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6 Basilique archicathédrale Saint-Stanislas et Saint-Ladislas de Vilnius 

La cathédrale dite « Basilique archicathédrale Saint-Stanislas et Saint-Ladislas de Vilnius » est refaite à neuf, anonyme, sauf la chapelle de Saint Casimir, patron du pays comme de la Pologne. Casimir était prince de Pologne et grand-duc de Lituanie, né en 1458. Dans la cathédrale construite par Jagellon dès 1387 étaient sacrés les grands ducs de Lituanie. Il est dit que le dieu du tonnerre païen Perkunas était adoré précédemment à cet endroit. Le bâtiment actuel est une reconstruction 18ème de l’architecte Laurynas Gucevicius. Les prêtres et les évêques sont enterrés dans la crypte.

Une fresque de sainte Ursule montre une petite fille re-née. Elle était morte dans la chair et est ressuscitée dans le Christ. Mariée de force à 8 ans, cette princesse de Cornouailles aurait accompli un pèlerinage pour fuir son prétendant, avant d’être capturée par les Huns ; sans doute violée à plusieurs reprises, elle aurait refusé d’épouser et d’abjurer sa foi. Elle aurait donc été tuée comme l’une des « onze mille vierges ». Elle est la sainte protectrice de l’ordre des Ursulines qui inspira la polonaise sainte Ursule Ledochowska, canonisée le 18 mai 2003.

Le portail néoclassique à colonnes est flanqué de statues de Moïse, Abraham, et des quatre évangélistes. Moïse a deux cornes, résultat d’une fausse traduction de la Bible. Saint Jérôme aurait été induit en erreur par le mot keren, cornu, très proche de karan, rayonnant, car il n’y a pas de voyelle dans l’écriture hébraïque ancienne. Thomas Römer, professeur de Bible hébraïque à la Faculté de théologie et des sciences des religions de l’Université de Lausanne, y voit une autre explication : la traduction est la bonne car la corne marquait la force d’un dieu dans les anciennes cultures de Mésopotamie ; elle n’évoquait pas le diable médiéval. Notons que les cornes de Moïse sont particulièrement accentuées à Vilnius.

La tour de la cloche, sur la place fait 57 m de haut et a été bâtie en 1522 comme tour défensive du château du 14ème.

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Van Vogt, A la poursuite des Slans

Jommy a neuf ans lorsque son père se fait descendre et que sa mère, traquée, lâche sa main dans la foule et lui demande de se débrouiller. Elle meurt à son tour sous les balles de la police. Car Jommy, comme ses parents, est un Slan, un produit mutant de la race fondée par Samuel Lann, en abrégé S. Lann, d’où « slan ». Et ces mutants sont considérés comme hostiles aux humains « normaux », rendant monstres des bébés et ayant le pouvoir de lire les pensées.

Ecrit en 1940 alors que la Seconde guerre mondiale débutait, Van Vogt, qui n’est pas juif, a probablement pensé aux Juifs traqués à qui l’on reprochait en Europe leur supériorité intellectuelle, de sacrifier des bébés chrétiens et leur complot de Sion. Comme les Juifs se reconnaissent à leur nez et aux lobes de leurs oreilles qui les font ressembler à Satan, dit-on, les Slans se reconnaissent aux deux petites cornes munies de vibrisses de chaque côté de leur tête. Mais Van Vogt a dit qu’il s’était plutôt inspiré de la biographie d’un ours.

Car le gamin échappe à ses poursuivants en s’agrippant d’abord au coffre à pneu d’une voiture de l’époque avant de se couler par un trou de mur puis d’être pris par « Mémé », une vieille actrice décatie et soularde qui a besoin d’un Slan pour l’entretenir : il vole pour elle de menus objets et de l’argent – puisqu’il peut lire la combinaison des coffres dans l’esprit des comptables du coin. C’est ainsi qu’il peut grandir et atteindre l’âge de 15 ans.

Il est alors assez mûr pour obéir à ce que son père, véritable Einstein, lui a implanté enfant par hypnotisme : découvrir les papiers sur ses recherches et son arme secrète, à n’utiliser qu’en dernier ressort. Il ne vitrifiera, parce qu’il est surpris la main dans le coffre à secrets paternels, que trois hommes dans toute sa jeunesse. Car le Slan n’est pas un monstre égoïste avide de domination comme le veut la propagande, mais un sur-humain foncièrement pacifique qui a une curiosité sans borne pour les secrets de la matière. Van Vogt nous révèle que la démocratie ultime est le partage des pensées sans aucun contrôle ; en toute transparence, chacun voit ce que l’autre croit ou craint et peut échanger instantanément avec lui pour rectifier ses erreurs ou les rassurer. Seule la peur conduit à la guerre.

C’est justement après une grande guerre sur la Terre que l’espèce humaine s’est mise à muter, une part devenant stérile, une autre engendrant des monstres. Comme la nature a horreur des échecs, elle a accéléré les mutations et a donné naissance – naturellement – aux Slans. Samuel Lann n’a fait que constater la naissance de ses propres triplés, deux filles et un garçon, qu’il a accouplé lors de leurs 17 ans pour engendrer la nouvelle race. C’était 1500 ans auparavant.

