Portoferraio sur l’île d’Elbe

Nous faisons un tour d’une heure et demie dans la ville en attendant le dîner à 20 h. Sur le port, un jeune homme en chemise ouverte discute avec un copain. Se sentant observé par les paires d’yeux du groupe en passant, il creuse le ventre, amplifie sa poitrine : il se sent en beauté et met en valeur son torse bronzé selon cette représentation permanente qui est la caractéristique des Italiens. Par contraste, un couple d’Allemands flanqués de deux enfants, un garçon et une fille dans les 9 et 7 ans, attachent leurs gros VTT et vont marcher en ville, en tenue synthétique de sportif écolo. Leurs cheveux bouclés ont des reflets blonds.

Un quartier juif était établi dans une rue d’artisans et de commerçants appelée aujourd’hui Elbano Gasperi, selon les privilèges accordés par Cosme 1er en 1556 à tous ceux qui viendraient habiter à Cosmopoli – premier nom de la ville. Le nom de l’île, Elbe, vient de l’étrusque liva, qui signifie le fer.

Nous montons par les ruelles jusqu’au Forte Stella, dont les remparts sont aménagés désormais en résidences de vacances.

La grille d’entrée ferme à 18 h mais une dame fort aimable, nous entendant parler français, nous fait entrer. Depuis le phare à la pointe s’élève une puissante odeur de figuier ; ces arbres, avides d’humidité, poussent juste sous les remparts.

La ville se colore alors que le soleil descend.

Une grosse chatte dort sur un muret et ne se dérange nullement quand nous lui parlons en passant près d’elle ; il serait trop fatiguant de bouger alors que l’on est si bien et qu’il n’y a plus de rats à croquer. Car les boites noires grosses comme des batteries de voiture abandonnées qui jalonnent le pied des panneaux de la ville sont des boites de dératisation.

Nous revenons par une fontaine – où encore boire de l’eau. Quelques filles du groupe se font entreprendre par un aubergiste assis en terrasse, qui vante son poulpe bouilli avec un verre de vin blanc – mais l’invitation coûte 5 €.

Le théâtre des Vigilanti Renato Cioni est le seul de toute l’île, façade saumon et volets vert d’eau. Il a été fondé par Napoléon qui voulait des fêtes pour sa cour. Installé dans une église à la Vierge du Carmel désacralisée, l’empereur fit mettre en vente les soixante-cinq loges pour financer les travaux. Les familles chics de la ville se battirent pour avoir les meilleures et tenir leur rang social – le snobisme a toujours assuré le succès du financement participatif.

Nous dînons à la terrasse de l’auberge L’Ape elbana, servis par un Giorgio de moins de vingt ans. L’eau est vite engloutie par nos gosiers assoiffés, ainsi qu’un vin blanc de l’année avec des penne aux moules et cigales de mer, une friture d’anchois et de calmars, la salade mixte, enfin le tiramisu. Le terme veut dire « tire-moi au-dessus », signifiant selon Denis que ce dessert est une apothéose qui vous élève hors de l’appétit.


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