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Arthur Conan Doyle, Les aventures de Sherlock Holmes

Le jeune Arthur, 32 ans, marié à Louisa, exerce à Londres la profession de médecin dans le quartier de Bloomsbury. Il écrit assidûment : des romans historiques, des nouvelles. Celles sur Sherlock, publiées dans les magazines, ont un tel succès qu’elles sont publiées en volume. Et, après huit ans de pratique de la médecine, il décide, à la suite d’une grippe, de se livrer entièrement à l’écriture.

Le succès de ces douze nouvelles tient à ce qu’on peut les lire indépendamment. Elles ne se suivent pas, même si Watson le narrateur rappelle parfois certaines aventures passées. Les gens qui, déjà avant les réseaux sociaux, avaient du mal à fixer leur attention trop longtemps, sont ravis. La recette n’a pas changé : pour le succès, faites court !

Sherlock Holmes voit son personnage s’étoffer. Il apparaît moins ignorant qu’il ne s’était affirmé au départ ; il est moins méprisant envers les facultés d’observation médiocre de son compère Watson, encourageant même ses progrès ; il apprécie la contradiction et la candeur de son vis-à-vis, ce qui l’aide, dit-il à réfléchir.

Les enquêtes sont dans la banalité du quotidien : retrouver un bijou perdu, innocenter un présumé coupable, sauver une jeune femme des griffes d’un parent violent, un homme d’une arnaque, la société d’habiles malfrats… Les histoires sont dans la ville et la campagne, dans leur temps sous l’empire et le commerce mondial. Londres est la ville-monde de l’époque, là où tout se passe au final, le 221b Baker Street est le lieu de l’analyse sociale, et le cerveau de Holmes la raison qui explique au final le monde comme il va – avec logique.

Rien n’est plus agréable que de se retrouver avec Sherlock Holmes et John Watson dans le salon douillet de leur logeuse, un bon feu allumé dans la cheminée alors que le vent et la pluie frappent les vitres lors d’une tempête d’automne, ou que la neige recouvre les trottoirs, ou encore que le brouillard jaune des foyers au charbon s’insinue dans les rues et ne permet plus de voir à trois mètres. L’intérieur est un cocon protecteur des vrais dangers extérieurs, un nid propice à la réflexion dégagée de toutes contingences et stimulée par le whisky et le tabac, un havre hors des émotions pour qui vient consulter. Sherlock Holmes est le médecin des malades sociaux, ceux qui craignent le scandale, ceux qui se sont fait avoir, ceux qui se demandent s’ils doivent accepter une place trop bonne pour être honnête.

La suite des aventures est plaisante à lire, sans descriptions inutiles, avec la raison pour reine. Chaque lecteur se sent apte à user du même instrument offert à l’humain par la nature : ses sens pour observer et sentir, son cerveau pour analyser et résoudre. Les dessins de Sydney Paget à l’époque ont fixé une fois pour toutes l’image-type du détective : casquette de chasseur de daim qui couvre le précieux encéphale et les oreilles, pipe pour stimuler l’esprit, loupe pour voir au plus près. Tout fait sens.

Sir Arthur Conan Doyle, Les aventures de Sherlock Holmes (intégrale des 12 nouvelles), éditions Mystérium 2021, 154 pages, €7,99

Sir Arthur Conan Doyle, Les aventures de Sherlock Holmes – 1ère nouvelle : Un scandale en Bohême, 1892, Livre de poche 1996, 187 pages, €4,90

Sir Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes coffret tome I et II, Gallimard Pléiade 2025, 2320 pages, €124,00

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