Réfléchir sur le nucléaire

Les glapissements millénaristes des prêcheurs d’Apocalypse empêchent de penser. Ils incitent à voter contre leur parti au niveau national, tant l’immaturité politique et la naïveté sociale y règnent. Le nucléaire est dangereux ? Certes – mais vivre aussi est dangereux. La cigarette fait plus de morts que les rayonnements chaque année, et bien plus de CO². Mais de cela, les zécolos-politiques ne disent rien.

Reste qu’il faut penser le nucléaire puisque le risque existe et qu’il se multiplie. Three Miles Island était un coup de semonce en 1979. Tchernobyl le désastre de tout un système, socialiste soviétique, comme quoi le « tout État » ne protège en rien des catastrophes industrielles, contrairement à ce qu’on entend ici ou là. Les ingénieurs ne sont pas meilleurs dans la fonction publique, on peut même soupçonner qu’étant moins payés, ne restent que ceux qui ne peuvent être appelés ailleurs pour leurs talents… Fukushima montre que, dans un pays très développé, nanti d’un État puissant, où l’énergie est décentralisée (au fond, tout le rêve des zécolos français), une catastrophe peut se produire et se développer. Ce n’est pas le tremblement de terre mais le tsunami par conséquence qui a submergé les sécurités. Un tel enchaînement de causes est exceptionnel, il n’arrive guère statistiquement qu’une fois par siècle. C’est ainsi que règnent les probabilités, à 99% de chances de ne pas courir le risque. Mais l’année où cela vous arrive, vous êtes à 100% dedans.

Alors faut-il « sortir » du nucléaire ? Bien sûr il le faudra, comme du charbon, du pétrole et des autres énergies fossiles. Pourquoi ? Parce que la planète est limitée et que ses réserves sont pour un siècle en minerai d’uranium, pas plus. La question est de sortir quand et comment.

Les naïfs réclament « tout, tout de suite ». Ils agissent en gamin de deux ans qui trépigne quand son désir n’est pas satisfait sur le champ. Mais est-ce socialement, économiquement, politiquement possible ? C’est là où divergent les  zécolos mystiques des zécolos qui pèsent et qui pensent. Les premiers sont hélas en France bien trop nombreux. Ils recyclent depuis un millénaire les utopies d’un autre monde hors du monde, celui des errants gyrovagues qui prêchent l’Apocalypse pour l’an prochain, les simplets de la croisade « des enfants » qui dit leur immaturité, croyant n’importe quel « berger » à grande gueule et gros bâton, chef de secte qui attire autour de lui les donzelles et les jouvenceaux pour mieux en jouir.

Sortir quand ? La société n’est pas révocable par décret. Les gens vivent, travaillent, consomment, élèvent des enfants. Que faire pour assurer la transition la meilleure pour tout le monde entre énergie nucléaire et énergies soutenables ?

1. Déjà, s’assurer que ce qui existe, et qui ne va pas disparaître dans les deux ans qui viennent, est sécurisé autant qu’on peut raisonnablement le prévoir. D’où audits, travaux éventuels, surveillance indépendante des intérêts économiques.

2. Ensuite convaincre les États-nations sourcilleux sur leur souveraineté, qu’une « ingérence » neutre, internationale, transparente, est la meilleure des choses pour le monde entier. Parce qu’une catastrophe dans un pays n’arrête pas ses effets aux frontières (comme un fonctionnaire imbécile l’avait affirmé en France après Tchernobyl).

3. Enfin débattre démocratiquement non pas de l’Apocalypse (personne n’est pour) mais de la gestion de transition.

a. Abandonner le nucléaire veut dire accepter plus de CO² un long moment, le temps que les énergies alternatives soient techniquement au point et industriellement répandues.

b. Abandonner les centrales nucléaires veut dire accepter un prix de l’électricité plus fort et qui grimpera plus vite que le reste des prix pendant des décennies.

c. Abandonner la filière nucléaire veut dire promouvoir les recherches sur les énergies soutenables et réorienter la formation des ingénieurs en forçant la main et en tordant l’esprit des grandes écoles françaises, volontiers formées en castes.

Établir la vigilance interne, activer la diplomatie externe, discuter des changements de comportements sociaux : tout cela est politique.

