Articles tagués : elisabeth peters

Elisabeth Peters, La onzième plaie d’Égypte

Les actes du perturbateur sont un mauvais titre en anglais, bien qu’il vienne d’un ancien hymne à Osiris ; mais la onzième plaie d’Égypte n’en est pas un meilleur, laissant rêver ce qui n’est pas. Les Emerson père, mère et fils, Radcliffe, Amelia et Ramsès, sont retournés à Londres l’été 1896, après une saison de fouilles. Mais l’Égypte les poursuit sous le climat brumeux et pollué de la capitale de l’empire. En cause, le British Museum, où une momie donnée par un mécène aristocratique, fait parler d’elle. Un prêtre d’Isis, masqué et déguisé comme il se doit, surgit parmi la foule et interdit par exclamation de la toucher. Panique chez les bourgeois du dimanche…

La presse à sensation en fait ses choux gras et n’hésite pas, pour faire vendre, à impliquer Amelia Peabody et son époux le professeur Emerson. A eux deux, à l’en croire, ils vont se mêler de l’enquête et résoudre l’affaire ! Ce n’était pas l’intention du couple, mais… Amelia est toujours éperdue de curiosité pour la quête policière et le mystère criminel, tandis que Radcliffe adore mettre hors d’état de nuire les pilleurs de tombe et autres mécréants de la science.

La momie d’une femme de la XIXe dynastie, même pas apparentée à la famille royale, a tué un gardien de nuit, retrouvé mort à ses pieds dans un monceau de débris. Un étudiant du directeur est ensuite trouvé mort au pied de l’obélisque de Londres, près de la Tamise. Comment ne pas évoquer la malédiction des pharaons ? Les aristos désœuvrés adorent les canulars, la presse adore les scoop mystère, le public adore les sensations fortes. Quant au directeur du Museum, c’est moins pour ses compétences (faibles) en égyptologie que pour ses pillages éhontés qu’il est parvenu par piston à ce poste. Tout cela concourt à la belle histoire.

C’est sans compter sur la rectitude scientifique du professeur Emerson, la foi morale de son épouse Amelia, et la sagacité du trop précoce fils surnommé Ramsès. Malgré la famille – un frère de Peabody, James, qui impose ses deux infects rejetons au couple durant « la cure » de leur mère, les époux et le gamin vont agir. Emerson en actionnant son réseau égyptien à Londres, Amelia en usant de ses relations orageuses avec deux journalistes, un Irlandais et une petite-fille de duchesse décatie, Ramsès en se déguisant fort adroitement en gamin des rues à la Dickens, pieds nus et chemise déchirée, pour espionner à loisir.

On veut la peau des Emerson, dans certains milieux aristos et peut-être familiaux. Heureusement qu’ils ne se laissent pas faire et qu’ils ont la tête dure. Radcliffe manie ses poings, Amelia son ombrelle d’acier et Ramsès son art d’écouter aux portes et de se déguiser pour mettre à mal les plans des tueurs. Jusqu’à un vieux manoir élisabéthain, où se déroulent d’étranges cérémonies sexuelles et sacrificielles pour guérir les maladies honteuses – et mortelles (la syphilis).

Ce cinquième opus de la série policière historique de l’écrivaine américaine Barbara Mertz, dite Elisabeth Peters, est toujours conté de façon enlevée et drôle, l’érudition ne pesant jamais, l’action ne manque pas, et les personnages restent hauts en couleur. Le complot familial double le crime de la momie.

Ramsès, né en juillet 1887, a 9 ans, parle couramment plusieurs langues, lit tout ce qui lui tombe sous la main, et n’hésite pas à corriger les erreurs de son père sur son manuscrit d’Histoire de l’Égypte antique. Son cousin Percy, du même âge, lui est mis dans les pattes et il ne l’aime pas. C’est un garçon anglais classique, gibier de pension, discipliné à être sournois ; sa petite sœur Violet est une gourde gourmande qui grossit en s’empiffrant de sucreries, elle est toujours du côté de son frère malgré les avances de son cousin. Percy fait faire à Ramsès de mauvaises choses en lui affirmant que l’autorisation en a été donnée par les adultes, tout en le dépouillant de ses biens (montre, couteau, argent de poche). Ramsès, qui a la rectitude de son père, subit sans rien dire, et sa mère ne s’aperçoit de rien avant longtemps. Mais le gamin est capable de se débrouiller tout seul, et il aime ses parents ; il fera tout pour les aider dans leurs aventures périlleuses, entraînant le majordome Gargery et le robuste valet Bob. Plus que les autres, il apparaît comme le héros de cette histoire.

Elisabeth Peters, La onzième plaie d’Égypte (The Deeds of the Disturber) suivi par Le secret d’Amon-Râ, 1988, Livre de poche illustré 2023, 960 pages, €15,90, e-book Kindle €10,99

(mon commentaire est libre, seuls les liens sont sponsorisés Amazon partenaire)

Les romans de la série policière historique déjà chroniqués sur ce blog

Catégories : Egypte, Livres, Romans policiers | Étiquettes : , , , , , , , , , , ,