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Cañon del Sumidero

L’avion se pose à Tuxtla Guttierrez où un bus nous attend. L’aéroport est petit et les formalités sont vites remplies. Nous avons quitté la ville de Mexico et son altitude de 2240 m pour tomber dans une ville tropicale du Chiapas à 531 m seulement. Il fait une chaleur écrasante, étouffante, nos oreilles sont encore dures du décalage de pression. Nombre d’arbres sont fleuris le long de la route dans ce climat de printemps perpétuel, dont un certain « guyaca ». Difficile de trouver les noms français puisque la plupart nous sont donnés en tzotlil, la langue indienne de la région. Les fleurs sur les branches sont mauves, rouges, jaunes. Les jaunes ne sont en fait pas des fleurs mais les feuilles mêmes qui ont cette couleur.

Nous allons directement au cañyon del Sumidero pour une promenade en barque à moteur. Ce sont les gorges du rio Chiapa, le second fleuve du Mexique, creusées sur 22 km. L’histoire veut que, lors de la Conquête, les Indiens de la ville de Tepetchia ont préféré la mort à la soumission et se sont précipités du haut des falaises qui s’élèvent à plus de 450 m au-dessus de nos têtes. La barque du « lanchero » est légère, en acier et à fond plat. Son moteur Yamaha de 115 CV la propulse à vive allure sur l’eau du rio large de plus de 200 m, élargie et calmée par le barrage Manuel Moreno Torres.

La « rencontre des trois montagnes » (titre très chinois) surgit à un virage du rio. Elle a été reprise comme symbole dans la bannière de l’état du Chiapas. Nous rencontrons le long des berges une faune variée : des cormorans pêcheurs souples et noirs, des garces blanches effilées, des vautours « zopilotes » à collerette, guettant les charognent (ils nous ignorent), des caïmans se chauffant au soleil la gueule ouverte hérissée de crocs, des singes araignées suspendus dans les arbres, boules rousses pendues par une patte ou par la queue pour nous regarder de haut, des tamanoirs à queue dressée comme des chats, dans l’ombre de la rive…
Une grotte recueille les fleurs et les chapelets en plastique des dévots : « tiens, encore une bondieuserie ! », lâche Christophe en verve. Une plaque à proximité précise que ce petit sanctuaire est dédié « à la mémoire du dernier des explorateurs vivants, Dr Miguel Alvarez del Toro, guerrier infatigable de la nature, créateur du parc national Cañon del Sumidero ». Un peu plus loin, à flanc de falaise, c’est un beau sapin vert qui dresse ses panaches descendants : une concrétion issue de l’eau chargée de minéraux qui goutte des sommets.

Le soleil donne la même soif aux gens et la bière fraîche du déjeuner est bienvenue. Je choisis cette fois une Bohemian pour accompagner l’assiette de poisson grillé agrémenté de salade tomate-concombre-oignons-radis et ornée de deux quartiers d’avocat.

Sur chaque table, trois sauces diversement pimentées sont offertes pour ceux qui veulent corser le goût. En revanche, le vin mexicain est à des prix « parisiens », de 120 à 190 pesos la bouteille ! Même le vin espagnol est moins cher ici. Par quel mystère de l’économie ?

Nous repartons pour San Cristobal de Las Casas à environ deux heures de là par une route en lacets qui nous fait remonter à 2113 m. Sur le bord de la route, les gens apparaissent plus pauvres tel ce gamin au tee-shirt déchiré qui cueillait des marguerites avec sa mère. La région cultive aussi les fleurs sous serre plastique.

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