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Motu de Kauehi

Nous continuons notre promenade. Le motu principal est long. Après la pension, l’aéroport, le village, quelques rares habitations isolées, d’anciennes fermes perlières abandonnées dont les bâtiments continuent de rouiller dans le lagon, les cocoteraies qu’une association avait commencé à nettoyer et à régénérer, nous restons toujours sur la piste.

KAUEHI MARE A KOPARA DE PATAMURE

JC nous montre les lagunes, grandes mares d’eau saumâtre où les pati’i (Chanos chanos) grandissent. La mare à kopara est un univers clos où la vie semble retenir son souffle. Le poisson-lait est un animal quasiment légendaire. Lorsque les eaux de l’océan sont en furie, la mer pénètre dans les cocoteraies, inonde des atolls  se confondant avec leur lagon. Les Chanos chanos suivent les flots, abandonnent l’océan et s’aventurent « à terre » ! Persona non grata ? Non, ils ne repartent pas après les tempêtes et se laissent piéger dans les mares formées après l’inondation. Le Chanos chanos, blanc sur les flancs, gris vert sombre sur le dos, peut atteindre 1,50 m de long à l’âge adulte. Ce sont des prisonniers volontaires de ces petits lacs peu profonds, en plein soleil durant la journée et où l’oxygène devient rare. Ils pourront rester prisonniers volontaires durant deux ou trois ans avant d’entreprendre leur retour vers l’océan en profitant d’une autre tempête. Leur comportement est ahurissant. Ils se nourrissent de ce tapis de bactéries, ce kopara, une nourriture abondante mais peu variée.

KAUEHI MARAE

Le Chanos chanos (poisson-lait) est une espèce importée de Tahiti qui existe en « trois versions » :

  1. un possède une poche à kopara (le plus prisé pour sa poche qui est un mets de choix pour les Paumotu (habitants des Tuamotu) ;
  2. un autre dont l’estomac a la forme d’une boule consistante (pouru) ;
  3. et le dernier qui ne possède ni poche, ni pouru!

Le kopara est une sorte d’algue poussant dans la vase des mares, mangée par les Chanos chanos. On prélève cette algue prédigérée par le poisson. Mélangée à de l’eau de coco et consommée avec du mitihue, cela donne un mets typique – excellent… pour les habitants des atolls. Le mitihue est une sauce préparée à partir de morceaux de coco ‘omoto mis à fermenter dans  de l’eau avec du jus de chevrettes, à l’intérieur d’une calebasse. ‘Omoto est le quatrième des six stades de croissance du coco. A ce stade, l’amande du coco est consistante sans être dure. Nous n’avons pas été invitées à nous familiariser avec ce kopara !

KAUEHI MARAE DE TAGAROAFAINU

La lagune de Patamure se trouve près du puits du même nom. Ce puits donne une eau pure et délicieuse. Les habitants venaient par le lagon se ravitailler en eau douce. Maintenant il y a Vaimato et Royale (eaux de source) en bouteilles, en bonbonnes… vendues dans les magasins ou sur la goélette.

KAUEHI PUITS PATAMURE

Il existe un motu à piu’u. Les piu’u (coques) sont de tout petits coquillages blancs, jaunes ou orange que les femmes allaient ramasser pour les enfiler et en faire des colliers. Actuellement, c’est pour la Toussaint que ces coquillages sont utilisés par pelletées pour recouvrir les tombes du cimetière. A Tahiti, on fait venir du  sable blanc des Tuamotu pour recouvrir les tombes. Aux Tuamotu on utilise les piu’u.

Il y a bien un ancien site de ponte des tortues sur l’atoll, mais la chair de tortue est si prisée par les habitants, les œufs de tortues sont paraît-il excellents alors… les tortues ont déserté l’atoll, comme à Ahe.

KAUEHI POKEA (POURPIER ATURI)

Un des marae de l’atoll ne comporte plus que quelques pierres dressées et se situe dans le jardin de la pension. C’est le marae Tagaroafainu comme le nom de la terre sur laquelle la pension a été bâtie en 2008.

Voici la légende des manifestations du guerrier Tagaroafainu : Sur le motu Tagaroamatahara, on pouvait apercevoir le grand guerrier Tagaroafainu se cacher sous l’apparence d’un kaveu (crabe de cocotier) ou prendre la forme d’un paku (nuage) qui lui ressemblait. La légende dit que les anciens ont souvent vu ce crabe de cocotier qui était bien reconnaissable car totalement entouré de mousse. Mais lorsqu’on l’attrapait, il n’était pas possible de le cuisiner. Sitôt dans la marmite, il disparaissait et retournait à l’endroit où on l’avait pris. On raconte également qu’il n’aurait eu qu’une seule pince. Droitier ou gaucher, nul ne le sait mais il pinçait fort disait-on. Lorsque l’on voyait son paku, le nuage ayant sa forme, au-dessus du motu Tagaraomatahara, cela signifiait alors aux villageois qu’un bateau arrivait, ou que le temps allait être maussade. Les récits anciens racontent que lorsqu’on voyait le paku de Tagaroafainu, on pouvait également voir le nuage  au-dessus de la passe Arikitamiro à Kauehi. Si celui-ci regardait au loin, alors une tempête se préparait et si le nuage regardait au milieu de la passe, alors un bateau arrivait.

