Articles tagués : môle antoniellana

Môle Antonielliana, musée du cinéma de Turin

Il est situé dans la tour Eiffel de Turin, un édifice construit par Antonelli dès 1863. Le guide nous montre auparavant un palais nobiliaire Juvarra, bâti en 1716 avec cour d’honneur et décors curvilignes, trois portails et corniches ornées de balustrades. Des statues de « Vénus » en marbre, les couronnent, qui proviennent probablement des jardins de Venaria Reggia et ont été offertes au comte Borgaro fin XVIIIe. Nous passons aussi devant la statue de Charles-Albert, roi de Sardaigne mort en 1849, puis devant le « palais » de l’Université, dessiné par Michelangelo Garove et terminé en 1730. Il abrite aujourd’hui le rectorat.

Le Môle Antonielliana mêle tous les styles et sa flèche de métal s’élève à 167 m. L’ange doré qui la couronnait par défi a été abattu par un ouragan en 1904, puis l’étoile qui l’a remplacée abattue aussi en 1953, punition de l’orgueil démesuré de l’architecte. Il était à destination de synagogue, mais les Juifs ont revendu le bâtiment inachevé pour faire construire ailleurs, plus modeste, et la ville l’a racheté. Ne sachant qu’en faire, elle y a mis le cinéma, une accroche populaire qui doit permettre de nombreuses entrées. Malgré le froid qui descend des Alpes, un jeune enfant asexué en slip (qui tend vers le modèle fille) se morfond devant une porte fermée, les mains en coupe pour abriter une lueur. Il s’agit d’une sculpture contemporaine à ambition symbolique.

Le Môle Antonielliana a son ascenseur en panne (ce qui paraît courant en Italie) et nous ne pouvons accéder au sommet de la tour où un vaste panorama est pourtant offert. Nous avons 1h30 de visite libre et c’est trop. Une heure suffirait largement. Après quelques salles sur « l’archéologie du cinéma » avec un labo de développement ambulant, les kaléidoscopes et autres stroboscopes, sont exposés dans des alcôves des souvenirs de films et, sur les murs, des affiches.

Il s’agit de spectacle plus que de pédagogie, avec son labyrinthe de visite, ses recoins obscurs, son ascension en spirale vers les sommets récents du septième art, son hall éclairé de vert fluo qui fait kitsch, et ses quelques alcôves adonnées au « sexe ». Ce sont des salles obscures « réservées aux plus de 14 ans ». Mais montrer des nus 1900 ou des scènes « osées » des années 50 n’a rien de pornographique, ni même de choquant pour un gamin sous cet âge. N’importe quel film contemporain montre pire, si l’on considère que le sexe est une animalité qu’il faut cacher.

Dehors, le spectacle vivant de la rue est plus intéressant que le spectacle mort des vieux films. Je vois une jeune fille harmonieuse de formes, habillée chic qui porte une couronne de lauriers et de roses rouges sur la tête. Le guide me dit qu’il s’agit d’une tradition de l’université italienne pour ceux qui ont obtenu leur Master et soutenu leur mémoire. La « laurea » est symbole de réussite et de pouvoir depuis César. Notre mot « lauréat » vient d’ailleurs de là : celui qui est couvert de lauriers.

La couleur fait référence à la matière. Pour l’économie c’est le jaune, je n’ai pas retenu quelle matière pour le rouge. Une fois que le jury s’est prononcé, vos copains vous jettent des poignées de confetti, au joli mot italien de « coriandoli », et vous pouvez arborer la couronne. Dans un café, une fille porte une couronne plus mince, peut-être seulement pour un mémoire de licence – le grade en-dessous.

a

a

a

a

a

a

a

Catégories : Italie, Voyages | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , ,