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9 Quartier d’Uzupis à Vilnius

Nous terminons notre visite de Vilnius en passant au 18 de la rue Basanaviciaus, devant la statue du petit Romain Gary (Roman Kacew – qui veut dire boucher en yiddish). C’est un enfant de bronze de 10 ans boulottant une chaussure parce qu’il avait faim, ainsi qu’il le dit dans ses mémoires, La promesse de l’aube, publié en 1960. Le monument, érigé en 2007 a été réalisé par l’artiste lituanien Romas Kvintas et se situe au coin de la rue où il a vécu enfant. Romain Gary était juif russe naturalisé français (il arrive à Nice à 14 ans), résistant Compagnon de la Libération, diplomate et romancier ayant obtenu (performance !) deux fois le prix Goncourt (Les racines du ciel, puis sous le pseudo d’Emile Ajar, La vie devant soi).

Nous voyons l’église Sainte-Anne, mais seulement l’extérieur en briques rouges car elle est fermée. Tout à côté, l’église des Bernardins est ouverte et nous pouvons en visiter l’intérieur qui comprend beaucoup de sculptures en bois de style baroque. Le monastère date de 1495.

Derrière, nous traversons la rivière Vilnia, qui a donné son nom à la ville, pour visiter le quartier d’Uzupis ou a été fondée une commune d’artistes libres qui fête son indépendance chaque 1er avril, jour où la bière coule à flot. Le 1er avril 1998, les résidents du quartier déclarent la création de la République d’Uzupis, avec ses citoyens, ses lois, sa Constitution, et ses dirigeants. Il y a environ mille artistes sur les sept mille habitants du quartier ; ils squattent les immeubles abandonnés. Leur constitution est exposée sur un mur en 50 langues. Elle comporte 41 points :

  1. L’Homme a le droit de vivre près de la petite rivière Vilnia et la Vilnia a le droit de couler près de l’Homme
  2. L’Homme a le droit à l’eau chaude, au chauffage durant les mois d’hiver et à un toit de tuile
  3. L’Homme a le droit de mourir, mais ce n’est pas un devoir
  4. L’Homme a le droit de faire des erreurs
  5. L’Homme a le droit d’être unique
  6. L’Homme a le droit d’aimer
  7. L’Homme a le droit de ne pas être aimé, mais pas nécessairement
  8. L’Homme a le droit d’être ni remarquable ni célèbre
  9. L’Homme a le droit de paresser ou de ne rien faire du tout
  10. L’Homme a le droit d’aimer le chat et de le protéger
  11. L’Homme a le droit de prendre soin du chien jusqu’à ce que la mort les sépare
  12. Le chien a le droit d’être chien
  13. Le chat a le droit de ne pas aimer son maitre mais doit le soutenir dans les moments difficiles
  14. L’Homme a le droit, parfois de ne pas savoir qu’il a des devoirs
  15. L’Homme a le droit de douter, mais ce n’est pas obligé
  16. L’Homme a le droit d’être heureux
  17. L’Homme a le droit d’être malheureux
  18. L’Homme a le droit de se taire
  19. L’Homme a le droit de croire
  20. L’Homme n’a pas le droit d’être violent
  21. L’Homme a le droit d’apprécier sa propre petitesse et sa grandeur
  22. L’Homme n’a pas le droit d’avoir des vues sur l’éternité
  23. L’Homme a le droit de comprendre
  24. L’Homme a le droit de ne rien comprendre du tout
  25. L’Homme a le droit d’être d’une nationalité différente
  26. L’Homme a le droit de fêter ou de ne pas fêter son anniversaire
  27. L’Homme devrait se souvenir de son nom
  28. L’Homme peut partager ce qu’il possède
  29. L’Homme ne peut pas partager ce qu’il ne possède pas
  30. L’Homme a le droit d’avoir des frères, des sœurs et des parents
  31. L’Homme peut être indépendant
  32. L’Homme est responsable de sa Liberté
  33. L’Homme a le droit de pleurer
  34. L’Homme a le droit d’être incompris
  35. L’Homme n’a pas le droit d’en rendre un autre coupable
  36. L’Homme a le droit d’être un individu
  37. L’Homme a le droit de n’avoir aucun droit
  38. L’Homme a le droit de ne pas avoir peur
  39. Ne conquiers pas
  40. Ne te protège pas
  41. N’abandonne jamais

