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Marini, Les aigles de Rome

Un album aux dessins somptueux sur l’histoire romaine. Ermanamer est un prince Chérusque, autrement dit un Germain, envoyé comme otage à Rome après que le général Drusus, devenu l’empereur Germanicus, ait vaincu les tribus. Marcus est le fils d’un notable romain, Titus Valerius Falco, et d’une princesse barbare. Comme bâtard de Rome, il est plus imbu de sa romanité que quiconque, et voue une haine à sa belle-sœur, vraie romaine d’un premier mariage, et sale garce en même temps.

Les deux garçons vont se rencontrer durant leur adolescence, vers 15 ans environ, sur ordre de l’empereur Auguste, qui exige de Falco, ancien centurion, qu’il éduque les deux garçons ensembles et en fassent de vrais Romains ; il accorde illico la citoyenneté romaine à Ermanamer, sous le nom d’Arminus. Ce nom deviendra célèbre dans l’histoire…

Arminius, aussi blond que Marcus est brun, n’a peur de rien et adore le combat. Il a déjà tué un ennemi lorsqu’il avait 13 ans. Marcus est entraîné dans son sillage à devenir un homme et à dompter sa fougue inefficace. Le garçon est un brin voyant, comme sa grand-mère barbare, et ses rêves de louve blanche lui instillent de la peur. Un légionnaire au service de Falco s’occupe des deux adolescents rétifs et les mène à la dure. Il ne tarde pas à voir leur corps se développer, leur endurance croître et leur courage avec. Rien de tel qu’un corps sain et athlétique pour avoir un esprit serein et sûr de soi.

Un jour, dans la forêt, Marcus sauve par réflexe Arminius d’un ours qui l’a fait tomber de cheval, sous lequel il reste coincé. C’est alors l’amitié, célébrée à la chérusque, par échange des sangs. Mais les deux garçons sont pleinement hétéros, malgré l’ambiance romaine favorable aux relations avec les jeunes garçons. Le légionnaire instructeur a son propre petit esclave, tout comme le père de Marcus a son mignon. C’est encore Arminius qui fait initier Marcus à l’amour avec une femme, l’esclave Thalita après l’avoir baisée sous ses yeux. Les garçons gonflés de sève aiment bien tout partager, même les moments intimes.

La belle-sœur de Marcus est vouée à épouser un gras sénateur, trop vieux pour elle ; elle veut se faire déflorer avant par un homme qu’elle a choisi : le bel athlète Arminius. Durant l’acte, auquel elle prend du plaisir, elle dit au garçon souhaiter la mort de sa belle-mère, qu’elle hait. Sans que l’on sache qui l’a fait, ladite belle-mère est retrouvée morte dans son jardin, comme paisiblement endormie.

Marcus et Arminius s’entraînent au camp romain et vont se détendre le soir à la ville, baiser à 18 ans. Le souteneur leur propose diverses marchandises de chair, dont une fausse Cléopâtre voilée, une négresse à grosses fesses et deux jumeaux préados – mais c’est une jeune fille qui passe en chaise à porteur, « la pute la plus chère de Rome », qui les embarque. Ils lui feront, à deux sur elle, tout ce qui fait plaisir, dans le même lit, sous le regard impassible des esclaves de la belle. Si les postures sont réalistes, jamais on n’entrevoit de sexe, selon les conventions de la censure. Ce pourquoi ces albums peuvent être conseillés aux grands enfants et adolescents. Je suis toujours amusé des commentaires de lecteurs qui s’étonnent que ces bandes dessinées ne soient pas réservées aux adultes : eux ont droit de voir, pas les autres ; petite mesquinerie élitiste qui n’a rien à voir avec « la morale ».

Pendant que les garçons vigoureux épuisent ainsi agréablement leur jeunesse, une devineresse chérusque lance les runes dans la forêt germanique. Elle prédit un destin exceptionnel à Arminius…

BD Marini, Les aigles de Rome – Livre 1, 2007 Dargaud 2024, 60 pages, €17,50, e-book Kindle €6,99

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