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Tout dépend de notre corps, dit Alain

A commencer par nos humeurs. S’il fait beau, que notre libido irradie, nous voilà joyeux sans raison. Voyez les adolescents. A l’inverse, qu’il fasse gris et venteux, nous frissonnons, notre mental dans les chaussettes. Ce pourquoi les vieillards et vieillardes sont plus neurasthéniques que les jeunes garçons et filles. A quel âge devient-on vieillard ? Demandez à François Hollande, il l’a bien su sur les « riches ».

Neurasthénie : manque de force des nerfs, dit l’étymologie grecque ; la neurasthénie est une névrose, dit la psychologie ; état durable d’abattement accompagné de tristesse, dit le Robert. En bref, un affaiblissement de l’énergie vitale.

Or les êtres humains normalement constitués ne sont pas que leur corps, ils sont aussi une âme. « Un esprit subtil trouve toujours assez de raisons d’être triste s’il est triste, assez de raisons d’être gai s’il est gai ; la même raison souvent sert à deux fins », écrit Alain. A la partie pensante de réagir donc à une faiblesse temporaire du tempérament. Pas besoin d’ajouter la raison à la faiblesse ou à la joie, ces deux états se suffisent à eux-mêmes.

En tirer une philosophie sur l’existence serait bien vain… « Pascal, qui souffrait dans son corps, était très effrayé par la multitude des étoiles ; et le frisson auguste qu’il éprouvait en les regardant venait sans doute de ce qu’il prenait froid à sa fenêtre, sans s’en apercevoir. Un autre poète, s’il est bien portant, parlera aux étoiles comme à des amies ».

Intéressons-nous aux choses qui valent, dit Alain, désirons ce que nous sommes assurés de désirer, plutôt que de nous perdre dans l’imaginaire né de nos réactions corporelles.

Alain, Propos tome 1, Gallimard Pléiade 1956, 1370 pages, €70,50

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