Bernard Clavel, Le tonnerre de Dieu

Une histoire simple, à la Clavel. La rédemption par l’attention, la rencontre des aspirations. Simone est pute fraîchement achetée à la campagne pour trimer après un an de « maison de redressement » où d’autres putes lui apprennent à être putes. Elle fait son métier depuis qu’elle est mineure (jusqu’à 21 ans à l’époque) et elle a désormais 26 ans. Alors qu’elle tombe de sommeil ses copines du bar à pute l’invitent à venir voir un phénomène : Antoine de Brassac, un soûlard de la quarantaine qui s’est mis une particule et fait son théâtre devant les dames. Il est grand et fort, rassurant. Il s’entiche de la gamine et la paie pour l’emmener. « Où ? – tu verras bien ».

La belle endormie se laisse traîner, de Lyon jusqu’à Loire qui est une ville pas très loin, et de là à pied, en hauts talons, dans la campagne où la nuit est tombée. S’ouvre alors une maison où vivent les chiens de son maître et sa femme, dans cet ordre. Marie est stérile et se désole de ne pas donner d’enfant. Antoine adopte des chiens au refuge et les ramène à la maison. Ce soir, il a bu, c’est une fille. « Une pute » dit-il. Simone n’en a pas honte, il faut bien un métier.

Elle veut repartir le lendemain matin mais Marie la persuade de rester au moins jusqu’à midi. Elle y restera trois mois, puis sa vie durant. Brassac ne la touche pas, il la récupère comme une chienne perdue. Il adore les chiens et s’en fait aimer. De Simone aussi. Il lui présentera son pote, un voisin qui travaille à l’usine mais a gardé la ferme après que tous ses frères en soient partis. Roger la désirera, la mettra enceinte, l’épousera. Enfin un petit dans la maison ! s’écrira le vieux Brassac, théâtreux sans talent mais le cœur sur la main. Et Marie se retrouvera « grand-mère » sans avoir été mère…

Le personnage d’Antoine a été magnifié par Jean Gabin dans le film qu’a tiré de l’histoire Denys de la Patellière. Il est vrai qu’à la fin des années 50, être « pute » était l’état le plus bas de la société. De la sortir de son mac pour en faire une mère, c’était beau. Surtout dans la nature loin de la ville, parmi les châtaigneraies et le vent qui souffle fort parfois, ou la neige qui dure un mois en hiver. Une histoire simple mais toujours populaire.

Bernard Clavel, Le tonnerre de Dieu (qui m’emporte), 1958, J’ai lu 1993, 128 pages, €4.10

DVD Le tonnerre de Dieu, Denys de La Patellière, 1965, avec Jean Gabin, Michèle Mercier, Robert Hossein, Lilli Palmer, Georges Géret, StudioCanal 2011, noir et blanc 1h25, €25.80


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