Où sont donc les réponses politiques des zécolos sur ces sujets ? Que des « grands travaux » à la socialiste sur l’isolement des logements ? Certes il faut le faire, mais avant tout convaincre les gens de les payer. Et pour cela leur assurer un travail… qui dépend de l’énergie disponible à prix raisonnable pour produire. On ne crée pas des emplois par décret, sinon dans les régimes socialistes soviétiques. Tout changement du modèle de prix d’une denrée vitale comme l’énergie a des conséquences sur toute la société, pourquoi les zécolos n’en parlent-ils pas autrement qu’en laissant se profiler un austère retour au moyen-âge avec panier bio, troc et maison en terre battue ?

Cherchez « programme des écologistes » sur Google, vous obtiendrez 843 000 résultats avec en tête une petite avancée Cohn-Bendit sur la pêche au Parlement européen, un forum Yahoo sur « c’est quoi  un programme écologiste » (où les réponses sont édifiantes de néant), et des projets cantonaux pour les élections qui se gardent bien d’évoquer les problèmes généraux de société.

On aimerait les entendre les zécolos, par exemple sur les embouteillages générés périodiquement par les grèves imbéciles des cheminots dont l’emploi est garanti à vie, comme la retraite, et qui débrayent au moindre prétexte contre l’État-patron. Comme si l’État n’était ni vous, ni moi, ni les politiques élus, mais un vaste club d’exploiteurs qu’il s’agit de faire « plier » au mépris de la pollution générée, du CO² et autres désagréments sociaux. La grève est un outil : bien utilisée elle est une arme de combat efficace. Usée n’importe comment par n’importe quel chefaillon de nœud ferroviaire, elle n’est plus que réaction de gamin de deux ans qui veut tout, tout de suite, na ! Le mauvais ouvrier n’a jamais que de mauvais outils. Mais que disent les zécolos sur cette pollution générée par le syndicalisme mal organisé ? – RIEN.

Ce pourquoi, en France, les zécolos sonnent comme les zozos – qu’y puis-je ? Alors que l’écologie canal scientifique est un savoir qui devrait irriguer tous les partis. Il s’agit de vivre ensemble, non pas contre ni au-dessus, mais dans la nature dont nous sommes partie. Vaste programme qui demande d’autres gens que ces immatures qui ne sortent de leurs trous qu’à chaque catastrophe pour prêcher la fin du monde.

Fatih Birol, interview de l’économiste chef de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans Le Monde du 2 avril 2011, p.5

Exemple de « Programme » des écologistes pour les élections cantonales en Savoie 2011


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5 réflexions sur “Réfléchir sur le nucléaire

  1. Je n’ai pas vérifié, mais si vous le dites…

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  2. bernard bruyère

    Merci de votre réponse, nous sommes d’accord, je n’ai rien écris d’autre que : « la catastrophe écologique que serait une exploitation incontrôlée (au sens de la maîtrise du process) des gaz de schiste.
    Je vous rejoint (ancien fumeur), sur les dangers du tabac, ci-après mes calculs sur les doses reçues par la cigarette et autres expositions à des rayonnements ionisants naturels et artificiels.

    A mes amis fumeurs et non fumeurs :

    Les cigarettes sont radioactives à cause du Polonium 210 ((émetteur rayonnement alpha, période (1/2 vie) = 138 jours, il faut 10 périodes soit 1380 jours pour que sa radioactivité soit considérée comme nulle)) présent dans les engrais phosphatés utilisés dans la culture du tabac.

    – 1 cigarette = 0,008 millisievert,
    – 1 cigarette/jour au bout d’1 an = 0,008 X 365 = 3 millisieverts,
    – 10 cigarettes/jour au bout d’1 an = 30 millisieverts
    – 1 paquet/jour soit 20 cigarettes/jour au bout d’1 an = 60 millisieverts

    A comparer avec la Dose admissible de 1 millisievert/an d’origine artificielle, considérée comme sans danger pour la santé par l’OMS

    C’est-à-dire qu’au bout de 125 cigarettes (0,008 X 125 = 1 millisievert), soit environ 6 paquets, un fumeur aura intégré sa Dose annuelle admissible et si c’est un gros fumeur à raison de 1 paquet/jour, il l’aura atteint au bout de 6 jours, et au bout d’1 an il aura intégré 60 millisieverts soit 60 fois sa Dose admissible annuelle.

