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San Giusto

Au retour, nous nous arrêtons à l’abbaye cistercienne rénovée de San Giusto. Deux chiens nous accueillent, deux labradors femelles assez épaisses dont la noire s’appelle Pipi ; la brune est plus vieille et l’on ne connaît pas son nom. Nous accueille aussi le chat de l’endroit nommé Aurelio. C’est un chat noir et blanc assez mince mais qui ne s’en laisse pas compter. D’après son propriétaire il chasse même la nuit les renards qui voudraient manger les restes. Il ne tolère que les chattes de l’endroit et est copain avec les chiens. Ce chat me plaît, il suit partout son maître et aime à se faire caresser. Voyant l’intérêt que je lui porte par ma voix et ma main, il monte même sur mes genoux lors d’une pause pour écouter les descriptions d’une salle.

L’abbaye a été restaurée par un ingénieur civil du bâtiment de Bologne qui nous accueille et aime parler. Il est tombé par hasard amoureux de ces ruines alors qu’il cherchait une maison de campagne pas trop loin de Rome ni de la mer. Il a quatre enfants et désormais l’abbaye restaurée est possédée par une SCI formée des six personnes de sa famille. Il a mis trente ans pour restaurer l’endroit dans les règles de l’art en respectant les matériaux d’origine, autant qu’il ait pu les connaître. Il la loue désormais pour des mariages et des manifestations diverses.

Nous commençons par la bibliothèque des novices en sous-sol, puis remontons par l’ancien dortoir, désormais à ciel ouvert car le propriétaire ne sait pas comment la salle était recouverte. Nous passons ensuite à la salle des copistes puis à l’église bénédictine, agrandie par les Cisterciens, où un trou dans le sol permettait de fondre directement la cloche en faisant venir les artisans. L’abbaye était soumise à la règle de saint Bernard, plus stricte et sans images que celle de saint Benoît. La crypte est l’endroit qui plaît le plus à notre ingénieur avec ses remplois de colonnes romaines et de chapiteaux. L’endroit est frais et des mouches en ont fait leur repère. Nous remontons voir le cloître, la salle capitulaire, ainsi que les chiottes installées sur une fosse irriguée plusieurs mètres en dessous. Toute abbaye doit avoir de l’eau, plus pour la cuisine et la boisson que pour l’hygiène à cette époque, tant la pudeur chrétienne niait (et continue de nier) les besoins du corps.

Le papy parle français plutôt bien et aime expliquer sa restauration dans le style d’époque. Il est fier de sa réalisation et aime à ce que chacun le reconnaisse. Il a ainsi fait installer un parquet de châtaignier joint à clous dans le réfectoire après avoir découvert des fragments de ce bois sur le sol antique. Selon lui, l’abbaye abritait une quinzaine de moines plus une quarantaine de novices de 8 à 18 ans qui n’avaient pas encore choisi de se vouer à Dieu mais apprenaient à lire, écrire et compter, ce qui leur ouvrait de belles carrières dans le civil.

Nous dînons au restaurant au pied de la tour de Lavello en plein centre de Tuscana. Elle porte le nom d’un capitaine mercenaire, fils naturel du prince de Tarente. Le Terzziere di Poggo a un chef, Marco, réputé bon cuisinier et félicité dans TripAdvisor, la bible des anglo-saxons. Il manque cependant plus de la moitié de sa carte ce soir, notamment tout ce qui est fruit de mer et poissons. Il ne savait pas qu’il allait avoir des clients. Je prends de grosses pâtes ombricelli sauce amatriciana avec des lambeaux de guanciale (joue de porc salée) et pecorino romano (fromage de brebis) en plus du rajout moderne de la tomate, du poulet au four et ses patates.

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