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4 Promenade dans Vilnius

Paysage blanc de neige ce matin, vu de ma fenêtre. Les flocons font un lourd manteau sur les voitures. Les arbres tout chargés de neige ont les branches soulignées par cet immaculé. La lumière est dure et les aplats immaculés soulignent les formes au trait. Il y a longtemps que nous n’avions vu le véritable hiver en blanc. Le petit-déjeuner est banal. Au buffet, de l’œuf en flanc, quelques charcuteries et fromages en tranche, des pains divers dont ce fameux noir de seigle qui a une odeur de pain d’épices. Je prends quelques pommes de terre chaudes et des carottes râpées froides en plus d’un peu de salade. J’aime manger salé le matin.

Notre guide local est alsaco-belge de Francorchant et se prénomme Pierre. Il vit à Riga et guide des voyages dans les pays baltes et en Islande. Il nous dit que les pays baltes sont une destination en baisse en raison des menaces de guerre de Poutine.

Vilnius, fondée en 1323, fête en 2023 ses 700 ans. Nous longeons la rivière Neris, et apercevons le quartier moderne de l’Europe sur l’autre rive. La ville se construit beaucoup. Le ministère de l’énergie arbore une éolienne et des panneaux solaires en plus de la statue traditionnelle.

L’église Saint-Pierre et Saint-Paul a été fondée par le grand hetman Mykolas Kazimerias Pacas. C’est un bâtiment du baroque lituanien bâti entre 1668 et 1676 et orné d’anges en stuc rococo des Italiens Giovanni Pietro Perti et Giovanni Maria Galli. Les saints Pierre et Paul sont représentés en peinture par Pranciskus Smuglevicius. Ça dégouline de nudités enfantines aux cheveux bouclés. Un ange éphèbe tend ses ailes au-dessus des fidèles comme pour s’élancer d’une architrave tandis qu’une diablesse sirène tord son corps serpentiforme sous un socle. Bien au-dessus, deux putti n’hésitent pas à se baiser à pleine bouche – ce qui est plus russe qu’italien ; d’autres s’enlacent avec sensualité – ce qui est plus italien que russe… A la sortie, la mort rôde, squelette tenant une faux près de la porte – ce qui est plus luthérien. Des croix de bois sculptées de motifs païens comme rayons de soleil et feuilles de chêne sont disposées autour de l’église.

Nous montons en bus au point de vue au-dessus de la ville qui nous permet de voir les vieux quartiers, les ruelles à arcades qui permettaient au XIXe siècle de fermer un bloc entier pour mieux le défendre. Il fait froid, la neige fond mais le soleil n’apparaît pas, même s’il n’y a heureusement que peu de vent. Nous sommes vite glacés à piétiner en écoutant les informations du guide aux écouteurs. Nous n’en retenons qu’un dixième, d’autant qu’il parle souvent à côté de son micro.

Le bus fait un grand tour pour nous mener à la porte de l’Aurore dont les remparts protégeaient la vieille ville. Napoléon Ier y est passé avec sa Grande armée. Dans le chemin de ronde subsistant de l’ancien rempart est construite une chapelle à la Vierge adorée, d’ailleurs toute dorée. Il est interdit de photographier, de nombreux pèlerins sont en prière devant la Vierge de miséricorde. Ils sont à la fois catholiques et orthodoxes car la peinture de cette Vierge de miséricorde a accompli des miracles, croit-on, depuis le 17ème siècle où elle fut peinte. La foi orthodoxe est plus fervente que la catholique et que la luthérienne dans ces pays. La religion a en effet été un socle de résistance, une façon d’affirmer sa culture traditionnelle face à la déshumanisation athée de l’homme nouveau voulu par le pouvoir soviétique.

Dans une cour, une boutique d’artisanat en bois traditionnel. Un endroit étonnant, bourré de croix, de chouettes et d’autres animaux à l’extérieur, d’ustensiles et d’objets de foi à l’intérieur.

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