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Sylvain Tesson, Prix de la page 112 chez Roger la Grenouille

Note citée sur le site du Prix de la page 112.

Créé en hommage à Woody Allen, le prix de la page 112 a « pour vocation de récompenser un ouvrage littéraire paru en début d’hiver, dont la tension stylistique et romanesque sera remarquable de la première à la dernière page. » Il a été décerné le mercredi 11 mars pour la 3ème année, en partenariat avec le restaurant Roger la Grenouille dans le 6ème arrondissement de Paris.

Roger la Grenouille passage de la vierge

Sylvain Tesson a été lauréat pour Berezina. Casquette prussienne, bandeau noir sur l’œil, sa gueule cassée a été causée par une chute d’environ 10 m en août 2014, durant l’escalade d’une façade à Chamonix.  Sylvain Tesson, dont j’ai déjà chroniqué Dans les forêts de Sibérie, se reconnaît une légère tendance suicidaire, « une espèce de démon qui s’est épanoui en moi » déclare-t-il au Magazine M du Monde. En 2012, durant l’hiver, il a entrepris un voyage en moto soviétique de marque Oural, de Moscou à Paris en 12 jours, sur les traces de la retraite de Russie en 1812. Pour le panache ? Il en a ramené ce livre, Berezina. Et une leçon : « Les hommes sont prêts à tout pour peu qu’on les exalte et que le conteur ait du talent. »

Sylvain Tesson

Sept autres titres parus en janvier et février figuraient dans la sélection 2015 :

  1. Eloïse Cohen de Timary, Babylone Underground, éditions Serge Safran
  2. Juliette Kahane, Une fille, L’Olivier
  3. Alexandre Lacroix, L’homme qui aimait trop travailler, Flammarion
  4. Gabriel Matzneff, La lettre au capitaine Brunner, Table ronde
  5. Jean Rolin, Les événements, P.O.L
  6. Jean-Luc Seigle, Je vous écris dans le noir, Flammarion
  7. Anne Wiazemsky, Un an après, Gallimard

prix de la page 112 jury 2015

Le jury était était composé (ci-dessus) de : Marcel Bénabou, Grégoire Bouillier, Christophe Bourseiller, Lidia Breda, Aymeric Caron, Claire Debru, Anne Goscinny, Brigitte Lannaud Levy, Nicolas d’Estienne d’Orves, François Taillandier, Bruno Tessarech et Guillaume Zorgbibe.

Roger la Grenouille prix de la page 112

Ma découverte de ce microcosme littéraire, qui a bien dégringolé dans l’imaginaire français depuis l’Internet et tire le diable par la queue, a été un étonnement et une exploration. Des demi-écrivains (ils ne peuvent pas en vivre) côtoyaient des demi-journalistes (à la pige) et quelques salariés (précaires) de l’édition autour de rares figures plus connues, et surtout du buffet de délicatesses charcutières, magret de canard au miel, cuisses de grenouilles et mousseline d’asperge.

Roger la Grenouille buffet

Un petit monde ayant dépassé la trentaine qui se connait et papote, les célébrités relatives qui ne restent que le temps de se montrer, les électrons libres qui tentent de nouer conversation et se demandent sans cesse qui est qui (« je l’ai déjà vu, mais où ? »). J’ai quand même pu saluer Philippe Tesson et être présenté à Claude Delay, auteur de la biographie de Roger la Grenouille. Au milieu, un financier repenti et un directeur à l’UNESCO, les seuls en blazer bleu roi et cravate bordeaux. Tous les autres affectent le look étudiant attardé et fauché, manteaux informes achetés au décrochez-moi-ça, pull noir à col cheminée ou robe courte noire décolletée, les hommes pas rasés pour faire artiste et certaines femmes tatouées pour faire branchées. Chacun est probablement intéressant dans son domaine, mais préfère semble-t-il l’entre-soi du copinage utile à l’ouverture aux inconnus hors de leur milieu.

Roger la Grenouille mur des celebrites

sylvain tesson berezinaJ’ai pu sympathiser un moment avec une représentante de l’éditeur Robert Laffont et deux journalistes freelance venues presqu’en voisines. Au tout dernier moment, à la porte même de sortie, un écrivain-journaliste m’a lancé à toute vitesse les deux livres qu’il avait publié : Bréviaire capricieux de littérature contemporaine pour lecteurs déconcertés, désorientés, désemparés (510 pages jaugeant la littérature contemporaine) et Supplément inactuel au bréviaire (avec une douzaine d’auteurs en plus). Il s’agit de François Kasbi. De quoi nous mettre en appétit après avoir ingurgité le buffet de la Grenouille, Kasbi le magnifique !…

Dans l’ambiance sombre de l’arrière-salle, au-dessus des banquettes de velours cramoisi, un frisson est passé sur l’assistance lorsque la Présidente du jury a évoqué l’usage du lieu avant 1930 : un bordel.

Le prix de la Page 112 / Infos : contact@prix-de-la-page-112.com

Attachée de presse : guilaine_depis@yahoo.com / 06.84.36.31.85 / Le prix sur son blog

Sylvain Tesson, Berezina, 2015, éditions Guérin, 199 pages, €19.50

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