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L’homme public doit être économe, dit Montaigne

Le très court chapitre LII des Essais, livre 1, livre sans commentaire plusieurs exemples de « parcimonie des anciens » – un exemple pour Montaigne.

Un général victorieux de l’armée romaine en Afrique, volé par son valet à qui il avait confié l’entretien de ses sept arpents de terre, demande au Sénat son congé. Les sénateurs, fort sages, n’en font rien, préférant nommer quelqu’un d’autre à la conduite de ses biens et dédommager la famille du général. Lequel était trop précieux à la République pour le distraire de ses devoirs. Il coûtait moins cher de le laisser en fonction.

Caton l’ancien, consul en Espagne, a vendu son cheval de service plutôt que de le rapatrier à grands frais en Italie. Au gouvernement de Sardaigne, il faisait ses visites à pied avec un seul serviteur. Zénon, chef stoïcien n’avait aucune personne à son service.

En bref, ce n’est pas parce que la chose publique a un budget important qu’il faut en faire profit. La sobriété stoïcienne est une morale pratique dont les Anciens savaient s’inspirer – et que nos politiciens devraient adopter. Ils se goinfrent « d’économie » et de « sobriété écologique » mais se vautrent dans de gourmandes limousines pas vraiment électriques, accompagnés d’une pléthore de conseillers, assistants et gardes du corps, n’hésitant pas à prendre l’avion pour un oui ou pour un non.

Quant aux députés… le contrôle des fonds qui leurs sont alloués étant « éthique » et purement « interne », ils gaspillent à qui mieux mieux – alors que dans les pays scandinaves, tout euro dépensé en service doit être justifié d’une facture. Il n’y a que Fillon qui se soit fait prendre – par pure vengeance socialiste pour l’échec de Strauss-Kahn. La fameuse « justice » dont on se gargarise est donc à relativiser.

C’est plutôt par l’exemple et la réprobation morale populaire que les hommes publiques (tout comme les femmes publiques – puisqu’elles tiennent à cette féminisation un brin vulgaire), doivent être contrôlés. Montaigne a tenu à l’évoquer en ses Essais.

Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Claude Pinganaud), Arléa 2002, 806 pages, €23.50

Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Bernard Combeau et al.) avec préface de Michel Onfray, Bouquins 2019, 1184 pages, €32.00

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