Italo Calvino, Monsieur Palomar

Dernier roman publié par l’auteur italien, mort en 1985, Monsieur Palomar au nom d’observatoire est devenu observateur. « Un peu myope, distrait, introverti (…) Il lui est pourtant arrivé que certaines choses – un mur de pierres, un coquillage vide, une feuille, une théière – requièrent de lui une attention prolongée et minutieuse » (Le monde regarde le monde). Palomar est maniaque, méticuleux, logique. Rien n’échappe à son œil acéré, ni à son esprit logique.

Ce sont ces mésaventures du regard qui sont ordonnées en livre, en trois parties composées de trois sous-parties elles-mêmes diffractées en trois éléments allant de l’expérience à la culture puis au cosmos. Au fond les trois étages de l’humain : les sens, les passions, l’esprit. Cette architecture rend le livre un brin artificiel, certaines parties paraissant forcées tandis que d’autres sont toutes d’élan. Mais elle rend compte du regard d’écrivain, celui qui observe, celui qui compatit, celui qui voit.

Dès les premières pages, vous saurez tout ce qu’il y a à savoir sur une vague ; il n’en faut pas moins de cinq pages. De cette chose, le regard passe au sein nu (de femme), agréable émotion délicatement décrite d’après nature. L’épée du soleil, qui darde un dernier rayon avant de se coucher, permet à l’esprit de s’élever aux infinis. Et ce n’est que la première sous-partie « Plage » de la première partie « Palomar en vacances ».

« La contemplation des étoiles », aride, abstraite, artificielle, m’a le moins charmé ; « Le parterre de sable » qui décrit un jardin zen m’a au contraire emporté. Entre les deux, l’empathie du « Ventre du gecko », la sensualité gourmande de « Trois livres de graisse d’oie », la méditation sur « L’ordre des Squamifères » ou « Comment apprendre à être mort » ont été des séductions.

C’est un roman court, un peu difficile mais qui, lu à petites doses, au calme et en prenant son temps, apprend beaucoup sur les choses, les êtres et le monde qui nous entoure. Toute une philosophie. Car le monde est fractal : plus on l’observe, plus on l’approfondit, plus s’ouvrent des abymes.

Italo Calvino, Monsieur Palomar, 1983, Folio 2020, 192 pages, €6.90 e-book Kindle €6.49

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