Il y a beaucoup de points communs dans la dynamique enclenchée par Mélenchon et celle entreprise par Lénine il y a plus d’un siècle. Il s’agit à chaque fois de prendre le pouvoir, et de ne pas attendre qu’il tombe tout cuit des circonstances. Rien de démocratique, il s’agit d’un coup de force.
Au nom du Bien, évidemment. Mélenchon, comme Lénine, croit qu’il détient la vérité de l’Histoire et le destin du Peuple. « La République, c’est moi ! » a-t-il éructé devant les policiers mandatés par un juge de la République, niant la légitimité des institutions parce qu’elles le contestaient, lui.

Dès l’été 1917, les Bolcheviques (LFI) prennent le pas au sein des Soviets sur les Mencheviks (Socialistes et écologistes). Lénine prône la paix immédiate (comme Mélenchon en Ukraine et à Gaza) et tient un discours simpliste qui séduit de plus en plus (le Programme du Smic à 1600 €, de la retraite à 60 ans, et ainsi de suite). Les élections municipales de Moscou de septembre (les Européennes et les Législatives françaises 2024) traduisent un changement du rapport de forces en désavouant les Mencheviks (PS et Verts). Après le coup d’État, Lénine se justifiera devant les représentants de la garnison de Petrograd en affirmant « Ce n’est pas notre faute si les S-R et les Mencheviks sont partis. Nous leur avons proposé de partager le pouvoir […]. Nous avons invité tout le monde à participer au gouvernement ». Exactement ce que fait Mélenchon aux autres partis du Nouveau front popu… à condition qu’il en soit le leader.
Selon l’historien Nicolas Werth : « la révolution d’Octobre 1917 nous apparaît comme la convergence momentanée de deux mouvements : une prise du pouvoir politique, fruit d’une minutieuse préparation insurrectionnelle, par un parti qui se distingue radicalement, par ses pratiques, son organisation et son idéologie, de tous les autres acteurs de la révolution ; une vaste révolution sociale, multiforme et autonome […] une immense jacquerie paysanne d’abord, […] l’année 1917 [étant] une étape décisive d’une grande révolution agraire, […] une décomposition en profondeur de l’armée, formée de près de 10 millions de soldats-paysans mobilisés depuis 3 ans dans une guerre dont ils ne comprenaient guère le sens […], un mouvement revendicatif ouvrier spécifique, […], un quatrième mouvement enfin […] à travers l’émancipation rapide des nationalités et des peuples allogènes […]. Chacun de ces mouvements a sa propre temporalité, sa dynamique interne, ses aspirations spécifiques, qui ne sauraient évidemment être réduites ni aux slogans bolcheviques ni à l’action politique de ce parti […]. Durant un bref mais décisif instant — la fin de l’année 1917 — l’action des Bolcheviks, minorité politique agissante dans le vide institutionnel ambiant, va dans le sens des aspirations du plus grand nombre, même si les objectifs à moyen et à long terme sont différents pour les uns et pour les autres. »
Nous reconnaissons dans les faits d’hier des faits récents qui leurs ressemblent :
- « un parti qui se distingue radicalement par ses pratiques, son organisation et son idéologie » – LFI, qui n’a rien à voir avec le PS par exemple ;
- « une vaste révolution sociale, multiforme et autonome » – les Gilets jaunes, les manifs contre le recul de l’âge de la retraite, les méga bassines, etc.
- « une immense jacquerie paysanne » – les manifs d’agriculteurs
- « un mouvement revendicatif ouvrier » – avec les syndicats tous unis « contre » le RN et « contre » les réformes Macron, et « pour » le Smic augmenté ;
- « l’émancipation rapide des nationalités et des peuples allogènes » – des Palestiniens à Gaza aux Africains de la Françafric, jusqu’aux immigrés de banlieue – thèmes chers aux Mélenchonistes avec leurs dérives : partant de l’anticolonialisme, ils en arrivent à l’anti-impérialisme, donc à l’anti-capitalisme, souvent juif, donc à l’antisémitisme, d’autant que les États-Unis soutiennent Israël à cause non seulement d’une vaste communauté juive mais aussi aux évangélistes qui croient à l’avènement du Messie là-bas après une bonne guerre.
- Reste l’armée qui n’est pas concernée en 2024 alors qu’elle était en première ligne en 1917.
Rappelons les suites du coup de force de Lénine : « En quelques semaines (fin octobre 1917 – janvier 1918), le « pouvoir par en-bas », le « pouvoir des soviets » qui s’était développé de février à octobre 1917 (…) se transforme en un pouvoir par en-haut, à l’issue de procédures de dessaisissement bureaucratiques ou autoritaires. Le pouvoir passe de la société à l’État, et dans l’État au parti bolchevique » (Nicolas Werth). C’est bien ce que Mélenchon voudrait faire, sur l’exemple de Chávez au Venezuela, son modèle favori.
Pour cela, affirmer qu’il a gagné (alors qu’il n’a obtenu que très peu de suffrages et n’a aucune majorité), accuser le Président de forfaiture (alors qu’il ne fait qu’appliquer la Constitution), semer la zizanie sociale, imposer ses vues aux partis du cartel électoral à gauche, fomenter des manifs pour « marcher sur Matignon » (comme Mussolini sur Rome)… Tout est bon pour semer le chaos – et ainsi profiter du désordre pour imposer SON ordre. Il faut plus que jamais se méfier de Mélenchon, faux socialiste et vrai révolutionnaire, dénoncer Mélenchon, faux républicain et vrai dictateur en puissance.
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