Évidemment, « l’Homme » signifie l’humain quel que soit son sexe (il en est d’innombrables, dit-on), et pas seulement le mâle blanc de plus de 50 ans – dominateur, patriarcal, capitaliste, conservateur, bourgeois, etc…

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8 Musée d’art lituanien de Vilnius

Il s’agit d’un ex-musée de la RSS de Lituanie jusqu’à l’indépendance en août 1991. Peu de choses avant le XXe siècle hélas – tout le reste a été détruit par la guerre, les nazis d’abord puis les russes soviétiques pour ce qui restait. Deux pièces reconstituent des salons bourgeois 19e avec des reproductions de sculptures comme la Vénus de Milo (deux fois), un buste de Voltaire, des gravures, des tableaux de paysages italiens, des portraits. Je note trois statues de bois dont un Christ langoureux du 16ème, deux tableaux romantiques exaltant la paysanne lituanienne de Kanutas Ruseckas en 1844 et 1847 – tout le reste est contemporain.

Dans le « contemporain », il s’agit de « déconstruire », même si cette mode des années 1960 apparaît plutôt ringarde aujourd’hui. Effacer le personnage du tableau pour livrer le mobilier brut, comme tiré d’un catalogue Ikéa, commencer par la couleur avant de mettre le gris, peindre les formes avant de dessiner les traits, sont des fantaisies pour explorer ce qui ne se faisait pas, mais elles trouvent vite leurs limites. C’est ainsi que la dernière salle présente plusieurs tableaux grand format d’oranges fruits alignées dans un bac, peintes en 2019 par une artiste dont je n’ai pas même fait l’effort de retenir le nom. C’est plus décoratif qu’artiste. Il s’agit, selon les explications de la guide spécialisée du musée, de « dénoncer la société de consommation » par la profusion des oranges alignées, mais en même temps de « dénoncer le totalitarisme du collectif » qui met toutes les oranges dans la même caisse alors que chacune est différente l’une de l’autre. C’est encore, suivant la guide très au fait du sujet, un rappel « des immigrés que nous voyons comme une masse anonyme alors qu’ils ont chacun une identité ». On peut ainsi multiplier les points de vue, sans que cela ajoute grand-chose à ce que nous voyons et ressentons. Je ne crois pas que la pensée abstraite puisse remplacer la sensibilité en art.

En face du musée se situe l’Institut culturel français avec une librairie et une plaque rappelant que Stendhal a vécu là, comme intendant de la Grande armée de Napoléon en décembre 1812. Sur la place juste derrière se situe l’ambassade de France. En face, le monument à Adam Mickiewicz (1798-1855), poète romantique et militant patriotique polonais.

Sur la place, l’église orthodoxe de saint Parascève. Elle aurait été bâtie, selon la légende, par Marie, l’épouse du grand-duc Algirdas, en 1345 – sur l’emplacement d’un temple païen au dieu Ragutis – dieu du levain qui fait la bière… Le tsar Pierre 1er l’aurait visitée en 1705 et y aurait fait baptiser son filleul, le nègre Hannibal, esclave affranchi qu’il maria ultérieurement à une Russe et qui sera le grand-père de l’écrivain russe Alexandre Pouchkine auteur d’Eugène Onéguine et de Boris Godounov. Le bâtiment actuel date de 1865.

Nous pouvons regarder de vieilles photos noir et blanc de la ville au début du XXe siècle, sur la place de l’ambassade de France. Les collégiens y figurent en uniforme, à l’allemande ou à la russe, portant casquette. Les gamins sont pieds nus. Il y a des fiacres, des robes longues, des chapeaux haut-de-forme – et des inondations.

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7 Université de Vilnius

Nous montons vers le palais présidentiel lorsqu’une puissante BMW de la police, à petits coups de sirène et feux clignotants comme un arbre de Noël, ouvre la route à deux Mercedes noires d’officiels. Nous verrons que l’extérieur du palais, d’ailleurs très classique dans le style XIXe siècle.

