Christian de Moliner est mort

Né fin 1956, Christian de Moliner est décédé d’un cancer génétique rare en ce début septembre 2021. Fils d’un chef de chantier dans le bâtiment et d’une femme de ménage, aimait-il à dire, il a fait ses études à Dijon jusqu’à l’agrégation de mathématiques. Marié et papa d’une fille, il a enseigné au lycée Henri-Wallon de Valenciennes, principalement en classe préparatoire, avant de prendre une retraite anticipée pour cause de maladie.

Il a publié deux livres d’informatique, plusieurs thrillers politique, un roman apocalyptique et un roman de science-fiction, ainsi que des romans d’anticipation politique sur fond d’émeutes ethniques, reflétant son pessimisme politique sur l’avenir de la société française.

Pour diffuser ses convictions alarmistes (cependant raisonnables), il n’a pas hésité à collaborer à des médias numériques plus enclins à l’idéologie et à la croyance qu’à la vérité des faits, tels Breizh-infos, Boulevard Voltaire du complotiste Thierry Meyssan qui nie que les attentats du 11-Septembre soient dus aux islamistes, Causeur, et Atlantico. Comme je l’écrivais dans la première note consacrée au roman envoyé alors par son attachée de presse, cette dispersion polémique n’est pas la meilleure façon de bâtir une œuvre d’écrivain.

J’ai connu Christian en septembre 2016 pour son livre Panégyrique de l’empire, un roman inabouti bien que d’une certaine profondeur. Il avait l’ambition d’être un auteur mais peinait à construire une histoire détachée de ses « fantasmes et obsessions » comme il aimait à le dire. Il était nettement meilleur dans le roman d’anticipation, surtout politique comme 4 heures et 52 minutes, son ultime roman qui vient de paraître fin août de cette année. Mais on peut citer aussi La croisade du mal-pensant, La guerre de France ou L’année du Front.

Plus ludiques et plus appréciées, ses nouvelles de la chatte détective Jasmine Catou – la fourrure intime de son attachée de presse parisienne – donne une autre face de son talent : l’inventivité logique des énigmes. Il fait mentir l’adage selon lequel s’il y a des chiens policiers, on ne connait aucun chat policier. Maintenant, vous pouvez en connaître un.

J’ai déjeuné plusieurs fois avec Christian de Moliner, il était de grande taille, de paroles douces et d’une urbanité choisie. Il racontait simplement ce qui lui arrivait et l’urgence pour lui de délivrer toutes les histoires que son imagination fertile créait, avant que le crabe ne mette un point final à sa plume. Il avait tout récemment publié en texto en même temps que sur un réseau social la chronique étape par étape de sa mort annoncée.

Je conserve de lui un souvenir ému tant la volonté de lutter pour écrire est un signe de vie. J’espère avoir été pour ses derniers jours un maigre réconfort en publiant un compte-rendu de son tout dernier livre. Pour le souvenir.

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