Tom Clancy, Net force

Ce roman est le premier d’une série de de dix tomes d’un thriller culte écrit par Tom Clancy l’écrivain à succès et Steve Pieczenik, un psychiatre conspirationniste qui a travaillé pour le Département d’Etat américain. La série a duré jusqu’en 2006. Un téléfilm a été adapté du premier tome en 1999 mais disponible seulement en anglais et italien.

La Net Force est un département du FBI créé pour traquer les hackers et autre pirates de l’Internet. En 1998, date de la sortie du livre, c’est tout à fait nouveau car l’Internet grand public débute à peine. Près d’un quart de siècle plus tard, nous pouvons mesurer l’écart qu’il pouvait y avoir entre ce qui était attendu et ce qui s’est réellement produit. L’action se passe en effet en 2010. Le directeur de la Net Force est assassiné par un commando de professionnels qui œuvrent selon la technique favorite de la mafia. C’est donc la mafia qui est immédiatement soupçonnée bien qu’elle n’y soit pour rien. Le raffinement va jusqu’à enlever le chef de la sécurité du chef mafieux de New York par de faux agents du FBI pour le faire disparaître. Ce qui engendre en riposte un contrat sur le nouveau directeur de la Net Force de la part du mafieux en chef.

Tout l’art du thriller est de découper les actions à la façon du cinéma de façon à conserver une attention constante d’un chapitre à l’autre. Tom Clancy est expert en ce domaine et le livre se lit de façon haletante, même vingt ans après. L’expert programmeur en informatique Vladimir Plekhanov, un tchétchène d’origine russe, ne veut pas moins que dominer le monde en commençant par dominer le net. Il monte pour cela des programmes viraux qui affectent les centres de commandement du trafic en Inde, les sites sensibles des États-Unis, et quelques autres désagréments dont nous avons désormais l’habitude. Spécialiste reconnu mondialement, on fait alors appel à ses services pour déboguer le système et investir dans un programme de protection. Il gagne ainsi de l’argent, tout comme il en gagne en détournant des fonds par le hacking.

Son objectif est d’avoir suffisamment d’argent pour acheter des politiciens et influencer ainsi un premier gouvernement afin obtenir une assise incontournable. Mais cela ne fait pas l’affaire des États-Unis, et notamment du FBI dont le directeur de la Net Force a été descendu. Comme le dit l’auteur, en parfait Américain amoureux des armes et de l’autodéfense, lorsqu’un flic est descendu, tous les flics traquent l’assassin. Ce qui sera le cas, malgré les fausses pistes en mode virtuel comme en mode réel.

L’auteur imagine des autoroutes du Net comme de véritables autoroutes réelles, chacun peut naviguer sous la forme d’un avatar dans le véhicule qu’il choisit. Les camions qu’il double sont de gros paquets de données très lents, tandis que les motos rapides sont des programmeurs fluides qui se glissent avec virtuosité dans les interstices du Net. Il existe même un pays, que l’on nomme aujourd’hui Darknet, mais qui est imaginé alors comme un lieu de liberté où chacun peut trouver ce qu’il veut, des filles à poil comme des jeux en ligne. L’ado de 13 ans du colonel noir qui dirige le commando d’intervention drague ainsi sa copine de collège en enfourchant sa moto et l’enlevant avec lui. Elle est ravie, prélude au septième ciel (les années 1990 étaient moins prudes et plus précoces que le puritanisme trumpiste).

Malgré ce qui apparaît aujourd’hui, où le progrès va très vite, comme la préhistoire du net, la lecture de ce thriller reste passionnante et offre un panorama rétrospectif sur ce qui nous est arrivé. C’était évidemment avant le 11-Septembre et les Américains étaient maîtres du monde ; cela a bien changé.

Tom Clancy, Net force (tome 1), 1998, Livre de poche 2004, 480 pages, €0.92 occasion

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