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De la plage de Donnant à la plage d’Herlin

Donnant-Donnant, nous revenons en car jusqu’à la plage poursuivre à pied notre côte sauvage vers le sud. Nous n’aurons pas manqué un mètre du sentier qui fait le tour de l’île. Le temps cette fois est gris et plus frais qu’hier. Il est trop tôt et les surfeurs sont absents sauf les pros, plus âgés que ceux d’hier. Certains se débrouillent bien.

Sous le grand Phare de Port-Goulphar, et face aux îles Baguenères, s’étendent sur la mer les aiguilles de Port Coton. Le nom vient de cette écume projetée par les vagues de la houle sur les rochers, qui ressemble à des boules de coton et que le vent porte parfois jusqu’au sommet de la falaise. Claude Monet les a peintes, amoureux du site comme de l’exaltation du climat, même les jours de tempête. Nous prenons la photo de l’endroit précis où l’impressionnant impressionniste posa son chevalet.

La terre est piétinée par les touristes qui s’avancent au bord du vide pour prendre la même photo que le peintre, en souvenir du même tableau : Les Pyramides de Port-Coton – mer sauvage, tableau peint en 1886. J’espère qu’ils ne font quand même pas un selfie dos au vide… Il y a de tels cons ! Monet habitait une auberge à Kervilahouen, le village un peu en retrait dans les terres, et allait toujours écouter au bistrot le soir ce que racontaient les paysans et les marins-pêcheurs. L’un d’eux l’accompagnait par tous les temps avec son matériel de peintre.

Nous passerons ensuite Port Goulphar, avec une belle perspective sur la pointe du Talud, le sémaphore tenu par l’armée, avant Port Kérel et sa vue sur l’île de Bangor. Le bangor, au nom qui sonne indien (on pense à Bangalore) était « le monastère » en breton ; on trouve des lieux-dits Bangor dans tous les pays celtiques. De là nous attendrons enfin la plage d’Herlin puis le village de Kervangeon où le bus nous attendra. Cette énumération n’a l’air de rien, donnée pour environ 20 km alors qu’elle en fait un peu plus, mais nous sommes fatigués. C’est le troisième jour de marche. La journée est très différente de celle d’hier, elle est moins longue mais le temps est gris et venteux. Nous nous sommes pris des gifles ou des bouffées de nimbus très souvent, avec un vent sud-ouest grand frais directement sur nos falaises. La pluie a souvent essaimé sur nos capes, nous laissant à peine le temps de les mettre, d’autant que le vent violeur s’entêtait à nous les arracher du corps.

Nous rencontrons du monde sur le sentier, mais surtout des adultes. Le temps n’est pas propice aux enfants avec les risques du vent et des bords de précipice. Sauf une famille, qu’Isabelle qualifie de baba cool, mais en qui je vois plutôt le prototype nouvel écolo : jean, sandales, sweat à capuche orange. Des vêtements dépareillés de récup, les enfants cheveux mi-longs coiffés maison, élevés à la diable, vacances nature face au large.

Le jeune chauffeur du car qui nous ramène à l’hôtel avoue à Sandrine que, durant l’hiver, il s’ennuie dans l’île. Les touristes sont absents, la vie ralentie. Même les ferries sur le continent sont limités et il faut réserver un mois d’avance car les rares qui font la traversée sont pleins ! La culture dans l’île est quasi absente, hors les contes et les bars. Il y a une vie sociale car tout le monde se connait plus ou moins, mais les jours sont courts et chacun rentre chez soi à la nuit tombée. Lui fait meccano dans une station-service du Palais et son patron lui a fait passer le permis pour conduire les minibus en été, lorsque la demande explose.

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