Nous entrons en revanche dans l’université de Vilnius. À l’intérieur, l’église Saint-Jean à façade baroque ondulée comme un rideau de scène. Dans le chœur, le Christ est crucifié sur l’arbre de Jessé qui donne sa généalogie dorée sur fond bleu ciel. Une nuée de bambins nus volettent au-dessus du dais. La chapelle Sainte-Anne a été bâtie au tournant du 17ème siècle par l’architecte Glaubitz et le sculpteur Hedel. Le portail rococo symbolise l’immaculée conception de Marie. L’autel en bois sculpté provient de Saint-Victor à Marseille ; il a été acheté par les Franciscains de Vilnius en 1864.

Dans le bâtiment de la faculté littéraire, une salle est décorée de fresques originales de Petras Repsys en 1976. Il s’agit de fantasmagories pour l’anniversaire de la Lituanie. L’artiste présente les Lituaniens originels nus, ce qui a choqué le pouvoir prude du soviétisme (très petit) bourgeois. Ils accomplissent les tâches de saison sans aucun vêtement. Ils travaillent, jouent, luttent, se marient. Le tout est vivant et joyeux, sans cesse en mouvement. L’artiste n’a pas été envoyé en camp de redressement, malgré les bureaucrates du Parti pour la culture. Un fronton présente celui qui ne voit rien, ne sent rien, ne pense pas… un hommage aux fonctionnaires exemplaires.

La cour des élèves (Alumnatas) orne une école théologique fondée par le pape en 1582 sous le patronage des Jésuites afin d’évangéliser l’est. Les cours à arcades sont une antichambre aujourd’hui à l’arrière du palais présidentiel.

Vilnius avait son quartier juif, qui a été fort abîmé par les nazis, et ses habitants massacrés. Des plans du petit ghetto, placé par la ville contemporaine, voisinent avec un graffiti antisémite de ce nouveau conservatisme nationaliste qui saisit peu à peu tous les pays du monde depuis une vingtaine d’années. Un Ben Laden au pochoir est aussi imprimé sur un mur, ce qui n’est pas anodin dans ce quartier précisément : les Juifs ne sont pas bienvenus. Les ennemis de mes ennemis étant de facto mes « amis », les gens résonnent comme des cloches et comme le manipulateur Mélenchon : yabon Musulmans, donc les Juifs sont des fachos-machos-colonisateurs-impérialistes. Sommaire, mais efficace pour les bas du front qui se contentent de résonner au lieu de raisonner – on ne leur a pas appris. Ne reste de la synagogue que la façade. L’université enseigne encore le yiddish, ce qui est rare en Europe.

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6 Basilique archicathédrale Saint-Stanislas et Saint-Ladislas de Vilnius 

La cathédrale dite « Basilique archicathédrale Saint-Stanislas et Saint-Ladislas de Vilnius » est refaite à neuf, anonyme, sauf la chapelle de Saint Casimir, patron du pays comme de la Pologne. Casimir était prince de Pologne et grand-duc de Lituanie, né en 1458. Dans la cathédrale construite par Jagellon dès 1387 étaient sacrés les grands ducs de Lituanie. Il est dit que le dieu du tonnerre païen Perkunas était adoré précédemment à cet endroit. Le bâtiment actuel est une reconstruction 18ème de l’architecte Laurynas Gucevicius. Les prêtres et les évêques sont enterrés dans la crypte.

Une fresque de sainte Ursule montre une petite fille re-née. Elle était morte dans la chair et est ressuscitée dans le Christ. Mariée de force à 8 ans, cette princesse de Cornouailles aurait accompli un pèlerinage pour fuir son prétendant, avant d’être capturée par les Huns ; sans doute violée à plusieurs reprises, elle aurait refusé d’épouser et d’abjurer sa foi. Elle aurait donc été tuée comme l’une des « onze mille vierges ». Elle est la sainte protectrice de l’ordre des Ursulines qui inspira la polonaise sainte Ursule Ledochowska, canonisée le 18 mai 2003.