    A comparer avec 1 radio du poumon = 0,3 millisievert
    Cela donne :
    – 1 cigarette/jour au bout d’1 an = 3 millisieverts = 10 radios du poumon
    – 10 cigarettes/jour au bout d’1 an = 30 radios du poumon
    – 20 cigarettes/jour au bout d’1 an = 60 radios du poumon

    A comparer avec 1 scanner = 5 à 20 millisieverts selon le temps d’exposition, je vous laisse le soin de calculer l’équivalent en cigarettes !

    Alors solution : fumer des cigarettes bio, si elles existent ?

    http://www.branchez-vous.com/info/section/science/2008/08/cigarette_radioactive_les_fabr.html-
    http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/polonium-radioactif-dans-les-43831
    http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2008/08/29/article_les-cigarettes-contiennentdu-polonium-ra.shtml

    Par ailleurs, autres données factuelles :

    – Radioactivité naturelle du corps humain (poids moyen de 70 Kg) = 8200 becquerels dus à 4500 Bq du Potassium 40 et 3700 Bq du Carbone 14, éléments radioactifs naturels présents dans le cosmos depuis la nuit des temps (big bang,……….homme de Cro-Magnon,……..homo erectus), cela correspond à environ 0,12 millisieverts/an, soit l’équivalent d’avoir fumé 15 cigarettes !

    – Radioactivité d’1 Kg de pommes de terre = 125 becquerels = 0, 0018 millisievert

    – Radioactivité d’1 Kg de sol granitique en Bretagne = 8000 becquerels = équivalent du corps humain

    – Radioactivité d’1 vol transcontinental due aux rayons cosmiques (Paris – New-York A/R) = 0,08 millisievert (soit l’équivalent d’avoir fumé 10 cigarettes), un passager lambda aura atteint sa Dose annuelle admissible de 1 millisievert au bout de 17 vols et le personnel à bord (pilotes, hôtesses et stewards) qui est autorisé comme travailleurs à risques à prendre 16 fois 1 millisievert soit 16 millisieverts les auront atteint au bout de 272 vols transcontinentaux.

    Tout cela à comparer avec le « nuage » (masses d’air) de Fukushima au dessus de l’Europe de 0, 001 becquerel/m3 en iode 131, soit 1 becquerel/1000 m3, soit 200 becquerels dans la cathédrale d’AMIENS (volume 200 000 m3).

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  3. Bienvenue sur le blog. Sur l’exploitation du gaz de schiste, priorité politique à l’eau, plus vitale que l’énergie pour les régions françaises concernées. C’est toujours une question d’arbitrer entre des choix possibles.

    Mais globalement, pourquoi ne pas étudier la question ?

    Je n’ai pas d’idée sur la technologie possible, mais il me semble qu’on ne saurait rayer d’un trait de plume cette énergie de substitution. Tout ce qui est nouveau effraie. Et tout ce qui a été fait aux Etats-Unis sur cette exploitation n’incite pas à y aller. Mais le progrès existe, la technolgie évolue. Ne pas en faire un tabou de plus. Fin XIXe les gens disaient que jamais ils n’iraient en chemin de fer, qu’au-delà de 6O km/h ils périraient étouffés par le flux de l’air, et tous ces autres blablas.

    Le rationnel n’a rien à voir avec l’irrationnel, à mon avis.

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  4. bernard bruyère

    Bonjour,
    Globalement d’accord avec votre papier, il manque un avertissement, une mise en garde sur la catastrophique écologique que serait l’exploitation incontrôlée des gaz de schistes.
    Quant aux déchets nucléaires, je suis scandalisé que les « médias » ne parlent jamais de la vitrification des PF (cf CEA/Marcoule) ça marche et le procédé se vend, et que les essais de transmutations sur les émetteurs à vie longue ont été couronnés de succès dans PHENIX (à l’arrêt définitif et bientôt en démantèlement) et SUPER PHENIX, dommage que Jospin/Voynet aient cassé ce dernier bel outil, de toutes façons, les réacteurs à neutrons rapides feront partie des réacteurs de Génération IV du futur.
    Bernard Bruyère
    Ingénieur, retraité du CEA

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