Alain fait parler Dieu

Rien de tel qu’une petite fille pour invoquer Dieu. « Voyant qu’une promenade, qui lui plaisait assez, allait lui faire manquer son bain, auquel elle tenait beaucoup, [elle] dit naïvement : on pourrait demander à Dieu d’avancer l’heure de la marée. » Rien que ça  ! Et Alain de philosopher.

Est-il sage de bouleverser l’ordre du monde pour un caprice ? Est-ce la volonté d’un seul qui prévaut sur la volonté du tout ? Dieu a ordonné le monde et tout est lié. « Tout tient à tout. » La marée vient de loin, elle suit le soleil et la lune, et épouse le renflement de la terre. « Si j’y change la moindre chose, les planètes seront folles », dit Dieu par la bouche d’Alain.

Donc, pas question. La sagesse est d’obéir aux règles auxquelles on ne peut rien. Ainsi celles qui régissent l’univers. « Et toi aussi, ma fille, tu suivras l’ordre ». C’est ainsi que l’enfant devient adulte. Les désirs tout cru ne font pas la loi, ils doivent composer avec ce qui est possible. L’anarchiste ou le libertarien ont beau dire, ils n’évoluent que dans des cadres contre lesquels ils ne peuvent rien.

Nous ne sommes libres que dans les contraintes qui nous sont imposées. Celles des hommes peuvent se modifier, se négocier, à condition que les autres y consentent ; pas celles de la nature. Les lois physiques sont immuables, autant les connaître avant de désirer n’importe quoi.

Alain, Propos tome 1, Gallimard Pléiade 1956, 1370 pages, €70,50

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Alain le philosophe, déjà chroniqué sur ce blog


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