Bari dans les Pouilles

Alitalia vers Bari avec escale à Rome.  La région est le talon et l’éperon de la botte italienne et se habitants ne sont pas les Pouilleux mais les Apuliens. Grecs, Romains, Sarrasins, Byzantins, Normands, Germains, Angevins, Espagnols – avant les Italiens – se succèdent dans la botte, région maritime très bien placée au débouché de l’Adriatique et de la Méditerranée, entre orient et occident.

L’hôtel Adria, Via L. Zupperte 10, est simple et correct, son principal avantage est d’être situé à 500 m de la gare centrale, non loin de la vieille ville, et très facile à trouver.

Nous sommes quatorze dans le groupe dont quatre gars seulement. Deux sous-groupes constitués se sont inscrits chacun à quatre : quatre filles qui travaillent dans l’assistanat social, et deux couples. Enfin deux retraitées d’une ville moyenne et une employée d’hôpital originale, c’est le moins qu’on puisse dire. Très conservatrice, elle a une mentalité frileuse : une hantise des courants d’air par crainte d’une otite, une quasi allergie au soleil avec bob, lunettes, manches longues, une phobie de l’eau du robinet par crainte des amibes, une infusion de faux thé le matin par crainte de la théine, toujours un pantalon par crainte des tiques, des larmes artificielles par crainte du dessèchement de la pupille, une chambre « ultra sécurisée » pour louer son appartement afin de payer les charges trop lourdes, un fils fait je ne sais comment mais surtout pas de mariage, une répartie agressive par peur de se voir contester.

Nous effectuons une promenade de trois heures dans la vieille ville avant le restaurant du soir, la Tana del poulpe – la tanière du poulpe. Le restaurant affiche accueillir tout le monde, même les chiens… « Étrangers bienvenus » est-il même écrit en italien et en anglais. Pour 15 € nous sommes traités au-dessus des chiens avec une assiette d’antipasti végétaux et des orecchiette aux fruits de mer.

Nous avons vu travailler les femmes sur le pas de leur porte, dans la via Belmondo qui part du château : elles roulent le soir venu la pâte à pâtes entre leurs doigts pour en former des rouleaux, les couper et, d’un geste élégant du couteau, les rouler en forme de petites oreilles – les orecchiette ou oreillettes. Certains ont commandé des paquets de 500 g pour 2.50 € à prendre au retour dans une semaine.

Des gamins jouent au foot sur la place devant le château, beaucoup de paroles et peu d’actes, mais l’excitation du jeu leur donne un joli teint. D’autres, plus jeunes, tournent en vélo à grosses roues autour du pilori de la piazza Mercantile ; certains ont ôté leur maillot, la peau cuivrée par le soleil et la mer, le tee-shirt enfoncé dans le bermuda comme des mâles. Des ruelles partent de la mer et sont emplies de terrasses de bar et de restaurants.

La ville s’éveille avec le soir, les gens se promènent avec le souci de leur allure, conviviaux, très famille, sans cet individualisme que l’on sent plus au nord. Une fille passe, les jambes nues très haut sur les cuisses. Un jeune homme passe, entouré de sa sœur et de ses parents, la chemise ouverte jusqu’au sternum. Fille et garçon se sentent bien, la peau offerte à la brise et aux regards, à l’aise dans leur corps et fiers de leur apparence.

Sur la via Cavour se promène une jeune, très jeune donzelle aux seins nus sous son haut blanc qui les souligne outrageusement. Cheveux blond teint, pantalon noir évasé tulipe, chaussures à semelles compensées, elle est ardente et se sent belle, accompagné d’un macho de son âge, méditerranéen type, souple et musclé comme le veut la mode, habillé tout en noir. Les filles portent en général les cheveux longs tandis que les garçons sont rasés sur les tempes ou entièrement, comme s’il fallait donner à chaque sexe ici une apparence diamétralement opposée.

Bari est une ville serrée entre ses remparts contre les pirates et les Turcs dans l’histoire. Le prince napoléonien Murat, en 1813, a fait bâtir la ville neuve au sud, damier de voies rectilignes se coupant à angle droit et bâties d’élégants bâtiments XIXe d’un certain chic aujourd’hui. Certains sont ornés de statues ou de cariatides. Des barques bleues se balancent dans le port, amarrées au quai des pêcheurs. Le club de voile s’avance derrière le théâtre Margherita, laissant voir des dos nus de juvéniles papotant après la sortie du jour.

Enfin le château, ouvrage de pierres massives qui faisait partie d’un système organisé de forteresses qui protégeait la côte du Gargano (où nous allons) à Otrante. Nous ne visitons pas l’intérieur, faute de temps et d’intérêt (il n’y a pas grand-chose sauf une glyptothèque et des peintures restaurées). Le crépuscule met en valeur la forêt d’antennes de télévision sur les toits des maisons, comme un appel individuel vers l’au-delà.

Bari reste de nos jours la seconde ville de l’Italie du sud après Naples. En revenant à l’hôtel, les filles tombent en arrêt devant un marchand glacier du Corso Cavour et se gavent de parfums aux couleurs exotiques.

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