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Inégalités scolaires plus que fiscales

La redistribution via la fiscalité est secondaire en France, illusion de gilet jaune qui ne voit pas plus loin que son rond-point. Eux sont trop avancés dans la vie pour modifier leur trajectoire mais ce n’est pas cela qui compte pour bâtir une société meilleure dans l’avenir.

Une étude de France Stratégie parue en juillet 2018, « Nés sous la même étoile » et sous-titrée « Origines sociale et niveau de vie » montre que « la France, qui par ailleurs parvient à contenir le creusement des inégalités de revenus, accuse des inégalités de chances importantes, notamment aux deux extrémités de la distribution sociale. Un enfant de cadre supérieur a ainsi 4,5 fois plus de chances qu’un enfant d’ouvrier d’appartenir aux 20 % les plus aisés ». Pire : d’autres facteurs comme l’âge, le sexe ou l’ascendance migratoire « sont faibles, voire négligeables ».

Le constat est sans appel : « L’inégalité des chances en France est d’abord une inégalité des chances éducatives ». Or l’école a été le lit des socialistes : ils l’ont détruite sous Mitterrand, sous Jospin et sous Hollande. L’inégalité scolaire a augmenté par l’ineptie des programmes, le corporatisme syndical de gauche qui refuse de voir noter les notants et de voir nommer les agrégés et expérimentés dans les lycées de banlieue. L’enseignement s’est réduit à l’animation et le savoir a été déconsidéré au nom des tabous raciaux ou religieux. Misant tout sur « les moyens », on a trop souvent laissé faire et s’installer la non-culture, « remontant » les notes au bac lorsqu’elles étaient scandaleusement trop basses.

Or, montre l’étude, le niveau de diplôme influence directement le niveau de rémunération de l’individu mais aussi celui de son éventuel conjoint. L’inégalité des chances en France comme dans les autres pays développés est fortement conditionnée par les écarts de réussite éducative entre milieux sociaux. Les enfants ayant un père exerçant une profession libérale (médecin, avocat, etc.) sont par exemple surreprésentés en haut de l’échelle : ils sont un sur dix parmi les enfants de cadres, mais un sur quatre parmi les enfants de cadres faisant partie des 1 %.

Contrairement à la doxa misérabiliste, l’origine migratoire a moins d’influence sur la probabilité d’accès aux 20 % des plus aisés qu’aux 20 % les plus modestes. Ce qui compte est l’école, acquérir des savoirs et surtout des compétences à penser par soi-même, à savoir chercher l’information mais surtout à la trier et à la traiter pour en faire quelque-chose. « L’inégalité des chances éducatives contribue pour moitié aux écarts de niveau de vie moyen entre enfants d’ouvriers et enfants de cadres et pour moitié également à l’écart de chances entre eux de faire partie des 20 % des ménages les plus aisés », souligne l’étude.

La fiscalité est certes importante pour ceux qui ont quitté l’école et, avancés en âge et en sclérose intellectuelle, ont peu de chances de modifier leur trajectoire sociale (bien qu’existe la formation continue, que les syndicats soutiennent en vain).

Mais ce qui compte, pour « changer la société », c’est l’éducation. Elle passe par l’école mais pas seulement : par la famille, le milieu, les associations, les médiathèques, l’accès à l’étranger. Encore faut-il « vouloir » se former, ne pas rester inféodé à la bande, aux préjugés des parents, au regard des autres. Là, c’est moins simple – mais faire société n’est jamais simple. Connaître ses limites plutôt que trouver un bouc émissaire commode est un premier pas vers le changement.

Non, ce n’est pas la fiscalité qui est cruciale, même si l’on peut la simplifier et la réformer ; ce qui est crucial est l’éducation, l’égalité des chances éducatives. Il y a du travail plutôt que la paresse des yaka !

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