Hiata de Tahiti

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Voyage aux Îles Gambier 1 : Tureia et Totegegie

Article repris par Medium4You.

Un mardi matin huit heures, aéroport de Tahiti Faa’a, personnel à son poste, décollage immédiat. Le vol est à destination de l’archipel des Gambier via Tureia, cinq heures de vol prévues. Pour moi, ce sera le cinquième et dernier archipel qui clôturera mon tour complet de la Polynésie française.

C’est où ? C’est quoi les Gambier ? Les Îles Gambier sont à la latitude 23°7 sud et à la longitude 134°58 ouest. Les terres émergées ont une superficie de 32 km2, un pourtour récifal de 90 km et un immense lagon. La capitale des Gambier sur l’île de Mangareva se nomme Rikitea. Mangareva mesure 9 km de long sur 600 m à 3 km de large.

L’archipel est composé de 11 motu coralliens (dont Totegegie, l’aéroport), de 4 grandes îles volcaniques (Mangareva, Taravai, Akamanu, Aukena) et de 6 petites îles volcaniques : par ordre décroissant Agakauitai, Kamaka, Makaroa, Mekiro, Manui, Makapu. Le marnage maximum atteint 1m20. Les Gambier sont âgés de 6 à 7 millions d’années. Les altitudes varient de 54 m à 441 m. Le point culminant le mont Duff, haut de 441 m, se situe sur Mangareva. Les superficies des îles varient de 0,1 km2 à 15,4 km2. Le point le plus bas du lagon atteint -80 m. Il existe trois passes ouvertes sur l’océan.

Tahiti est à 1450 km, l’Australie à 6300 km et Santiago du Chili à 6050 km.

Après 3 heures de vol, escale à Tureia, archipel des Tuamotu, 100 habitants, 5 personnes descendent, 5 nouvelles têtes prendront place. A Mangareva, ils reprendront le même avion pour Tahiti. Nous ne sommes qu’à 1190 km de Tahiti, c’est un atoll sans passe, 8,4 km2 de terre émergée, un lagon de 47,2 km2, une piste pour l’ATR 72, un village, des cocotiers, une tôle au-dessus d’un banc pour attendre l’avion une fois par semaine. Le fret est déchargé, les fûts remplissent les réservoirs, ici tout est manuel !

On dirait que tout le village est venu, en 4×4, bavarder et interroger. Encore un peu de patience sous la pluie et l’on repart pour les Gambier. Quelques semaines après mon retour à Tahiti j’apprendrai que des habitants de Tureia, accompagnés de leur maire, ont pour la première fois été autorisés à se rendre à Moruroa, « l’atoll du grand secret », lors du premier déplacement du Haussaire dans leur atoll en compagnie d’une brochette de casquettes à galons dorés. [Rappel : le Haussaire est l’abréviation affectueuse-envieuse du Haut-commissaire de la République française en Polynésie – Arg.]

Au départ, l’avion n’était pas complet, nous n’occupions que 60 sièges sur un total de 72. Les places vides ont été utilisées pour le fret car bientôt aura lieu l’inauguration de la cathédrale de Rikitea après de gros travaux de restauration. Le plafond de nuages est toujours aussi bas. Quelques petites fenêtres me permettent d’apercevoir, enfin, l’archipel des Gambier. Incroyable, c’est comme sur la carte !

L’avion se pose sur le motu Totegegie. Il fait beau. Maintenant il faut prendre la navette municipale pour une demi-heure ou une heure suivant l’état de la mer. Cela pour enfin débarquer à Mangareva. Le nom qui serait la contraction de manga (montagne) et reva (fleur des Gambier, blanche aux fruits vénéneux, contenant de la cerberine, poison très violent). Les résidents des Gambier paient une redevance de 500 francs pacifique mais, pour les touristes, c’est gratuit. Aux Gambier mon amie et moi sommes plus vieilles d’une heure par rapport à Tahiti.

Les habitants vivent à Rikitea et à Taku sur Mangareva, quelques familles à Aukena, d’autres à Akamaru et Taravai, un original à Kamaka. Tout pousse aux Gambier, comme aux Australes. Les fruitiers comme le pamplemoussier, citronnier, oranger, litchi, arbre à pain (uru ou maiore), bananier, caféier, pêcher, du bois d’œuvre. Les fermes perlières sont très nombreuses, les greffeurs sont Chinois, les Japonais étaient trop chers ! On reconnait qu’ici, les perles sont les plus belles, les plus grosses. Une perle peut être récoltée 18 à 24 mois après le greffage. On compte 20% de perte. Au total il ne restera que 10% de belles perles.

A Rikitea, gros bourg, on dénombre la mairie, la poste, la gendarmerie et des écoles primaires avec 26 couples de jumeaux ! Il y a aussi un CETAD avec atelier de formation à la gravure sur nacre, unique en Polynésie. Mais pas de collège, les adolescents doivent émigrer à Hao ce qui pose de gros problèmes aux familles.

Le potentiel touristique est important mais le prix du billet d’avion, en raison des distances à relier, décourage un grand nombre de candidats au voyage.

Hiata de Tahiti

Si la Polynésie vous intéresse, ne ratez pas l’émission télé Archipels consacrée à Tahiti-Pacifique magazine le samedi 25 février à 20h35 sur France O, TNT canal 19.

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