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Musée Mauritshuis à La Haye 1

Nous visitons le musée de peintures de la Mauritshuis, ancienne résidence du comte. C’est ici qu’est présentée habituellement La Jeune fille à la perle de Vermeer, prêtée pour l’exposition à Amsterdam. J’en ai parlé antérieurement. Le Siècle d’or hollandais présente sa peinture, de Rembrandt le géant aux petits maîtres peu connus. Une horde de petits enfants écoute une conférencière accordée à leur âge, assis par terre ou blottis entre les bras d’une maman. Les Hollandais semblent aimer les enfants.

Le Portrait d’une femme d’Allemagne du sud, vers 1520, d’Hans Holbein II est strict mais coloré. La femme, en coiffe de nonne jaune, arbore une paire de seins moulés au-dessus de son corset serré que laisse voir amplement le manteau sombre ouvert. Elle est chez elle, elle se montre. Les mains croisées, elle est sage, compassée.

Le Portrait d’un homme à barbe rousse de Lucas Cranach II, en 1548, est plus sévère, le manteau noir prenant presque toute la place, comme pour éteindre la chevelure et la longue barbe qui flamboient. Les sourcils sont un peu froncés, dans un effort de faire sérieux, tandis que le regard erre au loin, vers les hauteurs, et que la bouche se serre. Pas question d’être assimilé à Judas, l’apôtre traître.

Anthony van Dyck peint en 1627 le portrait de Peeter Stevens, calvitie naissante, moustache et bouc, la main gauche fortement gantée, habit noir et fraise blanche. Tout le conventionnel du temps.

Hans Holbein II peint encore vers 1540 Jeanne Seymour, troisième épouse d’Henri VIII d’Angleterre. La femme était laide mais il l’embellit, jusqu’à tromperie sur la marchandise. Elle donne naissance au futur Edouard VI, ce qui suffisait à Henri VIII, dit Barbe bleue, avant de mourir de fièvre puerpérale.

Encore un Saint Jérôme de Paul Bril, en 1592. Le saint est tout petit sur un coin et tourne le dos à la nature grandiose ; il lui préfère ses fantasmes, qu’il rêve nu, tourné vers l’obscurité d’une grotte. Il symbolise tout le renoncement au monde en même temps que les affres de l’imagination. A l’inverse, que la nature est belle, avec son couple normal, assis en pleine lumière contre un rocher !

Rubens fait des effets de lumière avec la Vieille femme au garçon avec des chandelles, de 1617. Il est inspiré du Caravage mais en moins tourmenté et plus vivant. C’est une scène paisible qui est là, une vieille qui songe à sa jeunesse tandis que le gamin lui sourit.

David Teniers II, en 1644, peint l’Intérieur d’une cuisine dans laquelle officient Anna Brueghel sa femme et David son jeune fils. La tourte au cygne et le cygne farcis, mis en évidence, sont symboles d’amour, sinon de sexe. Le gibier, le jambon, les poissons, les pommes, sont autant de fruits qui rappellent le paradis, mais il est ici terrestre : bien manger et bien baiser avant tout. La femme comme l’enfant n’ont d’yeux que pour le cygne en majesté sur la table.

Il peint aussi l’Alchimiste, qui montre une autre sorte de cuisine, distillant la matière pour découvrir la pierre philosophale.

L’Adoration des bergers de Jacob Jordaens, 1617, vous fait entrer dans le tableau comme si vous étiez l’un des bergers, ainsi que Caravage le faisait. Le visage de la Mère, heureuse, et celui de l’Enfant, repus, sont un trésor pour les bergers alentours, du plus jeune qui se tord les mains d’émotion au plus âgé empli de componction. Le vieillard au-dessus est probablement Joseph.

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