flanquées de putti musclés. Le maître-autel est survolé de petits anges-éros (des putti) par Guidobono. Six autels sont dans les absides, dont la chapelle de la Mère des douleurs avec un cadavre de Christ à ses pieds. L’Annonciation d’une chapelle est de marbre et de Carlone. La nunuche échappée de l’Education nationale s’empresse de venir me demander sotto voce, et avec des airs de conspiratrice, si les colonnes « sont en marbre ou en porphyre ». 

La nuit tombe sur la Piazza del Castello. Nous passons devant les célèbres cafés turinois dont le Mulafsano et le Baratti & Milano, la Galeria d’Italia où Nietzsche a eu un appartement et où clignotent aujourd’hui des personnages célestes sur fond bleu nuit. Nous déambulons vers la chapelle san Eligio, le palais Carignano, l’église san Filippo Neri. Elle a été commencée en 1675 par Juvarra et terminée en 1772 ; elle est très décorée de peintures et de statues. Nous terminons par l’atrium de la famille Vermut, inventeur de l’apéritif vermouth du même nom.

a

a

a

a

a

a

a

a

a

a

Catégories : Italie, Voyages | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , ,

Zinacantan

Zinacantan est le village des fleurs. Chaque ethnie locale, réunie autour de son village, possède ses rites propres et sa spécialité laborieuse. Ici, on cultive les fleurs depuis des siècles. Roses, œillets, arums dans le lit du rio, agapanthes, fleurs de pêchers… Plus l’on approche des maisons dans leur vallée, plus les cultures se multiplient, aménagées dans un coin de nature, puis en champs entiers à l’ouverture de la vallée, ou encore en jardins aux abords des maisons. L’arrivée au village parmi les roseraies sous serres plastique et les champs de salades bien vertes, a quelque chose d’incongru, comme un coin de montagnes japonaises aux latitudes tropicales. Mais le « village » en question compte quand même 5000 habitants : nous sommes au Mexique !

Le bus nous attend au bout de la rue ! Il est 15h30 et nous sommes arrivés à l’étape. Le campement est établi sur une aire herbeuse au centre du village, non loin de l’église San Lorenzo. Les tentes sont déjà montées et le bar propose bières fraîches et Coca Cola. Ces tentes, de marque américaine Coleman, sont immenses, pour quatre au moins alors que nous n’y serons que deux. Contrairement aux tentes igloo habituelles aux camps de Terres d’Aventure, celles-ci sont difficiles à chauffer mais nous pouvons y tenir debout.

Gilles, Christiane et moi allons faire un tour dans le village, comme les autres le font par affinités. L’église de campagne toute blanche a été fondée à l’époque coloniale et remaniée dans le goût néoclassique. Elle est rustique mais payante pour les touristes. Une « casa del turismo », d’ailleurs fermée, est une cabane où délivrer nos oboles. Nous évitons de tomber dans ce commerce de la bondieuserie et nous nous contentons de la regarder de l’extérieur.

Des gamins ne tardent pas à nous aborder en espagnol pour nous attirer vers les boutiques d’artisanat textile. L’un d’eux, plus déluré que les autres, me demande : « tu es venu par le bus ? – non, en marchant, regarde mes chaussures. – Ah ! » Il ne savait plus quoi dire tant il est peu courant, ici, de voir des randonneurs. Avec l’état de siège induit par la révolte zapatiste, la région est restée fermée aux étrangers durant presque dix ans. Elle est restée repliée sur elle-même et ce gamin est né depuis. Mais, avec un bon sens commercial et un sens de ses intérêts auxquels il faut rendre hommage, il enchaîne : « viens voir le textile. – Tu sais, les hommes ne s’intéressent pas au textile, c’est pour les femmes. Tiens, demande aux filles, là. – Ah ! » Il est gentil, ce gamin, mais pourquoi irais-je donner de faux espoirs à sa mère ou à sa tante en « allant voir » le textile ? Je n’ai nulle envie d’acheter. Utiliser le machisme si cela s’avère nécessaire est une tactique que je sais manier (comme la politique, mais tout cela m’ennuie). D’autres iront observer le travail des tisserandes et même se faire inviter à avaler une lampée de « ponch », un alcool fort artisanal. Mais ils sont en couples, mari et femme, et peuvent acheter du « textile » selon leurs goûts.

Nous faisons un tour sur la place en direction de la Maison communale devant laquelle se dresse la tête en bronze de Benito Juarez. Six garçons jouent au basket sur le terrain cimenté qui s’étend en contrebas. Je dois avoir une tête à plaire aux gamins car, là encore, l’un d’entre eux m’interpelle : « Eh ! Venez avec nous, trois contre trois ! » C’est touchant et faire preuve d’une curiosité amicale peu répandue parmi les Indiens du Chiapas enclins, adultes, à voir en tout Blanc un « exploiteur ». Mais nos jambes fatiguées et nos esprits ailleurs nous incitent à décliner cette proposition spontanée. C’est là que nous sentons le déroulement des ans : cette fraîcheur enfantine, nous n’y répondons plus qu’à peine !

La nuit tombe vite. Nous dînons de poulet grillé et de soupe. La croix qui surmonte le clocher, est illuminée de spots bleu et rouge.

Catégories : Mexique, Voyages | Étiquettes : , , , , , , ,