Les hommes ont traqué les Slans mais ceux-ci sont parvenus à se rendre invisibles ; une opération a dissimulé leurs cornes, au détriment du pouvoir de lire dans les pensées, mais a permis à leur intelligence supérieure et à leur musculature plus dense de s’imposer naturellement. Désormais, ils sont maîtres des astronefs et ont établi une base sur Mars. Ils projettent de détruire les humains pour en finir avec la guerre des races – mais aussi les vrais Slans qu’ils voient comme supérieurs, donc menaçants…

Outre Jommy, qui s’est élevé tout seul une fois passée sa prime enfance, Kathleen est gardée sous cage dans le palais présidentiel où règne Kier Gray, président du conseil humain. Il est en rivalité avec John Petty, son chef de la sécurité qui voudrait bien prendre sa place et pour qui un bon Slan est un Slan mort. Mais Gray garde la fillette pour qu’elle grandisse et « pour l’étudier », dit-il ; le lecteur saura pourquoi à la fin. Une fois adulte, elle parviendra à fuir le palais et à attirer Jommy qui cherche les rares autres vrais Slans (à cornes). Car les Slans sans cornes sont ses ennemis et l’appellent « le petit serpent » en raison de ses appendices à vibrisses qu’il apprendra à dissimuler non seulement sous de faux cheveux, mais aussi sous une coque imitant la peau fortement collée sur son crâne.

Las ! Kathleen et Jommy tombent dans un piège tendu par John Petty : une ancienne base Slan aux passages secrets découverts par les humains. Petty réussit à fermer son esprit pour qu’aucune pensée ne filtre, rendant son approche indétectable. Il a le plaisir de descendre enfin d’une balle la belle Kathleen qu’il a toujours haïe et Jommy ne doit qu’à ses appareils atomiques, construits sur les idées physiques de son père, de pouvoir fuir et se protéger à nouveau.

Il construira un vaisseau renforcé, ira sur Mars où les Slans savent réparer un cerveau endommagé, hypnotisera les gardes mais sera soupçonné car ses caractéristiques physiques ont été précisément évaluées et diffusées par un Slan sans corne caché parmi la suite de John Petty. Il sera reconnu par une femme Slan sans cornes qu’il avait émue à 15 ans lorsqu’il lui avait laissée la vie sauve en s’emparant de son premier astronef ; elle l’aidera à sauver la Terre de la guerre et les humains de l’extermination prévue par les Slans sans cornes. Et Jommy découvrira enfin les vrais Slans à cornes comme lui et pourra œuvrer pour la paix entre les races…

C’est de la belle ouvrage, un auteur canadien devenu célèbre d’un coup en 1940, permettant aux esprits de prendre de la hauteur sur l’Evolution humaine, les mutations génétiques et les peurs qu’elles engendrent. Le transformisme reprend cette idée aujourd’hui mais sans la génétique (taboue), le danger restant toujours de se croire supérieur.

Le lecteur suivra avec passion le destin de Jommy, croisé avec celui de Kathleen, mais s’étonnera que le garçon fabrique autant d’armes sophistiquées dont il ne se sert quasiment jamais – l’auteur a peut-être hésité sur son premier scénario ? Le garçon slan est naïf mais accroché à la vie, doté d’une volonté d’acier et d’un idéal de partage sans pareil. Un héros du temps d’avant qui est aussi celui du temps présent dans un roman de science-fiction très facile à lire et qui avait enchanté mon adolescence.

Alfred Elton van Vogt, A la poursuite des Slans (Slan), 1940, J’ai lu 2000, 217 pages, €6.00

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Être chèvre aux Marquises

Les chèvres ont été introduites dans l’archipel des Marquises par les Français au siècle dernier. Elles se sont parfaitement acclimatées. La plupart des Mene (chèvre en marquisien du Nord) et les Keukeu (chèvre en marquisien du sud) sont sauvages et libres. Elles s’aventurent au bord de falaises vertigineuses, sautent de rochers en rochers, se perchent sur les corniches et au besoin causent des chutes de pierres !

chevres aux marquises

La nourriture est abondante pour les caprins. La chèvre maronne vit loin des villages, les chasseurs marquisiens partent à pied avec les chiens en espérant rapporter de quoi améliorer l’ordinaire. Ils partent à deux ou trois dès l’aube munis de cordes, de fusils pour certains. Ils escaladent les montagnes pour débusquer ces coquines, les obstacles sont nombreux, le sol instable et pentu met  leur vie en péril. Le chemin est difficile, le dénivelé vertigineux. Il leur faut être attentif au moindre bruit, au moindre chevrotement, au vent qui peut propager leur odeur !

chèvre tuee aux marquises

Après des heures de marche, les chèvres sont en ligne de mire des chasseurs, cabris et femelles sont épargnés. Coups de feu, la chèvre tombe au sol. La chasse se termine quand on a assez de victuailles car il faudra revenir au village avec un lourd sac de 25 à 30 kg.

Encore six heures de marche et les chasseurs seront de retour, un bon repas les attend. Les os, les cornes seront gardés pour la sculpture, la peau recouvrira les pahu (tambours) ou les fakete (petits tambours), ou feront de beaux costumes traditionnels.

chevre mechoui

Mais la chèvre est aussi une monnaie d’échange entre les habitants, elles sont troquées contre d’autres aliments. Le chasseur peut aussi vendre la chèvre entière (25 à 55 kg) entre 5 000 et 7 000 XPF, un prix dérisoire certes mais la chèvre au lait de coco est un des plats traditionnel local marquisien.

Hiata de Tahiti

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