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Débat polygamie

Nouvelle rêvasserie aux étoiles. Le dîner comprend une soupe avec des pâtes langue d’oiseaux, du poulet aux épices, des spaghettis et de la semoule à la mélasse en dessert, très étouffe–chrétien. Mo veut absolument nous initier au jeu de cartes intitulé Uno. Je n’en ai jamais entendu parler et c’est la première fois que j’y joue ; autant dire que j’en ai oublié les règles quasiment aussitôt. J’ai apporté un jeu de tarot, fort en vogue dans les groupes il y a vingt ans, mais cela n’intéresse aujourd’hui plus personne, semble-t-il. Ce doit être trop compliqué par rapport au Uno.

Un « débat », qui est surtout un monologue de Mo, est entrepris (par lui) sur la polygamie. Il tient absolument à nous convaincre que ce n’est pas l’horreur qu’il croit que nous croyons. Il est musulman, donc respectueux du Coran qui autorise un homme à prendre plusieurs femmes, mais avec des conditions. Il faut pouvoir l’entretenir, avoir l’assentiment de sa première épouse, respecter le dû de chacune – en bref, ce n’est pas très bandant. Il n’y aurait que 182 000 hommes seulement en Égypte à avoir plusieurs épouses, en général deux.

Nous sentons Mo agacé par les préjugés des Occidentaux sur le sujet. Il nous donne l’exemple de son grand-père, fervent musulman, qui a eu deux épouses. Mais il a demandé son accord à la première avant de prendre la seconde. Il voulait des fils pour cultiver les hectares de champs fertiles dont il avait hérité de son propre père dans le delta. Il a eu quatre fils et deux filles avec la première épouse, deux fils et trois filles avec la seconde. Il les traitait sur un pied d’égalité. Mo considère ses oncles tous au même niveau.

Il nous donne un autre exemple, bien que nous ne mettions aucune objection. L’un de ses oncles justement, marié à 16 ans avec une fille de 12 ans. Il était très amoureux mais est resté trente ans sans aucun enfant. Son épouse lui a demandé de prendre une seconde femme pour faire des héritiers, mais il est resté stérile, c’était de son fait. La seconde épouse avait déjà une fille car elle était divorcée d’un mariage précédent. Cette fille a engendré des fils.

Pour Mo, chez les musulmans, toute la famille est fondée sur la transmission du père au fils. Les filles sont respectées, mais secondaires. L’héritage revient toujours pour moitié au mâle le plus proche du décédé, soit son fils, soit son frère. Il nous conseille de lire le roman d’Alaa El Assouani né en 1957 (El Aswany en globish), L’Immeuble Yacoubian, qui décrit bien la vie quotidienne des Egyptiens du Caire des années 1930 aux années 2000.

Ce « débat » doit faire partie des instructions données aux guides pour faire valoir la culture musulmane en Egypte.

Mo nous demande cependant, mi-figue, mi-raisin, quoi dire pour draguer une gazelle étrangère. Ce n’est pas simple, il y a longtemps que cela nous est arrivé. Il faut sans doute la surprendre, s’intéresser à elle, la faire rire, se montrer protecteur. Il semble que Mo vive sa crise de la cinquantaine. Musulman moraliste qui réprouve l’adultère, il qui est tenté de goûter aux chairs mécréantes qui, selon lui, ne demandent que ça. Ce qui ne serait pas pêché selon les imams.

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