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Patricia Highsmith, L’amateur d’escargots

Un recueil de onze nouvelles inégales, préfacé par Graham Greene. « Claustrophobie et irrationnel », dit-il en parlant de l’univers de l’autrice, née au Texas et terminant sa vie en Suisse en 1995. C’est que la vie même est sans raison et que les gens s’enferment dans leur existence sociale sans remède.

Patricia a une fascination pour les escargots, ces êtres lents qui portent leur maison sur leur dos et baisent entre eux, à la fois mâles et femelles. L’amateur d’escargots est un financier qui les élève ans son bureau et observe leurs comportement, tout comme l’autrice observe ses contemporains. Au point d’en être envahi jusqu’à succomber sous leur poids. Dans A la recherche du ***Claveringi, le professeur Claver part explorer seul une île déserte où, dit-on, les escargots sont géants, trois mètres de haut adultes. Il n’en reviendra pas tant ces petites bêtes, format géant, sont devenues des monstres.

Autre fascination pour les enfants, ou plutôt leurs rapports avec les adultes. La terrapène est une tortue qui se mange et que le gamin de 11 ans découvre dans le sac à provision de sa mère, égocentrée qui vit seule avec lui et veut le garder bébé, lui laissant des culottes ultra-courtes à son âge alors que les autres garçons portent déjà depuis un an des pantalons. Elle le gifle lorsqu’il n’obéit pas et tue la tortue en la plongeant vivante dans l’eau bouillante sous l’œil du garçon. Lequel en est traumatisé, ayant houé avec elle. Il va se venger, et c’est bien ainsi, même si ce n’est pas légal. L’héroïne est, à l’inverse, une jeune fille devenue gouvernante de deux beaux enfants de 9 et 5 ans, un garçon et une fille de la bourgeoisie américaine,jouant en salopette « sans chemise dessous » lorsqu’elle fait leur connaissance. Elle leur lit des livres, les surveille, leur donne leur bain. Elle est amoureuse de cette vie familiale dans la grande maison paisible, et de ces enfants à la peau douce et au fin duvet blond sur le dos. Jusqu’à vouloir les « sauver » d’une catastrophe qui, puisqu’elle ne survient jamais, doit être provoquée… Terrifiant !

La condition des femmes est aussi l’objet d’observation. Quand la flotte était à Mobile décrit une jeune fille chassée de chez elle à l’adolescence puis devenu pute à matelots avant d’être épousée par un rigide qui la séquestre dans sa ferme et la bat, bien qu’elle fasse tout bien, ménage, cuisine, travaux. Elle l’endort au chloroforme acheté pour le vieux chien, et s’enfuit. Elle sera retrouvée sur demande du mari et retrouvera sa geôle. Quant à Mme Afton, elle fantasme un mari sportif auprès d’un psy, lequel la met sous emprise, alors qu’elle l’a inventé. Les larmes d’amour décrivent deux vieilles filles qui vivent ensembles et se haïssent, tout en ne pouvant se passer l’une de l’autre. C’est cruel, surtout pas le sentiment de solitude et d’enfermement que cela révèle.

Il est d’autres nouvelles avec une chatte et un « yuma », animal mystérieux, une amoureuse dépitée de ne recevoir aucune réponse et un amoureux de même, lequel va imaginer lui donner un faux espoir… En bref la vie, terne et tranquille, bouillonnante de passions rentrées et d’hypocrisies sociales. Un univers para policier qui ne parle pas de meurtre, mais pire, d’une existence vouée au rocher de Sisyphe.

Patricia Highsmith, L’amateur d’escargots (The Snail Watcher and other stories), 1945-1970, Livre de poche 1991, 312 pages, €7,20, e-book Kindle €7,49

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Pupu et noni de Rimatara

Le vent et la pluie ont régné en maîtres toute la nuit. Au lever, le plafond des nuages est très bas et il est fort possible que l’avion devant ramener à Papeete les quatre autres touristes ne puisse atterrir. Il paraît que cela arrive souvent ! Ils ont pu partir après que l’avion soit allé faire un petit tour et soit revenu…

LORI DE RIMATARA

Une petite éclaircie et nous avons bravé les éléments pour nous rendre au CJA à pied, histoire de nous délester des grammes supplémentaires accumulés suite aux repas plantureux. Nous sommes bien accueillies, on nous raconte ce que font les élèves ici, ce qu’ils deviennent ensuite. Les filles cuisinent, cousent des tifaifai (couvre-lit fait de pièces d’étoffe rapportées), du tressage, tandis que les garçons cultivent les légumes du fa’apu, font de la menuiserie et de la sculpture. Les objets exposés nous tentent mais nous sommes limités par le poids, 10 kg sur les lignes intérieures.

RIMATARA

Arrive la directrice du CJA, à qui notre guide a dit qu’une popa’a la connaissait. Facile de me reconnaître, car mon amie est polynésienne-chinoise, la peau blanche et les yeux bleus. Un bref rappel des faits : voyage en Nouvelle-Zélande avec ses élèves du CJA avec V. tandis que je tenais compagnie à J. à Mahina.

« – Ah ! oui, je te reconnais maintenant, nous avons tous mangé ensemble à notre retour de Nouvelle-Zélande… Le monde est petit ! Que fais-tu à Rimatara ? Tu n’étais jamais venue ?
– Si, si, une croisière avec l’Aranui !
– Ah ! oui, et alors vous ne pouviez plus remonter sur le bateau ?
– Exact ! De plus je connais ta cousine l’infirmière et son mari le gars du SDR…
– Ça alors ! Je vais vous ramener à la pension, il pleut beaucoup, montez ! »

P. nous pose encore mille questions et nous fait parcourir son île.

vahine seins nus

– D’abord, comme il bruine, c’est sûr que les mamas doivent ramasser les « pupu ».
– A la plage par ce temps ?
– Non. Mais tu viens de dire que ce sont des coquillages pour faire des colliers ?
– Oui, nous les appelons coquillages mais ce sont des escargots minuscules que les mamas ramassent dans les cocoteraies.
– Dans les cocoteraies, pas sur la plage ?
– Oui, sous les palmes ou les pierres dans les cocoteraies ! Lorsque la pluie est douce, ces petits escargots sortent, les mamas se rendent alors dans les cocoteraies pour ramasser ceux qui, plus tard, lavés à la potasse, séchés, percés et attachés sur un fil nylon formeront un élégant collier de couleur jaune, marron ou blanc. Un travail harassant payé une misère.

"PUPU"

Elle nous conduit vers chez elle où son mari s’occupe du noni (Morinda citrifolia). Les planteurs viennent faire peser les drums remplis, reçoivent l’argent ; les récoltes seront regroupées dans de grands drums et expédiés à Tahiti via la goélette. C’est une société américaine qui achète le noni, elle en achète de moins en moins et à un prix de plus en plus bas… mais les Chinois seraient intéressés par le meilleur noni au monde, ce noni polynésien. C’est une plante médicinale connue depuis des lustres en Polynésie et qui exploitée comme ra’au (drogue, médicament) servant à faire murir les abcès, à traiter les panaris, les angines, les brûlures, les piqures de nohu (poisson-pierre), l’abcès du sein, l’orchite en usage externe. En usage interne, il traite la grenouillette, le diabète sucré, les fibromes et les empoisonnements par poisson toxique.

C’était une matinée très enrichissante et bien remplie ! Installons nous devant la télé pour le reste de la journée car il vente et il tombe des cordes. Ce soir, ce sera repas aux chandelles au restaurant de la pension car les lumières refusent de fonctionner et la panne n’est pas encore détectée.

Hiata de Tahiti

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