
Cette pièce de théâtre comique de Patrick Haudecœur et Danielle Navarro-Haudecœur a été créée à Paris, au Café de la Gare, en juin 1991. Représentée plus de 200 fois, elle a été reprise au théâtre des Variétés en 1992, puis au théâtre Fontaine en 2011. C’est dire son succès jamais démenti.
Une captation a été faite par Emmanuel Carriau en 2017, parfois un peu faible sur le son, mal pris du côté droit de la scène, mais bien filmée. Ce DVD reste de niche, il n’est pas diffusé par les grands sites de vente en ligne.
La comédie réside dans le théâtre du théâtre. Les comédiens répètent une pièce, avant de la jouer en entier. Rien ne se passe aisément, au contraire tout va mal chez les branquignols. Les acteurs surjouent, caricaturant l’excès inhérent au théâtre. Ils portent leur voix à l’enflure, se gonflent d’importance, minaudent comme des perruches, prennent la pose – théâtrale. Nul n’est lui-même, chacun joue un rôle ; ils portent costume, se plaquent un masque de personnage. La bouffonnerie est justement dans ce décalage entre l’apparence et la réalité.


Les comédiens qui répètent ne sont pas encore dans leur rôle, ils restent eux-mêmes, avec leurs limites, leurs manques, leurs bêtises. Les techniciens ne sont pas oubliés, de l’éclairagiste qui balance les lumières et les sons à contretemps à la maquilleuse costumière qui prend un costume romantique pour une toge Rome antique, jusqu’au technicien de plateau qui change le tableau de place, pose un électrophone électrocutant, une armoire qui se coince et dont les panneaux finissent par tomber en plein spectacle, et un vase censé être pris pour assommer quelqu’un… qui ne peut se détacher de la cheminée sur laquelle il est posé. Quant à la « miteuse » en scène, elle a un accent genevois prononcé et déclare toujours devant un problème qu’on en parlera plus tard.
Cela commence gourde, puis prend son essor. On rit. L’histoire est celle, banale, du mari, de la femme et de l’amant, flanqué du domestique de maison. Ce dernier vient annoncer à Madame la comtesse Marie-Agnès qu’un certain Henri Dujardin vient voir Madame. Il entre, il est son amant et vient rapporter un porte-cigarettes en or. On minaude. La maîtresse commande du thé, ce qui lui fait dire que son mari est aux Indes. Chouette, Dujardin n’en veut qu’aux bijoux qu’il veut voler. Il déclare en aparté qu’il veut mettre son « pan au ploint », puis il renverse le thé sur la comtesse. Laquelle quitte son rôle de mijaurée à accent pour l’engueuler en popu, montrant combien la pièce est du théâtre sur le théâtre. C’est ainsi que tout se poursuit, les bijoux cherchés derrière un tableau, puis sous le bureau, puis dans l’armoire. Le mari qui revient plus tôt que prévu ; les quiproquos, les cachettes, les gags.
Quand arrive le soir de la Première, changement de costumes, changement de rôles. Cette fois, chacun est dans le sien. Sauf que… une fois les trois coups frappés, le technicien annonce que le domestique a eu un malaise et que la pièce va peut-être être annulée. Aparté chuchoté de la metteuse en scène, qui prend le rôle, le rideau se lève sur une comtesse en beaux atours, et de l’amant survenant tout fringuant. Mais que des maladresses : la comtesse tient un livre, mais à l’envers ; elle tente par petits gestes de le retourner, au lieu de le replacer puis de le reprendre à l’endroit. Sur le fauteuil qui accueille l’amant, un marteau a été oublié par le technicien. En se levant, il arrache la perruque de la vieille, laquelle en la replaçant décolle sa moustache postiche… Entendez-vous la pluie ? Le son envoyé est de la musique classique. Et ainsi de suite.
Désopilant. Un bon moment d’une heure et demie.
Molière de la Comédie 2011
DVD Thé à la menthe ou t’es citron ? pièce de théâtre comique de Patrick Haudecœur et Danielle Navarro-Haudecœur, 1991, nouvelle mise en scène 2011, tourné et réalisépar Emmanuel Carriau, Pascal Legros production & la Compagnie des Indes 2017, 1h28, pas de DVD connu sur les sites
Commentaires récents