Le portail néoclassique à colonnes est flanqué de statues de Moïse, Abraham, et des quatre évangélistes. Moïse a deux cornes, résultat d’une fausse traduction de la Bible. Saint Jérôme aurait été induit en erreur par le mot keren, cornu, très proche de karan, rayonnant, car il n’y a pas de voyelle dans l’écriture hébraïque ancienne. Thomas Römer, professeur de Bible hébraïque à la Faculté de théologie et des sciences des religions de l’Université de Lausanne, y voit une autre explication : la traduction est la bonne car la corne marquait la force d’un dieu dans les anciennes cultures de Mésopotamie ; elle n’évoquait pas le diable médiéval. Notons que les cornes de Moïse sont particulièrement accentuées à Vilnius.

La tour de la cloche, sur la place fait 57 m de haut et a été bâtie en 1522 comme tour défensive du château du 14ème.

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5 Vieux Vilnius

Nous poursuivons jusqu’à l’église orthodoxe de l’Esprit-saint, en retrait de la rue, à la façade rose pâle, flanquée de son monastère. L’église baroque date de 1638 et a brûlé plusieurs fois. Au 18ème, l’architecte Johann Christoph Glaubitz a décoré son intérieur en stuc du dernier baroque. Le jubé est peint d’un vert criard assez étonnant.

L’hôtel Astoria, de la chaîne très chic et chère Radisson, rappelle le souvenir douloureux des violences conjugales : c’est dans une chambre de cet hôtel que Bertrand Cantat, bourré et camé, a démoli à coups de poing le 27 juillet 2003 sa compagne Marie Trintignant, camée et bourrée. Le chanteur du groupe Noir désir, avait des désirs noirs (et un père para). Condamné à 8 ans de prison, transféré à Toulouse, il est libéré pour bonne conduite à la moitié de sa peine. Sa femme Krisztina Rády se « suicidera » deux ans après, victime elle aussi de ses violences conjugales… Le groupe Noir Désir se dissout peu après.

Au restaurant nous est servi un menu imposé : une salade russe, une escalope de porc panée avec des pommes de terre vapeur et de la salade, en dessert une génoise marbrée de crème. Le café est compris mais la bière à notre charge. Elle est très bonne, 3€ les 33 cl. Elle sera plus chère partout ailleurs, autour de 5€. Comme elle me fait dormir l’après-midi et me fatigue, je n’en prendrai que deux fois durant tout le séjour.

La cuisine lituanienne est composée surtout de pommes de terre (pour les farcir de tout en cepelinai ou en râpé plokštainis), de betteraves (pour faire la soupe rose), de hareng de la Baltique (cru ou salé), de chou (à fermenter), de concombre, d’aneth (le persil du nord), d’oseille (pour la soupe), de champignons des forêts nombreuses, de crème aigre (pour les crêpes varskeciai), de pain noir au seigle à l’odeur de miel – et aux flatulences inévitables -, de miel (pour le gâteau arrosé skruzdėlyna ou termitière). En boisson le kvas, boisson à base de pain fermenté, la bière, et les « vins » de coings ou de pissenlit.

Nous voyons la tour de Gédymine, un reste du château en briques construit fin XIIIe siècle sur sa butte par le grand-duc Vytautas lorsque Vilnius est devenue la capitale de la Lituanie. La place de la cathédrale comprend une statue du grand-duc de Lituanie avec son « loup de fer » dont parle la légende. « Alors que le grand-duc Gediminas était parti à la chasse dans les forêts de la vallée de Šventaragis vers l’embouchure de la rivière Vilnia, et que la nuit tombait, le groupe de chasseurs fatigués après une longue et fructueuse chasse, décida d’installer leur campement et d’y passer la nuit. Pendant son sommeil, Gediminas fit un rêve inhabituel dans lequel il vit un loup de fer au sommet de la montagne où il avait tué un bison d’Europe ce jour-là. Le loup de fer se tenait la tête levée fièrement vers la lune, hurlant aussi fort que cent loups. Réveillé par les rayons du soleil levant, le duc se souvint de son rêve étrange et consulta le prêtre païen Lizdeika pour l’analyser. Ce dernier dit au duc que son rêve lui indiquait de fonder une ville parmi ces collines. D’après le prêtre, le hurlement du loup représentait la renommée de la ville future : cette ville serait la capitale des terres lituaniennes, et sa réputation s’étendrait aussi loin que les hurlements du mystérieux loup… »

