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Michael Connelly, En attendant le jour

L’inspecteur Harry Bosch a pris sa retraite et son auteur de père s’est renouvelé avec une femme, hawaïenne de surcroit : Renée Ballard. Elle encore peu consistante et ceux qui la comparent avec Bosch seront déçus. Pourtant, cette inspectrice au commissariat d’Hollywood a des attraits. Elle a été reléguée au quart de nuit par son chef, le lieutenant Olivas, qui a tenté de la violer. Elle a porté plainte mais son binôme Chastaing l’a laissée tomber et, faute de preuve, sa plainte a été classée sans suite. A l’ère du Me Too à la mode aux Etats-Unis, elle apparaît très solitaire et n’use du sexe que comme un médicament – les juments américaines s’y reconnaitront sans problème ; c’est peut-être un peu moins vrai en Europe, d’où cette impression d’inconsistance. Mais elle ne baisse pas les bras ; orpheline très tôt et issue d’une minorité ethnique (autre thème fort à la mode chez les intellos américains qui lisent), elle a appris à réagir aux obstacles et à agir seule – dans la plus pure tradition yankee.

Le quart de nuit ramasse toutes les affaires sordides, notamment celles liées aux prostitués des deux sexes qui arpentent les avenues. Le lecteur apprend d’ailleurs à cette occasion que Los Angeles PD met sur le trottoir ses plus jeunes agents (surtout des hommes) afin de ferrer en flagrant délit les clients qui veulent se payer une bonne pipe ou une relation sexuelle déviante. On vit de tout dans la police.

Ce soir-là, un trans a été sévèrement tabassé au coup de poing américain et laissé pour mort dans un parking. Renée est conviée aux urgences par le dispatcheur de la police tandis que son collègue Jenkins, qui veut partir à l’heure pour voir ses enfants le jour, fait de la paperasserie. Le trans n’a prononcé que quelques mots : « Ramone », puis « la maison à l’envers », avant de sombrer dans le coma. Tout prendra sens dans la suite.

Normalement, Renée ne mène aucune enquête, elle ne fait que prendre les dépositions et recueillir les éléments de preuves matérielles immédiats avant de confier l’enquête à la brigade de jour. Mais cette nuit-là, une fusillade a eu lieu dans un night-club branché et cinq personnes ont été assassinées par arme à feu. La brigade est sur les dents et le week-end tout proche permet à l’inspectrice Ballard d’enquêter comme elle aime le faire : de A à Z. Elle se voit confier par Olivas, qui a besoin de tout le monde, même les pires à ses yeux, la tâche de réunir les premiers éléments sur le dégât collatéral d’une jeune serveuse prise dans le feu du night-club.

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Malgré sa hiérarchie et son coéquipier qui ne veut pas la suivre (Jenkins signifie branleur en argot ricain), elle va mener ces deux enquêtes de front le jour et dans les temps libres de son quart de nuit. Manœuvrière et perspicace, elle va démontrer que c’est un flic le coupable des assassinats du night-club, et que le tabasseur du prostitué aux seins siliconés a déjà fait d’autres victimes.

Il y aura de l’action, un enlèvement, une bagarre à poil avec un tueur, un plan subtil avec un avocat pour piéger la hiérarchie hostile, et des séances de paddle dans la baie tandis que la chienne Lola garde ses affaires sur la plage. Mais le plus passionnant est la somme de petits détails qui font vrais dans le récit de l’enquête. Connelly décortique minutieusement chacun des actes de l’enquêtrice, permettant au lecteur qui n’y connait rien de suivre pas à pas les procédures et les façons. Du grand art.

Le sous-titre uniquement français, « la mort ne dort jamais » reste énigmatique. Il n’est ni la traduction littérale du titre anglais, ni le titre d’un film qui aurait été tiré du roman. Un remord du traducteur ?

Michael Connelly, En attendant le jour – La mort ne dort jamais (The Late Show), 2017, Livre de poche policier 2020, 478 pages, €8.70, e-book Kindle €8.99

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