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4 Promenade dans Vilnius

Paysage blanc de neige ce matin, vu de ma fenêtre. Les flocons font un lourd manteau sur les voitures. Les arbres tout chargés de neige ont les branches soulignées par cet immaculé. La lumière est dure et les aplats immaculés soulignent les formes au trait. Il y a longtemps que nous n’avions vu le véritable hiver en blanc. Le petit-déjeuner est banal. Au buffet, de l’œuf en flanc, quelques charcuteries et fromages en tranche, des pains divers dont ce fameux noir de seigle qui a une odeur de pain d’épices. Je prends quelques pommes de terre chaudes et des carottes râpées froides en plus d’un peu de salade. J’aime manger salé le matin.

Notre guide local est alsaco-belge de Francorchant et se prénomme Pierre. Il vit à Riga et guide des voyages dans les pays baltes et en Islande. Il nous dit que les pays baltes sont une destination en baisse en raison des menaces de guerre de Poutine.

Vilnius, fondée en 1323, fête en 2023 ses 700 ans. Nous longeons la rivière Neris, et apercevons le quartier moderne de l’Europe sur l’autre rive. La ville se construit beaucoup. Le ministère de l’énergie arbore une éolienne et des panneaux solaires en plus de la statue traditionnelle.

L’église Saint-Pierre et Saint-Paul a été fondée par le grand hetman Mykolas Kazimerias Pacas. C’est un bâtiment du baroque lituanien bâti entre 1668 et 1676 et orné d’anges en stuc rococo des Italiens Giovanni Pietro Perti et Giovanni Maria Galli. Les saints Pierre et Paul sont représentés en peinture par Pranciskus Smuglevicius. Ça dégouline de nudités enfantines aux cheveux bouclés. Un ange éphèbe tend ses ailes au-dessus des fidèles comme pour s’élancer d’une architrave tandis qu’une diablesse sirène tord son corps serpentiforme sous un socle. Bien au-dessus, deux putti n’hésitent pas à se baiser à pleine bouche – ce qui est plus russe qu’italien ; d’autres s’enlacent avec sensualité – ce qui est plus italien que russe… A la sortie, la mort rôde, squelette tenant une faux près de la porte – ce qui est plus luthérien. Des croix de bois sculptées de motifs païens comme rayons de soleil et feuilles de chêne sont disposées autour de l’église.

Nous montons en bus au point de vue au-dessus de la ville qui nous permet de voir les vieux quartiers, les ruelles à arcades qui permettaient au XIXe siècle de fermer un bloc entier pour mieux le défendre. Il fait froid, la neige fond mais le soleil n’apparaît pas, même s’il n’y a heureusement que peu de vent. Nous sommes vite glacés à piétiner en écoutant les informations du guide aux écouteurs. Nous n’en retenons qu’un dixième, d’autant qu’il parle souvent à côté de son micro.

Le bus fait un grand tour pour nous mener à la porte de l’Aurore dont les remparts protégeaient la vieille ville. Napoléon Ier y est passé avec sa Grande armée. Dans le chemin de ronde subsistant de l’ancien rempart est construite une chapelle à la Vierge adorée, d’ailleurs toute dorée. Il est interdit de photographier, de nombreux pèlerins sont en prière devant la Vierge de miséricorde. Ils sont à la fois catholiques et orthodoxes car la peinture de cette Vierge de miséricorde a accompli des miracles, croit-on, depuis le 17ème siècle où elle fut peinte. La foi orthodoxe est plus fervente que la catholique et que la luthérienne dans ces pays. La religion a en effet été un socle de résistance, une façon d’affirmer sa culture traditionnelle face à la déshumanisation athée de l’homme nouveau voulu par le pouvoir soviétique.

Dans une cour, une boutique d’artisanat en bois traditionnel. Un endroit étonnant, bourré de croix, de chouettes et d’autres animaux à l’extérieur, d’ustensiles et d’objets de foi à l’intérieur.

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